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Critiques de Tiffany Tavernier (343)
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Roissy

C'est ici que le voyage commence



Roissy-Charles de Gaulle. Terminal 2. Dans les couloirs d'un des plus grands aéroports du monde, une femme seule déambule, tirant une valise à roulette, l'air assuré, elle semble se diriger vers la porte d'embarquement d'une destination inconnue.



Les aéroports n'existent pas. Ce sont des lieux de passage, dans lesquels on ne reste pas. Pourtant, peu le savent, des personnes y vivent des mois, parfois des années. Cette idée pourrait presque paraître inimaginable pour beaucoup, tant ces lieux de départ sont impersonnels. Invisibles presque, tant on ne les regarde pas. Antichambres de destinations exotiques et exaltantes, ils en deviennent transparents dans nos yeux de personnes qui n'ont pas à se soucier de savoir quoi manger ni où dormir.





Dans l'immensité du monde



Rio, Édimbourg, Santiago du Chili, Marrakech, Zurich, Cincinnati, Malaga, Vienne, Venise, Marseille, Lyon, Milan, Shanghai. Montréal.



L'aéroport est une porte ouverte sur le monde. Ses grandes façades translucides laissent passer une lumière qui nous éblouit, celle des espoirs avant les départs. Si on ne prête guère d'attention à ces longs corridors froids et artificiels, c'est parce que l'on pense déjà à notre arrivée dans la destination vers laquelle on se dirige.



Transparente, c'est ce que doit être la narratrice. Une « indécelable ». Se fondre dans la masse des voyageurs, faire comme si elle était entre deux vols, comme si elle savait où elle allait.



Surtout ne pas se faire remarquer des vigiles, du personnel navigant ou au sol, ni même des personnes qui attendent et qui pourraient la dénoncer.



Jouer à être une passagère. Simuler : une valise à la main, une assurance affirmée dans chaque pas, et marcher, marcher sans cesse, presque sans s'arrêter. Rester assise trop longtemps au même endroit la trahirait dans les yeux des caméras de surveillance omniprésentes.



« Jouer à celle qui habite quelque part ». Jusqu'à quand ?





Renaître au monde et à soi-même

Poétique, l'écriture de Tiffany Tavernier l'est assurément. Engagé dans le réel également. Sa manière de nous embarquer dans cette histoire insolite est captivante, car la narratrice n'est pas seulement une SDF qui doit tout faire pour se cacher, elle est aussi une femme à la recherche de son passé. Amnésique, elle ne sait plus qui elle est. Elle va ainsi instituer des sortes de rituels pour tenter de la ramener dans la réalité.



Se rendre chaque jour à l'arrivée du vol Rio-Paris, en mémoire du vol AF447 perdu en mer en 2009, et dont plus de la moitié des corps ne sera pas retrouvée. C'est là qu'elle rencontrera un homme qui attend lui aussi, mais pas pour les mêmes raisons qu'elle.



Car dans ce monde insoupçonné de la précarité et des laissés-pour-compte, des relations se font et se défont, des histoires d'amour et de passion.



« Comme si la proximité des avions élargissait les coeurs ». L'observation des décollages et des atterrissages est propice aux rêveries et à la contemplation. C'est ce à quoi nous invite l'auteur dans son très beau roman : une invitation au voyage, pour une femme qui a déjà pas mal couru le monde. À 18 ans, elle part pour l'Inde et s'y établira plusieurs mois entre splendeur et misère, qui lui inspireront son premier roman Dans la nuit aussi le ciel. Puis ce sera l'Arctique, et une nouvelle publication : L'homme blanc.

Roissy est son huitième roman, assurément une belle surprise de cette rentrée littéraire.



Étourdissant et fascinant, préparez-vous au décollage !



Lu en septembre 2018.



Découvrez mon article sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/Roissy-..
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L'ami

Vous habitez dans un trou perdu à la campagne seul avec votre femme. Et depuis quatre ans vous avez des voisins, les seuls à la ronde. Un couple sans enfants dont la femme est dépressive. Vous vous liez d'amitié, apéros en couple, partage de hobbies entre hommes......Et un beau jour vous vous réveillez, les flics ont encerclé leur maison et vos amis sont arrêtés ????????? C'est quoi ce truc ??????? Vous qui êtes un type sans histoire vous tombez de haut ! "....je suis le père de Marc, le mari d'Élisabeth, le type sans histoires sur lequel tous peuvent compter à l'usine. Pourquoi tout ceci m'arrive ?"

La rage, la nausée, l'incompréhension d'avoir frôlé l'horreur sans en voir eu le moindre soupçon ......Planté dans un décor féerique qui tourne à un décor diabolique après la révélation, Tiffany Tavernier nous plonge dans le désarroi d'un couple qui a partagé le quotidien d'un autre couple qui se révèle de totals inconnus, voir.....sans en avoir jamais eu le moindre soupçon. Un constat déstabilisant qui ébranle la confiance en soi ,en les êtres et la vie. Un constat qui va leur faire beaucoup beaucoup de mal. L'histoire en elle-même est plutôt courante, mais c'est le style et le point de vue d'où Tavernier l'enjambe qui est intéressant. Bien qu'on sait très vite de quoi il s'agit, on reste dans le tourbillon de l'affaire, emboîtant les pas du narrateur, exactement comme on suivrait en directe dans les médias le même genre d'événements à scandale. Sauf qu'ici le narrateur en tant qu'"ami" et voisin est lui-même dans le cadre de l'histoire, donc sujet à la même curiosité suscité par le couple acteur de l'Affaire. Mais le vrai pitch de cette histoire est qu'elle servira de catalyseur pour faire éclater tout ce qui est caché, tu, enfoui dans le subconscient du narrateur et celui de sa femme, en conséquence dans celle de leur relation. Finalement l'horreur chez le voisin assumera la fonction de solution chimique qui développera le négatif de leur vie ! Brillant !

Un livre qui se lit d'une traite avec plaisir, encore une première rencontre pour laquelle je remercie ma copine babeliote alexb27.



"Face à un très gros choc, chacun génère son propre système de défense, et parfois même au détriment de celui qu'on aime.".
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L'ami

Le vrai danger , c'est qu'aprés avoir lu ce livre , vous ne pourrez plus jamais regarder vos voisins de la même façon.

Imaginez : vous ouvrez les volets , comme d'hab le matin et ....vous tombez nez à nez avec des policiers qui encerclent la maison de ceux que vous considérez comme bien mieux que les membres de votre famille , Guy et Chantal . Lui , un monstre , elle ..oh , elle , plus à plaindre qu'à blâmer mais , dépressive et monstrueuse aussi ...Pas de discussion , c'est bien eux . Terrible choc qui s'ajoute à vos propres interrogations sur votre vie personnelle , qui casse de façon définitive les étais de vos propres faiblesses ...Terriblement anxiogène. La fêlure de votre couple devient rupture malgré.... Ce drame bouleverse votre " moi " intime au point que tout , vraiment tout , cède. Ce n'est sans doute pas un hasard si la solution se trouve peut être là-bas , sur le "plateau de Millevaches" , ou plutôt "mille sources "dont celle des origines , celle de l'enfance , là où tout commence .....Guy , un frére , un autre " moi " , une raison de vivre , un monstre ? Et moi , Thierry ?

Thierry et Lisa ...une dérive....un naufrage ?

C'est noir , agaçant, obscur et parfois incompréhensible, déconcertant, troublant , que dis - je , déstabilisant...Une sorte de " chemin de croix " dont l'issue ne bénéficie d'aucune garantie , d'aucune certitude , descente aux enfers ou ascenseur pour l'echafaud ?

Très bien écrit, ce roman m'a fortement impressionné au point de n'éteindre la lumière que fort tard , au grand dam de mon épouse qui me l'a gentiment fait remarquer avant de céder aux arguments que j'ai eu tout le loisir de développer.

C'est lent , parfois long , parfois ennuyeux ou ...passionnant , bluffant .Une alternance entre un couple coupable dont on ne parle pas , un couple innocent que l'on examine à la loupe , un homme qu'on dissèque jusqu'à l'os , une femme ...

Pour ma part , je dirai qu'il s'agit d'une bien belle découverte, quoique , belle n'est peut être pas forcément l'adjectif adéquat quand on parle de ce roman noir à l'efficacité remarquable ..

Mon voisin et ami vient de me laisser ses clés pendant son absence .....Je me demande si je ne devrais pas aller " visiter " sa maison .Il me semble y avoir entendu un bruit suspect juste avant son départ...et il avait un petit air ...différent en me saluant . Quant à sa femme , elle , oui , c'est ça, elle paraissait trop chagrinée pour une personne qui part en vacances .... Allez , les amies et amis , je vous quitte , j'y vais ...Comment ? Vous tenir au courant ? Mais c'est évident que je vous tiens au courant , disons dans dix minutes ,mais vous savez , mon flair ne me trahit jamais .Allez , j'y vais , en attendant , lisez " L'ami ", de Tiffany Tavernier , c'est pas mal du tout .Enfin , à mon avis....
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Roissy

Où aller...partir...fuir ?

Dans les zones d’ombre,

Dans la mémoire distillée,

Dans la foule en émulation,

Dans les couloirs aux mille destinations,

Dans quel avion embarquer

Si le vide et l’inconnu conjurent le même rendez vous.



Anna ou la femme sans nom ne sait plus. Qui elle est et ce qu’elle fait là. En transit nuit et jour dans l’aéroport de Roissy Charles de Gaules. Elle attend. Elle observe. Ces voyageurs qui partent rejoindre leur destinée ou reviennent des souvenirs pleins les poches. C’est que elle, rien ni personne ne l’attend. Sa mémoire s’est diluée lorsqu’elle s’est réveillée transparente dans l’aéroport.



Si d’autres savent ce qu’ils cherchent et où se cache le soleil, elle, elle guette les images de sa vie qui lui reviennent au détour d’un mauvais rêve, d’un panneau d’embarcation, des rencontres fortuites.

Si les avions planent dans le ciel, elle, la mystérieuse femme de Roissy, elle plane dans le vide.

Si les avions s’écrasent sur le sol dans un bruit étourdissant, elle, elle s’écrase dans la poussière de sa mémoire.



Autant de vols pour autant de destinations, paradisiaques, exotiques, d’affaires, de convenance et autant de routes à choix multiples pour se retrouver.



Huit mois à errer dans l’aéroport parisien, à fouiller les poubelles, se savonner dans les WC, dormir au hasard d’un banc ou au sous-sol. C’est son quotidien. Comment faire autrement lorsque tout l’abandonne.

L'identité est quelque part le bien le plus précieux qui sans elle, nous emmène en zones de turbulences.



Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, attachez vos ceintures, le vol au départ de Roissy Charles de Gaules est imminent.

Tiffany Tavernier aux commandes, elle vous embarque pour 2h30 avec à la clé, émotions, quête d’identité, douleurs et amour.

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L'ami

Que ferions nous, nous simples citoyens si une armée de policiers en tout genre débarquait à côté de chez nous pour perquisitionner nos voisins accusés des pires monstruosités ? Même Marc Dutroux a du avoir un meilleur ami à l’époque. Qu’est-il devenu ce meilleur ami depuis l’affaire ? C’est sur ce postulat que Tiffany Tavernier écrit ici son second roman, L’ami.



J’avais survolé la quatrième de couverture, il aurait fallu que je la lise avec plus d’attention car il y est clairement mentionné « longue et bouleversante quête ».

J’ai donc très mal accueilli ce roman m’attendant à davantage de liens entre Thierry et Guy, le voisin monstrueux.



On suit ici l’itinéraire d’un homme blessé, qui ne supporte pas d’avoir été trompé et aveugle. C’est en quelque sorte l’histoire de monsieur tout le monde qui fait de son mieux pour continuer sa vie. Il retourne dans son passé, retrouve des fantômes du passé et en sort en quelque sorte grandi.



J’ai aimé les 50 premières pages et les 20 dernières. C’est peu de choses je l’admets. C’est un livre que je devrai relire en faisant le vide, sans rien en attendre, en acceptant de m’intéresser à la vie d’un homme qui longtemps a éprouvé une vive tendresse et amitié pour le monstre du siècle.



À l’heure d’aujourd’hui, je regrette d’avoir ressenti plus d’ennui que d’intérêt. De n’avoir ressenti aucune empathie pour Thierry car pour moi, le monopole de la peine s’accordait aux proches des victimes et peut-être pas le voisin.
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Roissy

SCÉNARIO :

QUAND l'aéroport de Roissy devient un refuge et non plus un lieu de passage,

OÙ une femme amnésique vit depuis huit mois, âme errante en quête de son passé et espérant croiser un futur

QUI lui redonnerait une identité et l'aiderait à dompter sa peur, le vide en elle.



« Parfois, je me dis que j'aimerais rester ici toute ma vie. Partout ailleurs, le monde me fait peur. Je ne suis plus comme eux. L'ai-je jamais été ? Il y a un tel désordre en moi. »



COMMENT ce court récit parvient-il à être si prenant, si émouvant ?

L'alternance de courts chapitres rythme une intrigue à la fois originale et très bien documentée. On plonge dans les entrailles de Roissy, synonyme de voyage, d'évasion mais pas que, c'est tout l'intérêt de ce roman.

Quelques chiffres glanés au fil du récit donnent le vertige : quatre-vingt-dix millions de voyageurs en transit tous les ans ; 3257 hectares, soit plus d'un tiers de la surface de Paris. Tout un univers à portée de fiction, « Comme si la proximité des avions élargissait les coeurs ».



QUOI à l'arrivée ? Incontestablement un magnifique portrait de femme, paumée, fragilisée mais émouvante et déterminée à retrouver une trajectoire de vie, dompter ses peurs et plonger dans l'inconnu. Une réussite !



POURQUOI ? Ça évidemment je l'ignore, mais j'imagine bien un film tiré de ce roman très bien ficelé, propice à l'évasion immobile en bordure des pistes de Roissy.
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Roissy

En général je suis attirée par un titre, voire une couverture, et mon choix se confirme en lisant la 4ème de couverture. Après, c'est une autre histoire...

Ici, c'est juste le titre. Je ne pouvais pas passer à côté de ce roman ayant travaillé 8 ans dans cet aéroport, puis 8 ans à Orly. J'avais envie de me replonger dans l'ambiance aéroportuaire que j'ai connu durant de nombreuses années.

De ce côté là, je n'ai pas été déçue. L'ambiance du mouvement continu est bien retranscrite. Ca bouge, ça vit, ça brasse, constamment, indéfiniment...

L'histoire en elle-même ne m'a pas touché. Je n'ai pas accroché aux personnages.

Les remerciements de l'auteur m'ont fait sourire car j'ai connu l'une des personnes remerciées. Bref, des souvenirs personnels sont remontées.

C'est donc une lecture personnelle qui m'a touchée ici, et non le roman par lui-même.
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L'ami

Les voici les 5 étoiles et le gros coup de cœur de ce début d’année ! « L’ami » de Tiffany Tavernier. C’est lors de la diffusion de La grande Librairie que j’ai entendu l’autrice en parler et que j’ai très vite été intriguée par le sujet. Ravie de voir qu’il était à la médiathèque, je l’ai aussitôt emprunté et aussi vite lu !



C’est une déflagration qui débarque dans la vie d’Élisabeth et Thierry lorsqu’un samedi matin comme un autre, celui-ci découvre en sortant de chez lui une scène proprement impensable : la maison de leurs voisins et plus proches amis est encerclée par des individus casqués armes au poing, des voitures de police et une ambulance. Tout va très vite devant lui : même sa propre maison est envahie par ces hommes. Qu’est-il arrivé à Guy et Chantal pour engendrer une telle démonstration de force ?

Cauchemar ou réalité ?



C’est en fait un cauchemar, il va se réveiller ainsi que sa femme. Sa vie va reprendre son cours normal : ce matin il a décidé d’aller à la rivière et il ira.



Mais non, c’est bien la réalité et c’est en état de choc qu’il apprend l’arrestation de ses voisins : Guy, son ami, son presque frère, un tueur en série, un tueur de petites filles. Chantal a tout avoué : les enlèvements, les viols, les tortures et les meurtres. Guy est un « Monstre » de la pire espèce.

Tout cela est impossible : Guy c’est son ami, un homme sans histoire, sympa et serviable avec lequel il partage pas mal de choses, notamment leur passion commune pour les insectes. Et puis, les deux couples se reçoivent quotidiennement, diner, barbecue…comment a-t-il pu se tromper à ce point ?



Foudroyé par cette découverte, entre déni et culpabilité, Thierry se tourne vers Élisabeth, son amour, son encrage dans la vie, celle sur laquelle tout repose. Mais Élisabeth a perdu pied face à cette horreur. Elle n’a pas la force d’être là pour lui parce qu’elle est anéantie, qu’elle sombre et que pour remonter, il lui faut quitter cette maison. Alors elle décide de partir.



Thierry le taiseux, le taciturne voit soudain son monde s’écrouler, son environnement brutalement dévasté. Il prend soudain la mesure d’une grande solitude. Son immense colère et son chagrin vont alors le plonger dans de profondes ténèbres dont il va lui falloir sortir coute que coute pour pouvoir revivre et répondre à cette question qui le taraude : comment n’a-t-il pas pu voir que son ami était l’incarnation du mal.



Pour cela, Thierry va partir en quête de lui-même, de son passé et de l’enfant qu’il était, qu’il a enfoui au plus profond de lui. Qu’il a perdu si vite en cours de route.



La grande force de ce roman est qu’à partir d’un évènement catalyseur, l’autrice entraine le narrateur a plongé au plus profond de lui-même afin de prendre conscience du regard qu’on les autres sur lui et surtout l’obliger à sortir de cette carapace à l’intérieur de laquelle il est enfoui depuis si longtemps en se croyant protéger de toute adversité.



Ce livre est un magnifique portrait d’homme d’une puissance rare. L’écriture de Tiffany Tavernier m’a tout simplement subjuguée et emportée avec elle. C’est avec un grand talent qu’elle nous décrit la quête et la faculté de Thierry à pouvoir renaitre de lui-même et au monde qui l’entoure.



Voici un roman puissant, bouleversant, superbe qui amène chacun d’entre nous à nous poser certaines questions quant à notre attitude face à une tragédie. Difficile d'en sortir indemne ! Et en ce qui me concerne quitter Thierry que j'accompagnerai encore un peu bien volontiers !



Ami(e)s babéliotes, un roman à lire absolument !



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L'ami

Bouleversant, puissant! J'ai lu ce livre d'une traite. Merci aux Babeliotes qui l'ont chroniqué avec enthousiasme de m'avoir donné l'envie de le découvrir à mon tour.Portée par une écriture fine et sensible, une histoire marquante.



Le narrateur est un taiseux, un blessé des sentiments, dont on découvrira petit à petit les ombres de l'enfance. le roman démarre fort: il assiste, en état de sidération, à l'interpellation de ses voisins, devenus des amis. Guy surtout était proche de lui, ils partageaient la même fascination pour les insectes. Et voilà qu'il apprend que c'est un monstre immonde...



Tout son monde s'écroule : le déchaînement des médias, l'éloignement de sa femme, les questions des collègues le tourmentent . Et l'incompréhension, la honte de n'avoir rien vu, puis la colère...



Mais ce qui est fort subtil ici, c'est que cet événement dévastateur n'est qu'un point de départ. L'auteure aurait pu en effet s'en tenir là, à analyser les émotions par lesquelles passe Thierry. Elle va plus loin, creuse en profondeur, dans les abysses sous-marins. L'image très symbolique de la vague qu'utilise l'auteure ne submerge pas que le présent. Elle inonde le passé, lui faisant prendre conscience du regard des autres sur lui,de sa solitude depuis toujours, de son repli sous les couvertures, sous la carapace. Pour se protéger du manque affectif. de l'absence.



Un magnifique portrait d'homme , noyé dans son monde intérieur, qui peu à peu remontera à la surface, vers la lumière... Superbe, poignant! Je vais me procurer " Roissy", une auteure à lire, c'est sûr!
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L'ami

Un beau matin, dans un petit hameau de deux maisons, Thierry et sa femme Elisabeth voient débarquer chez leurs voisins et amis Guy et Chantal une armada de gendarmes. Que se passe-t-il ? Qu’ont bien pu faire leurs amis ? Dans la vie de Thierry et Elisabeth, cet événement fait l’effet d’une déflagration. ● L’originalité de ce roman est de traiter d’un fait divers abominable à travers le point de vue de Thierry, l’ami du criminel, un ouvrier taiseux qui n’a jamais pu ni su exprimer ses émotions ni ses sentiments. Non seulement on voit le crime par ses yeux mais aussi on se rend compte de l’effet qu’a sur lui cette découverte inouïe que son seul ami était un criminel immonde. Cela remet en cause toute sa vie. Cet aspect du roman est vraiment formidable. ● En revanche, je suis beaucoup plus réservé sur l’ambition qui a semble-t-il été celle de Tiffany Tavernier, de vouloir étendre sa réflexion à d’autres formes de violences, comme la guerre, les enlèvements, les violences faites aux femmes, les bouleversements écologiques et leurs répercussions sur les agriculteurs... Il me semble que cela nuit au roman, dont le propos aurait été bien plus percutant s’il s’était limité à la principale ligne narrative qu’il développe, l’« affaire Guy ».
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Roissy

L’aéroport de Roissy Charles de Gaulles est pour moi synonyme de vacances, de liberté, d’évasion et donc de bien-être. Tiffany Tavernier nous montre une autre facette de l’aéroport. Si on y croise des jeunes mariés qui partent en voyage de noce, des couples, des groupes ou des personnes seules s’envolant vers des destinations plus ou moins lointaines, elle nous montre aussi ceux qui ne connaissent de l’aéroport que les sous-sols ou les différents terminaux sans jamais franchir les portes d’embarquements.

Mais il y a surtout l’histoire de cette femme, Anna, qui a perdu la mémoire et qui use de stratégies pour ne pas se faire repérer et ainsi vivre dans l’anonymat de cette foule en transit. Elle s’invente des vies, des destinations jusqu’au jour où elle rencontre Luc qui va être quelqu’un d’autre qu’un nom sur un badge pour quelques minutes.

Ce livre sur les « invisibles », « les indécelables », dans cet endroit grouillant de monde qu’est l’aéroport de Roissy est captivant , émouvant . Je comprends pourquoi, il est parmi les coups de cœur de ma librairie fétiche.

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L'ami

L’ami, c’est Guy, le voisin de Thierry. Un type sans histoires, sympa, serviable, avec qui il bricole, boit des coups et observe les insectes, leur grande passion commune. Un mari qui n’est pas en veine avec sa femme en pleine dépression.

L’ami, c’est celui qui a percé la carapace de Thierry, le grand taiseux, dont la vie tourne autour de sa maison et de sa femme Elisabeth, le grand amour de sa vie.

L’ami, c’est celui que les gendarmes et le GIGN vont venir arrêter, avec son épouse, à l’aube, sous les yeux effarés de Thierry...

Une vraie déflagration dans la vie bien tranquille de ce dernier, bouleversant tout sur son passage : travail, mariage, famille, l’obligeant à revenir sur son passé pour mieux se reconstruire.

C’est un véritable coup de cœur que ce roman fin , élégant , d’une grande puissance psychologique, bien construit et bien mené.

Le désarroi d’un homme face à la trahison.

J’avais beaucoup aimé Roissy, j’ai trouvé ce texte encore plus abouti.

Bravo !
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L'ami

Élisabeth et Thierry apprennent que Guy leur voisin, leur ami, est un tueur en série. Consternation, cet ami était pourtant le plus charmant des hommes !

C'est vrai que maintenant ça devient un vrai casse-tête pour organiser la fête des voisins, on ne sait plus à qui on a vraiment affaire : il y a des voisins gentils qui sont des assassins, des voisins gentils qui ne sont pas des assassins, des voisins qui ont des têtes d'assassins mais qui ne sont pas des assassins et des voisins qui ont des têtes d'assassins et qui sont des assassins. Alors avec toute cette tambouille, comment faire ?

Moi ce que je ne supporte pas avant tout, c'est quand les voisins sont bruyants. Qu'ils soient de dangereux psychopathes, d'abominables criminels, l’incarnation du mal absolu, passe encore, mais le tapage nocturne alors là non et non!!!

Le serial killer qui enterre ses nombreuses victimes dans son jardin, discrètement, ne constitue pas pour ses voisins un trouble du voisinage. Ils le disent tous: "il était gentil, il était gentil ! Bon c'est vrai qu'il creusait beaucoup de trous dans son jardin, mais chacun sa passion ! On croyait qu'il creusait une piscine"...

La pire plaie pour les voisins, ce sont tous ces barbeucs de braillards insupportables qui vous pourrissent la vie jusqu'à pas d' heures, pas le psychopathe timide, toujours poli et surtout silencieux...


Lien : https://kostickritic.blogspo..
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Roissy

Après " L'ami", je désirais découvrir davantage l'univers si prenant de Tiffany Tavernier. Avec " Roissy", j'ai été happée.



Par cet entre deux mondes de Roissy, ce lieu si particulier, comme les gares, où l'on se perd, où l'on se terre, que l'on arpente sans but, sans destination aucune. On, c'est ici Elle, amnésique, hantée par les bribes de souvenirs qui l'angoissent, l'agressent de plus en plus.



Elle qui se rend invisible, avec son compagnon d'infortune, Vlad, depuis huit mois déjà, et qui, par contraste, s'invente aussi de multiples vies auprès des voyageurs qui engagent la conversation avec elle. Un rêve d'autre chose, une volonté d'échapper aux images obsédantes d'un passé éclaté , défiguré , qu'elle préférerait ne pas faire rejaillir.



L'écriture happe aussi. Elle nous ouvre avec acuité et justesse les couloirs , les bouches d'aération, les recoins de parkings, tout un univers souterrain où flottent des âmes en détresse, des corps épuisés.



Un être de l'extérieur, mais prisonnier de l'aéroport, qui partage la même tristesse, le même désespoir va un jour faire palpiter à nouveau son coeur à elle...



Vraiment un roman qui touche au plus profond, une voix d'auteure frémissante d'humanité.



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Roissy

Ce sont les pas d'une jeune femme qui déambule dans le terminal d'un aéroport, celui de Roissy. Ce sont ces mots à elle. Elle arpente dans tous les sens ce lieu immense et nous fait découvrir à travers ses yeux, à travers son cœur l'envers du décor.

Aux premières pages du récit, nous faisons sa connaissance dans le Terminal 2. Son pas est alerte, elle est déterminée. Elle s'apprête sans doute à prendre un vol et nous la suivons comme si c'était un film, comme s'il y avait une caméra qui la suivait en travelling. Elle tire une valise à roulettes. Elle regarde, scrute l'écran qui indique les départs. Puis elle continue d'avancer dans les couloirs, se dirige vers une des portes, là à cet endroit précis où elle va attendre peut-être un prochain vol en partance.

Peut-être l'avons-nous déjà côtoyée si nous fréquentons souvent le Terminal 2 de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle. Elle s'appelle Anne, elle confie sa voix ses gestes fragiles à ce récit en huis clos, elle nous entraîne dans ce voyage immobile et invisible, elle nous prend par la main, elle nous dit qu'elle s'appelle Anne, mais, au fond, qu'en savons-nous ? Qu'en sait-t-elle d'ailleurs, elle-même ? Quelques pages plus tard, nous savons qu'elle ne partira jamais.

L'envers du décor, c'est cette vie souterraine, qu'elle partage avec d'autres ombres fugitives comme elle, des existences en transit, peut-être en sursis, comme figées au-dessus du vide, entre terre et ciel, là où le soleil vient à peine, par intermittence, fait cligner des yeux, éblouit, lorsque par hasard les pas de ces ombres invisibles les entraînent au dehors.

Elle rencontre d'autres personnages aux vies bousculées, décalées, meurtries.

Anne appartient à une communauté que l'on appelle les « indécelables ». Ils s'appellent Vlad, Josias, Liam... Ils habitent les sous-sols de l'aéroport. Chaque jour qui passe, Anne remonte à la lumière, s'invente une nouvelle histoire, un nouvel itinéraire, une nouvelle destination, un vol qu'elle n'empruntera jamais. Amsterdam, Moscou, Tenerife, Miami, Bamako, New-Delhi, Lisbonne, Sydney, Prague... Ici c'est l'immensité du monde qui s'ouvre comme un trou béant. Ces noms sonnent comme des promesses, des rêves, des lieux impossibles au-dessus du vide. Chaque jour est un nouveau jour qu'elle invente lorsqu'elle surgit du sous-sol pour arpenter ce monde à la fois grouillant et anonyme... Chaque jour elle est une nouvelle voyageuse, chaque jour une nouvelle destination s'allume dans son cœur, s'allume comme un phare dans une mer nocturne. Et puis le soir venu, elle nous entraîne dans les entrailles de ce monde.

Mais pourquoi ? C'est sa manière à elle d'être invisible, faire semblant, comme les autres. Car tous ici-bas, dans ces bas-fonds, veulent être invisibles, s'effacer le temps d'une vie, d'une parenthèse dans cette vie, resurgir au jour, faire comme s'ils voyageaient, se fondre dans la foule, se mélanger, ne plus exister ou exister d'une autre manière en s'inventant des voyages improbables. Tous ont une histoire douloureuse à fuir, ou enfouir dans ce dédale sombre.

C'est un magnifique portrait de femme, c'est un roman d'amour, c'est un livre où des itinéraires de voyageurs blessés, égarés sont en perdition comme des naufrages.

On se sait rien de cette femme, et visiblement elle ne sait plus rien d'elle-même, elle a tout oublié de sa vie, de son passé, de ce qui l'a amené ici, à se perdre comme cela sous nos yeux ébahis et attendris en même temps.

Et puis voilà qu'elle rencontre Luc. Il est souvent là au Terminal 2, attendant désespérément l'arrivée du vol en provenance de Rio, l'avion qui n'arriva jamais, le fameux vol Rio-Paris, l'avion qui disparut en mer et qui emporta sa femme et ses enfants, l'avion qu'on ne retrouva jamais... Il attend, il revient. C'est devenu comme un rite. C'est dans ce lieu fait de hasards et de bruits que ces deux êtres foudroyés par une sorte de malheur différent pour l'un et l'autre, vont se rencontrer. Mais ici nous ne sommes pas dans une bluette d'aéroport. Ici c'est une forme de vertige qui descend brutalement dans les couloirs, les sous-sols, les souterrains encore plus bas que la terre. Faut-il descendre encore plus bas, pour se cacher, fuir, survivre... ?

C'est le journal d'une femme qui perd pied. Elle ne sait pas pourquoi elle est là, elle perd pied au fur et à mesure qu'elle rencontre l'amour, au fur et à mesure que ce désir d'aimer fait resurgir dans sa mémoire effacée des lambeaux du passé. Il y a de la fragilité et de la sensualité dans cette trajectoire éperdue, une peur de vivre et une rage lorsqu'elle survient au détour d'une chambre d'hôtel, une rage d'aimer comme on s'accroche aux corps en perdition dans un même naufrage.

J'ai aimé ce livre émouvant et déroutant, j'ai aimé cette femme perdue et éperdue d'amour, j'ai aimé la retrouver dans cette chambre d'hôtel entre deux vols, j'ai aimé l'aimer entre les bas-fonds de cet aéroport et le ciel trop grand pour pouvoir la garder encore un seul instant un peu plus près de moi, avant que le bruit d'un avion l'emporte plus loin comme le frémissement d'un battement d'aile éphémère. J'ai aimé la retrouver dans ces pages, tendre mes bras vers sa mémoire endormie.

Ce roman est tout simplement beau.
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En vérité, Alice

Merci beaucoup à Version Fémina et aux Éditions Sabine Wespieser de m'avoir permis de découvrir ce livre et cette auteure.

J'avais déjà entendu parler des deux premiers romans de Tiffany Tavernier et lorsque j'ai reçu son troisième roman En vérité Alice, j'avais hâte de le lire.

C'est l'histoire d'Alice, une femme complètement aveuglée et perdue qui ne perçoit pas la maltraitance de son mari. Heureuse quand elle vivait au Guatemala, elle l'est moins depuis qu'elle est arrivée en France. Mariée à un homme qui ne la considère pas, la surveille et la manipule. Celui-ci l'isole de sa famille et de ses amis. Il va perdre son travail et déménager à Paris. Là, il va la sommer de trouver un travail. On ne connaîtra jamais le prénom du mari.

Alice, par le biais de ce travail, où l'on instruit les candidatures à la canonisation, lui offrira peut-être une porte de sortie ?

Dès la première scène du livre, on connaît le sujet de l'histoire et ce qu'est un couple toxique. A savoir, comment Alice va pouvoir se sortir de ce guêpier ? Et là le hasard des rencontres entrouvre des portes.

L'auteure s'est bien documentée sur la façon dont les Saints peuvent être canonisé. Ce qui rend intéressant le procédé et m'interpelle car j'aime quand j'apprends des choses, en lisant un roman.

Mené tambour battant, ce livre nous mène sur des chemins inattendus, ponctué de trouées de lumière.

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L'ami

Après avoir vu l'autrice Tiffany Tavernier à la Grande Librairie, j'avais envie de lire son dernier roman. J'avais lu son précédent "Roissy" mais je n'avais pas du tout accroché. Celui-ci m'a bien plus et je l'ai lu rapidement.

"L'ami" c'est Thierry. Marié avec Elisabeth, ils ont un fils Marc, devenu adulte. Ce dernier est partit vivre au Japon. Ils habitent à la campagne près de la forêt. Ils ont un seul et unique voisin : Guy et sa femme Chantal. Avec eux ils ont des relations amicales, déjeunent ou dînent ensemble, s'entraident, bricolent ensemble, bref des voisins idéaux. Il y a même une réelle amitié entre eux. Mais un jour, un samedi matin, exactement, Thierry entend des bruit de moteurs inhabituels. Il regarde et voit une ribambelle de voitures de police et des agents lourdement armés. Il ne comprend pas. Au début il pense que Guy et Chantal se sont fait cambrioler mais vus le nombre de voiture il trouve cela disproportionné. Très vite, Thierry et Elisabeth, apprennent que Guy, leur voisin est un monstre. Entre déni, culpabilité, colère et chagrin, le couple est anéanti et dévasté

J'ai bien aimé cette histoire mais je pensais plus à une confrontation entre Thierry, le voisin et Guy le monstre. En fait, on découvre plus leur couple, leur réactions face à cet événement incroyable. La façon dont l'incompréhension s'immisce entre eux. C'est un appel au secours, une véritable quête.

Ce qui m'a plu : c'est la montée en puissance des événements. Dans la deuxième partie, on sent que l'écriture s’allège, c'est plus bucolique.

Ce qui m'a moins plu : la fin, pour ma part n'est pas très explicite, un peu bâclée.

Mais cela reste un bon roman à découvrir.
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Roissy

Elle avance, jour après jour, traîne sa valise avec pour unique objectif se fondre dans le décor, dans la foule pour déjouer les caméras de surveillance.

Anna n’a plus de vie où plutôt, elle en a cent, au-grés des rencontres et des questions elle change de destination, de prénom, de métier, car elle ne sait plus qui elle est.

Que fait-elle dans cet aéroport ? Comment y est-elle arrivée ? Que fuit-elle ? quelle culpabilité ?

A qui appartiennent les visages d’enfants qui hantent ses brèves heures de sommeil ?



Elle croise le chemin des SDF qui hantent les sous-sol, elle apprend les codes de l’aéroport.

Le destin lui fera croiser Luc, qui vient jour après jour à l’heure de l’arrivée du Rio-Paris, espérant voir apparaître son épouse disparue dans le crash de l’avion, dix ans auparavant.



Tiffany Tavernier signe un roman tout en retenue, grâce à une écriture très visuelle, elle décrit l’aéroport international de Paris dans ses moindres recoins

On se surprend à déambuler à la suite d’Anna, à avoir peur, à se cacher, à essayer de survivre malgré tout.

Un coup de cœur.



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Roissy

Parmi les pubs pour les produits de luxe, les destinations de rêve et la banque H***, ces mots de bienvenue :

'Aéroport de Paris / C'est ici que le voyage commence.'



Foule bigarrée, polyglotte, bruyante, agitée, impatiente, fatiguée, endormie.

Vertige et angoisse pour qui découvre l'immensité et ne connaît pas ce langage crypté de chiffres & de lettres.



La jeune femme dont nous suivons les déambulations à Roissy est une passagère : « Une voyageuse anonyme comme les 90 millions d'autres qui, tous les ans, arrivent, transitent ici. »

Non, ce n'est pas tout à fait cela, elle est une 'ombre en transit'. A la fois passagère et résidente, en réalité, puisqu'elle est SDF dans l'aéroport, depuis huit mois, arrivée là après avoir complètement lâché prise, perdu la mémoire.



Elle regarde les avions, mais reste au sol et doit passer inaperçue, se fondre dans la masse du flux 'normal'. Cela exige une attention soutenue pour échapper aux « 1 700 policiers affectés à la sécurité » et « aux 700 caméras qui, 24h/24, filment les allées et venues de tous ».

Pour ne pas se faire repérer et arrêter, il importe d'être discrète, rester propre, changer d'apparence, être digne, aux aguets, s'asseoir mais pas longtemps, marcher, trouver la petite explication qui justifie une présence ici et rassure tout le monde - boulot, voyage d'affaires, loisirs, ou famille à visiter ailleurs...



Pour faire ainsi illusion si longtemps, il faut un sacré aplomb, et sans doute beaucoup de douceur, de grâce, d'écoute. Elle semble posséder toutes ces qualités, cette femme qui charme les gens qui la croisent et échangent quelques mots avec elle, s'attardent à lui parler, exprimant même parfois le désir de la revoir. Sa fragilité affleure, une détresse discrète et élégante suscite la sympathie et la générosité de ceux qui la côtoient.



Livre lu dans le cadre du prix inter-CE Cezam.

J'ai craint de ne pas accrocher en voyant le nom de l'auteur (je me méfie des 'fils/filles de'), et la maison d'édition (j'ai souvent du mal à lire les auteurs 'exigeants' de Sabine Wespieser).

Appréhension rapidement dissipée, je me suis attachée à cette femme et à ceux qui vivent autour d'elle : ceux qui connaissent son sort et l'aident, ceux qui l'ont deviné et entrent dans son jeu pour ne pas blesser son amour-propre, ceux qui, sans se poser de questions, la voient comme une personne déterminée et lumineuse.
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En vérité, Alice

Difficile de me prononcer sur le dernier roman de Tiffany Tavernier. J’ai adoré Roissy et l’Ami, ses précédents textes, que je conseille volontiers ; celui-ci me laisse plus mitigée. Pourtant, j’ai trouvé le mécanisme de l’emprise parfaitement décrit dans la relation de l’héroïne avec son compagnon. De même, toute la partie religieuse sur le processus de canonisation et la vie des saints m’a plutôt intéressée. Et J’ai tourné les pages avec avidité tant j’avais envie de savoir si Alice allait enfin s’extirper de cette relation mortifère.

Par contre, la fin m’a laissée dubitative, notamment la partie concernant les enfants endormis. J’ai compris l’enjeu, ce qui était suggéré, mais cela m’a complètement déconcertée. Et j’ai moins adhéré.

Mais cela n’engage que moi, à vous de vous faire une idée 😉
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