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EAN : 9782073013088
Gallimard (08/06/2023)
5/5   1 notes
Résumé :
À l’invitation du Louvre, plus de soixante œuvres du musée napolitain de Capodimonte ont exceptionnellement pris place sur les cimaises du musée parisien. Tableaux, dessins, objets d’art et porcelaines de grands maîtres parmi lesquels Masaccio, Bellini, Michel-Ange, Raphaël, Titien, Caravage ou Guido Reni rejoignent, le temps d’une exposition, les œuvres du Louvre en son cœur historique, notamment dans la Grande Galerie.
C’est le dialogue puissant et fécond e... >Voir plus
Que lire après Naples à Paris : Le Louvre invite le musée de CapodimonteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Quand une exposition démontre, si besoin était, que les oeuvres d'art dialoguent entre elles.

Le Musée du Louvre déroule le tapis rouge à son homologue Napolitain, il museo di Capodimonte, l'une des plus importantes pinacothèques d'Europe.
Ce dernier qui doit fermer pour travaux, à accepté de prêter pas moins de 60 de ses plus grands chefs-d'oeuvre qui prennent place sur les cimaises du Louvre
Et l'on assiste dans la Grande Gallerie, Salon carré et salle Rosa , la salle de la Chapelle et salle de l'horloge à un dialogue puissant et fécond entre les oeuvres,
les tableaux semblent correspondre, créant un écho pictural, fait de regards croisés et complices.
Car la particularité de cette exposition est que ce n'est pas une exposition "à part", comme c'est souvent le cas, mais bien une intégration complète au sein des collections du musée français.
Et quoi de plus époustouflant, voire émouvant, que d'être spectateur de cette communication invisible entre  :
La Flagellation de Caravage, La crucifixion de Masaccio, la Danae du Titien, l'Atalante et Hippomène de Guido Reni, La Transfiguration de Giovanni Bellini,
Les trois des plus magnifiques tableaux de Parmigianino, dont la célèbre et énigmatique Antéa, et la mystérieuse Lucrece ou Judith décapitant Holopherne d'Artemisia Gentileschi qui trône face au tableau de son père Orazio avec leurs homologues de la collection de peintures italiennes du Louvre....

Pour s'y retrouver au milieu de tant de chefs-d'oeuvre, le visiteur est invité à une sorte de jeu de piste, à la recherches des cartels rouges.
Rouge comme la passion, qui sied à cette ville volcanique, capitale trimillénaire pompéienne et baroque ; 
Rouge comme le carton donné au football dans cette ville où ce sport est élevé au rang de religion ;
Rouge comme le o'curniciello (la corne Napolitaine) , qui symbolise la victoire sur les ennemis et le sang, le symbole de la vie elle-même ;
Rouge comme le sang car certains tableaux regorge de violence.

Le catalogue de l'exposition est de toute beauté, à l'image de l'exposition. Toutes les oeuvres exposées y sont reprises. S'ajoute à cela des textes magnifiques d'Erri de Luca qui raconte entre autre sa découverte, de la crucifixion de Masaccio...
L'histoire du musée entre forêt et volcan par son directeur actuel, l'origine et l'histoire des collections du XVe siècles, comment l'art et le pouvoir se mêlés au sein notamment de la famille Farnese (dont deux tableaux de Raphaël sont également exposés .
Autres sujets du livre le regard actuel sur les porcelaines de la Naples des Bourbons, le temps de Caroline Bonaparte et le rêve de Joachim Murat, Naples capitale européenne de la musique au XVIIIe siècle, des réflexions sur la collection des peintures italiennes du Louvre.
Et la conclusion revient à Dominique Fernandez grand amoureux de Naples devant l'éternel dans un texte magnifique, dont lui seul a le secret : "comment on devient Napolitain", tout un programme.
Et enfin comme tout catalogue d'exposition, on y retrouvera une notice des oeuvres exposées.

Bref un livre à s'offrir ou à offrir et pour reprendre la tradition du o'curniciello qui doit être reçu en cadeau et au moment du cadeau, le destinataire est invité à ouvrir la paume et piquer le centre avec le bout de la corne.
De plus, la personne qui a reçu le cadeau doit réciter la célèbre phrase de Totò (acteur, poète napolitain) :
"Ce que tu veux pour moi, je te le souhaite deux fois plus"
Et en refermant ce musée de papier on ne peut souhaiter que 2 fois plus ce genre d'exposition....
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Neapolis, nouvelle ville. Le nom générique grec des fondateurs entérine une autre de leurs implantations. Beaucoup de villes ont le même titre dans Ies différentes langues du monde. Mais Neapolis a cette particularité : son nom précédent était Palepoli, vieille ville, cas singulier de lieu rajeuni. C'est ce qui arrive en biologie à certaines espèces de méduses.

Dans l'histoire de l'Ancien Testament, ce sont Ies mères qui choisissent le nom de leurs enfants. Adam en attribue aux animaux, mais c'est Eve qui Ie donne à ceux nés de son sein. Elle les compose sur le moment. Caïn vient d'un verbe, kanà, acquérir. « Car j'ai acquis un homme auprès de Dieu » (Genèse/Bereshit 4 : 1).

Le nom était donné après la naissance. Il n'était pas prudent de l'anticiper.

C'est probablement une femme, une sibylle, une prêtresse, qui a donné le titre de Neapolis à la ville. Le nom générique contenait une prophétie : cette polis serait continuellement nea.

Les éruptions et les tremblements de terre veilleraient à corriger sa surface. Très tôt, les natifs se sont donné un saint, Janvier, capable de les protéger du sous-sol. Sa statue était portée à dos d'homme pour arrêter l'avancée des laves bouillonnantes. A Naples, le sentiment du sacré vient du sous-sol, pas du haut des cieux.

Les douzaines de royaumes qui se sont succédé, s'évinçant les uns les autres, se mélangeant, chacun ajoutant son patrimoine génétique, devaient assurer le renouveau de la ville. Avoir des ascendances multiples et non pas le pedigree de quelques familles est pour moi une noblesse de sang.

Je voudrais savoir, à travers le résultat de mes analyses, combien de peuples circulent dans le labyrinthe de mes artères. S'il en manquait un, j'y pourvoirais par une transfusion.

À force de palais et de souverains installés dans le golfe, la ville est plutôt monarchiste que républicaine, Elle a besoin d'une reine ou d'un roi, mais seulement le dimanche. Les jours ouvrables, elle se gouverne toute seule, intolérante aux hiérarchies.

Les demeures royales sont toujours là pour rappeler le faste. Celle de Capodimonte fut inaugurée par les Bourbons, dynastie espagnole.

(INCIPIT - Erri De Luca)
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Le 20 septembre 1493, un jeune prélat de Viterbe, Alexandre Farnèse, était créé cardinal par le pape Alexandre VI Borgia (1492-1503). Installés dans le haut Latium depuis le XIIIe siècle, les Farnèse étaient une famille noble d'illustration médiocre et de modeste envergure politique ; rien ne laissait présager qu'en quelques décennies Alexandre allait devenir pape, et son fils Pierre Louis duc de Parme et de Plaisance. Deux siècles plus tard, en 1692, naîtrait à Parme Élisabeth Farnèse, dernière représentante de la dynastie et première de sa gens à s'asseoir sur un trône européen, et non des moindres, celui d'Espagne.
La saga des Farnèse se déploya donc sur deux cents ans, pour aboutir à un héritage de collections dynastiques à Naples, lorsque Charles de Bourbon, troisième fils d'Élisabeth et de Philippe V d'Espagne, devint souverain du royaume en 1734.
Une conquête du pouvoir sans exemple dans d'autres dynasties italiennes.
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La visite, l'achat des billets étaient à notre charge. Presque rien, je m'en souviens. Ce presque rien comprenait la Crucifixion de Masaccio. Il avait son propre espace frontal, au centre.

L'enseignante nous demanda ce qui semblait drôle dans le tableau. Nous étions respectueux, comment aurions-nous pu nous permettre de trouver drôle un chef d'œuvre exposé dans un musée.

Elle nous invita à être irrévérencieux, ce qui est une manière critique d'observer.

Je ne voyais rien de maladroit ni de bizarre dans la représentation de la tragédie.

Nous avons regardé attentivement l'œuvre. J'étais attiré par les cheveux bonds de Marie-Madeleine, défaits sur ses épaules. J'aurais voulu la retourner pour le voir de face.

Nous nous taisions. Elle dit alors que ce qui était drôle se trouvait dans le corps du Christ : la tête engoncée dans les épaules reposait sur le buste sans cou. J'ai vu, nous avons vu : ces mots ont offerts la haute définition qui nous avait manqué. C'est ce que permettent les mots, ils permettent de mieux voir comme une bonne paire de lunettes.

(Avant-propos d'Erri De Luca)
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On n'écrit pas sur Naples comme on écrirait sur une autre ville. La légende d'Homère à Virgile et de là à Matilde Serai (fondatrice du journal Mattino), fait remonter l'origine de la ville à la mort de l'ensorceleuse sirène Parthénope dévastée par la résistance d'Ulysse ou bien encore aux amours de la même sirène avec un centaure nommé Vesuvio. Naissance et mort sont associés dans ke cœur même de Naples. Le vrai risque pour qui veut raconter Naples est de se répéter, et il semble inevitable tant les évocations de la cité parthénopéene, du Vésuve, du Pausilippe, d'Amalfi, de Sorrente, de Ravello, de Capri, d'Ischia, et de Procida abondent dans la littérature, la peinture, et même la musique.
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Si Caravage a autant aimé Naples, c'est parce que Naples baigne dans le clair-obscur, que le clair-obscur y est la lumière naturelle. O Sole mio est une invention à l'usage des touristes. Rien de ce qui est net, clair, lumineux, bien défini, certain, indiscutable, conforme aux principes sacro-saints de la raison et de la morale, n'est napolitain. Il y a bien un vicolo del sole, mais le nom a été donné par antiphrase à ce boyau de Spaccanapoli si étroit et enfoncé entre de si hauts murs que le soleil n'y pénètre jamais.

(Dominique Fernandez)
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La philosophe Claire Marin est la marraine de la 8e édition des Nuits de la lecture sur le thème du corps. Pour cette occasion, elle nous lit un extrait de son choix sur le pouvoir de l'écriture. Pauline Delabroy-Allard "Qui sait" aux Editions Gallimard (2022).
Claire Marin développe une pensée du sensible et interroge la notion d'identité à travers les épreuves existentielles que nous traversons au cours d'une vie : naissance et deuil, maladie et accident, rencontre et séparation amoureuse, rupture et découverte… qu'elle analyse comme les moments-clés de transformation de soi. Elle est notamment l'auteure de « Hors de moi » (Allia, 2018), « Rupture(s) » (L'Observatoire, 2019), « Mon corps est-il bien à moi ? » (Gallimard Jeunesse, 2020) ou encore « Être à sa place » (L'Observatoire, 2022).
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