Quand une exposition démontre, si besoin était, que les oeuvres d'art dialoguent entre elles.
Le Musée du Louvre déroule le tapis rouge à son homologue Napolitain, il museo di Capodimonte, l'une des plus importantes pinacothèques d'Europe.
Ce dernier qui doit fermer pour travaux, à accepté de prêter pas moins de 60 de ses plus grands chefs-d'oeuvre qui prennent place sur les cimaises du Louvre
Et l'on assiste dans la Grande Gallerie, Salon carré et salle Rosa , la salle de la Chapelle et salle de l'horloge à un dialogue puissant et fécond entre les oeuvres,
les tableaux semblent correspondre, créant un écho pictural, fait de regards croisés et complices.
Car la particularité de cette exposition est que ce n'est pas une exposition "à part", comme c'est souvent le cas, mais bien une intégration complète au sein des collections du musée français.
Et quoi de plus époustouflant, voire émouvant, que d'être spectateur de cette communication invisible entre :
La Flagellation de Caravage, La crucifixion de Masaccio, la Danae du Titien, l'Atalante et Hippomène de Guido Reni, La Transfiguration de Giovanni Bellini,
Les trois des plus magnifiques tableaux de Parmigianino, dont la célèbre et énigmatique Antéa, et la mystérieuse Lucrece ou Judith décapitant Holopherne d'
Artemisia Gentileschi qui trône face au tableau de son père Orazio avec leurs homologues de la collection de peintures italiennes du Louvre....
Pour s'y retrouver au milieu de tant de chefs-d'oeuvre, le visiteur est invité à une sorte de jeu de piste, à la recherches des cartels rouges.
Rouge comme la passion, qui sied à cette ville volcanique, capitale trimillénaire pompéienne et baroque ;
Rouge comme le carton donné au football dans cette ville où ce sport est élevé au rang de religion ;
Rouge comme le o'curniciello (la corne Napolitaine) , qui symbolise la victoire sur les ennemis et le sang, le symbole de la vie elle-même ;
Rouge comme le sang car certains tableaux regorge de violence.
Le catalogue de l'exposition est de toute beauté, à l'image de l'exposition. Toutes les oeuvres exposées y sont reprises. S'ajoute à cela des textes magnifiques d'Erri de Luca qui raconte entre autre sa découverte, de la crucifixion de Masaccio...
L'histoire du musée entre forêt et volcan par son directeur actuel, l'origine et l'histoire des collections du XVe siècles, comment l'art et le pouvoir se mêlés au sein notamment de la famille Farnese (dont deux tableaux de Raphaël sont également exposés .
Autres sujets du livre le regard actuel sur les porcelaines de la
Naples des Bourbons, le temps de Caroline
Bonaparte et le rêve de
Joachim Murat,
Naples capitale européenne de la musique au XVIIIe siècle, des réflexions sur la collection des peintures italiennes du Louvre.
Et la conclusion revient à
Dominique Fernandez grand amoureux de
Naples devant l'éternel dans un texte magnifique, dont lui seul a le secret : "comment on devient Napolitain", tout un programme.
Et enfin comme tout catalogue d'exposition, on y retrouvera une notice des oeuvres exposées.
Bref un livre à s'offrir ou à offrir et pour reprendre la tradition du o'curniciello qui doit être reçu en cadeau et au moment du cadeau, le destinataire est invité à ouvrir la paume et piquer le centre avec le bout de la corne.
De plus, la personne qui a reçu le cadeau doit réciter la célèbre phrase de Totò (acteur, poète napolitain) :
"Ce que tu veux pour moi, je te le souhaite deux fois plus"
Et en refermant ce musée de papier on ne peut souhaiter que 2 fois plus ce genre d'exposition....