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EAN : 9782205072471
144 pages
Dargaud (22/01/2016)
4.06/5   290 notes
Résumé :
Ce qu'il faut de terre à l'homme est le nouvel album de Martin Veyron : une fable au thème universel et intemporel : la cupidité des hommes.

Sur son lopin de terre de Sibérie, le paysan Pacôme vit avec sa femme et son fils. Il n'est pas riche mais il subvient aux besoins de sa famille. Cependant, Pacôme se sent à l'étroit. « Si seulement j'avais plus de terres, soupire-t-il en regardant par-delà la clôture, je pourrais être tout à fait heureux. » Un a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (67) Voir plus Ajouter une critique
4,06

sur 290 notes
Ce qu'il faut à l'homme ?
Toujours plus.
Toujours plus pour lui.
Toujours plus que les autres.

Pourquoi cette âpreté au gain et cet esprit de compétition ? Loi animale de sélection naturelle ? Que le meilleur gagne ?

Dans ce conte (dont je n'ai pas lu le texte original) Leon Tolstoï ne donne pas les raisons de ce travers humain. Il en montre en revanche les paradoxes, l'égoïsme, le ridicule, la vacuité.

J'ai beaucoup aimé cette histoire et sa chute - en particulier la voix sage de la femme qui ne comprend pas cette soif inextinguible et essaie de freiner son époux.

L'adaptation en images me semble très réussie. Je ne sais pas si elle est fidèle au texte d'origine ? Elle donne en tout cas envie de le découvrir.
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Cette bande dessinée s'inspire d'un conte de Tolstoï lui même inspiré du livre IV des Histoires d'Hérodote, ainsi que de récits entendus chez les Bachkirs, peuple vivant entre la Volga et l'Oural, quand l'auteur russe y avait fait des cures de koumys, ce lait fermenté de jument ou de chamelle aux propriétés soi-disant médicinales.
Il est conseillé de ne pas connaître ces versions inspirant la bande dessinée pour en apprécier toute la saveur.
Au niveau graphique, c'est classique mais superbe, calligraphie bien sage mais cyrillicoforme, avec un style bien particulier, enfantin et dynamique qui sied parfaitement au sujet. Mention particulière à la réalisation matérielle : "papier" pas du tout glacé, que j'ai vraiment apprécié au toucher.
Le pire de cette bande dessinée est pour moi sa couverture, quel dommage !
L'histoire ? c'est un conte philosophique, qui en rappelle beaucoup d'autres et qui est traité intelligemment par l'auteur. Libéralisme, collectivisme, les grands classiques de la Russie tsariste et du monde en général...
A la fin, on se découvre presque surpris de trouver tant de modernité dans un récit du dix-neuvième siècle.
A conseiller et offrir sans modération.
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Fable sur un homme tellement avide d'argent qu'il délaissera ses proches et perdra ses valeurs jusqu'au point de non retour. Pacôme vit en Sibérie avec sa femme et son fils. C'est un petit paysan qui va se démener pour avoir encore et toujours plus de terre, sourd à la sagesse de sa femme. Alors quand il apprend que quelque part on peut en avoir beaucoup avec presque rien... L'épreuve ? Délimiter son futur terrain en une journée mais attention de revenir avant le coucher du soleil. Dessins travaillés, jolis décors, un peu sombre à mon goût. Belle adaptation d'une nouvelle de Léon Tolstoï !

Tu peux courir à l'infini,
à la poursuite du bonheur la terre est ronde autant l'attendre ici.
J'veux profiter des gens qu'j'aime,
J'veux prendre le temps avant qu'le temps m'prenne et m'emmène. ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️
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Dans les années 1980 Martin Veyron était un des auteurs de BD les plus talentueux. On se souvient de ses albums érotiques qui firent un tabac. Il a obtenu le prestigieux grand prix d'Angoulême pour l'ensemble de son oeuvre.

En 2016, il conçoit son Ce qu'il faut de terre à l'homme en se souvenant qu'il avait lu dans sa jeunesse une nouvelle de Tolstoï qui l'avait marqué. Voilà quand un grand dessinateur rencontre un grand maître de la littérature !
Pour cela, il a obtenu 2 prix en 2017, le grand prix spécial du jury d'Angoulême, et le prix Tournesol.
Martin Veyron nous a surpris avec cette variation sur un tout autre thème puisqu'il s'agit ici d'un conte philosophique ayant pour objet sur fond de paysannerie russe du 19e siècle la cupidité des hommes.
Magnifique album. Je suis épaté ! Bon certes notre ami Martin Veyron avait un appui colossal pour les textes en la personne du grand romancier russe, il fallut néanmoins en faire le script et surtout beaucoup d'imagination pour illustrer cette campagne et ces villages russes d'antan. Un champ d eblé làbas n'est pas un champ de blé ici ! J'avoue que je n'ai pas tout de suite de réponse à apporter , sinon peut-être être allé voir de visu cette terre russe qui laisse encore et toujours ces restes admirables du passé pour échaffauder ses plans avec un rien nostalgique que le modernisme insidieux vient altérer, aurait dit un pair de Tolstoï, Raspoutine, non pas contemporain mais un héritier.

26 décembre 2021.
Il nous arrive d'écrire des choses et puis en les relisant 1 an, deux ans .. après on a envie de dire autre chose, sans compter que pour partie on a envie de tout foutre en l'air. Bon ce n'est pas le cas ici. Mais je me dis tout compte fait que certes l'idée hautement morale que Tolstoï se faisait de l'existence et plus encore vers la fin de sa vie, ce qui a probablement plu au grand dessinateur ainsi que l'excellence de la qualité narrative, était le message qu'il voulait délivrer au monde entier ; ici sur la cupidité des hommes, mais je ne suis pas sûr que les gens, les lecteurs ne retiennent que les idées généreuses, si ce n'est pas chrétiennes du grand écrivain de la terre russe comme disait Tourgueniev. Ont-ils raison, ont-ils tort ?

D'abord, Tolstoï était pris aux entournures dans son message radical de justice et d'amour de son prochain. Qui peut lui contester d'ailleurs que l'amour de son prochain n'était pas la juste réponse aux cruautés de son monde et qu'aucune entreprise collective ne pouvait démonter cela, hormis la volonté de chacun qui passe par l'éducation.

Mais, tout ça est quand même oublier que Tolstoï était aussi une nature, animale, dont certes il est revenu de tout et a tenu à la combattre sans cesse sur le dernier tiers de sa vie. Alors moi je veux bien qu'on s'attarde sur cette vie là de Tolstoï mais ce n'est pas sa vie ou l'essentiel de sa vie. Oui l'auteur russe était pris aux entournures, disais-je où il se faisait prophète, quand les tolstoïens faisaient entendre leur voix dès lors que le Maître semblait s'éloigner de ses préceptes et de ses émules, oui l'auteur russe fut l'otage, la caution suprême du spécieux et intriguant Tchertkov qui voulait passer par dessus bord avec armes et bagages tout le système tsariste en faisant écrire au vieux Tolstoï devenu vulnérable, des saletés que finalement il n'avait pas envie d'écrire. Prêcher la bonne parole pour ce christique ainsi devenu, ce démiurge presque qui rivalisait avec le Tsar en personne, n'était-ce pas ajouter de la foi à la foi qui du coup perdait de son importance. N'était-il pas saoulé de ce rôle qui impliquait toujours le même rapport aux hommes, celui de l'orgueil et de la gloire ? Ne fut-ce pas une des raisons rarement dites explicitement chez les observateurs pour fuir Iasnaïa Poliana, outre le pressentiment d'une mort prochaine. Il s'en est expliqué un peu dans le Père Serge.

Alors j'en reviens plus au jeune Tolstoï , le sensuel qui a inspiré tout de même ses plus belles oeuvres, à commencer par Anna Karénine et Guerre et Paix naturellement, où vive la vie, avec ses tourments, ses amours inconsidérés, les respirations pacifiques de l'animal qui n'avait de cesse de replonger dans les vices qui guidaient ce monde, d'être confronté à ses vieux démons qui n'arrêtaient pas de le contrarier. Ces mêmes démons qui ne cessèrent de le torturer jusqu'à la fin de sa vie. La sensualité de la belle et jeune cosaque de Hadji Mourat, qu'est-ce sinon une sensualité jamais éteinte, triomphante chez le Tolstoï vieillissant qui cachait ses fictions dans ses tiroirs pour ne pas déplaire à l'esprit du temps qui confondait bien entendu luxure, débauche avec tyrannie tsariste. On s'aperçut après que tout fut pire ..

Christiane Rancé a écrit un très beau livre sur le sujet : Tolstoï le pas de l'ogre. Je me souviens entendre encore FOG dire tout le bien qu'il en pensait : qu'il avait lu cet essai comme du petit lait, d'une traite .. CR a eu au moins le mérite de poser le problème et non de le prendre à l'envers comme les critiques ont fait bien souvent. Je ne désespère pas de voir la talentueuse Anne Coldefy-Faucard me coller au train dès que je vais un peu dans son sens qu'il faille voir en Tolstoï non pas le géant grincheux qui se fâche contre le monde entier à cause de ses faiblesses et de ses injustices mais Tolstoï le génial romancier ..
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Je ne connaissais pas le conte original de Tolstoï et n'avait jamais croisé les productions de Martin Veyron au cours de mes lectures.

L'action se déroule en Russie à la fin du XIXème siècle dans un petit village de paysan. Un homme vit, avec sa famille, de son travail dans sa petite ferme et se contente de cette situation où il estime qu'il a assez pour vivre. Son beau-frère, installé à la ville, l'incite à s'agrandir à prendre plus de terre, pour avoir plus de bêtes et donc plus de revenus. le paysan n'est pas du tout convaincu par ce discours.

À cette époque les paysans dépendent de grands propriétaires terriens et il y a parfois des arrangements avec la règle et la loi. Mais la donne va changer quand le fils de la propriétaire des terres décident de reprendre les choses en main et nomme un régisseur pour s'occuper des propriétés de la famille et veiller à ce que les règles soient respecter. Plus question de faire paître ses bêtes sur les terres seigneuriales, plus question de servir dans les vergers.

Le régisseur va veiller au grain et les contrevenants devront payer une amende ou subir la bastonnade. Les conditions de vie se dégradent et entraînent une sourde colère des paysans. Les tensions vont devenir de plus en plus fortes.

Face à ce qu'ils considèrent comme une injustice, ayant appris que le futur propriétaire du domaine serait le régisseur, les paysans se fédèrent et décident d'acheter collectivement ce domaine. Mais tout ne sera pas simple ...

Tolstoï nous entraîne dans les méandres de la réflexion humaine mais aussi dans sa complexité et la difficulté à faire front en semble. les paysans ont l'opportunité d'agir ensemble, de s'émanciper et de travailler collectivement. Si tout le monde est d'accord pour le rachat, c'est une autre paire de manches pour la gestion collective, pour réussir à se mettre d'accord pour les objectifs à tenir et les règles qu'il faut s'imposer. Liberté ne veut pas dire anarchie.

L'auteur nous immisce dans les affres de l'appât du gain, du toujours plus, du toujours mieux au détriment de l'existant. Notre brave paysan va entrer dans cette spirale : toujours plus de terre, toujours plus de personnes à faire travailler, toujours plus d'appât du gain. Il nous montre, en oubliant les valeurs essentielles de solidarité voire d'humanité, comment on peut se couper des autres paysans et même de sa famille.

Notre paysan va consacrer sa vie à agrandir encore et encore son exploitation, n'ayant plus que cet objectif dans la vie. C'est le mirage d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte. Mais si dans "L'alchimiste" de Paulo Coelho, le héros ouvrira les yeux et saura revenir à l'essentiel et ce qu'il avait sous les yeux, notre paysan sera victime de sa drôle de quête.

Très belle réflexion sur la condition humaine en général et la condition paysanne en particulier. Il ne faut jamais oublier que nous ne sommes que de passage sur la Terre et que nous n'emporterons pas nos possessions, nos richesses lors de notre ultime départ. J'ai adoré la conclusion que je vous laisse découvrir.

Une rencontre avec un livre, c'est une rencontre avec des idées, avec une histoire, avec des personnages mais c'est aussi une rencontre avec un objet.J'ai beaucoup aimé le format proposé et la qualité du papier, très différent de ce qui est proposé généralement.

J'ai beaucoup apprécié le travail graphique de Martin Veyron et son choix des couleurs. On a un peu l'impression de tenir entre ses mains un livre ancien, comme au premier temps de la BD. La variété de la dimension des case, leurs alternance de forme, le fait de ne pas les cerner de noir (si ce n'est parfois grâce aux phylactères), donnent une impression de liberté et d'ouverture.

Ce fut une lecture apaisante avec une dimension de conte philosophique me rappelant "L'alchimiste", "Zadig"... Très belle découverte aussi du travail de Martin Veyron.
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critiques presse (5)
Bibliobs
30 janvier 2017
Dans cette Russie profonde, l'avidité est à la manœuvre, comme une puissante ivresse. Veyron trousse des dialogues alertes et dessine des silhouettes harassées, mais jamais rabaissées. C'est digne et dément comme du Tolstoï.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
ActuaBD
18 août 2016
Une fable philosophique très réussie dans laquelle Martin Veyron s’amuse de ces hommes qui veulent plus de terre qu’il ne leur en faut. Un très bel album !
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BoDoi
22 mars 2016
Fable philosophique sur la vaine soif d’argent, conte moral sur les bas instincts, l’étonnant album de Martin Veyron fait mouche dans un registre où on ne l’attendait pas.
Lire la critique sur le site : BoDoi
BDGest
22 mars 2016
Une belle adaptation en forme de réflexion philosophique sur la frontière entre besoin et envie de plus.
Lire la critique sur le site : BDGest
BDZoom
11 mars 2016
Martin Veyron surprend en adaptant ce récit et en s’intéressant tout à coup à des personnages ordinaires et d’une autre époque, jouant aussi bien la carte du paysage et du décor silencieux que celle des assemblées rustiques et loquaces.
Lire la critique sur le site : BDZoom
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
-Mon mari a de la chance que je n'aie pas tes goûts, il n'aurait pas les moyens de les satisfaire!
-C'est parce que t'en as pas choisi un ambitieux. C'est tout!
-Ambitieux? Pour quoi faire puisque nous ne manquons de rien.
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- La neige, ça peut durer des jours, et mon affaire ne peut pas attendre.
- Tout peut attendre.
- Même mourir.
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Deux mètres de longueur sur un mètre de largeur et de profondeur, voilà ce qu'il faut de terre à l'homme.
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- Où prendras-tu le temps de rendre la pareille à tous ces gens ?
- C’est pour ça que je les paye. Comme font les maîtres.
- Si ça se trouve, j’arriverai à tout rembourser dès la première année !
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- Ambitieux ? Pour quoi faire puisque nous ne manquons de rien
- Vos bêtes non plus ne manquent de rien !
- Alors, pourquoi désirer davantage ?
- Parce que dans la vie, on peut parfois désirer davantage que ce que désirent les bêtes.

[p8]
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Videos de Martin Veyron (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Martin Veyron
Martin Veyron en interview pour PlaneteBD .Martin Veyron, pour son dernier album, présente une adaptation d'une nouvelle de Léon Tolstoï, "Ce qu'il faut de terre à l'homme". Il donne ainsi une version sobre mais très expressive d'une leçon de vie dont la morale à tirer de cette histoire prend une dimension presque philosophique. L'auteur nous fait la joie d'une interview brève mais intense lors de son passage au festival de la bande dessinée d'Angoulême dont il rafle au passage le prix Tournesol pour cet album...Bravo !
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