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EAN : 9782917897898
Editions Presque lune (21/10/2022)
4.16/5   58 notes
Résumé :
Depuis l’apparition des premiers mythes, l’universel est le récit des hommes, cette vision masculine qui dessine le monde, explique comment les femmes doivent être... pures, dociles, aimantes - et met en garde contre ces mauvaises femmes, qu’il s’agisse de gorgones vengeresses, de belles-mères cruelles, de Pandoras gênantes ou d’Èves imprudentes qui portent la culpabilité de leur destin. Dans sa version très personnelle, Maria Hesse renverse les rôles de ces princes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Sexualité, beauté et pouvoir : la triade du danger chez une femme.
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Ce tome contient un texte complet, indépendant de tout autre. Il s'agit d'un essai de l'autrice María Hesse, initialement paru en 2022, et traduit de l'espagnol par Éloïse de la Maison. L'ouvrage se présente sous la forme d'un texte illustré, majoritairement une page de texte, avec une illustration sur la page en vis-à-vis. À quelques reprises, le texte est en partie supérieure, avec une illustration sur la partie basse de la page. le tome se termine avec une page de remerciements adressés à ses copines dont l'amitié a été assez forte pour prendre le pas sur tout le reste, et d'avoir su accepter assez tôt que le rôle de la fille cool n'était pas pour elle. Ses amies l'ont aidée à se débarrasser de la honte et du sentiment de culpabilité.

L'autrice commence par évoquer le conte de la Belle au bois dormant, dans sa version initiale. Il y a fort longtemps, dans un lointain royaume, vivaient un roi et une reine dont le voeu le plus cher était d'avoir un enfant. Un jour, une grenouille magique se glissa dans le bain de la reine et lui offrit ce qu'elle désirait tant, sans même réclamer de bisou. Neuf mois plus tard exactement, une petite fille vint au monde. Ils l'appelèrent Fleur-d'Épine. le couple royal était si heureux qu'il organisa une grande fête et invita toutes les fées du royaume. Toutes sauf une, car leur service de table ne comptait pas assez de vaisselle d'or et il leur paru plus facile de commettre ce petit impair que d'acheter une assiette dépareillée. En invitées modèles, les fées ne vinrent pas les mains vides. Elles offrirent à l'enfant de précieux dons : la beauté, la vertu, la patience… Vous voyez le genre. La fée laissée à l'écart entre en scène. Elle lance une malédiction. La dernière fée atténue le sort qui de mortel passe à un sommeil d'un siècle. La jeune demoiselle finit par se piquer malgré toutes les précautions. Au bout de cent ans, un jeune prince arrive et la réveille d'un baiser.

Des siècles après le conte original, en 1959, Disney offre au monde une version de l'histoire quelque peu édulcorée. Mais la fin reste à l'identique : la petite spectatrice en sort avec l'assurance que quelque part se trouve un prince destiné à venir la secourir. Comme beaucoup de petites filles, María Hesse a grandi dans l'espoir de devenir une princesse qu'un jeune et charmant prince viendrait sauver : ils se marieraient, ils vivraient heureux, ils auraient beaucoup d'enfants. Alors pour le motiver un peu, il fallait qu'elle soit gentille et jolie. Une fin heureuse et positive, c'est tout ce qui comptait, peu importe que la princesse Aurore soit effacée ou qu'elle passe les trois quarts du film à dormir. Quand María Hesse était petite, à l'école, les autres l'appelaient la foldingue. Elle ne comprenait pas trop ce qu'elle avait fait concrètement pour mériter ce surnom. Une autre élève un peu différente a fini par arriver et elles se sont soutenues entre copines, mais elle a conservé la crainte de réellement souffrir d'une sorte de problème mental, peur qui l'a accompagnée toute sa vie. En 2021, la chanteuse Zahara a sorti un album très personnel dans lequel elle a raconté que ses camarades de classe l'avaient affublée d'un surnom, et le mal-être intériorisé qui était le sien.

Il suffit de quelques pages pour que le lecteur se fasse une idée générale de l'ouvrage qu'il est en train de découvrir : il s'agit d'un essai écrit par une femme confrontant son expérience de vie de l'enfance à l'âge adulte, à l'image de la femme dans la culture populaire. Il y a bien sûr une forme de dénonciation qui court tout du long : cette image des femmes a été écrite, puis filmée par des hommes pour cantonner les femmes dans un rôle subalterne. Néanmoins, si ce texte est revendicatif, il n'est ni aigri, ni revanchard, ni agressif contre tous les hommes. L'autrice passe en revue différentes facettes culturelles pour proposer un point de vue féminin sur les stéréotypes construit par les hommes, et pour appréhender certains personnages féminins moralement condamnés par le récit dans lequel ils figurent, avec une interprétation les réhabilitant. À l'évidence, María Hesse est légitime dans sa démarche à au moins deux titres : elle parle de sa vie et de l'effet de ces artefacts culturels sur son comportement, et elle s'exprime sur le sujet en tant que femme. Elle commence donc par des exemples universels dans le monde occidental : les contes, puis leur version revue et corrigée par les studios Disney, évoquant Aurore, Blanche-Neige, Cendrillon, ainsi que leurs belles-mères maléfiques, et les marâtres. Puis elle se tourne vers le passé.

En allant à rebours, l'autrice passe des contes à la mythologie grecque, en prenant en exemple Pandore, la beauté d'Aphrodite, le sort de Méduse, le rôle dans lequel Pénélope est cantonnée, y compris pendant que Ulysse passe une année avec Circé. Après ce passage, elle remonte à la Genèse, et au rôle attribuée à Ève, l'histoire de Lilith la première femme. Puis elle repart dans un ordre chronologique, s'arrêtant sur des femmes qui lui semblent emblématique du thème qu'elle développe, comme la séductrice, la tentatrice, la rebelle, la mauvaise mère, bref toutes ces mauvaises femmes. Régulièrement, elle fait le lien avec une femme contemporaine et la manière dont elle a été traitée ou jugée par son entourage ou par le grand public. À chaque fois, elle propose un point de vue mettant en évidence que le jugement de valeur est relatif, et souvent discriminatoire dans le sens où un homme ayant commis les mêmes actions n'aurait pas été jugé de la même manière. María Hesse n'est pas la première à utiliser ce dispositif de changement de point de vue pour faire apparaître une histoire sous un tout autre jour. Par exemple, dans son roman Les Dames du lac (1983, The Mists of Avalon), Marion Zimmer Bradley raconte la geste arthurienne du point de vue de Morgane qui devient le personnage principal, apportant un regard très différent sur les autres personnages et sur leurs motifs.

Dès le début, l'autrice expose qu'il s'agit d'un essai à charge : le lecteur a donc conscience qu'elle choisit ses exemples allant dans le sens qu'elle souhaite, et qu'elle n'affiche jamais la prétention de se vouloir exhaustive. Au fil des nombreux exemples, elle montre comment des textes écrits par des hommes condamnent systématiquement les femmes avec un comportement rebelle à un sort fatal. Elle rappelle que dans des textes fondateurs comme la Bible, ou la mythologie grecque, les maux du monde trouvent leur origine dans une action commise par une femme, la tentation de mordre dans la pomme du fait d'Ève, l'ouverture de la boîte contenant tous les maux par Pandore. Elle évoque les femmes de pouvoir et la manière dont elles ont été contrecarrées à différentes époques, y compris en les traitant de foldingues, d'hystériques ou de névrosées. La maternité s'imposant comme une finalité, une évidence à toutes les femmes. La libération progressive et fragile des femmes au cours du vingtième siècle. Elle sait mettre en lumière comment les femmes, ces créatures faibles et stupides, sont toutefois très douées pour faire tomber les hommes dans des pièges qui les mènent tout droit à la perdition. Elle utilise la réflexivité pour mettre en lumière un double standard : quand David Bowie se drogue, il expérimente pour augmenter sa créativité, quand Amy Winehouse fait de même, elle n'est qu'une junky. Quand Kurt Cobain se suicide, c'est un artiste romantique, quand Marylin Monroe se suicide, c'est une pauvre fille.

Pour accompagner cet essai, l'artiste a réalisé des illustrations, chacune apparaissant majoritairement en vis-à-vis d'une page de texte. Celle en couverture donne une bonne idée de leurs caractéristiques visuelles : une apparence un peu enfantine, ou teintée de naïveté, avec une touche féminine (elle était facile celle-là). La lectrice ou le lecteur est fort tenté de voir en chacune de ces femmes, généralement une interprétation immédiatement identifiable du personnage réel ou fictif évoqué dans le texte, de la douceur, avec ces yeux clairs un peu trop grands, une peau lisse et nette, des lèvres bien rouges comme maquillées, et la présence quasi systématique d'un élément végétal, fleur ou tige. Elle ou il comprend bien également qu'il s'agit de la façon dont l'artiste se représente Björk, Ellen Ripley, Leia Organa, la reine Elizabeth, Coco Chanel, Komako Kimura, Carrie, Hécate, Olympe de Gouges, et toutes les autres. Il s'agit de représentations subjectives, à la fois des soeurs dans la condition féminine, à la fois des êtres humains normaux quel qu'ait été leur destin extraordinaire, teintées par l'affection que l'autrice porte à ces femmes. Ces images donnent à voir ces mauvaises femmes avec ses yeux, en parfaite cohérence avec le texte, changeant ainsi le regard de la lectrice ou du lecteur, sur elles.

En terminant cet ouvrage, la lectrice ou le lecteur garde à l'esprit qu'il s'agit d'un texte orienté, et présenté comme tel, qu'il s'est peut-être glissé une ou deux approximations (la réalisation du premier film Alien de 1979 attribué à James Cameron au lieu de Ridley Scott, le nom de famille de Poison Ivy erroné). Pour autant, le regard porté par María Hesse sur la représentation des femmes dans la culture repose sur des bases solides : la femme en tant qu'origine de tous les maux dans la Bible et la mythologie grecque, la sanction pour tous les personnages féminins dévient de la norme sociale, le caractère impensable d'être une mauvaise mère ou de refuser d'être mère, la vile tentatrice, sans oublier le jugement de valeur différent, voire opposé, sur des actions suivant qu'elles sont commises par une femme ou par un homme. Si la lectrice ou le lecteur s'est déjà fait ce genre de réflexion, il dispose d'un panorama élargi avec une palette d'exemples culturels d'une grande richesse, et les dessins viennent achever de changer son regard. Si elle ou il n'a jamais formulé ces interrogations de manière explicite, cet ouvre lui ouvre les yeux sur cette réalité.
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« Folles, putes, sorcières, casse-couilles, manipulatrices... En somme, MAUVAISES. Voilà la case dans laquelle on met les femmes, parfois dès l'enfance, dès qu'elles franchissent la ligne. Mais cette ligne, qui l'a tracée ? Que délimite-t-elle ? » Partant de cette question, Maria Hesse se plonge dans les représentations féminines, depuis la mythologie jusqu'aux séries actuelles. Qu'on ne s'y trompe pas : depuis les contes de fées, le message est clair, les femmes doivent rester à leur place de princesse/reine/femme/épouse, sinon elles seront les vilaines magiciennes qu'il faut brûler. Non, les contes ne sont pas des histoires pour endormir les enfants : ce sont des avertissements, des lignes de conduite.« Notre but dans la vie était de trouver un prince pour nous aimer et si, pour y parvenir, il fallait être gentille (ce qui n'est pas synonyme de protagonistes), nous nous exécutions. »

Entre autobiographie et essai féministe, Maria Hesse recense les oeuvres littéraires et historiques qui ont façonné l'image de la femme, ou les images de la femme. Mère, épouse, marâtre, aventurière, sorcière, sainte, prostituée, etc., ces archétypes sont des représentations sociales figées. Aucune femme ne peut se s'y conformer ou s'en détacher complètement. « Lilith était perfide. Ève était une abrutie. Voilà pour nos origines. Dans la religion chrétienne, la connaissance se transforme en péché. » Tout ce qui contribue à mettre sous contrôle les femmes et leur sexualité est bon à prendre. Par qui ? Par les hommes, ou plutôt par le patriarcat puisqu'il faut bien admettre que les hommes en sont autant prisonniers que les femmes, même s'ils y gagnent davantage. « L'hystérie et le satanisme sont devenus deux prétextes pratiques à toujours avoir à portée de main, à utiliser ensemble ou séparément, si besoin était de se débarrasser d'une femme gênante. » Petit rappel utile : dans la doctrine patriarcale, les femmes sont toujours coupables de la violence que les hommes exercent à leur encontre. Parce qu'évidemment, ils font ça pour nous, pour nous protéger, nous sauver de nous-mêmes. « Voici ce que l'on nous raconte depuis des temps immémoriaux : notre nature nous rend émotives, irrationnelles, détraquées. »

Il faut donc les contraindre, ces femmes, les assigner à la vie domestique, les réduire à ce périmètre gentiment carcéral de la maison et de l'éducation des enfants. Et si le foyer ne suffit pas à calmer les ardeurs malsaines des mauvaises femmes, il y a toujours l'internement, évidemment toujours pour leur propre bien. « 'Folle à lier', 'hystérique' ou encore 'névrosée' se déclinent rarement au masculin. » Il y en a certaines, quelques-unes, pas beaucoup, qui échappent aux assignations de genre et s'emparent de hautes positions. Elles les ont méritées, ces places. Et souvent, ce sont des trophées bien chers payés. « Folle ou détestée, maudite et presque toujours seule : voilà, semble-t-il, le destin de toutes les femmes qui se hissent jusqu'au pouvoir. »

Je n'ai rien appris dans cet ouvrage, mais j'ai apprécié de retrouver des thèses féministes clairement présentées. Parfois, on a besoin de piqûres de rappel et de revenir à l'essentiel. Ce que Marie Hesse démontre, c'est l'importance de la représentation dans la construction de l'identité et de l'imaginaire collectif. « Consciemment ou non, nous cherchons toutes et tous dans la fiction des références, nous nous accrochons aux histoires qui nous sont racontées, nous apprenons et grandissons grâce à elles, jusqu'à ce que soudainement, dans le cas des femmes, on se retrouve face au vide. » Heureusement, les oeuvres d'aujourd'hui proposent d'autres images de femmes, loin des modèles uniques et archétypaux. La femme peut être multiple. Elle peut être qui elle veut. « Il ne faut pas avoir peur de franchir les lignes fantaisistes qui ont été tracées pour nous. »

Encore une fois, j'ai apprécié le dessin de Maria Hesse, surtout sa flore vorace, exubérante, envahissante, irrésistible comme la vague féministe qui s'avance. J'aime tellement ses coquelicots sanglants et vibrants, déjà si beaux dans le plaisir et dans Bowie.
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Un essai féministe magnifiquement illustré par María Hesse, mais qui me laisse un peu sur ma faim.

Le contenu en tant que tel reste assez généraliste et ne m'a pas appris grand-chose. J'aurais volontiers creusé le sujet de manière plus approfondie. On reste beaucoup en surface, mais c'est sans doute parfait pour aborder auprès d'un plus grand public le sujet du féminisme et des raisons pour lesquelles il reste encore nécessaire aujourd'hui, malgré le chemin parcouru.

La patte graphique de María Hesse est très singulière et immédiatement reconnaissable. Ses illustrations apportent une vraie plus-value au texte qui paraîtrait sans cela un peu trop superficiel et didactique, quoiqu'on sente affleurer par moments un humour et une ironie qui m'ont bien plu.

C'est ma deuxième lecture de cette autrice-illustratrice après sa biographie illustrée de Marilyn Monroe et je suis assez curieuse d'aller découvrir le reste de son travail.
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"Dans les contes de fées le plus populaires, créés lar des hommes (chez les frères Grimm et ensuite un peu plus tard chez Disney) ces derniers sont toujours venus sauver les femmes.
- Blanche neige endormie à cause d'une vilaine fille qui l'a lancé une malédiction, mais embrassée par un prince qui l'a sauvée ;
- le chevalier de la princesse Aurore (qui a passée les 3/4 de l'histoire à dormir) lutte contre une sorcière furibonde changée en dragon pour la défendre ;
- Aurore, Blanche-Neige, Cendrillon,
toutes ces histoires nous ont appris que quelque part il y a un prince qui peut venir nos secourir. Alors pour le motiver il fallait que je sois gentille, jolie, passive, docile.

Les princes sont vifs, costauds. Les femmes sont folles, putes, sorcières, maléfiques, casse-couilles, manipulatrices, en somme mauvaises. Voilà la case dans laquelle on met les femmes parfois des l'enfance, dès qu'elles franchissent la ligne.

On a donné à ces personnages le rôle de grandes méchantes, nos ennemis jurées. La encore le message infuse: nous sommes d'une nature perverse qui doit être réprimée de préférence par un homme dès le seuil de l'adolescence franchi.

Au fil du temps, un type de méchante de contes s'est imposée : les belles mères toujours maléfiques. Elles étaient l'incarnation du mal. Ensuite les mères elles-mêmes (dans le récit originale de blanche neige de 1812 la reine désirait plus que tout une fille et vivait rongée lar la jalousie à cause de la beauté de sa fille à la peau blanche comme la neige). A cette époque cette femme personnifiait le pire cauchemar de ses propres enfants.

Raiponce se résigne à vivre loin du monde, enfermée par la sorcière démoniaque, jusqu'à le prince aveugle se cogne contre elle dans une forêt.

Dans Cendrillon c'est sa belle mère qui porte le poids du conte

Dans les contes traditionnels ce sont les hommes qui vivent les aventures et qui décident de la vie des demoiselles, même sans leur consentement.

Dans la littérature les femmes ont souvent été cantonnés à des rôles domestiques ou de reproduction.

Pour observer ce genre de phénomène, encore faut-il qu'on parle de nou. Bien de textes de l'antiquité ne mentionnent même pas les femmes. À cette époque leur champ d'action était délimité par les quatre murs du foyer ou parce que nous passer sous silence était la meilleure manière d'acter notre faiblesse et infériorité ?

Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir des récits car ils participent à la construction d'images qui perdurent atravers des siècles.

Platon plaidait pour que la femme ne soit pas considérées propriété du mari mais d'un autre côté il affirmait que la femme était "en tout plus faible que l'homme".

Aristote définissait les femmes comme des "êtres inférieurs".

Dans les mythes grecs, le symbole le plus frappant des dégâts que notre sexe est susceptible de causer est celui qui a été à l'origine de tous les maux : la première femme, Pandore. En ce temps là, les hommes vivaient très heureux car les femmes n'existaient pas encore.
Après Pandore d'autres personnages féminins ont été imaginés de manière à perpétuer l'idée que tomber amoureux mène à la perdition. En ce qui concerne les hommes en tout cas, car pour les femmes l'amour reste a l'origine de la vie.

Dans l'ensemble des recits mythiques, les viols à répétition commis par zeus restent impunis.

Poséidon viola méduse. Athéna se rebelle contre la victime et pas contre son barreau, transformant les cheveux de Méduse en un nid de serpents et la condamnant à la solitude éternelle. Méduse devient alors un être maléfique. Enceinte, elle s'est fait decapiter sur les ordres d'Athéna par Persée. le mythe de meduse renforce l'idée que le plus grand danger pour une femme vient de ses semblables.

L'héritage gréco-latin est riche d'histoires dans lesquelles les femmes sont réduites au silence et causent une grande partie des maux de ce monde.

La tradition judéo-chrétienne n'est pas en reste. Tout s'explique par le péché originel commis par une femme, naturellement.

Lilith, la première femme fatale.

Dans l'Angleterre du xix siècle, la presse abonde en romans-feuilletons mettant en scène des mères que la vie sépare de leurs enfants. En général elles tombent ensuite dans la prostitution ou la maladie et connaissent souvent une fin tragique. En fait, ces histoires expliquent aux jeunes filles ce qui les attend s'elles s'éloignent du droit chemin que la société a prévu pour elles.

L'héroïne gitaine Carmen, de la nouvelle de Mérimée adaptée à l'opéra pas georges bizet, est un concentré de tous les dangers inhérents à la femme fatale devoreuse d'hommes. La femme prête à oublier toute notion de responsabilité pour suivre son propre chemin.

Quand apparut la première figure féminine, le mal aussi fit son apparition : avec Eve, l'humanité fut chassée du paradis terrestre, tandis que la grecque Pandora ouvrait, en dépit des interdictions, la jarre d'où s'échappèrent les maux pour se répandre dans le monde"


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Un album illustré pour adultes qui raconte l'histoire de la représentation des femmes dans la fiction et les médias. Tout y passe : les contes de fées, les mythologies grecque et judéo-chrétienne, la littérature classique, le cinéma, la culture populaire et divers évènements historiques. D'Hélène de Troie à Britney Spears, en passant par Marie-Antoinette, Madame Bovary ou Monica Lewinsky, la talentueuse Maria Hesse se base sur son expérience personnelle pour démontrer comment, de tout temps, les femmes qui dévient de la norme imposée ont été montrées du doigt et dévalorisées, qu'on les dise folles, hystériques, mauvaises, diaboliques, sorcières ou putains.

Beaucoup de sujets sont couverts et beaucoup d'exemples sont donnés, mais ça demeure une lecture très légère, qui passe malheureusement beaucoup trop vite. C'est un survol de l'histoire, et certains propos auraient mérité d'être plus approfondis ou mieux expliqués. J'aurais aimé que ce soit plus long, parce que tout est intéressant. En plus, le visuel est fabuleux. Les illustrations sont stylées, les couleurs sont belles et chaque page est une heureuse surprise. C'est vraiment un super album!

Attention : Ce n'est pas un livre jeunesse. Certains thèmes et certaines images ne conviendront pas aux enfants!
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critiques presse (2)
LeDevoir
27 mars 2023
« Folles, putes, sorcières, casse-couilles, manipulatrices… En somme, MAUVAISES. Voilà la case dans laquelle on met les femmes, parfois dès l’enfance, dès qu’elles franchissent la ligne. »
Lire la critique sur le site : LeDevoir
BDGest
15 novembre 2022
Reste qu’au-delà d’un texte qui peine à se projeter, Maria Hesse est une dessinatrice de talent qui insuffle à ses illustrations une dimension véritablement artistique.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Soudain, des buissons hérissés d’épines tranchantes envahirent le château et ses environs, et la princesse tomba dans un profond sommeil. Bien des jeunes gens tentèrent de traverser l’impénétrable forêt de ronces à la recherche de la belle endormie, mais il fallut attendre la centième année pour qu’un prince charmant parvienne à se frayer un chemin jusqu’au lieu où elle gisait inconsciente. Un baiser sur la bouche plus tard, l’adolescente se réveilla, miraculeusement épargnée par les cernes et la mauvaise haleine, et su tout de suite que ce jeune homme était l’amour de sa vie. On donna une nouvelle grande fête pour les deux tourtereaux qui vécurent heureux pour toujours. Des siècles après le conte original, en 1959, Disney offre au monde une version de l’histoire quelque peu édulcorée. La princesse s’appelle désormais Aurore et s’en va vivre à la campagne, en sécurité chez ses marraines fées. Là-bas, elle rencontre par hasard son futur fiancé, dont elle tombe amoureuse au bout d’une seule danse. Comme dans l’histoire antérieure, la tragédie finit par se produire, mais les personnages n’ont pas besoin de patienter cent ans pour voir le sort se rompre. Le chevalier intrépide franchit les ronces et lutte contre une sorcière furibonde changée en dragon. Il parvient à la vaincre, évidemment, et, à la fin du film, on chante tous en chœur avec la princesse et on se demande, si enfin de compte, sa robe sera bleue ou rose. S’il y a une chose dont nous sommes sûres, c’est que quelque part, se trouve un prince destiné à venir nous secourir. Comme beaucoup de petites filles, j’ai grandi dans l’espoir de devenir une princesse qu’un jeune et charmant prince viendrait sauver : on se marierait, on vivrait heureux, on aurait beaucoup d’enfants.
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Notre travail de création est toujours qualifié de féminin. Durant des siècles, depuis l’invention des premiers mythes et de manière universelle, les hommes ont raconté leur monde. Les idées masculines nous ont dépeintes, les unes et les autres, et nous ont expliqué ce que nous devions être. Ce n’est guère étonnant, au contraire, que nous nous sentions plus en phase avec le protagoniste masculin d’un livre u d’un film qu’avec la femme qui se tient dans son ombre et l’aide à vivre toutes les péripéties qu’il traverse. Mais fatalement, quelque chose cloche : le héros de l’histoire doit faire face à un monde très différent de celui que nous affrontons au quotidien. Il n’est pas confronté aux mêmes obstacles, il n’est pas tenu aux mêmes standards que l’on nous impose et il est certainement autorisé à faire beaucoup plus de choses que nous.
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Les femmes fatales du film noir sont des femmes exceptionnelles, dans le sens où elles font exception à la règle, pas seulement pour leurs caractéristiques physiques mais aussi sur les plans social, émotionnel et intellectuel. Elles trichent, tuent, volent : elles utilisent toutes les armes à leur disposition pour atteindre leur but. Elles sont complexes et élégantes, intelligentes et cyniques. Elles fascinent autant qu’elles terrifient. Et elles ne conduisent pas nécessairement les hommes à leur perte : il leur suffit de les amener sur un terrain où ils se sentent en danger et vulnérables. Les femmes fatales sont les égales des hommes. Elles partagent leurs tentations, s’impliquent de la même manière qu’eux et se rendent tout aussi coupables. En d’autres termes, elles sont tout aussi libres qu’eux, mais beaucoup plus dangereuses puisque les hommes ne savent pas s’occuper d’elles. D’une manière ou d’une autre, elles finissent par les rendre fous. Archétypes de la femme indépendante, avec des désirs sexuels et la capacité de séduire les hommes pour obtenir ce qu’elles veulent, elles ne conditionnent pas leur bonheur à des rôles prédéterminés, comme l’amour ou la maternité.
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Durant des siècles, depuis l'invention des premiers mythes et de manière universelle, les hommes ont raconté le monde. Les idées masculines nous ont dépeintes, les unes et les autres, et nous ont expliqué ce que nous devions être. Ce n'est guère étonnant, au contraire, que nous nous sentions plus en phase avec le protagoniste masculin d'un livre ou d'un film qu'avec la femme qui se tient dans on ombre et l'aide à vivre toutes les péripéties qu'il traverse. Mais fatalement, quelque chose cloche : le héros de l'histoire doit faire face à un monde très différent de celui que nous affrontons au quotidien. Il n'est pas confronté aux mêmes obstacles, il n'est pas tenu aux mêmes standards que l'on nous impose et il est certainement autorisé à faire beaucoup plus de choses que nous.
Mais depuis quelques temps, une brèche s'est ouverte, par laquelle s'infiltre la lumière d'un récit différent, une forme de narration qui affirme que nous n'avons pas à être comme eux, ni comme les femmes qu'ils ont imaginées dans leurs histoires. Qu'il n'existe pas une seule manière d'être "une femme". Alors, avec un peu d'efforts, en tenant bon, nous élargissons cette fissure, effaçant les coups de crayon qui, au lieu de nous dessiner, nous ont estompées pendant trop longtemps.
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Lilith est une rebelle, elle enfreint les règles, refuse les ordres de son mari et se montre même rancunière. La première femme incarne tout ce que les femmes ne doivent pas être. Ève, soumise puisque née d’une des côtes d’Adam, n’est pas mauvaise par nature mais un peu idiote et, en se laissant piéger par le serpent, entraîne avec elle l’humanité entière. Lilith était perfide. Ève était une abrutie. Voilà pour nos origines.
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