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EAN : 9782877068277
121 pages
Editions de Fallois (15/05/2013)
3.82/5   14 notes
Résumé :
C'est au cours de sa captivité en stalag, de 1940 à 1943, que Robert Merle a rédigé cet inédit, qui constitue sa première oeuvre littéraire.
Jusqu'à son décès en 2004, Robert Merle a décidé de le conserver sans jamais lui donner une autre forme, le réécrire ou le prolonger.
Un texte flash-back, où le premier sujet - le camp de transit, le temps de la servitude -, donne naissance au témoignage romancé d'une époque passée, la magnifique et fragile libert... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Qu'est-ce qui fait qu'un écrivain en devient un ? Au delà de la formation, de l'amour de la littérature (qui nous anime a priori tous ici), qu'est-ce qui fait qu'on passe un jour le pas, qu'on se met réellement à écrire, écrire pour être lu ? Robert Merle avait tout pour le devenir, des études poussées en littérature, une thèse en préparation sur Oscar Wilde, une envie de devenir écrivain chevillée au corps depuis des années. Pourtant, en 1939, alors qu'il a déjà plus de 30 ans, il n'a encore aucun livre à son actif. Et puis, L Histoire vient le cueillir et le jeter dans l'horreur du deuxième conflit mondial.

Ce roman est en fait le premier écrit de l'auteur. Il fait partie de ces écrivains que je connaissais sans l'avoir jamais lu, que j'identifiais plutôt comme un écrivain historique, sans doute avec la renommée de la saga Fortune de France. Ce livre est donc son premier... et son dernier puisqu'il fut retrouvé chez lui après sa mort et ses enfants décidèrent qu'il méritait clairement d'être édité. Partant de ses propres souvenirs de prisonnier de guerre, Merle part de cette expérience et le met en contrepoint avec la douceur de la vie d'avant guerre. On sent que ce fut son moyen pour survivre à l'horreur des camps de prisonnier mais grâce à l'écriture cela devient un moyen de peindre cette période où tout le monde sentait que le drame arrivait, mais cherchait à se persuader tout en même temps que ce n'était pas possible.

La construction du roman est vraiment intelligente, la beauté des images d'un été dans le sud tellement renforcée par l'horreur des instantanés du camp de prisonnier. le logique refus de la guerre de l'auteur, destiné à devenir la chair à canon nécessaire au conflit, se renforce au fur et à mesure du récit par ce qu'on apprend de l'histoire du personnage, miroir quasi parfait de l'auteur, caché derrière un pseudonyme et de sa famille, qu'il renonce à renommer, préférant les incarner dans sa femme la Louve, sa fille L'enfant et sa mère qu'il nomme à peine (alors qu'on sait l'importance qu'elle a pu prendre dans la vie de l'auteur). le style est très agréable, allégeant les moments les plus pesants par une ironie qui touche juste et intelligemment.

Le roman est court, très court, mais se présente comme une incarnation de la nécessité de l'écriture. On devient donc écrivain quand on ne peut plus faire autrement, quand cela devient la condition sine qua non de sa survie, du devoir de mémoire de ce que nous sommes quand tout peut disparaître, sans doute quand la conscience de sa propre finitude devient trop réelle pour qu'on puisse faire comme si elle n'arriverait jamais. Une belle leçon pour les écrivains en puissance que nous sommes nombreux à être : la vie est courte et le roman qui est en nous pourrait bien ne jamais avoir l'occasion de prendre forme si nous ne nous lançons pas.
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Je voulais lire un roman de Robert Merle, pour le challenge Solidaire, j'hésitais entre Week-end à Zuydcoote et Malevil, mais je sais que j'ai du mal à accrocher avec les récits de guerre, alors un pavé … donc Malevil plutôt, mais c'est aussi un pavé, et il y a tant d'autres choses que j'avais prévu de lire avant, du coup je me suis rabattue sur ce récit de 121 pages, publié après la mort de Robert Merle par son fils. Il s'agit du premier écrit littéraire de cet auteur, rédigé au cours de sa captivité en Allemagne en 1942-1943. Bien qu'autobiographique on sent nettement l'intention littéraire par la transformation du Rayol en Primerol et de l'auteur en Jean Dodéro, il décrit quasiment à chaud l'état d'esprit dans lequel il a vécu l'été 39, il y a juste quelques scènes sur sa captivité, car ce n'est pas l'essentiel de son propos, l'écriture étant son moyen de tenir, de s'évader mentalement. Je perçois le lien entre ce récit et la thématique des deux romans que j'envisageais de lire : un lieu clos, un enfermement, le désir d'évasion. Il est clair qu'au sortie de la guerre, ce texte avait peu d'intérêt à être publié tel quel, et d'ailleurs c'est pour moi ce qui fait, maintenant, tout l'intérêt de ce texte. Je m'explique : bon nombre de romans, en général des sagas, évoque cette période, celle du dernier été avant guerre, mais jamais ce n'est le centre du récit, c'est un décor, une ambiance de fond, et dans un grand roman, cela ne peut guère dépasser une cinquantaine de pages. Alors que là, c'est le sujet et cela en fait un formidable témoignage sur la France d'avant-guerre, même si c'est juste celle des vacanciers. On y voit une description de la Côte d'Azur d'avant-guerre, déjà touristique, mais encore sauvage. Et justement, les touristes ne sont pas si éloignés de ceux de maintenant, venus des quatre coins de France, et même de Pologne, d'Italie et d'Allemagne. Il y a aussi la description des habitudes d'une famille propriétaire d'un grand domaine au bord de la plage (probablement l'actuel Domaine du Rayol, Jardin des Méditerranées). Et ce refus d'envisager la guerre, d'accepter ce qui se trame, un déni, qui s'explique, comme le souligne son fils, parce que les pères de la génération du père de Robert Merle se sont sacrifiés à la guerre de 14 pour que ce soit la der des Ders.
J'ai beaucoup aimé, l'écriture est extrêmement agréable et fluide, je pense que je lirais un jour les deux pavés que j'ai mentionné plus haut, plus peut-être un ou deux autres romans qui me tentent maintenant. Mais en dehors de ce récit il faut avouer que c'est nettement un auteur de pavés !
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Robert Merle est un auteur que je n'avais jamais lu, et il fait partie de ces auteurs que j'ai découvert grâce au Challenge solidarité. Musardant en bibliothèque, j'ai découvert ce titre, un inédit de l'auteur publié par les soins de son fils après sa mort.
Nous sommes à une époque dont on parle peu - parce que ceux qui l'ont vécu ont davantage parlé de ce qui s'en est suivi, à savoir la seconde guerre mondiale. Récit rétrospectif, il nous montre les souvenirs du personnage principal, prisonnier de guerre, de ce dernier été avant la guerre. Rien ne manque : le repos, les baignades, la chaleur, les touristes qui viennent de plusieurs pays d'Europe. La peur de la guerre pour certains, l'incrédulité pour les autres, il est impossible, après la grande guerre, qu'une telle folie se reproduise. Tout est toujours possible.
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Cet écrit de captivité, rédigé d'une écriture fine au crayon à papier duarnt la seconde guerre mondiale, sera retrouvé par les enfants de Robert Merle, en 2004, après son décès.
Premier écrit, dernière publication.
Robert Merle a toujours tenté de comprendre, d'illustrer la marche de l'Histoire qui soudainement défigure ou transcende le destin des hommes et c'est sans aucun doute dans cet écrit que nous pouvons trouver le germe de l'esprit de toute l'oeuvre de Robert Merle. En cet été 1939, une journée viendra faire basculer le monde. Il y aura eu pour chaque homme, femme, enfant, village, cet instant, cette minute qui irrémédiablement fracturera leur espace temps.
Pour tous il aura existé un "Avant", ils tenteront tous de survivre "Pendant", et pour les plus chanceux d'entre eux commencera une autre vie "Après".
Le premier tableau de Malvil m'est revenu en mémoire au cours de la description par l'auteur de ces dernières heures estivales à Primerol, en cette année 1939, l'année charnière, l'année "ground zero".
Un écrit flash back qui nous rappelle la fragilité de chaque époque.
Si nous considérons vivre "l'après" à quel moment précisément interviendra l'évènement qui transformera ce confortable "après" en un prochain et regrettable "avant" ? Quel sera l' événement qui viendra demain peser si lourd sur le grand plateau de l'Histoire que notre monde en viendra totalement à basculer ? Supposons que nous devions tous vivre notre dernier été..

Astrid SHRIQUI GARAIN

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On reconnaitra dans un Robert Merle se cachant sous un héros de récit mourant de faim et mangeant le pain en petits cubes, une des servantes recueillies par Pierre de Siorac pendant le siège de Paris, on reconnaitra le héros de Malevil aussi, face au destin cruel, et celui de Week-end à Zuydcoote, en prise avec une guerre qui le dépasse, décrite dans le général, la stratégie et le militaire, quand ce sont des hommes, des individualités et des personnages qui y sont en butte.
Tout dans cet inédit, sans doute premier récit littéraire d'un érudit encore thésard, promet les héros qui viendront, forcément humains, très humains.
Merci à la famille et à l'éditeur de nous avoir permis de découvrir ce texte.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dans les débuts, ça n'est pas désagréable du tout, la faim. Et même, un peu plus tard, quand on croit en avoir épuisé la souffrance, elle vous étonne encore, en vous procurant, de temps à autre, le matin surtout, au réveil, une véritable euphorie. Bien allongé sur le dos, immobile sur ma planche, le visage et les mains poissés par la poussière de charbon, je me sentais extrêmement nettoyé, allégé, lucide. Alors, la ronde des images commençait. Je découvrais le sens des choses. Je comprenais ce que je n'avais jamais compris, mystiquement. Je recevais des certitudes. J'avais la foi, tout de suite, en toutes ces choses révélées, la foi immédiate, impétueuse, sans discussion possible. Les sceptiques en somme, ce sont des gens qui mangent beaucoup trop.
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Les montagnes, vous remarquerez, ça vous rassure plutôt sur l'existence. Elles s'usent mais elles subsistent. Elles sont à la base de toutes les théologies du monde.
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Maman ! Elle me verrait au point du jour partir pour l’échafaud, le cou nu, elle me crierait encore : "Tu n'y penses pas, Jean ! Et la gorge !"
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Mrs Lee m'en avait trop dit ou pas assez. Je regrettais d'avoir manqué d'audace dans le rôle qu'elle m'avait accordé, tacitement. On ne demande jamais assez aux êtres, à la Vie. Puis le temps passe, on se réveille enfin, c'est fini.
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Ça y était, j'entrais en plein dans l'Histoire.
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Videos de Robert Merle (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert Merle
https://www.laprocure.com/product/458979/amis-martin-la-zone-d-interet https://www.laprocure.com/product/374972/merle-robert-la-mort-est-mon-metier
La Zone d'intérêt - Martin Amis - le livre de poche La Mort est mon métier - Robert Merle - Folio
Quel est le lien entre “La Zone d'intérêt” de Martin Amis écrit il y a quelques années, et “La Mort et mon métier” écrit par Robert Merle en 1952 ? On évoque un sujet d'une grande lourdeur. On est pendant la guerre dans le milieu concentrationnaire. Ce n'est pas un témoignage de la vie dans un camp de concentration, c'est presque pire que cela. C'est le quotidien de celles et ceux qui participent à faire en sorte que ce terrible rouleau compresseur qu'est le monde concentrationnaire, ils fonctionnent au quotidien (...). Des lectures qui semble nécessaire. Martin Amis, “La Zone d'intérêt” au Livre de poche. “La Mort est mon métier”, Robert Merle, chez Folio. Stéphane, libraire à la Procure Paris
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Roman historique lauréat du prix Goncourt publié en 1949 racontant la retraite d'un groupe de soldats français lors de la défaite franco-britannique lors de la seconde guerre mondiale. Mon titre est "week-end

chez ma mère'
à Deauville'
à Zuydcoote'
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