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EAN : 9782752905239
320 pages
Libretto (28/08/2014)
3.14/5   11 notes
Résumé :
Des voix parmi les ombres est le deuxième volet d'une trilogie magistralement inaugurée par Cette vie (Phébus, 2009 ; Prix du Meilleur Livre étranger) explorant le passé de l'Afrique du Sud.
Le roman relate l'invasion en 1901 par un commando boer d'une petite ville de la colonie du Cap, alors sous domination anglaise. Trois voix s'élèvent, fantomatiques, obsessionnelles, bouleversantes pour raconter un événement qui dressera les communautés les unes contre le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique


Cet écrivain est absolument majeur pour moi. Rarement un pays aura été analysé dans son histoire, ses soubresauts et ses rapports sociaux avec autant de coeur et de délicatesse. Des voix parmi les ombres est le cinquième roman de Karel Schoeman paru en France et je les ai tous lus, et tous chroniqués. L'Afrique du Sud est toute entière dans l'oeuvre de Schoeman, qui n'en finit pas de revisiter les vieux démons du siècle dernier. Schoemen fait partie de ces très grands, Paton, Gordimer,puis Brink, Coetzee qui ont contribué à changer le pays même si je crois que l'influence des intellectuels est à relativiser.

Un brin d'histoire peut s'avérer intéressant quand on lit Karel Schoeman. Assez touffue l'histoire en Afrique du Sud, Transvaal, Etat libre d'Orange, Colonie du Cap, deux guerres dites des Boers dont la seconde en 1901, entre les descendants des Hollandais et les colons britanniques. Cest sur ce dernier conflit que revient Karel Schoeman quand un commando de Boers investit la petite ville de Fouriesfontein, près de cape Town. L'auteur a bâti un roman exigeant tout autant que passionnant, en se plaçant sur deux axes de lecture à un siècle d'intervalle.

Dans la première partie un explorateur et son photographe mènent une enquête sur ces évènements de cent ans d'âge dont les traces curieusement sont assez peu visibles. Tout l'art de Schoeman est dans le quotidien de cette communauté, qui va vivre des évènements tragiques, que les deux enquêteurs peinent à reconstituer, allant presque jusqu'à se perdre, les plus belles pages peut-être de ce roman, quand ils ne sont plus sûrs du tout, au point de sentir leur raison vaciller. Pourtant ils sont bien sur les lieux de ces affrontements mais tout se passe comme si le pays était comme frappé d'amnésie. Des silhouettes, des ombres...

Trois voix, Des voix parmi les ombres en l'occurrence, s'élèvent alors dans la seconde partie,Alice, fille du magistrat anglais local, Kallie, jeune clerc de ce même homme de loi, et qui ambitionne d'écrire, et Miss Goby, vieille fille soeur du médecin britannique lui aussi. Ces trois témoins ne sont pas des grandiloquents, chacun est comme à sa petite fenêtre, entre les microévènements du journalier et les rares et relatives intensités, un bal, une chorale,un pique-nique. Pas de scènes de guerre, une occupation étrangère parmi les étrangers, un pays non miscible entre les Africains, les Métis, les Afrikaners, les Anglais. Présence de l'église ou plutôt des églises, pas très miscibles non plus, avec en commun un sérieux réformé qui fait que la future nation arc-en-ciel ne semble pas dotée d'un humourexceptionnel en ces années 1900. C'est donc par des scènes ordinaires, un repas, un achat, un jardin, que Karel Schoeman parvient à nous plonger au coeur battant de cet étonnant pays, tout de douleur et de rancoeur. Cet écrivain, parfois un tout petit peu ardu, dont je crois qu'on chuchote le nom du côté de Stockholm, est à découvrir d'urgence. J'ai chroniqué les quatre autres romans parus en France. Mon préféré est En étrange pays. A noter que ses livres sont écrits en afrikaans, contarirement à Gordimer et Coetzee.


Hasard de mes lectures, trois parmi les cinq ou six derniers livres ont une grande part d'ombre, Et toujours ces ombres sur le fleuve..., Des voix parmi les ombres, Une terre d'ombre (chroniqué prochainement). Un signe quelconque?
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Des voix parmi les ombres évoque le dernier conflit du XIXe siècle et le premier du XXe : la guerre des Boers, qui opposa du 11 octobre 1899 au 31 mai 1902 les rebelles descendants de colons aux britanniques. Une part importante de l'histoire de l'Afrique du Sud qui constitue aussi comme les prémices de la politique de l'Apartheid. le roman de Karel Schoeman commence à l'époque moderne par la recherche d'un explorateur et d'un photographe des traces d'une petite ville où un métis fut battu sauvagement puis fusillé. La quête est d'abord vaine avant que, surgies de nulle part, trois voix du passé ne viennent éclairer cet "incident" dramatique. On aimerait dire du bien du livre car Schoeman est manifestement un écrivain important, de la trempe des plus grands auteurs sud-africains. Mais il est terriblement ennuyeux tant il cultive le mystère et l'atermoiement avec ses personnages qui prétendent tous n'avoir rien vu et rien entendu tout en donnant des détails de plus en plus précis. Responsables mais pas coupables, les membres des deux communautés de Fouriesfontein. Et bien lâches finalement sous-entend le romancier. Très descriptif et redondant, le livre de Schoeman semble tourner autour de son sujet sans jamais l'aborder de front si ce n'est dans les dernières pages. Une drôle d'atmosphère y règne sans que l'on ne soit sûr de rien, à part le fait qu'un innocent est mort pour des raisons assez obscures. le sujet était passionnant, son traitement, incertain et vague, est terriblement frustrant.
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En 1901, un commando de Boers investit la petite ville de Fouriesfontein. Entre Hollandais, Anglais et métis, la tension devient de plus en plus palpable. Alice, la fille d'un magistrat anglais ; Kallie, le jeune clerc et mademoiselle Godby, la soeur du médecin, racontent ce qu'a été la guerre pour eux. Parallèlement, un écrivain retourne de nos jours à Fouriesfontein, pour mener l'enquête sur Adam Balie, un métis abattu par les Boers. Il se promène dans la ville, invisible de ses habitants et tente de reconstituer le passé...

Lorsque j'ai lu le résumé de Des voix parmi les ombres sur Babelio, dans le cadre de l'opération Masse Critique, j'ai tout de suite été séduite. Je n'avais jamais lu d'auteur sud-africain et je connais assez mal l'histoire de ce pays. Comme tout le monde, j'ai entendu parler de l'apartheid, ou des combats de Mandela. Mais l'origine de ces haines raciales m'échappait totalement. C'est pourquoi j'espérais corriger mon ignorance par cette découverte...

Malheureusement, comme souvent lorsque l'on a des attentes précises en lecture, on est souvent déçu. J'ai lutté pour maintenir mon attention durant les vingt premières pages. Puis j'ai été intriguée, durant une petite trentaine de pages, lorsque le personnage de l'écrivain découvre Fouriesfontein. Il y a dans ces passages une atmosphère étrange, aux confins du fantastique. En effet, l'homme se promène en frôlant des fantômes, observe la vie dans les maisons et les gens qui s'y trouvent...en 1901 ! Cette sorte de perméabilité entre réel et imaginaire, vision avérée ou fruit de son imagination est plutôt intéressante. Cette partie aurait certainement gagné à être développée... mais, au grand dam du lecteur, Karel Schoeman s'en détourne vite. Durant les deux cent pages suivantes, ce sont les voix de Kallie, Alice et Mademoiselle Godby qui interviennent. Mais ces dernières ne nous apprennent strictement rien. "J'avais pourtant dit que je ne savais rien de la guerre", voilà ce que souvent, ces trois voix ressassent, de manière différente et uniforme à la fois. Si elles n'ont rien à dire ces voix, pourquoi les faire sortir de l'ombre ? Pourquoi raconte-t-on des histoires ? Si ce n'est pas pour éclairer, pour apporter de la lumière, justement ?

Karel Schoeman est, parait-il, un grand auteur sud-africain, parmi les plus célèbres et les plus distingués. J'attendais qu'il me transporte, moi petite française ignare, dans cette Afrique du Sud inconnue. Mais j'ai refermé ce roman sans une once de connaissance supplémentaire. Sans compréhension non plus des évènements, qui me paraissent toujours aussi lointains et obscurs. J'ai déploré les nombreuses anecdotes sans intérêt qui s'enchaînent, s'entassent, jusqu'à l'écoeurement. "Ce sont des choses sans importance qui ne valent sûrement pas la peine d'être mentionnées" ; ce sont les personnages eux-mêmes qui le disent. On pourrait me rétorquer que l'auteur veut montrer à quel point la guerre, la haine raciale est insidieuse, banale, anecdotique. Qu'elle prend corps dans l'infime du quotidien, dans ce qui se voit à peine. Mais je répondrais alors que la force des grands livres est de contourner cette difficulté : faire de la banalité quelque chose d'exceptionnel. En l'absence de cette qualité première et en ce qui me concerne, cette lecture fut extrêmement longue et frustrante.

http://manoulivres.canalblog.com/archives/2014/10/28/30807563.html
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La guerre des Boers comme événement historique, est peu connue .Elle est pourtant l'un des épisodes majeurs de l'histoire contemporaine de l'Afrique du Sud, renforçant l'identité Afrikaner et le souvenir de la répression exercée par les Britanniques à l'encontre des insurgés Boers.

Le roman de Karel Schoeman, sans entrer dans le détail du déroulement du conflit, sans décrire explicitement ses causes, nous invite à plonger notre regard dans la société sud-africaine coloniale de cette fin du XIXe siècle :le lieu principal est Fouriesfontein , une petite ville de la colonie du Cap, composé de colons d'origine britannique, néerlandaise , et des noirs , indiens et métis .Trois personnages vont exprimer , à tour de rôle , leurs sensations, leurs souvenirs , leurs places dans cette ville de Fouriesfontein , ville représentant une Afrique du Sud en miniature .Le premier récit, celui de Kallie, jeune clerc boiteux , est explicite d'entrée .Ce jeune homme, nommé J.J.K . Kleynhans, se remémore le jour où la guerre a, pour lui, commencé : « Cela, je m'en souviens, de cette belle journée ensoleillée, et de la poussière, des drapeaux, de la musique et de l'excitation qui régnait dans notre petite ville où tous les habitants fêtaient ensemble la libération de Mafeking. Presque tous. »

Kallie livre aussi son sentiment après le départ de l'un des magistrats de la commune , M. Macalister , et le retour des soldats anglais venus libérer ce territoire occupé par les insurgés Boers ; il témoigne du meurtre d'un jeune métis , Adam Balie , assassiné par un commando de jeunes Boers à l'occasion de représailles : « Je ne pouvais rien faire , de toute façon, il était mort, les Boers étaient partis(…) et M .Macalister était à Beaufort. »
Un autre personnage participant à cette confession, mademoiselle Godby, fille d'un médecin de la ville, avoue, elle aussi, l'état des sentiments provoqués par la guerre, peu après sa fin : « Mais les divisions entre nous étaient déjà perceptibles (…) la haine, la rancoeur et l'amertume affleuraient à la surface sous le cours apparemment paisible de nos vies. » Ce qui frappe dans le roman de Karel Schoeman, c'est cette capacité à éclairer les conflits entre communautés par les aspects les plus quotidiens de la vie de cette époque : les quartiers réservés aux métis, l'entre-soi social, familial , communautaire .Le rôle de l'église protestante , admirablement illustré par ce pasteur Boodryck , l'importance des notables , tels que cette famille Fourie , dont le dernier descendant mourra pendant cette guerre des Boers

.Nous retiendrons également le portrait de ce jeune entrepreneur métis , Adam Balie, désireux de s'élever, d'apprendre, pour accéder à une égalité refusée par le système colonial .Un beau portrait panoramique de cette Afrique du Sud , à l'orée du XXe siècle , tout en nuances et qui échappe au piège de la caricature et du réquisitoire a posteriori .



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Qui n'a jamais imaginé revenir en témoin silencieux dans son propre passé ou celui de ses proches pour comprendre l'enchaînement des évènements à défaut des les changer ? C'est le procédé ingénieux qu'utilise l'auteur dans une longue introduction, parfois fastidieuse, pour comprendre les évènements qui se sont déroulés à Fouriesfontein, petite ville de l'ancienne colonie du Cap au moment de la guerre des Boers. Peu de temps avant Noël de l'année 1901, une bande de rebelles, soutenue par une partie de la communauté blanche d'origine hollandaise, envahit Fouriesfontein. Chassés deux semaines plus tard par les troupes anglaises, leur passage va laisser des cicatrices indélébiles dans le tissu local. Trois témoins livrent leurs souvenirs de cette période troublée. La première Alice, fille du magistrat en poste, représentant de la Couronne, a vécu comme dans un rêve les évènements. Ses souvenirs sont imprécis. le deuxième témoin, Kally, jeune clerc travaillant au bureau du magistrat, raconte les faits. Il garde une neutralité de circonstance, copiée sur l'attitude de son employeur. Mademoiselle Godby, soeur du médecin de secteur, alors décédé, membre actif de la communauté, est le témoin impuissant des oppositions latentes qui traversent la petite société composée de blancs d'origine anglaise et hollandaise et de métis. La guerre met à nue les divisions et fait éclater les rancoeurs et les haines qui marqueront pour longtemps l'Afrique du sud. Qui se souviendra d'Adam Balie, jeune métis, victime de ces violences ? Quelle signification donner à ces évènements tragiques dans un pays où l'injustice et la violence sont devenues banales ? Au lever du jour, notre témoin silencieux s'éloigne. Mission accomplie.
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