Ils disent, elle écoute. Ils prennent toute la place, ils se racontent, articulent leurs argumentations, font de grands gestes parfois pour se faire mieux comprendre. Ils énumèrent les étapes de leur vie privée et sociale : rencontre(s) sentimentale(s), mariage(s), rupture(s), divorces(s), enfant(s), métier(s)... ils déroulent le fil de leur pelote existentielle. Ils se répandent en histoires personnelles, tour à tour ils se vantent, ils s'apitoient, ils regrettent, ils critiquent, ils analysent... Eux, ce sont les autres. Ceux qui croisent son chemin à elle... Celle qui prête une oreille attentive à ces discours.
Elle, elle s'appelle Faye – prénom que le lecteur ne connaît qu'au deux tiers du livre –. Elle semble avoir la cinquantaine, a, selon ses dires deux enfants – désormais adultes – et est séparé de son mari. Romancière anglaise, elle part sous le soleil d'été à Athènes pour animer un atelier de creative writing. Nous n'en saurons guère plus sur elle. Personnage omniprésent et flou. C'est pourtant à travers le regard porté par Faye sur les gens – monologues intérieurs – que les choses se cristallisent peu à peu. La complexité des relations humaines, amicales, amoureuses, professionnelles, la solitude, la tristesse, les conflits, la crise sociale, autant de thèmes, autant de voix qui trouvent une résonnance chez Faye. le lecteur, comme elle, est d'abord spectateur puis est emporté par ce flot de paroles. Il ne s'attache pas aux protagonistes, qui ne font que passer d'ailleurs, mais il écoute, il observe, il cogite.
Il n'y a pas d'intrigue dans ce roman, il y a un fil ténu à suivre, des fragments à assembler – ou pas –. La construction narrative est osée et cérébrale. Les ellipses sont légions. Si les personnages parlent beaucoup, ils sont très peu décrits, comme les paysages ou les monuments d'Athènes. Si l'action m'a manqué, l'architecture du roman m'a épatée.
Disent-ils est le premier volume d'une trilogie.
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