AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782841869763
128 pages
Michalon Editions (12/01/2023)
5/5   1 notes
Résumé :
Nous n’avons pas encore dans notre base la description de l’éditeur (quatrième de couverture)
Ajouter la description de l’éditeur

Vous pouvez également contribuer à la description collective rédigée par les membres de Babelio.
Contribuer à la description collective
Que lire après Frantz Fanon - L'antiracisme universalisteVoir plus
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Soixante-et-un ans se sont écoulés depuis le décès de Frantz Fanon. L’Asie et l’Afrique ont été entièrement décolonisées. L’indépendantisme a presque disparu en Martinique, Guadeloupe, Guyane et à La Réunion. En 2009, lors d’un référendum, le peuple mahorais a souverainement choisi de devenir le cinquième département d’outre-mer. Le racisme a muté, tant dans ses manifestations que dans ses origines. La guerre froide est finie, le bloc soviétique n’est plus, le capitalisme n’a plus de « rival » et un nouveau monde multipolaire, dans lequel s’affrontent démocratie libérale (États-Unis), illibéralisme (Russie) et dictature (Chine) émerge, sous fond de menace islamiste. En un mot, l’univers de Fanon a disparu. Dans le même temps, nous avons l’impression que sa pensée elle-même est oubliée, ce qui constitue la seule vraie mort pour un penseur. Qui penserait à faire entrer Frantz Fanon au Panthéon, comme cela a été le cas en 2011 pour son professeur Aimé Césaire ? Fanon s’est opposé à la France, non en tant que telle, mais en tant que puissance impérialiste, au nom des idéaux brandis par cette même France. N’est-ce pourtant pas là le vrai patriotisme ? « Les humiliations infligées par mon pays me sont plus douloureuses que celles qu’il peut subir », écrivait la philosophe anarcho-mystique Simone Weil dans une lettre adressée à Georges Bernanos. Fanon a révélé à la patrie la tache qui souille sa République et, des décennies plus tard, il n’a pas été pardonné. En Martinique, son île d’origine, on ne lui pardonne pas non plus sa « trahison » – avoir lutté pour les Algériens plutôt que pour les siens…
Commenter  J’apprécie          10
« Voici des siècles que l’Europe a stoppé la progression des autres hommes et les a asservis à ses desseins et à sa gloire ; des siècles qu’au nom d’une prétendue “aventure spirituelle” elle étouffe la quasi-totalité de l’humanité. Regardez-la aujourd’hui basculer entre la désintégration atomique et la désintégration spirituelle », écrit de manière prophétique Frantz Fanon dans la conclusion des Damnés de la terre. Comme nous l’avons vu, il estime que le racisme est le fait de la bourgeoisie des pays capitalistes, par le biais d’une domination économique et culturelle, qui provoque une double aliénation inévitable. C’est pour cela qu’il affirme : « L’aliénation intellectuelle est une création de la société bourgeoise. Et j’appelle société bourgeoise toute société qui se sclérose dans des formes déterminées, interdisant toute évolution, toute marche, tout progrès, toute découverte. J’appelle société bourgeoise une société close où il ne fait pas bon vivre, où l’air est pourri, les idées et les gens en putréfaction. Et je crois qu’un homme qui prend position contre cette mort est en un sens un révolutionnaire. »
Pour Fanon, l’homme n’est pas fait pour la soumission. Au contraire, « l’homme est aussi un non. Non au mépris de l’homme. Non à l’indignité de l’homme. À l’exploitation de l’homme. Au meurtre de ce qu’il y a de plus humain dans l’homme : la liberté. » Le but de l’écrivain est celui-là : libérer les hommes, aller vers un monde plus juste. Si le psychiatre passe tant de temps à analyser le colonialisme et ses conséquences, ce n’est pas que dans le but d’expliquer, mais de le briser…
Commenter  J’apprécie          00
S’il est bel et bien un intellectuel, Frantz Fanon n’est pas de ceux qui apprécient les abstractions. Au ciel des idées, le Martiniquais préfère l’expérience sensible et c’est son expérience personnelle qui va orienter sa pensée. Son vécu, c’est celui d’un Antillais, qui a grandi dans une société dont toute la structure, des bases au sommet, est abîmée par le racisme. Mais c’est aussi celui d’un jeune Noir, parti combattre, plein d’espoir, le nazisme pour rencontrer le racisme dans le camp qui prétendait lutter contre lui. Le futur psychiatre éprouve donc dans sa chair ce que son professeur Aimé Césaire va décrire en 1950 dans son célèbre Discours sur le colonialisme : « J’ai beaucoup parlé d’Hitler. C’est qu’il le mérite : il permet de voir gros et de saisir que la société capitaliste, à son stade actuel, est incapable de fonder le droit des gens, comme elle s’avère impuissante à fonder une morale individuelle. Qu’on le veuille ou non : au bout du cul-de-sac Europe, je veux dire l’Europe d’Adenauer, de Schuman, Bidault et quelques autres, il y a Hitler. Au bout du capitalisme, désireux de survivre, il y a Hitler. Au bout de l’humanisme formel et du renoncement philosophique, il y a Hitler. » Pour le poète, le Führer allemand n’est pas sorti de nulle part. Certes, la France coloniale n’est pas l’Allemagne nazie. Mais il s’agit moins d’une différence de nature que de degré. Hitler est le monstre engendré par l’Europe coloniale, qui justifie son impérialisme par des théories raciales…
Commenter  J’apprécie          00
Novembre 1961, paraît « dans des conditions de semi-clandestinité pour ne pas être saisi à la sortie du marbre », un livre qui va marquer son temps, tant sur le plan politique que sur celui des idées : Les Damnés de la terre. Son auteur, Frantz Fanon, un psychiatre martiniquais de 36 ans, est condamné par une leucémie. Il décède d’ailleurs quelques jours plus tard, le 6 décembre. Rédigé dans l’urgence, l’ouvrage est néanmoins d’une rigueur rare et écrit dans un style flamboyant. Le Martiniquais se paie même le luxe d’être préfacé par le philosophe du moment : Jean-Paul Sartre. Ce que l’on appelle pudiquement en France « les événements en Algérie » approche de son terme. Ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne depuis un an et demi, Fanon veut s’adresser à ses « frères » : les opprimés – ou « damnés » – de la terre entière. La future ancienne colonie française doit servir d’exemple, tant pour la décolonisation que pour l’abolition de tout système d’oppression. Le temps presse, l’auteur n’en a plus pour longtemps, le système colonial est presque à terre et les dominés ont besoin du testament politique du psychiatre. L’oppresseur, en l’occurrence la France, mesure bien le danger et « le livre est interdit dès sa diffusion, sous le chef d’inculpation d’“atteinte à la sécurité intérieure de l’État”. […] Toutefois, le livre circule et la presse lui donne un large écho », rappelle Alice Cherki, amie proche et biographe du Martiniquais.
Commenter  J’apprécie          00
Fanon inspire également un autre champ de recherche : les études décoloniales. Nées cette fois en Amérique du Sud, elles ne gagnent que les États-Unis, puis l’Europe, que dans un second temps. Contrairement aux études post coloniales, les études décoloniales postulent que toute la modernité, qui commence avec la découverte de l’Amérique à la fin du XVe siècle et se prolonge jusqu’à nos jours, est traversée par le colonialisme. C’est donc toutes les structures des sociétés modernes qu’il faut démanteler. En France, ce courant se développe autant dans le monde universitaire que militant. Le Parti des indigènes de la République (PIR), dont les figures marquantes sont Houria Bouteldja et Sadri Khiari, et l’association Décoloniser les arts, dont la présidente est François Vergès, sont aux avant-postes de cette critique.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Kévin Boucaud-Victoire (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kévin Boucaud-Victoire
George Orwell.
autres livres classés : racismeVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (4) Voir plus




{* *}