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EAN : 9782757864104
416 pages
Points (13/04/2017)
4.13/5   26 notes
Résumé :
Ce recueil rassemble Journal japonais et Il pleut en amour, une anthologie de ses plus beaux poèmes d’amour. Poète vagabond qui récoltait tous les indices qui prouveraient combien notre monde était absurde, drôle et beau à la fois, poète du bric-à-brac et de
l’enchantement, il parle comme nul autre de l’amour, du Japon, de la pluie et de ces « petits bouts de réel qui sont aussi minuscules que la pincée de sel qu'on ajoute à un plat si compliqué qu'il faut d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Amis de la poésie, bonjour.
Comment vous dire ?
Je préfère laisser la parole à l'auteur pour débuter ce billet et vous mettre tout de suite dans l'ambiance:

« Restaurant

Fragile, fanée pour ses 37 ans,
Elle porte son alliance comme une transe
Les yeux fixés sur sa tasse de café vide
Comme si elle regardait dans la bouche
D'un oiseau mort. le dîner est fini.
Son mari est parti aux toilettes.
Il va bientôt revenir
Et alors ce sera à elle
D'aller aux toilettes. »

Que j'aime cette poésie, de celle qui laisse la porte ouverte à tant d'interprétations. Cette poésie où rien n'est imposé, ces fulgurances qu'on peut s'approprier selon l'état d'esprit du moment, selon son vécu.
Dans cette citation par exemple, on peut envisager mille et une histoires. le mari est-il allé aux toilettes pour un p'tit pissou ou pour une plus grosse commission ?
Dans le cas d'un simple pipi, là encore la porte reste ouverte (c'est une image, on est en poésie là quand même mais il est vrai qu'on peut également se demander si la porte des chiottes est ouverte ou fermée, s'il va plus vers l'urinoir que vers le chiotte à la turc).
Est-il sujet à des problèmes de prostate, a-t-il pris trois bières pour fêter les 37 ans de sa femme, a-t-il oublié d'aller pisser juste avant d'aller au restau tout simplement parce qu'à ce moment là il n'avait pas envie ou parce qu'il y était allé dix minutes avant de partir (ce qui réactiverait la piste prostatique). Urine claire, floconneuse, jaune foncée, diabète, albumine ? Pression du jet façon karcher ou plus réservée ? Tireur d'élite direct dans le trou ou dommages collatéraux ? Main droite, main gauche, sans les mains ? Quid de la dernière goutte ?
Vous voyez qu'avec cette poésie, tous les possibles restent crédibles, tous les voyages sont à portée.
J'en entends me dire : oui mais si c'était pour la grosse commission, ta théorie tombe à l'eau. Plouf ! Plouf !
Ben non, c'est là toute la magie de la poésie. Ca marche dans tous les cas.
Si c'était pour la grosse commission, l'éventail des suppositions est encore plus large. On peut reprendre la direction de la porte ouverte ou fermée ou du caca avant de partir pour sortir peinard. Dans ce cas, on a le choix entre un safari au pays de la constipation ou une excursion au coeur de la gastro. de là direction solide ou liquide, dur ou mou ? Petits boudins Antillais, boudin brasse ou encore tites boulettes ? Qui flotte ou qui coule ? Avec ou sans odeur ? Bruyant ou discret ? Avec commentaires du genre « hmmmmmmmmmm » poussif et « Aaaahhhhh » libérateur ou muet ?
Et puis le papier, en rouleau, en feuilles du style papier sulfurisé ? Combien de feuilles pour l'épaisseur ? Deux, trois, quatre ? Blanc, rose, bleu ? Des petits motifs, unis ?
Même chose pour la « fanée » de 37 ans (sympa le mec) avec en plus une troisième voie royale, l'indisposition.
Que de chemins inexplorés où s'aventurer dans la poésie de Richard Brautigan.
Vous l'aurez peut être compris, cette poésie est une poésie que je qualifierai de poésie de merde.
Oui je sais, c'est pas très sympa comme qualificatif mais il faut comprendre que je me suis fait chier (veuillez me pardonner cette vulgarité ton sur ton avec ce poème) comme rarement avec un recueil de poésie.
J'aurais pu prendre n'importe quel texte de ce pathétique « Il pleut en amour » et partir en vrille de la même manière.
Une autre une autre !!!

« Un morceau de poivron vert
Est tombé
Du saladier en bois :
Et alors ? »

Oui, et alors ? Bio ou pas etc….

« le poids net de l'hiver est de 52,35g
Et l'hiver a un goût ordinaire
Enrichi au fluor
Pour lutter contre les carries.

Il y a un mois, j'ai acheté un énorme tube
De dentifrice Crest et quand je l'ai mis
Dans la salle de bains, je l'ai regardé
Et j'ai dit « Hiver »

Là on est en voyage inter galactique parce que vous pouvez poétiser avec tout.
Demain sous la douche en regardant mon savon je pense que je dirai « cucurbitacée » pour voir l'effet que ça fait d'être poète. Essayez, vous me donnerez vos impressions.
La poésie pour les nuls n'a qu'à bien se tenir.

Faut vraiment que je consulte je ne sais pas quel spécialiste mais il faut que j'en trouve un qui remédie à ce besoin que j'ai de terminer des bouses pareilles. Oui oui, je me suis tout farci juste pour voir jusqu'où le génie de Brautigan pouvait aller. Il y a quelques temps encore, j'aurais dit que j'espérais tomber sur une perle la page suivante. Là non. Dès le début, ça sentait le moisi et je n'avais aucune illusion.
Vous me chercherez peut être des excuses mais si vous saviez…
Il y a pire. J'ai acheté du deux en un. Et oui, avec « Il pleut en amour », il y a « Journal Japonais ».
Oui, j'ai lu les deux recueils rassemblés dans un même bouquin.
Que dire de « Journal Japonais » ?
Rien si ce n'est que le petit ressemble comme deux gouttes d'eau à son papa. du Brautigan en forme olympique, avec des textes plus insipides les uns que les autres. Ah si quand même, un truc qui m'a bien aidé à comprendre l'oeuvre Brautigan. A la fin de chaque « texte », nous avons le droit à la datation du machin. Et puis il y a ce moment d'émotion intense, le truc qui te fait voir le monde différemment (dernière citation, promis).

« Dans un jardin
500 Bouddhas moussus
Vert lichen

Journée ensoleillée

Ces Bouddhas
Connaissent la réponse
De tous les cinq
Cents autres Bouddhas

Jamais achevé hors de Tokyo le 23 juin 1976 hormis le mot « autres » ajouté à Pine Creek, Montana, le 23 juillet 1976 »

Oui mais à quelle heure, Quel temps faisait-il ? Combien de temps après le dernier pipi, combien de temps avant le prochain caca ?
Finalement ce bouquin est très cohérant. Des textes de merde du début à la fin

J'avais fait une première rencontre de l'auteur avec « Mémoires sauvés du vent », rencontre qui s'était moyennement passée.
Ce deuxième rencard nous sépare définitivement.
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Un grand merci au Bison pour la découverte du "Journal Japonais". L'édition que j'ai eue m'a permis également de découvrir « Il pleut en amour ». Deux recueils très proches par les thèmes et l'écriture.
Je ne connaissais pas du tout Richard Brautigan, poète dans la lignée de la Beat Génération qu'il rejoint par son mal-être dans cette société américaine conservatrice, étriquée et rigide. Au fils de ses poésies, on suit donc Brautigan, dans ses réflexions sentimentales désabusées, à la lecture desquelles je ne peux m'empêcher de penser à Bukowski. Mais à la différence de Bukowski, Brautigan n'est jamais dans la provocation, ne refuse pas la société et ne porte pas sur elle un regard aussi acerbe. Plus romantique, il se contente de raconter le temps qui passe au fils de ses réflexions, parfois sur un rien, un non-événement. C'est encore plus flagrant dans son « Journal japonais ». Il nous fait partager son errance à travers le Japon, surtout Tokyo, cette ville dans laquelle il semble se perdre, jusqu'à s'oublier. Parfois une femme lui tient compagnie, et encore, face à une incompréhension mutuelle, la relation tourne court. Il fait d'ailleurs souvent référence à l'incommunicabilité, du fait de la langue, avec les Japonais qu'il croise. Comme s'il était seul, dans un autre monde. Souvent décalé, il semble toujours à la recherche de l'Autre, de quelqu'un avec qui parler. Ces poèmes sont parfois très courts, 3 ou 4 vers, comme écrits avant la fuite d'une pensée fugitive. C'est peut-être ce qui en donne toute la puissance. Comme son étonnement, quasiment naïf, de passer la ligne de changement de date lors de son retour en avion vers San-Francisco.
Cette poésie me parle beaucoup. Je me retrouve dans certains de ces poèmes.
C'est un recueil que je vais garder précieusement et relire, et relire….
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Je suis dans ma librairie préférée ,un jour de juillet . J'ai soif, alors on me propose Richard Brautigan, que je ne connais pas. Aujourd'hui ,il fait triste , glacial et confiné , Brautigan , "lost in translation" me parle de son Japon personnel , de ses amours impermanents . Je me réchauffe .On a toujours besoin de poésie .Question de survie .
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J'ai découvert cet auteur grâce à un libraire Albin Michel. Lorsque ce dernier m'a présenté ce recueil, j'ai d'abord tiqué, puis j'ai lu quelques lignes et j'ai été immédiatement emportée par cette poésie réaliste et éminemment pessimiste.
Elle me rappelle Hemingway, Zweig, Kawabata, Mishima... tous ces auteurs (trop) lucides écrivant avec le vague à l'âme, décrivant la beauté & la jeunesse sous l'angle de leur éphéméréité, l'inanité des choses à travers leurs contenus chargés.
C'est beau, c'est poétique, c'est tellement vrai !
L'issue ne pouvait être que fatale, comme une signature à son art. Magistral !
Un coup de coeur.
Lien : https://www.serenadavis.fr
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Le cheval qui creva un pneu


Il était une vallée
où descendait
des montagnes bleu-or
un jeune et beau prince
montant un cheval
couleur d'aurore
du nom de Lordsburg.

   Je t'aime
   Tu es mon vivant château
   Douce si douce
   À jamais immortels nous sommes

Dans la vallée
était une très belle jeune fille
dont le prince
tomba amoureux
tel un Nouveau-Mexique fait d'un
tonnerre de pommes et de longs
lits en verre.

   Je t'aime
   Tu es mon vivant château
   Douce si douce
   À jamais immortels nous sommes

Le prince charma
la jeune fille
et ils s'échappèrent
sur le cheval couleur d'aube
du nom de Lordsburg
vers les montagnes bleu-or.

   Je t'aime
   Tu es mon vivant château
   Douce si douce
   À jamais immortels nous sommes

Ils auraient vécu
heureux pour toujours
si le cheval n'avait pas
crevé un pneu
devant la maison
d'un dragon.

p.67-69
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Restaurant

Fragile, fanée pour ses 37 ans,
elle porte son alliance comme une transe
les yeux fixés sur sa tasse de café vide
comme si elle regardait dans la bouche
d'un oiseau mort. Le dîner est fini.
Son mari est parti aux toilettes.
Il va bientôt revenir et alors ce sera à elle
d'aller aux toilettes.
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Trou d’étoile


Je m’assois ici
au bord parfait
d’une étoile,

et regarde la lumière
s’écouler vers
  moi.

La lumière passe
à travers
un petit trou
dans le ciel.

Je ne suis pas très heureux
mais je peux voir
comment sont les choses
  au loin.


//Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par
Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues
et Nicolas Richard
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TOKYO, LE 11 JUIN 1976

Les cinq poèmes que
j'ai écrits aujourd'hui sont
dans un carnet
dans la même poche que
mon passeport. C'est
la même chose.
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Trou d'étoile


Je m'assois ici
au bord parfait
d'une étoile,

et regarde la lumière
s'couler vers
    moi.

La lumière passe
à travers
un petit trou
dans le ciel.

Je ne suis pas très heureux
mais je peux voir
comment sont les choses
    au loin.

p.51
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