L'Orient des Croisades : doit-on circonscrire une zone géographique ? Si l'objectif premier des Croisades originelles est bien la conquête puis la défense des Lieux Saints, et principalement de Jérusalem, la destination des expéditions ultérieures ne s'est pas arrêtée à cette seule zone. Bientôt, il a fallu voir plus large, affronter les Cités-États musulmanes d'Alep, de Damas et du Caire, et donc viser la Syrie septentrionale, la Syrie historique et l'Égypte. La zone de combat s'est même étendue, preuve de désaccords entre Francs et Byzantins, à Constantinople.
La foi n'était donc pas le seul mobile des Croisés, qui se laissaient aussi guider par des considérations géo-stratégiques aussi bien que par la convoitise.
Les éphémères États latins d'Édesse, de Jérusalem, de Tripoli et d'Antioche formés dès le départ furent vaillamment mais faiblement défendus et ne pouvaient que tomber, pan après pan, sans le soutien permanent et actif des Chrétiens d'Occident et malgré l'édification de puissantes forteresses, sans égales en Europe, et la constitution des ordres de moines-soldats qui en avaient la garde.
Passé le temps de la surprise, les Musulmans surent s'organiser et s'unir provisoirement pour porter les coups de boutoir à ces quelques États francs constitués sur les rivages orientaux de la Méditerranée. le rêve ne se concrétisa que pendant deux siècles, ceux de l'essor médiéval, de 1095 à 1291, mais se brisa bientôt sur la réalité : celle d'un Islam capable de réveil pour reprendre à l'Occident des terres qu'elle estimait être devenues siennes. Il y eut quelques survivances et de la nostalgie jusqu'à la périlleuse entreprise de Nicopolis en septembre 1396 contre les Ottomans. de telles tentatives étaient vouées d'avance à l'échec, d'autant que deux des principaux royaumes d'Europe, la France et l'Angleterre se faisaient eux-mêmes la guerre. Devant le reflux des Francs, l'Empire byzantin fut ouvertement exposé à la poussée des Turcs et Constantinople finit par tomber entre leurs mains en 1453.
L'aventure des Croisades n'était plus alors qu'un lointain souvenir.
L'habitude a été prise de lire maintenant l'épisode en rapprochant les points de vue des Occidentaux et des historiens proche-orientaux et on ne saurait plus l'écrire de nos jours autrement que grâce aux recherches entreprises par les uns et par les autres.
L'ouvrage de
Georges Tate, qui est une bonne introduction à la connaissance de cette confrontation médiévale, s'inscrit dans ce mouvement.
François Sarindar