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EAN : 9782844856753
48 pages
Allia (06/06/2013)
3.44/5   26 notes
Résumé :
Le "rêve" de Madoff ou comment entrer dans la peau d'un personnage voué à la vindicte populaire. Voilà un "je" qui dérange. Issu d'une famille modeste, Madoff incarne l'American Dream. Fondateur de sa propre société d'investissements en 1960, il flirte volontiers avec l'illégalité pour exaucer son rêve : devenir riche et influent. Appâté par le gain facile, il multiplie les risques. Mais bientôt, la crise des subprimes survient. Jugé coupable, Madoff écope de 150 an... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Fan de Dominique Manotti depuis… Sombre Sentier (1995), j'avais depuis longtemps remarqué dans sa biographie ce Rêve de Madoff, datant de 2013, sans jamais l'avoir vu en librairie. J'ai pu me le procurer à l'occasion d'une rencontre avec l'auteur, toujours aussi disponible et sympathique. Il s'agit d'un tout petit livre, une nouvelle de 47 pages au format d'un carnet de notes.

Le titre en dit tout. Bernard Madoff avait bâti sa fortune en proposant des services de courtage financier, acquérant par là une (bonne) réputation, qui lui a servi à créer un fonds qui a fait naufrage avec la crise des subprimes. Manotti refait son parcours, déconstruit les résumés journalistiques le limitant à l'auteur d'une pyramide de Ponzi, et rappelle que pendant des années ses riches clients se sont considérablement enrichis grâce à lui. Des victimes bien consentantes en quelque sorte.
Au-delà du seul Madoff, l'auteur rappelle le climat qui a permis l'éclosion de cette finance décomplexée, sûre d'incarner le rêve américain, même si c'est le Trésor US, donc les contribuables qui ont au final payé leurs errements.
Bernard Madoff a fini sa vie en prison en avril de cette année.

J'attends désormais avec impatience le prochain ouvrage de Dominique Manotti, ce qui devrait venir désormais selon l'auteure.
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Le 29 juin 2009, Bernard Madoff était condamné à 150 ans de prison après l'éclatement de la crise des subprimes et l'effondrement du fonds qu'il avait mis en place.

Dans cette courte fiction parue en 2013 aux excellentes éditions Allia, Dominique Manotti imagine le monologue intérieur de Madoff, dans lequel il évoque sans regrets son parcours pour devenir riche et respectable, entre les quatre murs de sa prison de luxe.

Dans le contexte de l'explosion de la nouvelle économie, des années Reagan et de la chute de l'URSS qui semblait ouvrir un royaume sans limites au modèle capitaliste, la trajectoire du personnage de Manotti, d'une formidable épaisseur, apparaît comme emblématique d'un rêve américain de réussite et d'argent-roi.
D'origine modeste, d'un cynisme absolu, Madoff est prêt à tout accepter pour réussir, comprend très rapidement et avec beaucoup de flair l'incidence du développement de l'informatique sur les transactions boursières, gagne la confiance des riches en bâtissant sa réputation, notamment grâce aux actions caritatives, accepte sans sourciller de mettre en place une immense lessiveuse à argent sale, puis, devenu ultra-riche à son tour, semble atteint par une satiété qui confine à l'écoeurement devant tant d'accumulation.

«Du grand art. On produisait de l'argent presque en circuit fermé, comme une sorte de culture hors sol. On faisait fonctionner un capitalisme idéal, affranchi des contingences du réel, libéré de la pesanteur, quasiment poétique.»

Cette trajectoire emblématique et son effondrement, d'un escroc condamné à une peine de 150 ans de prison car il eût le tort de s'en prendre aux riches et de tomber au mauvais moment, résonne fortement avec le magnifique «Les effondrés» de Mathieu Larnaudie (Actes Sud, 2010).

«Ivan Boesky, un courtier, l'un des nôtres, prononça à l'université de Californie une apologie de la voracité qui fit date.
"La voracité est une vertu. La voracité de vie, d'argent, d'amour, de connaissances est l'essence de l'esprit de l'évolution. C'est elle qui met le monde en mouvement. Elle est le moteur de la marche en avant de l'humanité. La voracité sauvera une entreprise qui fonctionne mal : les USA. Je pense que la voracité est saine. Vous avez le droit d'être voraces et de vous sentir bien dans votre peau."
Il fut très applaudi. Il trouvait les mots pour dire qui nous étions. Grâce à lui, à son panache, toute l'Amérique nous aimait. Nous étions de la même «étoffe des héros» que les aviateurs et astronautes du film de Kaufman qui enflamma le pays ces années-là. Il y avait de quoi frissonner de plaisir.

Mon cabinet gonflait, prospérait […] Je sentais ma force, je l'ai donc utilisée. J'ai exigé des banques et des entreprises qui cherchaient des investisseurs qu'elles me paient pour que je les fasse figurer dans les choix que je présentais à mes clients. Elles ont hurlé à la corruption : Mes conseils à ma clientèle étaient censés être «objectifs». Je les ai laissées crier. Je m'amusais. Un supermarché fait bien payer les marques pour les faire figurer en tête de gondole. Pourquoi n'en ferais-je pas autant ? Les produits financiers sont des produits comme les autres.»
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Comme beaucoup avant lui, Bernard Madoff est l'incarnation du rêve américain. Parti de rien, il a su se bâtir une immense fortune. Hélas, le rêve a fini par virer au cauchemar. Convaincu d'escroquerie, il est condamné à .... 150 ans !!!! de prison.
Une vie digne d'un roman noir, et dans ce domaine Dominique Manotti excelle. Elle se fait la porte parole d'un Madoff qui purge sa peine dans une prison de luxe.
Comme beaucoup j'imagine, j'ai été abasourdi par la morgue l'arrogance de ce personnage pour qui seul l'argent est roi.
Cela renvoie immanquablement vers un autre roman de Dominique Manotti - Nos fantastiques années fric - et plus particulièrement à une phrase attribuée à François Mitterand "l'argent qui corrompt, l'argent qui achète, l'argent qui écrase, l'argent qui tue, l'argent qui ruine, l'argent qui pourrit jusqu'à la conscience des hommes".
De plus, c'est l'absence total de remords de la part de Madoff qui choque. Pour lui sa seule faute est d'avoir su profiter des failles du système, il se définit d'ailleurs lui même comme un héros des années 80. Alors authentique escroc, ou bouc émissaire, c'est à vous de voir, ce livre vous apportera quelques éléments de réflexion.
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L'appât du gain.
Cette folie d'en vouloir toujours plus.

Pas un roman, ni un polar, plutôt une biographie romancée de cet escroc, symbole de la crise mondiale en 2008.

Où l'on découvre ce qu'est la pyramide de Ponzi.
On se demande comment ce type de système peut passer inaperçu.

Très court donc, et plus un reportage qu'un roman.
Dans le style biographie, mais qui n'a rien à voir, ressemble à "Moi, Hannibal" de G.Brizzi, sympa à lire aussi.
(plus d'avis sur PP)
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Dominique Manotti, auteure de romans noirs, agrégée d'histoire, spécialisée dans l'histoire économique, retrace le parcours de Bernard Madoff, financier et escroc américain. le récit est à la première personne du singulier : Madoff s'y raconte, du fond de la prison où il purge sa peine (150 ans de prison, tout de même !)
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critiques presse (1)
Lexpress
05 juillet 2013
En s'immisçant dans les pensées de cet homme chez qui la lucidité le dispute au cynisme, Dominique Manotti, [...] éclaire d'une lumière impitoyable les failles d'un système encouragées au plus haut niveau de l'Etat.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La voracité est une vertu. La voracité de vie, d'argent, d'amour, de connaissances est l'essence de l'esprit de l'évolution. C'est elle qui met le monde en mouvement. Elle est le moteur de la marche en avant de l'humanité. La voracité sauvera une entreprise qui fonctionne mal : les USA. Je pense que la voracité est saine. Vous avez le droit d'être voraces et de vous sentir bien dans votre peau.
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Je voulais grimper, m'imposer, être regardé, admiré, reconnu. Pour cela, le seul moyen à ma portée était de gagner beaucoup d'argent. Parce que l'argent est la forme première, spontanée du rêve américain, la seule valeur unanimement reconnue et respectée par tous, le nerf de l'Amérique. Parce qu'avec ce que je gagne, je sais avec certitude ce que je vaux. Je peux me mesurer à mon voisin, et personne ne peut contester ma valeur. Un dollar sera toujours un dollar.
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[...] On m'a fait un procès en sorcellerie […] Je ne suis pas un criminel […] Je suis un héro des années 80 […]
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Pendant des années, j'ai pris plaisir à jouer ce rôle à la perfection, parce qu'il y a évidemment du plaisir à berner avec élégance des gens que l'on méprise. Et je les méprisais, ces tièdes et ces médiocres, pourris d'argent, à ne plus savoir qu'en faire, mais qui en voulaient encore plus. Et surtout, sans prendre de risques.
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Comme le disait Boesky : on a toujours fait des affaires de cette façon aux États-Unis, aux marges de la légalité. C'est précisément ce qui fait la force de l'Amérique.
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Vidéo de Dominique Manotti
C'est l'histoire d'un golden boy qui a vu dans la folie du monde de la finance des années 1980 l'opportunité de construire un système d'arnaque à grande échelle. C'est aussi l'histoire d'un escroc rattrapé par la justice, qui a fini ses jours dans un pénitencier de Caroline du Nord ce mercredi 14 avril. C'est en somme l'histoire d'un véritable personnage de roman. Comment Bernard Madoff est-il devenu un symbole des dérives du capitalisme financier moderne ?
Guillaume Erner reçoit Dominique Manotti, écrivaine, ancienne professeure de l'histoire économique du XIXe siècle et auteure de l'ouvrage “Le rêve de Madoff” paru en 2013 aux éditions Allia.
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