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EAN : 9782253935094
320 pages
Le Livre de Poche (16/02/2022)
4.04/5   371 notes
Résumé :
Fille d’immigrés italiens, Alice Callandri consacre son enfance et son adolescence à prendre la pose pour des catalogues publicitaires et à défiler lors de concours de beauté. Mais, à dix-huit ans, elle part étudier à Paris. Elle y rencontre Jean. Ils s’aiment intensément, fondent une famille, se marient. Pourtant, quelques jours après la cérémonie, Alice disparaît. Les années passent mais pas les questions. Qu’est-elle devenue ? Pourquoi Alice a-t-elle abandonné s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (120) Voir plus Ajouter une critique
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💖Sensible, Sophie de Baere que je découvre avec ce très beau roman, l'est assurément.
Dans une très belle et lumineuse écriture inondée de poésie la talentueuse écrivaine touche intensément avec cette histoire d'amour damné au doux parfum de tragédie grecque.
Alice (Alizia)est issue d'une famille d'émigrés napolitains qui trouve ancrage dans la province française.
Son père abandonne le cercle familial lorsqu'elle est enfant laissant sa mère Silvia une femme austère et intransigeante dont le « visage est un tumulte », aigrie et emplie d'amertume.
Avec sa mère, sa soeur Mona et son petit frère adoré Alessandro le « tiot » qui ne ressemble à personne en raison d'un handicap mental, sa vie est monotone.
Alessandro est le seul pourvoyeur de rires de la maisonnée. Inféodées au joug de leur mère sa soeur et elle sont « deux inquiétudes aux pieds nus. Deux coeurs châtrés. »
La plastique parfaite d'Alizia lui vaut d'être chosifiée très jeune par Silvia qui l'inscrit à des concours de beauté.
Alice, cet inespéré objet de revanche, enchaîne les prix et déchaîne les convoitises. Son corps devient unique repère identitaire.
Lassée de se plier aux exigences sans limites de sa mère, d'être modelée et utilisée, de voir sa vitalité « s'éroder » à son contact Alice décide de quitter la prison familiale, refusant cette vie artificielle qui privilégie le diktat des apparences. Elle trouvera l'élan nécessaire après le décès accidentel de son jeune frère pour partir s'installer à Paris.
Cette nouvelle vie en coulisse, anonyme et invisible lui convient.
Et puis c'est la rencontre. Avec Jean, son évidence, l'étincelle inattendue qui mettra le feu à ses sens. « Jean remplace les absents ».
Une attirance naturelle et troublante les lie, ils vivront un amour absolu pendant plus de dix ans. de cette relation fusionnelle naîtra Charlotte.
Bonheur parfait. Jusqu'au jour où sa mère lui dévoile, alors qu'elle est enceinte, un terrible secret et une fois de plus fait voler sa joie de vivre en éclats.
Coup fatal. Alice ne trouve comme échappatoire que la disparition.
Elle abandonne son mari et sa fille adorés sans explications.
S'ensuivra une vie d'errance et d'abnégation.
Une existence impersonnelle presque végétative faite de douleurs marquées par le sceau de la perte et de la fatalité «  La vie n'est en réalité rien d'autre qu'une succession d'éclipses ».
Un très beau portrait de femme forte qui soulève beaucoup de questions dont celle de l'identité génétique, prison invisible, et aussi de la transgression, de la culpabilité et des limites de la vérité.
Mais peut-on et doit-on renier définitivement ses sentiments, son identité, son passé et sa chair?
Une très belle découverte ❤️
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J'ai beaucoup, beaucoup aimé ce roman. Malgré quelques invraisemblances sur lesquelles je me montre dubitative, j'ai été happée par l'écriture que j'ai trouvé terriblement émouvante et de toute grande beauté.

Dans les corps conjugaux, on suit le parcours d'Alice, fille d'immigrés italiens, de son enfance à sa vie de femme.
Alice est une petite fille très jolie, tellement jolie que sa mère ne jure que par sa beauté et lui fait concourir sur tous les podiums de miss. Passée ce stade, Alice se rebelle et décide de voler de ses propres ailes en essayant d'être aimée pour ce qu'elle est et non pour sa plastique parfaite. Sa mère ne lui pardonnera jamais et ne parlera plus à sa fille.
Lorsque Alice rencontre Jean, c'est le coup de foudre, les particules des corps qui s'attirent et s'emboîtent. de cet amour naîtra une petite fille.
Douze ans plus tard, une terrible révélation va enrayer le bonheur conjugal. Alice n'a d'autre choix que de disparaître et de s'enfuir loin, abandonnant mari et enfant, laissés dans l'incompréhension.

On suit ici sans la moindre lourdeur ou apesanteur la vie d'Alice, son cheminement dans sa fuite et son nouveau chemin au plus loin des siens. En parallèle, on découvre les blessures de sa fille Charlotte qui grandira avec peine dans le vide d'une mère partie.
C'est certainement le personnage ici qui m'a le plus émue, tant elle est réaliste et palpable. Tout comme les personnages secondaires qui m'ont semblé tous plus réalistes et concrets que Alice. Alice qui fuit avec aise, loin de tout sentiment de culpabilité. Son départ semble tellement simple et facile à vivre qu'il m'a semblé peu crédible. J'aurai aimé que l'auteure s'attarde davantage sur le drame qui scelle cette famille, qu'elle distille du poison et de la rage dans ses mots.
À côté de ce bémol, ce roman est vraiment très prenant et je n'ai pas vu les heures passer. Très bien écrit, de petits chapitres bien étayés, aucun passage inutile, une plume alerte et hypnotique.

Je passe pour une fois outre mon analyse du fond qui ne me convainc pas tout à fait mais j'accorde un carton plein pour la forme qui est de toute beauté. Au final, c'est un peu ça le plus important dans la lecture, y a t-il eu plaisir, addiction, dépaysement quand on referme la dernière page ? Si c'est oui, c'est un roman de gagné. C'est le cas ici. Je compte d'ailleurs me procurer le premier roman de cette auteure.

#Lescorpsconjugaux #NetGalleyFrance
#JCLattes
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Après une enfance et une adolescence de baby doll à s'exhiber dans des concours de beauté pour faire plaisir à sa mère, Alice rompt avec sa famille et sa province pour tenter sa chance à Paris. Elle y rencontre Jean, et après dix ans de parfait amour où lui est née une fille, le couple décide de se marier. Peu après les noces, Alice disparaît sans laisser de traces, plongeant mari et fille dans le désarroi et l'incompréhension. Pourtant, l'explication du mystère pourrait bien s'avérer encore plus dévastatrice que l'ignorance…


Je referme ce livre avec un curieux sentiment d'ambivalence et de perplexité : d'abord peu enthousiasmée par un début en forme de romance assez banale, ensuite sceptique face à certains hasards totalement improbables et désarçonnée par une désinhibition qui n'hésite pas à enfreindre l'un des plus grands tabous pour donner dans le carrément scabreux, j'ai finalement été emportée et impressionnée par le brio avec lequel l'auteur réussit à se tirer d'un exercice on ne peut plus périlleux.


Malgré mes réticences de taille, la puissance de la tragédie qui n'épargne aucun des personnages, tous victimes d'un premier secret de famille que l'absence de mots fera enfanter d'un drame cette fois incommensurable, a fini par déclencher mes larmes, non pas à propos de cet amour impossible et de ce couple que j'ai vu avec incompréhension s'enferrer dans l'inextricable, mais en raison des répercussions sur la fille et le petit-fils.


Si l'on peut rester dubitatif quant aux réelles intentions de ce livre - sincèrement décomplexé, délibérément choquant, ou un tantinet pervers ? -, il faut reconnaître que l'auteur se tire de sa prise de risque avec talent : ce roman qui ne laissera personne indifférent se lit d'une traite malgré les immenses réserves qu'il soulève.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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De Sophie de Baere, j'avais adoré le premier roman, La Dérobée.

Je la retrouve ici et j'étais très impatient.

Ce livre est un album de photographies. Vous savez, ces grands ouvrages, un peu abîmés par le temps, la vie et les souvenirs qu'ils contiennent.

C'est une vie entière que Sophie de Baere entreprend de raconter.

Sur les photographies, il y a Alice. Petite fille esseulée par un père parti trop vite. Adolescente, reine de beauté, apprêtée jusqu'à l'obsession par une mère avide de prendre sa revanche sur l'existence. Jeune mariée, heureuse et ivre du grand amour.

Puis les photos se font rares. Comme si la vie s'arrêtait là. Reste quelques clichés de l'ennui, d'une femme abandonnée d'elle-même, follement seule. Et cette grand-mère qui sourit un peu sur la dernière page …

Que j'aime lorsque la littérature me surprend ainsi ! Car au premier tiers de l'ouvrage et jusqu'à sa révélation brutale, dont on ne parlera pas ici, je ne suis pas convaincu. Je m'agace un peu même. Ces hasards un peu faciles m'égratignent la rétine. Et pourtant, la curiosité l'emporte et je continue.

Quelle bonne idée puisque je l'ai dévoré jusqu'à la dernière page au final.
C'est compliqué de parler de ce livre, tant on ne peut rien dire mais juste dire que si Sophie s'attaque à un sujet hautement casse-gueule, elle arrive à écrie des pages merveilleuses sur l'amour, le grand, le fort, le vivant.

Ce roman captive aussi par ses personnages secondaires, qui sont dépeint avec une belle force, un vrai élan, qui les rend terriblement justes, vivants.
Au-delà du livre, c'est l'écriture de Sophie de Baere que je retrouve et je confirme qu'elle fonctionne divinement sur moi. Ses mots comme une caresse. Ses mots comme une claque.

J'ai tourné les pages, j'ai regardé ces instantanés d'une vie terrible. J'ai été touché par tous les héros cassés par le destin qui peuplent ce livre.

Une histoire de corps donc, abîmés, de corps étrangers, de corps qui palpitent.

De corps conjugaux qui se conjuguent d'absence à l'infini.

Lien : https://labibliothequedejuju..
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Ce livre nous parle d'amour. Encore et toujours comme dans les autres romans de l'auteure.
Amour conjugal, amour interdit, amour maternel, ils sont tous là pour le meilleur (un peu) et surtout le pire.
Encore une fois , pour cette auteure, je me suis lancée sans avoir lu le résumé. Je n'ai pas regretté, même si le fond m'a un peu déçue. C'est celui de ces trois romans dont j'ai le moins aimé le sujet: d'abord des invraisemblances, des coïncidences qui me laissent sceptiques et qui semblent n'être là que pour justifier le sujet. Quant au sujet, éminemment casse-gueule (je n'en dirais pas plus) il ne m'a pas choquée. Mais je n'ai pas aimé la façon dont les protagonistes s' auto-fustigent employant des mots très forts pour se juger alors que pour moi ils sont victimes.

Malgré ces petites restrictions sur le fond, j'ai aimé cette lecture. La forme remplit encore une fois toutes ses promesses. L'écriture est de toute beauté. Ciselée, précise par moments, si poétique à d'autres, émouvante toujours.

Je lirai sans hésitation son prochain roman, là encore sans en lire le résumé. J'aime découvrir ses histoires par sa plume.


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Citations et extraits (109) Voir plus Ajouter une citation
Au fond, je crois que l’existence n’est qu’un apprentissage de la perte. À peine né, toute une galaxie disparaît. La coquille utérine, sa moiteur, la musique des bruits assourdis par l’épaisseur du ventre nous sont soudain ôtées sans ménagement. Quelques temps après, la chaude mamelle, la caresse et l’attention sans mesure font des va-et-vient douloureux puis se volatilisent à leur tour. Alors on cherche des remplaçants à la mère de l’enfance. Camarade, frère, sœur, ami, amoureux… Mais eux aussi finissent toujours par s’éloigner ou par disparaître. Jusqu’au salut ultime, la vie n’est en réalité rien d’autre qu’une succession d’éclipses.
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Mais je sais, moi, que ça ne va pas aller, que ce matin brouillasse n’est que le début d’un long chemin caillouteux. Un chemin de pénuries, un chemin de nulle part. Je sais qu’il n’y aura plus de fiançailles de nos bouches, que l’abandon ronge déjà le cœur tendre de ma petite fille, que dans mon ventre l’étincelle va mourir. Je sais que je m’engage sur une route de périls esseulés. Sur une terre de prophète oublié
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Charlotte me manque. J’en crève. Sa peau de velours, le chuchotement de ses boucles brunes balayant mon front, ses petits pas de danseuse, son corps d’enfant pesant sur ma poitrine. Le sacrifice est trop grand. Je comprends déjà que l’absence d’un enfant est une omniprésence. Déchirante et inconsolable
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Une vie, ça se fait puis ça se défait mais ça ne se refait pas. C’est tout sauf de la magie, c’est une route tortueuse dont on ne peut changer l’itinéraire. Pas de retour en arrière possible. Il faut continuer jusqu’au bout. Malgré les pieds en sang. Malgré la soif accrochée au ventre.
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Cet enfant passe d'une faim à une autre sans que la précédente ne laisse de trace.
Etre adulte c'est, je crois, perdre cette faim et gagner le désir.
Mais le désir est une chose fragile et il est bien plus difficile à satisfaire ou à transformer.
Le désir, c'est autre chose qu'une faim enfantine.
Il est trop grand, trop radical pour des vies aussi petites que les nôtres.
Et quand on ne peut plus l'assouvir, on perd gros.
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Videos de Sophie de Baere (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sophie de Baere
Le jour de son mariage, Paul retrouve Joseph, un ami perdu de vue depuis vingt ans. Et c'est l'été 1983 qui ressurgit soudain. Celui des débuts flamboyants et des premiers renoncements. Avant que la violence des autres fonde sur lui et bouleverse à jamais son existence et celle des siens. Roman poignant sur la complexité et la force des liens filiaux et amoureux, Les Ailes collées explore, avec une poésie rare, ce qui aurait pu être et ce qui pourrait renaître. Le roman déchirant d'une passion qui ne dit jamais son nom. Sophie de Baere choisit chaque mot avec sensibilité, comme un baume. Olivia de Lamberterie, Elle. Absolument magnifique. Télématin Une plume incandescente. Psychologies Magazine Prix Maison de la Presse 2022 / Prix du LAC 2022 / prix Cercle littéraire Château de Maffliers 2022 / prix La Ruche des mots 2022
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