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EAN : 9782070408665
262 pages
Gallimard (01/03/2001)
3.77/5   28 notes
Résumé :
Dans un village du Canada, sur un bateau transformé en maison, la narratrice, une gamine de dix ans, vit avec son beau-père, un Hollandais bossu, sa mère ivrogne, son petit frère débile mental.

Dans le manoir voisin, s'installe une tribu de Finlandais: huit garçons et leur petite sœur. Une amitié passionnée naît entre les deux fillettes. Très douées pour l'ubiquité, elles parviennent à vivre la réalité comme des rêves et à rêver comme si elles vivaien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ma critique est une question.
Que veut dire Océantume?
Une question parce que l'oeuvre comme l'auteur sont tous deux un mystère.
Ducharme nous livre comme à son habitude des personnages excentriques, colorés, fous, anarchistes brillants, rebelles et mystérieux.
Il s'amuse à les renommer, les rebaptiser comme il rebaptise le pays au complet et son peuple: la millarde, comme il rebaptise les bateaux de Christophe Colmb ( la nina la pinta la santa maria) L'océantume La mer tume et le tumérillon.
Le mystère persiste, pourquoi ce titre.
L'histoire se déroule aux abord de l'océan et plus précisément au Canada dont le slogan dit bien d'un océan à l'autre. Pour Ina Ssouvie le monde est à refaire, le monde est à lutter. Ce monde coincé entre deux océan est amer. Peut-on dire qu'elle ressent plus que de l'amertume, la mer tu me. plus grand que la mer il y a l'océan , l'océantume?
Ce texte qui nous gifle par la beauté de son vocabulaire, par ses sautes d'humeurs et sa rage anarchiste, par sa science de l'amer, nous rend songeur, nous laisse sur une question probablement sans vrai réponse sinon celle du lecteur : "qu'est-ce que l'océantume?"
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Le premier roman qu'a écrit Ducharme.
Voyez mes impressions de lecture en vidéo:
Lien : https://youtu.be/1iSmVitjFV8
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Je repense à ce qu'un jour Ina a dit à Inachos et moi.
«Si j'avais eu conscience de ne plus être une enfant, je ne vous aurais pas faits, mes enfants. Ma mère me disait: «Fais des enfants, ma fille: c'est bien, c'est beau, c'est bon!» La vieille idiote! Nous avions tous vingt ans au moins, et elle ne s'apercevait pas que ce n'étaient pas d'enfants dont elle avait accouché, mais d'adultes, de pareils à elle! Avoir des enfants! Permettre que se créent des âmes où, comme dans la sienne, le fiel montera jour après jour comme minute après minute le sable dans le sablier! Laisser des visages se former où, comme dans le sien, on pourra lire l'étonnement et l'espoir, puis le dégoût et le mépris! Quelle dérision! Quelle farce! En faire d'autres à sa triste image et à sa misérable ressemblance! Autant passer sa vie devant un miroir où on peut se voir de la tête aux pieds! Être mère! Pouvoir dire que ceux-là c'est vous qui les avez plongés dans l'inarrêtable dégringolade lente, que ces deux ou trois-là c'est d'entre vos mains tendres et douces et sous votre regard plein d'amour qu'ils sont partis se faire écoeurer par les autres et écoeurer les autres! Tapotez un peu leur petits derrières et envoyez-les se faire matraquer jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus se relever, puis frappez à coups de mouton jusqu'à six pieds sous terre! Et qu'on n'oublie pas avant qu'ils partent, comme sa mère avant qu'on parte, de leur dire d'être forts, de ne se laisser abattre par rien. Peu importe qu'on sache bien qu'après avoir résister jusqu'à la vacuité de leurs veines, après qu'ils auront été vaincus à plate couture et qu'il leur aura semblé avoir tout perdu, ils s'apercevront qu'il n'y avait pas d'ennemis et qu'ils n'ont rien perdu, qu'ils se battaient contre des ombres et qu'ils n'avaient jamais rien possédé. Donner la vie, ce poison! En faire venir d'autres en ce monde, cette galère! Qu'il faut être cynique, méchant ou stupide! Ici, il faudrait ne rien faire et ne rien dire. Ici, quoi qu'on fasse finit en mauvaise plaisanterie faite à ses dépens! Ici, quelque jeu qu'on joue se termine en bon tour joué à soi-même, finit avec soi-même dans la banalité et l'angoisse jusqu'aux oreilles! Ici, rester assis sur une chaise à attendre que les formes et la lumière se changent en néant et ténèbres est tout ce qu'on peut faire sans se tromper. Mais allez, yeux et oreilles grands ouverts, rester assis sur une chaise! Tout miroite. Tout vous fait signe, vous sollicite. La vie en vous, cette contraction spasmodique, cet élan morbide, se gonfle, vous gonfle, déborde, vous emporte. Que tu aies horreur des viandes, des pâtes, des fruits, des légumes et de tout ce qui se mange n'importe pas: la vie te forcera à manger. Je n'aime plus vivre, mais, et là est le hic, j'ai besoin de vivre, de m'accrocher à ce qui, je le sais, se brisera dans mes mains, de me fixer dans cet océan où volerait en miettes un quai en fer. Mais je ne me laisse plus enivrer par ce besoin: je ne suis pas masochiste, je ne veux pas souffrir. N'aidez pas la vie à se moquer de vous. Ne bougez pas: restez assis. Ne dites rien, ne vous élancez pas vers les gouffres; regardez les gouffres avancer jusque sous vos pieds. Ou, si vous voulez à tout prix faire oeuvre pie, défaites tout: abattez ce qui se dresse, éteignez ce qui éclaire, tuez ce qui vit et suicidez-vous. Ainsi, peut-être, vous aurez sauvé la face.»
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Les chaises sont faites pour qu’on s’assoie. On s’assoit pour s’ennuyer. S’ennuyer est attendre. Attendre est impardonnable, écoeurant.

Il n’y a pas assez de place ici: on ne peut que tourner en rond, tourner en rond. On se fatigue à tourner en rond. Ouf ! assoyons-nous. On tire cinquante chaises par jour ( quand ce n’est pas cinquante fois la même chaise ) pour s’asseoir et se rasseoir : on est agitateur de chaises. On se relève pour se dégourdir les jambes ; mais, comme se dégourdir les jambes est fatiguant, on finit par se rasseoir. On croise ses jambes. Si on les a croisées haut, on a un pied en l’air, comme une grue. Si on est une femme, on les croise bas, pour ne pas donner trop de plaisir aux pauvres voyeurs. La générosité n’est pas toujours de mise. On croise les bras : on se sent bien, on a l’impression de se prendre dans ses bras, d’embrasser soi-même. On peut sucer son pouce. On peut même ronger ses ongles.
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On a tous les droits quand on a déclaré la guerre à tous les rois. Je me suis déclarée silencieusement l'ennemie de tous, et ils me tueront peut-être, mais ils ne me vaincront pas. Pour le moment, je garde l'incognito. Je ne leur ai rien fait; pourquoi devrais-je me soumettre à eux, à leurs lois, leurs amendements, leurs robots? Leur effronterie à mon égard est injustifiable. Ils prétendent, de but en blanc, régner sur moi, me contraindre, me diriger, être mes supérieurs, me donner des indications et des ordres comme à une bête de somme. C'est ridicule; c'est de l'infatuation, de la véritable impertinence. Ils ne m'ont rien donné: je ne leur dois rien. Ils ont donné des ponts, des autoroutes, des petits tunnels et des gros, certes; mais je ne suis pas une automobiliste. Pourquoi m'enfermerais-je avec eux dans un de ces réduits pleins à craquer de fumée de cigarette appelés pays? Quand ils sauront, ils courront après moi avec leurs chiens. Je ne crains ni leurs chiens, ni leurs bottes, ni leurs mitraillettes: je suis un tréponème dans leur intestin grêle. Ils ne m'auront pas. Je m'ai, je me garde.
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Ne crois pas à leur mépris quand ils emprisonnent ou qu'ils pendent un enfant qui ne nourrit que bave, venin, haine et dégoût pour leur propension à se rassembler pour sauvegarder ce qui les fixe dans le sol comme des végétaux (ce qu'ils appellent leurs biens) et qui ne leur sert plus qu'à bâiller en se couvrant pudiquement la bouche avec une main (ce qu'ils appellent leur vie). Ils t'auront, pauvre Iode; et si ce n'est à l'université, ce sera au restaurant du coin. Tu seras agglutinée: ils sont outillés, bien organisés. Ne les crois pas quand ils disent qu'ils se respectent et que ceci justifie cela. Ils se prosternent devant ce battement aveugle et spasmodique du coeur et ils haussent les épaules devant les aspirations les plus passionnées de l'âme. Ils ne te permettront pas de prostituer ton corps. Mais ils te forceront à leur sacrifier ta liberté, ton intelligence et tes poursuites; ils iront jusqu'à t'interdire de te les réserver.
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La supériorité de deux cents millions d’enfants déchus contre un seul n’en est pas une. Les droits d’un seul devraient être égaux à ceux de mille; car il n’en vit et n’en meurt qu’un par corps. Il ne peut y en avoir neuf cent quatre-vingt-dix-neuf d’un côté et un de l’autre côté; il ne peut qu’y en avoir mille sur mille côtés. Quand quatre mille enfants à la fois perdent la vie ou l’orgueil, un seul perd vraiment la vie ou l’orgueil, et c’est celui-là d’entre eux qu’on est. Il n’y a qu’une vraie supériorité : la supériorité de celui qu’on est sur tous les autres, la supériorité de ce qu’on est sur ce qu’on n’est pas, la supériorité de ce qui est sur ce qui n’est pas.
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Vidéo de Réjean Ducharme
"C'est un monstre sacré de la littérature canadienne qui est mort cet été.Réjean Ducharme avait su conquérir le monde francophone avec seulement 9 romans en 50 ans d?existence."
Réjean Ducharme - le conseil d'Emmanuel Khérad https://www.franceinter.fr/emissions/la-librairie-francophone
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