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EAN : 9782917817766
52 pages
Editions La Contre Allée (01/06/2016)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Bohumil Hrabal est l’un des grands écrivains tchèques de la seconde moitié du xxe siècle. De son chef d’œuvre, Une trop bruyante solitude, l’auteur disait qu’il n’était "venu au monde que pour l’écrire".
On suit l’homme et l’écrivain à Prague où il fréquentait assidûment Le Tigre d’or, café désormais légendaire, très animé, qui lui servait tout à la fois de quartier général et de refuge pour vivre le moins durement possible son exil intérieur.
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« L'écrivain doit être, en premier lieu, lecteur de lui-même. L'écrivain doit se distraire en écrivant. Par ses textes il doit découvrir des choses qu'il ignore et non pas exprimer son moi exorbité. » dit Bohumil Hrabal à propos de sa vocation sans pouvoir nier cependant que c'était quand même son "moi", cette foule immense de sensations, de désirs, de plaisirs et de déceptions, qui était la source principale de son oeuvre !

Christian Salmon, l'auteur de ce petit livre consacré à la vie de Bohumil Hrabal, est un écrivain et chercheur français contemporain. Il a été l'assistant de Milan Kundera, et a fondé en 1993 le Parlement international des écrivains et le Réseau des villes refuges pour accueillir les écrivains persécutés dans leur pays.
En février 1989, il avait fait parler Bohumil Hrabal devant la caméra d'« Océaniques ».
Les questions de Christian Salmon ont amené Hrabal à replonger dans son passé, à répertorier les thèmes majeurs qui avaient inspiré sa création littéraire, à réfléchir sur la vocation d'écrivain, à évoquer les personnes et les écrivains qui avaient joué des rôles importants dans sa vie et aussi à rendre hommage à la littérature et aux arts français.

Christian Salmon a eu l'heureuse idée de publier ces entretiens dans un livre qu'il a fait paraître en 1991 sous le titre « A bâtons rompus avec Bohumil Hrabal », aux éditions Criterion. Grâce à ce livre, nous, lecteurs français, nous pouvons nous plonger dans le passé de l'écrivain et savourer la fraîcheur de la pensée de celui qui est sans doute l'un des plus importants écrivains tchèques de la seconde moitié du XXe siècle.

Dès le début de l'entretien, Hrabal se livre de façon intime en parlant de son enfance : « Je voudrais vous faire une confidence : je suis un enfant illégitime. Un beau dimanche matin, ma mère a annoncé à ses parents, avec beaucoup de ménagements, qu'elle était enceinte et que son ami ne voulait pas l'épouser. Mon irascible grand-père nous a traînés dans la cour, ma mère et moi ; il a sorti son fusil et a crié en morave : « Mets-toi à genoux, que je te tue ! » Heureusement, ma grand-mère, qui avait le sens de l'à-propos, est sortie à ce moment-là dans la cour et a dit : « Venez manger, la soupe va refroidir. »
Anecdote savoureuse à souhait ! Pour moi, ça, c'est tout Hrabal !

Il se souvient d'avoir été un enfant timide et peureux, qui avait toujours le sentiment de se sentir de trop. Cette timidité et cette marginalité l'ont conduit d'abord à la solitude, ce qui a probablement éveillé aussi son intérêt pour la littérature.

C'est dans la brasserie de la ville de Nymburk, où son père était comptable et où il a passé plus de vingt-cinq ans, que Hrabal dit avoir fait son apprentissage de la vie. Il était un auditeur passif mais très attentif des histoires qu'on racontait dans la brasserie et notamment de celles de son oncle Pépine qu'il allait immortaliser dans ses livres." Mon véritable père, c'est mon oncle Pépine », « Il était tout le temps à nous raconter ses histoires. Il était obsédé ; il les reprenait sans cesse, et sans cesse nous nous tordions de rire. (...) Ceux qui ont eu la chance de connaître ma muse, mon oncle Pépine, peuvent parler de sa puissance de conteur et de la magie poétique qui assaillait les cafés et leurs belles jeunes filles quand l'oncle Pépine était là, ou quand il parlait, comme ne le font que les poètes ou les prophètes dans les rues, avec ses concitoyens. (...) J'ai commencé à écrire parce que m'est revenu en torrent tout ce que j'avais entendu à la brasserie, les histoires de l'oncle Pépine, qui m'étaient entrées dans le sang."
Lisez «Les souffrances du vieux Werther », et vous comprendrez combien il était attaché à cet oncle !

En fait, la carrière d'écrivain de Bohumil Hrabal a commencé tard, alors qu'il avait plus de quarante ans ! A vingt ans, il ne lisait que des romans policiers et ne s'imaginait pas un seul instant qu'il pourrait devenir un jour écrivain. Il lui aura fallu exercer de nombreux métiers et accumuler de nombreuses expériences pour qu'il les exploite dans ses oeuvres.
Il explique que c'est son expérience de travail aux aciéries de Kladno où il était plongé dans une réalité crue et brutale qui l'a fait devenir réellement romancier. Avant cela, il n'avait écrit que des poèmes, étant sous l'influence de Baudelaire, Rimbaud, et des surréalistes, Nezval, Biebl, Seifert, Breton, Eluard… Les aciéries auront inspiré à Hrabal le livre intitulé « Jarmilka » qui était pour lui sa tentative de se mesurer à « Nadja » d'André Breton. En écrivant « Jarmilka », il a inventé un nouveau style qu'il a catalogué comme étant du « réalisme total ».

On peut dire que tous ces entretiens sont marqués par l'admiration de Bohumil Hrabal pour la culture française. Il dit, par exemple, avoir particulièrement aimé Manet, « peintre qui n'avait besoin ni de symboles ni d'allégories pour peindre ce qu'il voyait. »
Il déclare que la petite héroïne de "Zazie dans le métro" de Queneau relève de sa poétique. "Zazie est une enfant terrible et elle évolue dans le même milieu que mes héros."
Il admire le talent de Louis Ferdinand Céline : "J'admire la spontanéité de ses récits, cette barbarie - Céline ne fait pas de distinction entre les choses qui se disent et celles qui ne se disent pas - et sa profonde expérience sociale auprès des gens du quart monde, me fascine." Et Hrabal va encore plus loin en constatant que c'étaient les artistes français qui guidaient ses pas dans le monde des arts.

Quatre textes inédits de Hrabal complètent ce petit livre : « Comment je suis devenu chef de station », « Jeu de la vérité », « Un jour », et « Noël à Nymburk ».

Un petit ouvrage par son nombre de pages, mais au contenu riche qui permet d'approfondir sa connaissance de la personnalité aux multiples facettes de Bohumil Hrabal.
Un ouvrage que je conseillerais donc davantage à ceux qui ont déjà lu quelques-uns de ses livres. 4/5
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Petit opuscule d'une soixantaine de pages, l'auteur choisit au travers de celui-ci une approche biographique pour déclarer sa flamme à l'auteur tchèque.
En décrivant l'amour de celui-ci pour son pays, pour Prague pour la culture, et son amour pour autrui Jacques Josse humanise un monstre littéraire, le plus illustre avec Kafka dans la ville aux mille clochers.
En nous narrant le quotidien, les habitudes les rituels et sa confrontation au Régime pour clore sur sa triste mort, Josse pleure un ami, pleure un génie, fête l'oeuvre passée à la postérité "Une trop bruyante solitude". C'est émouvant, c'est touchant, c'est joli.

Rien que pour ca cela mérite d'être lu.
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