L'ouvrage de Madame de Saint Pierre se lit avec plaisir car elle retrace sans parti pris ce que fut la vie mouvementée de cette artiste si originale et caractéristique. J'aime ses évocations de femmes évanescentes, aux yeux de biche, éthérées et toujours élégantes, attifées de perles et/ou de fleurs et ce "rose laurencin » si évocateur, si pastel. Souvent dans ses tableaux et lithographies, figure la petite guitare offerte par
Guillaume Apollinaire, son compagnon durant 5 ans, qu'elle n'oublia jamais malgré leurs fréquentes et violentes disputes.
Marie Laurencin (1883-1956) était une fille naturelle dont le père, un notable, lui fit donner une bonne éducation. Sa mère était une femme plutôt distinguée, couturière et brodeuse reconnue. Depuis son jeune âge,
Marie va se dédier à la peinture et subir une solide formation auprès d'artistes connus. Assez vite elle va trouver son chemin artistique au milieu d'une époque très riche en talents.
Elle se
mariera une seule fois, en juin 1914, avec un peintre allemand, le baron Otto von Wätjen et deviendra automatiquement allemande, ce qui lui vaudra des ennuis sérieux lors de la Première Guerre Mondiale. le couple devra se réfugier en Espagne afin de faire oublier le fait d'être allemands;
Marie Laurencin voudra très vite divorcer pour cause d'incompatibilité de caractères, mais la formalité sera très longue et ne sera effective qu'en 1921.
Elle redeviendra la Parisienne en vogue et va s'entourer d'écrivains tels que
André Gide,
Max Jacob,
Marcel Jouhandeau,
Jean Paulhan,
Lewis Carroll,
Henri-Pierre Roché,
Jean Cocteau et d'autres. La vie de
Marie Laurencin fut riche et tumultueuse, elle connut le succès de son vivant, mais son style est devenu démodé après la DGM.
Pendant la DGM elle aura une attitude ambivalente se montrant égoïste et futile pour elle même, ne cachant pas son admiration pour l'occupant allemand mais ruant dans les brancards lorsqu'on touchait à ses amis juifs. Néanmoins, malgré ses contacts haut placés, son appartement fut réquisitionné et elle sera logée par des amis; vingt-huit de ses tableaux auraient pu être volés par Göring si elle n'avait pas été alertée à temps. Elle sera détenue par l'armée française de libération, parquée à Drancy puis libérée 11 jours plus tard.
Elle n'a pas eu de descendance mais a adopté Suzanne Moreau, sa dame de compagnie et a legué son oeuvre à la Fondation des orphelins d'Auteuil. A sa mort son ami
Marcel Jouhandeau écrit « elle est morte, quelle féerie s'achève », ce qui a dû inspirer le titre du livre? Elle a réalisé durant sa vie quelques 1 800 peintures, aquarelles, décors de théâtre et illustrations de livres.
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