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EAN : 9782072819292
176 pages
Gallimard (07/02/2019)
3.72/5   67 notes
Résumé :
Ces neuf nouvelles nous placent à la lisière de deux mondes, là où se croisent humains en déroute et animaux semi-sauvages. Chacun tente de rejoindre l’autre, mais l’on ne sait qui, de la bête ou de l’humain, est en quête de protection.
De quel envol blessé la cane Frou-Frou est-elle le signe? Un cheval nommé Mensonge peut-il emporter une enfant loin du monde mensonger des adultes? Comment un rat, un écureuil, un hérisson exorcisent-ils la folie, le deuil ou ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Dans ce recueil de neuf nouvelles, l'auteure met en scène des être humains à un moment de leur vie où ils sont fragilisés, dans le doute ou la souffrance, sur le fil entre avant et après, entre avec ou sans. Seuls avec eux-mêmes et leur questionnement existentiel, les humains, l'humanité au milieu desquels ils évoluent ne leur sont d'aucun secours. Alors ils se raccrochent chacun à un animal, plus ou moins domestiqué ou plus ou moins sauvage, mais libre, toujours, à ses risques et périls. Dans la relation qui se crée, l'humain veut voir un lien d'attachement, un message, une prémonition d'amour ou d'espoir. Dans notre civilisation où l'Homme est un danger pour la Nature, les personnages de ce recueil, humains et animaux, ont besoin de protection et de liberté, et toutes les espèces vivantes, coincées dans leur interdépendance les unes aux autres, ont besoin de respect.

Comme souvent dans les recueils de nouvelles, les textes sont inégaux, et j'ai été davantage touchée par ceux dans lesquels le lien humain-animal est le plus fort (Frou-Frou la cane, et le cheval Mensonge). Malgré tout, ces textes, à la lisière de la perte et de la mélancolie, sont portés par la belle et simple écriture de Caroline Lamarche.
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Nous sommes à la lisière, au bord de la forêt, cette cathédrale où tout célèbre notre déesse Mère et ce formidable élan que l'on appelle Vie, dans une symphonie grandiose et tragique faite de chants, de cris et de mises à mort. Peut-être même portons-nous déjà une part de cette forêt en nous. Une part sombre, secrète. Une part de sauvagerie et d'instinct qu'on essaie d'enfouir sous le vernis de la civilisation et la culture, et qui parfois nous revient en pleine figure, à travers nos rêves impurs ou nos pulsions maitrisées tant bien que mal.

Caroline Lamarche célèbre ici les animaux, les hommes et leurs interactions. Il est question d'hommes simples, palefrenier combattant des « particules fines » qui n'ont de poétique que leur nom, musicien devenu gardien de nuit, garde forestier amoureux des arbres. Des hommes sages qui montrent que l'inquiétude pour l'état de notre vieux caillou ne se cantonne pas à quelques bobos habitants les quartiers aérés de nos villes.

Le livre s'ouvre sur une nouvelle très juste avec des soigneurs en refuge, pour se terminer toujours dans cette même optique d'entraide et de partage entre espèces, mais où ce ne sont plus les humains qui prennent soin des animaux. Cette dernière nouvelle, celle de la mère endeuillée, est particulièrement touchante. Car souvent les animaux prennent soin de nous, de notre solitude, de notre besoin essentiel de beauté et d'émerveillement, de nos pertes, car parfois « il suffit d'être complice de quelques vies sauvages » pour croire de nouveau en l'avenir.

Je terminerai par la citation qui figure en début de recueil, en forme de clin d'oeil : « Jusqu'à ce qu'il étende le cercle de sa compassion à toutes les créatures vivantes, l'homme lui-même ne trouvera pas la paix. (Yourcenar)».

La boucle est bouclée ….
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Frou-Frou, la canne en revalidation recueillie par un bénévole va-t-elle quand même le quitter? Chevauchée nocturne du cheval Mensonge par une gamine, Ignace enlève le jeu de piste dans son bois privé, lire l'Ulysse de Joyce parmi des naturistes méditerranéens, le comédien dérangé qui cite Prométhée en menaçant les clients d'un rat mort, nourrir le chat Tish de deux squatteuses de Uccle, le musicien réparateur d'alarmes qui souffre d'acouphènes, l'écureuil consolateur près de la tombe...

Neuf nouvelles à la lisière de la tristesse, du monde animal, de notre planète.

Une prose gentille mais qui ne m'a pas souvent fait décoller.
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Cheval, fourmis, hérisson, écureuil, chat ou oiseaux, entre autres,  peuplent les nouvelles de Caroline Lamarche.
En effet, ce sont eux  les héros, dûment prénommés, donc dotés d'une identité propre, avec lesquels au moins un humain entre en interaction .
Cette dernière peut être brève, peut être en apparence anecdotique,  mais elle fait résonner de manière un peu différente les existences en tous points ordinaires qui nous sont ici relatées en quelques pages poétiques et d'une précision extrême.
Qu'elle s'arrête pour aider un hérisson à traverser la route et l'amoureuse de la nouvelle Ulysse, reliera par des liens éclectiques, mais toujours pertinents, cette rencontre fugitive avec ses propres interrogations lors d'un repas où se révèleront des enjeux qu'elle n'était peut être pas prête à admettre.
La plus longue et la plus émouvante nouvelle, Frou-Frou, évoque une histoire d'amour hors-normes, à bien des égards et témoigne de l'art de l'auteure pour évoquer avec délicatesse et sensibilité des émotions intenses mais sourdes.
La nature est souvent en danger dans ces textes, mais ses habitants, aux vies parfois éphémères, témoignent d'une volonté de vie et de liberté qui émeuvent au plus haut point.

Un grand coup de coeur! Et zou sur l'étagère des indispensables !
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J'adore la notion de lisière : là où deux espaces différents se rencontrent, se touchent, il y a étonnement, il y a découverte, il y a richesse, il y a partage. Alors quand Caroline Lamarche explore la lisère entre le monde humain et le monde animal, j'espérais tout cela et je n'ai pas été déçu ! J'aime les histoires où humain et animaux sont traités en égaux et "Nous sommes la lisère" y parvient avec beaucoup de subtilité et d'humilité. La première nouvelle "Frou-frou" est un véritable coup de coeur. Une histoire d'amour entre espèces, une histoire d'amitié, d'âmes soeurs. Les préoccupations du narrateur, bénévole dans un refuge pour animaux, qui ne se sent pas à sa place dans la société des hommes, trouve un écho fabuleux dans l'espoir ténu que Frou-frou se réadapte un jour à la vie sauvage. Tout est simple, tout est ambivalent, tout est là. Et les nouvelles suivantes sont de belles variations sur les rapports entre êtres vivants, ces apprivoisements, ces endroits où nous tentons de nous rencontrer, ces mouvantes et fragiles lisières. Il en ressort une vitalité, que j'ai plus ressentie du côté du cheval épris de liberté, du jeune hérisson entêté et de l'écureuil excité, que des humains qui m'ont communiqué une certaine mélancolie. Je ressors de ma lecture sans savoir si elle m'aide à me réjouir que chaque jour nous approchions un peu plus de la lisière ou si elle me fait regretter que nous continuions toujours un peu plus à faire reculer la lisière que nous partageons avec les animaux. Mais j'ai aimé arpenter ces territoires communs et j'ai été touché par la belle voix de l'auteure qui mêle humanité et animalité. Avec le chat Tish, j'ai envie de m'éclipser, d'aller prendre des nouvelles et soin de toutes celles et ceux qui vivent en marge, plus fort, qui cherchent de nouveaux repères, à se comprendre, dans notre jardin commun.
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critiques presse (2)
LeMonde
05 mars 2019
Des vies banales et meurtries, humains et animaux dans le même sac, se croisent dans les neuf nouvelles de ce recueil de l’écrivaine belge.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
22 février 2019
Nous sommes à la lisière est le très beau recueil de nouvelles de Caroline Lamarche, toutes centrées sur le lien qui peut naître entre l’humain et l’animal
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
N'avez-vous pas l'impression que notre regard ne sera plus jamais innocent ? ai-je dit.
Du haut de sa nuque virile, le garde m'a dévisagée -ses yeux bruns dorés, ses cils longs et fournis, recourbés, presque féminins.
- Si vous voulez dire par là que la nature est toujours aussi belle mais que nous la savons malade, oui, en effet, nous ne sommes plus innocents.
Il m'a souri. Un sourire un peu triste. J'ai compris qu'il y pensait sans cesse, que malgré son activité incessante au service de la nature, la conscience du déclin planétaire ne le quittait jamais.(...)
Je m'assieds sur une chaise, me laisse tomber plutôt car tout d'un coup je pense avec accablement à notre planète en souffrance - oui, c'est le mot, ils souffrent tous, l'étang, les arbres, les insectes et les bêtes, comment en sommes-nous arrivés là ? Mes paupières brûlent de révolte, un chagrin dur qui a perdu depuis longtemps le tendre chemin des larmes..(...) Comprendre notre innocence perdue, la fin de l'époque enchantée où nous croyions la nature éternelle.(...)

Je me dis que cette région est celle où j'aimerais m'installer pour toujours. "Pour toujours" s'applique à un paysage bien plus sûrement qu'à l'amour. A un étang mystérieux frôlé par des martinets. A deux chats blancs furtifs. Aux libellules soudées. Au merle Merlin., peut-être.(...)
Dehors un chant se lève. Quelques trilles d'entrée en scène, puis un air virtuose et pur, qui fait reculer la nuit.
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On a dit de Bruxelles qu'elle était sans génie, une ville de compromis qui cultive le chaos. On l'a dite impossible à cerner et qu'elle n'était personne, là où Paris, Berlin ou Londres sont autant de grands corps. Autrefois belle, Bruxelles s'est jetée du haut d'une de ses tours moyennes, désespérée de n'être pas Manhattan, et cela a suffi à nous la rendre tordue, habitée par le souvenir de ce suicide raté, avec le désir furieux de le rééditer. Bancals, à son image, nous survivons, et chose extraordinaire entre toutes, nous parvenons à créer, et encore : à aimer. Bruxelles, impossible à aimer, rend tout amour possible. Une sorte de compassion nous vient par la ville même, par sa mémoire qui flotte, dévastée, au-dessus de nos têtes. Elle est l'emblème d'un pays qui finira en charpie, elle est nous, notre corps en morceaux, poreux aux cris du monde, tous y sont en exil, tous veulent y rester.
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Devant mon air interrogateur, il ajoute que depuis qu’il travaille dans les alarmes un sifflement continu a pris la place de son ouïe, ce qu’on appelle un acouphène. Il s’exprime d’un ton neutre, comme pour repousser lui aussi le mot « souffrance ». Cela m’intrigue. On ne lance pas une information aussi bouleversante d’un ton aussi mesuré. On dirait que cet homme évite de remuer l’émotion en question. Pourtant son existence, en une seule phrase, s’est dessinée. Quelqu’un dont la musique est toute la vie mais qui, ne pouvant vivre uniquement de son art, a pris un poste de nuit dans une société de gardiennage dans l’espoir de pouvoir encore, pendant la journée, pratiquer son instrument ou faire partie d’un petit orchestre, à défaut d’être soliste. Son gagne-pain consiste à voler au secours des gens dont les alarmes se déclenchent intempestivement. Résultat : l’ouïe ruinée. Plus jamais il n’écoutera d’une oreille limpide une musique délicate. Il y aura toujours ce sifflement aigu, ce filtre obsédant entre la vie et soi.
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„C’est tres simple, tu le saisis par le cou, tu tires et tu tournes, tout le
monde devrait savoir le faire, on ne peut pas laisser souffrir les oiseaux. » Eh oui, c’est si simple. Et ça donne de la force de savoir le faire. Et moi je me dis que c’est dommage qu’on ne puisse pas faire ça sur soi, tout simplement. Dommage, oui, que les oiseaux comme les humains ne puissent pas choisir le moment où ça suffit, on veut partir pour de bon.
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Pour mon père, un animal blessé ou un arbre d’âge honorable doivent être éliminés, les gens aussi s’ils sont vieux ou déprimés. Il trouve logique et pour tout dire idéal que les suicidaires se suicident, par exemple, qu’ils débarrassent le plancher, et il a toujours dit trouver ridicule qu’on dépense tant d’argent de nos impôts pour les handicapés. Curieux qu’il n’applique pas ce raisonnement à lui-même, maintenant qu’il est en chaise roulante avec une infirmière à domicile chaque matin pour le laver, le tout remboursé par la sécurité sociale.
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Videos de Caroline Lamarche (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Caroline Lamarche
Avec la participation des autrices Caroline Lamarche, Stéphanie Leclerc et des auteurs-illustrateurs Simon Bournel-Bosson, Thomas Lavachery.
Et la classe de 4èmeA du collège Saint-Michel, Guéméné-Penfao (44). Un grand merci à la professeure Claire Blet.
Avec la participation de Cécile Ribault Caillol pour Kibookin.fr
Avec le soutien de Wallonie-Bruxelles International et du Centre Wallonie-Bruxelles Paris.
Avec la séquence La Tête dans les images Salah Elmour, Sauvage, texte de Layla Zarqa, trad. de l'arabe Nada Issa, le port a jauni
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