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EAN : 9781020908514
272 pages
Les liens qui libèrent (03/06/2020)
3.47/5   32 notes
Résumé :
Qu'en est-il aujourd'hui du consentement dans le couple ? La question posée ici - à l'heure de la vague #Metoo ou bien du confinement dû à l'épidémie de Covid-19 - reste largement taboue.
Pour la première fois, un sociologue a mené l'enquête. En recueillant de très nombreux témoignages, il montre combien les malentendus, les angoisses, les chagrins, parfois même le drame, règnent là où l'on ne devrait trouver que plaisir partagé.
Que se passe-t-il quan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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"Comment faire pour que les hommes cessent de violer?"
Twitter a bloqué ce tweet et suspendu le compte de la féministe Mélusine, puis ceux qui l'ont relayé...
France Inter, le 25/01/21.


Le sociologue J.C Kaufmann nous livre un terrible constat sur les violences et viols, dans l'intimité du couple.(augmentation de 22% du nombre de viols, 9 violeurs sur 10 sont des hommes.)


"Des mâles vigoureux":
Virilité sexuelle, force physique et position dominante permirent une domination à l'encontre des femmes. "Depuis St Paul, le mari avait le droit et le devoir de punir et de battre "(l'épouse)... "Sauf dans le lit, avec la théorie des 2 semences d'Hippocrate, (l'homme est un tel Hypocrite !) qui impliquait d'être attentif au plaisir féminin". Et tout ça, pour la procréation...
Il fallait donc une certaine passivité sexuelle du beau sexe.


L'auteur raconte comment
"En toute impunité", "Attaques nocturnes" ou "Violences physiques":...
Le mari, le conjoint ou le prince charmant devient un ogre. Par cajoleries, mensonges, menaces ou violences (" au petit matin, vers 2 à 3 heures, il me tenait les mains... "j'étais fatiguée, de guerre lasse, je n'avais pas envie de le perdre...)


Il y a une vraie "Zone grise" où Dits et non dits" voisinent avec "Contradictions et paradoxes" ainsi qu'avec " Les petits arrangements"...


"Méandres du plaisir", "Clitoris" et "Vite fait, mal fait":
Certains hommes peuvent faire l'amour (tirer un coup?) par automatisme (pour le plaisir d'utiliser leur... euh, pouvoir) alors que pour les femmes, "la chose" est bien différente, plus cérébrale et fusionnelle, une réelle complicité.


Sans parler de Freud, même "Dolto écrivait en 1982, que l'orgasme clitoridien est décevant, discordant, ambigu."
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Ce livre a été présenté en sélection hebdomadaire pour la bibliothèque dans laquelle je travaille. Je veille à ce que ce genre de livre, qui défend les femmes, qui dénonce les problèmes habituellement passés sous silence, soient présents en rayon, mis en valeur, quand ils sont de qualité.
Je dois dire que, cette fois, je me suis faite avoir en beauté. En diagonal, c'est bien un livre qui traite du consentement dans le couple, qui trace un spectre large sur les violences sexuelles domestiques dont sont victimes beaucoup de femmes. Mais, quand on le lit intégralement on se rend vite compte que c'est un procès de plus contre les femmes, cet homme, sociologue de métier, s'est emparé du covid-19 (le livre a été édité en mai-juin 2020), emparé du combat féministe qui éclate depuis plusieurs années pour faire un ramassis nauséabond de témoignages glaçants, sans apporter de réponses, (sauf, nous le verrons, dans le deux dernières pages du livre qui en fait 250) et en tapant allègrement sur tous les mouvements d'émancipation de la femme. Et, dans certains passages, il ne cache même pas son mépris, le cri haut et fort.
En somme, c'est encore un homme qui pense pouvoir parler des femmes, pour les femmes, mieux que les femmes. Les femmes ne comprennent pas leurs besoins, lui si.

L'article qui suit est une prise de note au fur et à mesure de la lecture, j'ai compris, dès l'intro, que j'aurai tellement à relever et à dire qu'il fallait que je fonctionne comme un journal. C'est donc un journal de lecture, à charge clairement, parce que je pense que ce livres est dangereux contrairement à ce qu'il veut affirmer.

Dès l'introduction, l'auteur nous familiarise avec un concept qui va revenir tout le long du livre, qui va revenir pour être piétiné : la « fable de l'égalité ». Issue des revendications féministes, elle est fausse. Voilà, c'est dit, les hommes ont plus de désir que les femmes. Sur quoi il se base ? On ne sait pas trop, rien de concret, juste sa perception d'homme à vrai dire. Dès les premières lignes je comprends que ce livre est de la récupération pour se faire de l'argent. Il a même l'affront de se moquer et de décrédibiliser ses collègues féminines qui travaillent à prouver le contraire.

Un peu plus loin il admet ne pas trop comprendre le mécanisme quand, parfois, la tendance s'inverse, c'est à dire que la femme est plus désirante que son compagnon, mais que la vraie question c'est de savoir pourquoi il y a un cas de figure récurrent, soit l'homme plus désirant que la femme.
Comment lui expliquer que c'est culturel ? Que partout à travers le monde et depuis des décennies, des siècles, parfois même des millénaires, la sexualité de la femme ne lui appartient pas ? Encore aujourd'hui d'ailleurs (Je vous invite à lire « La Malédiction d'être femme », de Dominique SIGAUD aux éditions Albin Michel) la sexualité de beaucoup de femmes leur est arraché. Interdiction de jouir de son corps. Pèse sur nos épaules une injonction ancestrale à ne pas disposer de notre corps et de notre jouissance. le mouvement féministe est un séisme mais on ne s'approprie pas notre liberté et notre désir du jour au lendemain. Certaines femmes arrivent à utiliser cet électrochoc, d'autres étaient déjà libérées de façon presque innée, car oui, il arrive parfois que les carcans ne fonctionnent pas et on parle alors de pionnières à travers l'histoire, de sorcières à d'autres époques, de féministes « extrémistes » aujourd'hui.

Autre cliché présenté dès le début : « les hommes adorent le sexe, les femmes adorent l'amour » et il semblerait que ce soit profondément encodé dans nos gènes n'est-ce pas ? On explique à ce Monsieur que la culture joue, là aussi, un rôle déterminant ? Toutes les histoires de notre enfance parle de prince charmant de celui qui nous aimera et fera de notre vie un paradis sur terre, il sera aimant, doux, serviable mais aussi viril, fort et courageux. de cet amour naitra une ribambelle de bambin et nous serons heureuses pour toujours. On nous dit que ce prince il faut le trouver absolument, sans ça malheur ! On nous dit que, pour ce prince, nous devons nous préserver, que le vrai plaisir ne pourra venir que de lui alors pourquoi partir à la découverte de son corps, de sa sexualité ? Avec soi, avec de multiples partenaires. NON, en tant que femmes on nous enjoint à trouver l'AMOUR, le vrai tandis qu'en parallèle on dit aux garçons « mais profitez, une fois qu'on vous passe la bague au doigts vous vous faîtes chier pour le reste de votre vie »
Et malgré ça, certains trouvent ça encore surprenant que les hommes se jettent à corps perdu dans un sexe libérateur et bon tandis que les femmes restreignent, freinent, oublient de découvrir leur propre plaisir, donnent tout à cet homme qui incarne l'amour le vrai, n'osent pas dire non ou chercher leur propre plaisir de peur de gâcher cet « happy ever after » enfin trouvé.

Je suis une femme et j'adore le sexe, il a fallu pour ça que je jette par terre l'éducation qu'on m'a donné, que j'oublie les injonctions sociales à être une fille lisse et bien sous tout rapport et accepter l'idée d'être une « salope » comme ils disent. En tant que femme et féministe je j'admet aussi très aisément que beaucoup d'autres femmes ne sont pas comme moi et c'est tant mieux, je prône la diversité, la complémentarité entres toutes et tous. Mais toujours en tant que femme et féministe, je persiste et signe : la culture patriarcale et masculiniste bride encore aujourd'hui en occident et partout dans le monde. Les femmes ne désirent pas moins, on tue leur désir et depuis trop longtemps. Creusant un fossé difficile à combler entre les deux sexes.

KAUFMAN, en guise d'argument contre l'idée que les femmes auraient des désirs similaires aux hommes (la fameuse « fable »), oppose les institutions judiciaires qui usent encore du caractère inné des impulsions chez l'homme. L'idée c'est que, si la justice parle d'impulsion masculine encore aujourd'hui, c'est bien la preuve que c'est plus fort chez l'homme que chez la femme. WTF depuis quand la justice est une entité neutre et indépendante de l'humanité ? On lui explique que les textes de loi sont rédigés par des hommes (et parfois des femmes) baigné(e)s dans la culture patriarcale que le féminisme justement dénonce ? On lui explique que nous nous battons aussi contre les ces institutions ancrées dans le passé ? C'est un argument sans valeur, un non sens. D'autant que plus loin, il admet lui même que ça s'expliquer en grande partie par le stéréotype de virilité qu'on véhicule depuis des siècles.

Je réalise à ce moment là que je suis très certainement tombée sur quelqu'un qui ne voit même pas les choses clairement dans sa tête, sur un livre en tout cas qui va jouer sur le flou et les contradictions pour ne mener à rien du tout, tout en influençant contre les femmes sous couvert de les défendre, l'auteur a une façon très sournoise de procéder et d'écrire : en gros titre : « les féministes ont tord, femmes vous n'êtes pas ce qu'elles prétendent ». En tout petit et en italique, au verso de la page et tout en bas « mais bon d'un autre côté il se pourrait bien quand même qu'elles n'aient pas tout à fait tord quand on prend le contexte général ».
Il laisse en vérité une petite place pour les féministes, ce n'est pas très actuel de les démolir complètement, mais insiste sur le côté biologique de sa vérité à lui : les femmes ont moins de désir c'est BIOLOGIQUE.
Bon, de deux choses l'une : Je ne me fie pas entièrement à la science et à la médecine pour me définir ce qu'est une femme et comment elle fonctionne, nous savons toutes et tous aujourd'hui à quel point les sciences sont elles-mêmes phallocentrées. Les soins et diagnostics pour les femmes sont toujours plus difficiles parce que toutes les données ont pour mesure l'homme. À partir de là, comment être objectif ?
Secundo, après cette affirmation sur la BIOLOGIE qui serait la preuve irréfutable de cette différence de désir, je vais me mettre en quête de l'argumentaire qui n'est pas présenté tout de suite et franchement, vous allez voir, ça va être épique.

Page 35, ce sociologue de renom ose dire que les femmes sont incapables de séparer sexe et sentiments. Là, j'ai réellement failli m'étouffer. Ce ne sera pas la dernière fois de cette lecture fumeuse. Il nie par là même absolument toutes les femmes qui ont un jour pris du plaisir, qui en prennent encore, dans les bras d'hommes (et de femmes) dont elles ne sont pas amoureuses. Nous n'existons pas. le désir de la femme, là encore, désintégré en une seule phrase. le plaisir chez la femme n'existe pas ou peu et le reste est une fable. Nous sommes effacées de son tableau d'un coup de chiffon, sans plus d'égard. Il participe à cette invisibilisation de notre plaisir s'en même s'en rendre compte (ou bien... ?)

Argument suivant : nous avons une libido aléatoire tandis que celle des hommes serait mécanique. Très bien, admettons que les fluctuations hormonales de notre corps de femme nous rendent sujettes à autant de fluctuations de nos désirs. Deux choses : les hommes aussi ont un cycle hormonale et sont sujets à des « humeurs » en fonction de la variation des taux. Mais de ça nous ne parlons pas parce qu'un homme de mauvaise humeur est un homme fatigué de prendre soin de sa famille, fatigué par sa femme ou bien tout simplement viril en sa qualité de mâle. Bien sûr.
La seconde réflexion c'est que, je ne sais pas pour vous mais, dans mon entourage, je ne connais pas un seul mec qui n'a pas connu des fluctuations dans ce domaine, des hommes qui avouent avoir envie à certains moments de la journée, dans certaines circonstances et pas du tout dans d'autres. Qui reconnaissent que le contexte joue sur leur désir, la partenaire aussi, leur état d'esprit aussi. Combien d'hommes arrivent aujourd'hui à assumer le fait que sans sentiments, sans émotions, ils sont incapables de bander ? Il n'y a rien de mécanique, pour aucun des deux sexes. La seule facilité des hommes c'est qu'on les félicite pour leur libido, il n'existe pas de frein sociétale à leurs désirs et, par conséquent, ceux qui peuvent bander et faire l'amour à tout va brillent dans notre société, ils sont mis en avant, encouragés, on ne voit qu'eux.
À ce stade de la lecture, j'étais déjà réellement offusquée face à tant de bêtises crasses.

Vient ensuite un constat qui m'a beaucoup fait rire (jaune) : les femmes prennent moins de plaisir et ont donc moins envie. Voilà. C'est tout ce qu'il dit. Sera passée sous silence la raison pour laquelle nous prenons moins de plaisir.
Je suis bien d'accord, si je ne prends pas de plaisir à faire une activité, j'aurai forcément bien moins envie de recommencer. Ça vaut pour les deux sexes là aussi. La vérité c'est qu'il y a encore tellement de tabou dans la sexualité féminine que beaucoup d'hommes ne savent tout simplement pas comment donner du plaisir à leur partenaire. On ne nous apprend qu'à identifier le plaisir masculin, sur le devant de la scène il n'y a que lui. À partir de là il y a forcément un déséquilibre, quand le plaisir n'est offert que dans un sens ça ne peut pas durer dans le temps. Pour beaucoup d'hommes pénétrer, bourriner, péter la rondelle, casser les petites pattes arrières, c'est ça un bon coït, c'est ça la sexualité virile et épanouissantes que les femmes attendent et dont elles rêves. Ah désolée messieurs penser ça c'est comme essayer de faire un gâteau avec seulement la farine et merci le porno !

Je constate que l'auteur effleure parfois le sujet de ce désir féminin si peu comblé et qui fini par disparaître, je sens qu'il sait aussi bien que moi ce qu'il devrait dire, les pistes qu'il pourrait lancer mais il ne fait que les effleurer parce qu'elles contrediraient tout son argumentaire et il revient insidieusement mais systématiquement à la frustration de l'homme. Celle de la femme est bénigne, évidemment. Effacée, inexistante, une fois de plus.
Même quand il remonte dans le temps pour expliquer le peu de considération qu'on a aujourd'hui pour le plaisir féminin et le consentement, il en revient aux hommes pour dire que c'était quand même pas facile pour eux non plus. Vous comprenez, eux il faut qu'ils bandent, qu'ils pénètrent, sacré pression ! Oui, bah en fait oui, c'est bien ce que disent aussi les féministes, ce patriarcat de merde écrase aussi bien les femmes que les hommes, c'est pour ça qu'on veut l'abattre mais dans cette guerre, désolée de le dire, quitte à passer pour une extrémiste, oui ce sont les femmes les plus mal loties alors merci d'éviter les chouinements de ce genre.
Et même si, historiquement, ça explique la construction phallocentrée et l'image du conquérant en terme de sexualité qui doit assiéger pour obtenir victoire (culture du viol dénoncée depuis le moyen-âge) et donc explique les failles actuelles, ça explique surtout pourquoi les femmes ont moins de désir face à cette sexualité entièrement masculine et construite de toute pièce. Mais ça, il ne le soulignera certainement pas.
À ce stade de la lecture je réalise que beaucoup d'arguments sont avancés sans chiffres, ça devient gênant, on ne sait pas sur quoi se basent réellement ce chercheur pour énoncer autant de conneries. Je suis page 45 d'ailleurs, et pas le moindre argument biologique à l'horizon.

Page 48, à la fin du premier paragraphe, il reconnaît enfin que tout est manière de faire et de contexte pour prendre plaisir. BAH ALORS ? Bien sûr, rien ne sera développé dans ce sens.

La suite de cette première partie du livre ne sera qu'une succession de témoignages glaçants sur les violences conjugales et sans réelle analyse. À tel point que j'en finis par me demander s'il ne prend pas un plaisir pervers à les énumérer.

Page 58, le paragraphe 2 provoque un réel malaise. Il sous-entend que c'est à la femme d'être plus ferme et virulente, à la hauteur de l'agression. Donc, si nous ne sommes pas assez fermes c'est un peu de notre faute ? Ce n'est pas plutôt aux hommes de se comporter correctement ? L'auteur est quand même très très très limite à mon goût.

Bon, bien sûr, tout le long nous avons un matraquage discret et bien présent de la « fable » féministe, il aime beaucoup les décridibiliser, les moquer. Il aime à prendre les propos d'autres pour faire passer ses propres idées, en affirmant par exemple que le sexe n'est pas une simple recherche de plaisir physique. Qu'est-ce que c'est que cette certitude à deux balles en fait ? Si lui y cherche une sorte de communion perpétuel avec le saint esprit tant mieux pour lui mais personnellement j'ai souvent envie d'un bon orgasme et, au vue des témoignages que je vois fleurir partout sur les réseaux ces derniers mois, je suis loin d'être un cas isolé.

Nous sommes page 75, j'attends toujours les arguments biologique au milieu d'une énumération d'horreurs.

Selon lui, ce n'est pas un problème si les relations sexuelles deviennent répétitives, c'est au contraire sensé rassurer contrairement à ce que dit la fable. Il est évident qu'il ne comprend absolument pas le principe de cause à effet. Les femmes s'ennuient, leur plaisir n'est pas forcément recherché, parfois difficile à trouver à cause d'un manque de communication évident, résultat d'une culture bien ancrée et maintenant il ose dire qu'on aime bien que ce soit toujours la même chose ? C'est bien mon gars, t'as tout compris.

Page 83 « L'homme nouveau est arrivé » cet homme qui ne force pas et respecte mais qui ne semble pas comprendre qu'il ne faut pas seulement écouter mais aussi ouvrir le dialogue et pas seulement celui du consentement mais celui du plaisir bordel !
KAUFMAN prend en appui, le témoignage d'un homme qui dit que c'est « vraiment bien sur le plan sexuel » tout en admettant que sa femme n'a JAMAIS su dire ce qu'elle aimait ou pas. WTF personne ne voit le problème dans ces deux affirmations jointes ? Cet « homme nouveau » faisait donc des efforts pour respecter ce décalage des désirs tout en admettant qu'il n'y avait toujours aucun dialogue.
Franchement, plutôt que de s'étendre sur les frustrations et les résignations, ne pourrait-on pas se pencher un peu sur les pratiques ? Rien ne m'a convaincue jusque là, je reste intimement persuadée qu'il peut y avoir autant de désir chez les deux sexes, il fonctionne juste différemment et comme nous vivons dans une société où seul le plaisir de l'homme compte et est appris, celui de la femme disparaît, meurt.

L'auteur passe tout le livre à faire des constats mais ne propose rien de concret. A chaque fois qu'il s'approche d'un début de réponse il passe à côté (délibérément ?) : page 96, les femmes font l'amour avec des sentiments puis elles se mettent en couple et avec l'approfondissement de leur amour le désir disparaît (ok, si l'amour est réellement le moteur féminin, il y a un truc qui ne tourne pas rond dans son raisonnement) sa conclusion est donc que les femmes ne font l'amour que dans la passion et les hommes ça s'excite toujours pour rien (désolée messieurs, peut-être trouvez vous ça un peu réducteur vous aussi ?).
Passons les clichés nauséabonds, il ne faut tout de même pas être sorti de Saint Cyr pour comprendre que sentiments et passions sont des facteurs parmi d'autres, il y a surtout toute une phase de découverte de l'autre qui rend les choses incroyables. Au début d'une relation on donne tout pour impressionner l'autre et c'est CA qui disparaît ensuite et fait fuir notre libido, le relâchement, la ROUTINE soit disant si rassurante. le quotidien, le manque d'attention et notre incapacité culturelle à savoir manifester notre désir. Elle est là la réponse.

En attendant, je suis page 97, toujours pas d'argument biologique en vue.

En fait, vraiment, tout m'agace. Témoignage suivant : elle l'aime mais elle ne le désire plus. Elle le trompe pour un désir très fort. Elle quitte son amant pour rester avec son mari mais ne le désire toujours pas plus : n'est-ce pas le parfait exemple que l'amour et le sexe sont dissociables chez les femmes ? KAUFMAN ne veut tellement pas voir certaines choses qu'il passe à côté d'évidences. Et pourquoi ? Parce qu'il rassure les hommes ici, pas les femmes. Votre femme ne veut pas coucher avec vous ? Ne vous inquiétez pas, vous n'y êtes pour rien, elle vous aime toujours autant tout va bien, réconfortez votre égo de mal, ce sont juste des femmes vous comprenez, c'est compliqué.
Et les idées féministes qui en reprennent un coup bien sûr.

Magnifique ! Page 103 il décourage au dialogue qui pourrait conduire à la séparation. Ce n'est évidemment pas dit comme tel, comme beaucoup de choses dans cet ouvrages c'est insidieux et d'autant plus dérangeant.
Sacralité du couple et de la famille, quitte à reproduire toutes les horreurs énumérées ? Quitte à laisser le mal-être s'installer pour les deux ? J'ai l'impression de ne plus très bien saisir l'intérêt de ce livre.

Plus loin, il définit le désir féminin comme fluctuant et lié aux émois en opposition à celui des hommes qui serait « remarquablement » stable. Bonjour le cliché. Il évoque les hormones mais admet que ça dépasse son domaine de compétence. S'il n'y avait que là. Mais il fait bien parce qu'il oublie de préciser que les hommes aussi sont soumis à des cycles hormonaux.

La suite en commentaire.
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Voilà, j'ai passé un été sans poster de critiques d'ouvrages. J'avais envie de lire, détachée de toute production postérieure, et de ne pas avoir à me questionner sur ce qu'il fallait retenir des lectures de l'été… Ça a été très agréable pour Tom la Patate et moi de ne pas « rédiger », mais le retour au bercail nous a fait réaliser que nous perdions nos « livres » lorsque nous ne les consignions pas.

Parmi les différents ouvrages de l'été, j'ai choisi d'ouvrir cette rentrée par un livre de sociologie bien sûr, car je suis encore fidèle à mon tout premier amour. L'auteur de cette étude n'est autre que le célèbre Jean-Claude Kaufmann, un sociologue relativement médiatique car il parle d'amour et de sexualité. C'est un spécialiste du quotidien et donc micro-sociologue, qui fouine dans la vie des ménages du lundi au dimanche, à la recherche d'une compréhension fine de l'amour au jour le jour. Tous ses ouvrages ne sont pas de niveau homogène mais j'avais été très marquée, à 20 ans, par son célèbre Casseroles, amour et crises qui révélait, entre autres, que les grandes décisions du couple se prenaient soit durant les repas, soit dans la cuisine.

Aujourd'hui, l'ouvrage dont je vais vous parler n'est pas un ouvrage des plus gais sur la vie de couple, bien que nous aimerions toutes et tous qu'il s'agisse de révélations heureuses. Pas envie ce soir, au titre sans équivoque, retrace les principales conclusions de recherches menées dans l'intimité des couples, notamment des « vieux couples », c'est-à-dire ceux qui ont dépassé la phase fusionnelle du début, qui sont passés de la phase « mouvement » à la phase « confort », pour reprendre les termes de Kaufmann.

Bien que j'aie terminé ce livre il y a presque 3 mois, je me souviens du début qui expliquait que le désir chez les femmes et chez les hommes ne connaît pas la même route. Chez les femmes, le cycle conjugal du désir est le plus fort au moment des actes engageants, fondateurs. Grosso modo, le début d'une histoire, la préparation et le vécu du mariage, l'envie de fonder une famille, d'acheter une maison etc., sont des évènements de vie qui suscitent le désir et l'excitation, y compris sexuels. Dans la construction, dans l'engagement, dans la fondation, quand tout est encore possible, la femme maintient un rythme libidinal. En revanche, celui-ci chute après, comme vous l'aurez compris (enfin, ce n'est pas le cas pour toutes les femmes mais cela relève malgré tout d'une écrasante majorité). Chez l'homme, les choses se pensent différemment. le désir est plutôt linéaire, sauf fatigue, stress et anxiété évidemment, mais il n'est pas soumis aux mêmes écarts. Car la femme souffre de plusieurs choses, n'en déplaisent aux hommes : de routine, de charge mentale, d'agacements. Et le mélange de ces ingrédients, à plus ou moins long terme, lutte contre le désir. Voici ce qu'explique l'auteur :

Sur la routine :
« Hommes et femmes se positionnent très différemment vis-à-vis de cette question. Il ne s'agit nullement d'un héritage historique, mais d'une nouvelle complémentarité des rôles dans les couples contemporains. Les hommes acceptent volontiers cette logique de confort, de réconfort et de moindre effort, qui leur permet de récupérer du stress et de la fatigue supportés au-dehors et qu'ils tentent d'élargir à l'ensemble de la famille pour en faire une philosophie du bien-être immédiat … Ils se sentent bien dans le petit monde stabilisé que le couple a édifié. Les femmes ont été les stratèges et ouvrières à l'origine de ce vaste système domestique, exigeant et perfectionné, qui génère inéluctablement des routines. Cependant, dans leur esprit, cette réification routinière doit être combattue par une sorte de mouvement permanent … Il faut que ça bouge, que ça bouge sans cesse. Face à cette agitation perpétuelle qu'ils ont parfois du mal à suivre, les hommes ont besoin de reprendre leur souffle. … le prince charmant du début, si tant est qu'il ait existé, n'est plus qu'un gentil crapaud. Gentil, mais crapaud quand même. Avachi dans le canapé, il ne fait plus rêver. Il agace aussi à force de ne pas se secouer, de ne pas faire un minimum pour réveiller modestement le rêve de sa partenaire ».

Sur la charge mentale :
Cette vérité commence à être connue des hommes mais demeure incomprise. Il faut comprendre que les femmes ont généralement été l'ouvrière n°1 du couple et de la famille. Elles régissent la vie sociale, le quotidien à la maison et bien souvent l'organisation de tout ce qui touche aux enfants. Cela ne veut pas dire que les hommes n'aident pas, fort heureusement. Cela veut juste dire que généralement ils font, mais n'ont pas la pensée de faire. La femme va dire « il y a ceci, il y a cela » et l'homme, souvent de lui-même, va aider. Mais il n'aura pas connu le poids initial, celui de penser à ce qu'il y a à faire.
« La charge mentale tient non seulement au partage inégalitaire des tâches, mais aussi au nouveau jeu de rôles qui s'est établi dans le couple. Les femmes étant les stratèges et les organisatrices de l'univers domestique et familial, elles supportent une surcharge cognitive évidente. Il est question tout simplement d'une tête trop remplie pour pouvoir rendre le corps disponible ».

Sur les agacements :
« Dans le couple, l'agacement est massivement féminin, parce que les femmes sont en pointe dans tous les domaines et fixent de très grandes exigences (sauf en matière de sexualité). Les hommes ne peuvent donc presque jamais être à la hauteur, que cela concerne la tenue de la maison, la dynamique relationnelle ou l'éducation des enfants. Ce déficit chronique a le don d'énerver les femmes ».

En résumé, voici ce qui sépare les hommes des femmes dans leur rapport au désir. Les hommes ont une approche bien plus « simple » finalement, et l'on peut comprendre leur déception face à des femmes compliquées. Mais la question n'est pas de changer les uns ou les autres (même s'il faut clairement réinventer les rôles), mais de voir ce qui peut advenir avec une telle distribution des cartes.

Face à ce constat un peu décourageant, les recherches de Jean-Claude Kaufmann présentent des résultats encore plus déprimants.

Dans la meilleure des options, après des années de vie commune, la femme accepte de faire l'amour de temps en temps, avec un consentement oscillant entre « j'ai un peu envie » et « je n'ai pas vraiment envie mais je peux bien lui donner ça, la vie de couple est faite de compromis ». Ce n'est pas la panacée, me direz-vous, mais c'est somme toute relativement rare et mérite d'être applaudi. Avoir du désir quand on vit depuis 10 ans, 15 ans, 20 ans ou 30 ans avec la même personne relève d'un idéal quasi-inatteignable. D'ailleurs, cela se saurait, nous n'aurions certainement pas le même taux de séparation.
« J'ai vraiment pas envie de me forcer au début, je suis ailleurs, j'ai pas envie de ça. Il insiste quand même tranquillement et je me laisse entraîner. Après, comme on dit, l'appétit vient en mangeant – pas toujours pour moi, ce n'est pas vraiment des orgasmes, pas souvent. Mais finalement, je ne suis pas mécontente quand même, parce que cela m'a vidé la tête et je m'endors bien ».


Dans une autre version, le désir s'est absenté mais la tendresse demeure présente. La femme refuse de se forcer et l'homme accepte, bon gré mal gré.
« Ce si gentil mari ne les fait plus vibrer. Elles en sont désolées, mais elles n'ont plus de désir sexuel pour cet être aimé. Aimé, oui : elles le soulignent. Elles l'aiment vraiment. D'un autre amour, toutefois, fait d'un attachement chaleureux sur la longue durée. Pas le choc de la rencontre qui remue tout à l'intérieur. Avec le gentil mari, elles ne sont pas contre les caresses. Ou plutôt, elles ne seraient pas contre si ces caresses n'étaient pas presque systématiquement le prélude à des relations sexuelles, même s'il n'y avait pas pensé au début. Pourquoi le désir s'est-il enfui ? s'interrogent-elles avec angoisse ».


Nettement moins sympa, la troisième option relève de la femme qui ne supporte plus ni le peau-à-peau, ni l'odeur de son partenaire. A ce stade, le couple se dirige soit vers une chambre à part, soit vers un viol domestique, soit vers une séparation.

Il faut noter, et c'est un point très important, que le viol domestique concerne beaucoup, beaucoup, de couples. Et ceci à cause de la « zone grise ». La zone grise, c'est la zone où le consentement n'est pas clair, parce que la femme « épouse » n'est pas claire, rongée entre son sens du devoir de se soumettre au devoir conjugal (et oui, ça persiste !) et la défense de ses souhaits et intérêts personnels. du coup, le « non, je ne veux pas » n'est généralement pas affirmé. Les femmes font semblant de dormir, disent « non » en rigolant, restent inertes et passives au possible pour faire comprendre… Les hommes ne pensent pas forcément mal faire (sauf violence évidemment). Personne ne leur a dit « non je ne veux pas et tu n'as pas le droit », alors ils caressent leur femme qui dort, ils forcent un peu, ils plaisantent… Et généralement, la femme en ressort plus dégoûtée qu'avant, mais avec le triste sentiment du devoir accompli et le soulagement d'avoir devant elle quelques jours tranquilles.

TRISTE CONSTAT DE RECHERCHE.

Qui donne quand même un peu envie de sauter par la fenêtre quand on pense que nous sommes en 2020.
Mais voici la réalité du paysage sexuel chez les couples hétéros, et c'est bien de la connaître.

Pourquoi les gens restent-ils ensemble si la question charnelle suscite tant de frustrations et de soucis ?
« Bien sûr, un désir partagé qui crée l'étincelle et fait sortir de soi permet de renouer avec l'élan fondateur et se pare des atours du rituel de confirmation. le symbole est fort. C'est une inestimable cerise sur le gâteau. Un gâteau qui toutefois n'a pas besoin de cerise pour être savoureux. Les couples imaginent leurs rituels et leurs systèmes d'échange de manières extraordinairement diverses. Et la sexualité occupe dans ces systèmes une place très variable, de centrale à marginale. La centralité du sexe n'est ni une obligation ni une garantie de bonheur. C'est même peut-être l'inverse qu'il faudrait avoir en ligne de mire : partir d'attentes modestes pour pouvoir se réjouir des petites avancées ».

Alors que faire ? que penser ?
Le couple doit trouver ses propres arrangements, dit l'auteur. Trahir, s'ouvrir, parler, discuter, négocier, et choisir.
« La parole doit se libérer avec force, même si ce n'est pas facile … Car le refoulement, le silence, le sacrifice finissent par créer l'habitude du refoulement, du silence, du sacrifice et par rendre toujours plus compliquée l'expression d'un non-consentement. le couple s'installe dans une routine qui masque l'insatisfaction des deux partenaires. Situation dangereuse en ce qu'elle peut engendrer une dégradation encore plus poussée de la relation … Ce travail des couples sur eux-mêmes restera difficile tant que les fables modernes de la sexualité ne seront pas déconstruites. Telle est la première urgence : dire la vérité sur ce qui se passe dans de nombreux couples. Ce simple fait pourrait déculpabiliser beaucoup de femmes. Cela permettrait aussi à beaucoup d'hommes de comprendre que ce ne sont pas eux en tant que personnes qui sont rejetées. le chantier qui s'ouvre devant nous est gigantesque, mais enthousiasmant. Nous devons respecter l'autre dans le couple, entendre sa diversité. Et, malgré les divergences, les blocages, les non-dits, tenter avec bonheur et insouciance de faire (un peu) mieux l'amour ».

Voilà, je vous avais dit que cela vous ferait plaisir, une petite rentrée sociologique !

Jo la frite

PS : Sur des sujets similaires, lire Au-delà de la pénétration de Martin Page et King Kong Théorie, de Virginie Despentes

Lien : http://coincescheznous.unblo..
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L'affaire Weinstein (octobre 2017) et conséquents mouvements d'indignation collective #MeeToo / #BalanceTonPorc, mais surtout le déferlement de violences conjugales durant les périodes de confinement dû au covid-19 ont posé la problématique du consentement aux relations sexuelles à l'intérieur du couple et initié une interrogation plus générale sur le désir asymétrique au sein de la conjugalité.
Jean-Claude Kaufmann sociologue du couple, de l'individu et (des vétilles) de la vie quotidienne, à qui il est de plus en plus reproché de « faire dans le populaire », dans la vulgarisation facile par rapport à ses premiers essais qui étaient indiscutablement plus documentés et substantifiques, possède cependant une technique bien rodée qui accorde une place prédominante à un corpus souvent impressionnant d'entretiens et de témoignages anonymisés, recueillis pas l'Internet, laquelle, en l'occurrence, me semble la plus opportune pour dévoiler des mécanismes sociaux occultes qui parfois contredisent la théorie et surtout les évolutions sociétales que nous appelons de nos voeux.
Aussi, d'emblée, postule-t-il que trois de nos aspirations féministes relèvent, dans l'intimité des chaumières, pis que de mythes, de vraies « fables » : 1. « la fable du non-consentement facile », 2. « la fable de la sexualité épanouie », 3. « la fable de l'égalité » des désirs entre hommes et femmes.
L'essai s'articule autour de trois parties. Dans la première, « Les souffrances secrètes », l'observation est posée de la divergence des désirs entre les conjoints, de la persistance du mythe du « mâle vigoureux » et de « la femme frigide ». Dans une analyse qui prend en considération successivement le point de vue des femmes et celui des hommes, est convoqué le concept d'une « zone grise » dans laquelle il est généralement difficile de distinguer entre un non-consentement caractérisé, concernant des situations d'une indubitable gravité pouvant atteindre le viol domestique et les agressions répétées, et un non-consentement ambigu, fait de la persistance de l'idée du « devoir conjugal », de la « réserve » féminine, du dicton que « l'appétit vient en mangeant »... Il est question du sexe comme d'un « rituel de confirmation » et d'autre part de la résignation mutuelle, à se laisser faire ou à s'abstenir de demandes trop pressantes, résignation souvent consentie pour préserver la famille et les sentiments qui peuvent subsister ou non, assez indépendamment du désir de l'une et de l'autre.
La deuxième partie pose une notion fondamentale dans cet ouvrage : celle de la « trajectoire du désir » : cyclique pour les femmes, généralement assez linéaire pour les hommes. le cycle du désir féminin est posé comme caractérisé par une forte chute au moment où le couple « s'installe dans ses meubles », et en particulier suite à la naissance des enfants, quitte à resurgir avec force dans le cadre adultérin. L'insatisfaction de la routine conjugale et ses causes, l'asymétrie dans la perception de l'infidélité de l'époux et de l'épouse, ainsi que les « questions techniques », c'est-à-dire la part que le clitoris, la pénétration, les préliminaires et autres grandes vérités (!) de sexologues peuvent avoir dans la question du plaisir, sont abordées dans cette partie.
Enfin la troisième partie, « Au coeur de la zone grise » part du postulat assez déconcertant que, malgré la libération de la parole sur la sexualité partout dans la société, il règne au contraire, au sein du couple, une grande réticence à exprimer une parole ouverte et directe sur les avatars du désir, non par pudibonderie ou par manque d'imagination, mais souvent par une conscience profonde et justifiée de la dangerosité du sujet au vu de la pérennité du couple. Les rires et les pleurs, les clarifications après coup, les tâtonnements, les formes de « résistance passive » prévalent. D'autant plus que, par un paradoxe qui n'est qu'apparent, la surabondance du discours sur la jouissance, qui semble d'abord libérateur pour les femmes, s'avère en fait normalisateur, source d'injonctions culpabilisantes et d'un surcroît de souffrances ; s'y ajoutent des facteurs discursifs carrément contradictoires par rapport au vécu et aux ambitions répandues : les aspirations, surenchères et quelques « suggestions » d'un certain féminisme, le discours médicalisant des sexologues, la prévalence de fantasmes « incorrects » émanant d'une littérature de romance hard et de la violence de certains documents audiovisuels, fantasmes fondés sur un « nouveau romantisme » du « mâle alpha » qui a pour conséquence, entre autres, de précipiter dans un profond désarroi les « hommes gentils », les « pères attentionnés », ceux qui évoluent dans la considération croissante de la partenaire et dans la recherche de l'égalité et du respect dans les deux sphères en tension que sont précisément le sexe et la répartition des charges domestiques... le dernier chapitre de cette partie a trait aux « petits arrangements », qui se déclinent en : pratiques échangistes, polyamour et autres formes de « couple ouvert », et une série de verbes à l'infinitif : « Parler, Choisir, Négocier, S'accorder, Inventer »... En conclusion, sans doute décevante sur le plan de la théorisation : chacun a sa technique, aucune n'est une panacée, l'important étant de ne pas « sortir de la zone grise » en franchissant « la ligne rouge » de la violence et des regrets d'après-coup(s).
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Je m'étonne de la parution du titre Pas envie ce soir de Jean-Claude Kaufmann. 2020
En effet ce livre m'a glacée. de ce qu'il dit, sous un discours qui cache son jeu, sous des arguments non justifiée et souvent fallacieux, ce qu'il dit donc de la culture du viol.
Je suis très étonnée de voir un tel livre dans votre maison d'édition qui s'appelle "les liens qui libèrent".
Ce livre ne libérera de rien, en tous les cas pas les femmes. Encore faudrait-il que ça en fût l'intention.
Ce que j'ai lu :
Les femmes devraient faire plus d'efforts pour comprendre les hommes : elles sont donc coupables et responsables; les hommes eux ont du mal, ce n'est pas facile d'être un homme dans notre société performante, ils ont besoin d'empathie.
Consentir un rapport sexuel peut permettre l'échange de services dans le couple. p251 « consentir à faire l'amour peut donc adoucir les moeurs, ou inciter à marie à étendre le linge. » Dixit l'auteur. ah oui le sexe comme monnaie d'échange va libérer les femmes et les hommes, c'est certain.
L'égalité homme femme est une fable qui a les conséquences que l'on sait : les femmes sont insatisfaites, et comme c'est elles qui l'ont voulu C.Q.F.D.
Les témoignages qu'a récoltés Jean-Claude Kaufman via son blog sont effrayants de ce qu'ils disent de la domination masculine, de l'impérieux désir des hommes qu'ils imposent aux femmes et jamais Jean-Claude Kaufmann ne fait d'analyse sérieuse de la domination masculine qui est à l'oeuvre dans ces relations toxiques. Il fait un constat, un état des lieux n'en tire aucune conclusion, c'est véritablement décevant, pire accablant.
Enfin, dès qu'il le peut Jean-Claude Kaufmann rappelle combien le corps féminin est compliqué dans son fonctionnement, comme les femmes sont complexes et impossibles à comprendre, à cerner, etc. Écrire cela c'est bien être misogyne tout en s'en défendant. A jeter vite fait
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
6. « [cit. de Jean-Claude Guillebaud, La Tyrannie du plaisir, (1998):] "Un extraordinaire tapage sexuel colonise aujourd'hui jusqu'au moindre recoin de la modernité démocratique. Plaisir promis ou exhibé, liberté affichée, préférences décrites, performances mesurées ou procédures enseignées à tout va : aucune société avant la nôtre n'avait consacré au plaisir autant d'éloquence discursive, aucune n'avait réservé à la sexualité une place aussi prépondérante dans ses propos, ses images et ses créations […] Le contenu proclame une liberté quand la surabondance signale un désarroi ; le message célèbre un triomphe, mais le trop-plein de mots trahit une inquiétude."
[…]
Le principe émancipateur trouve ses limites quand, par un retournement insidieux, il se convertit en norme hégémonique produisant à son tour un système de contraintes, des injonctions, des souffrances. […] Plus la fable de l'épanouissement remplit les colonnes et envahit les écrans, plus les femmes culpabilisent individuellement et se posent la question de leur normalité tandis que le désir décline dans la trajectoire conjugale. » (pp. 204-206)
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(p. 69)
Le silence dont nous allons parler maintenant s’articule à la volonté de consentir malgré tout, malgré le manque d’envie, la lassitude. C’est un silence d’ auto-conviction, qui s’exprime en pensées très confuses et contradictoires. Le désir s’est enfui. Des petits bouts de mots peuvent sortir au début, impromptus, à peine audibles: « of », « pas trop envie », « fatiguée ». Mais, dès que la réflexion se met en marche de manière plus active, toute une série d’arguments traversent l’esprit et incitent à refouler l’expression du refus. Silence.
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Le fonctionnement du couple joue aussi un rôle essentiel pour jouir de l'art du "bon confinement", quand les deux partenaires avaient appris (avant le confinement) à gérer les petites insatisfactions et frictions ordinaires, à les dépasser par une attitude de soutien inconditionnel au partenaire et de confiance mutuelle ; le b.a.-ba de l'amour au quotidien.
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. « Un couple, ne met pas aux prises deux inconnus qui négocieraient ouvertement leurs désirs et leurs intérêts ; il intègre deux personnes dans une interaction amoureuse. Je ne parle pas ici des élans de la passion, qui représentent une modalité un peu différente, mais de l'amour ordinaire, au quotidien, qui fonde la relation. Et qui est constitué par l'acceptation permanente de toutes les petites insatisfactions, le refoulement des agacements. Il ne peut exister de couple si l'on ne commence pas par tolérer toutes sortes de choses qui ne font pas spécialement envie. Ou, plus exactement, par refuser de penser à ce qui se révélerait ne vraiment pas faire envie si l'on y pensait réellement. » (pp. 52-53)
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3. « [Dans la première phase du « cycle conjugal »] Les femmes se donnent corps et âme dans l'aventure familiale, ne réservant qu'une portion congrue à leurs aspirations personnelles ; les hommes s'engagent plus qu'hier dans l'univers domestique, mais les choses avancent à la vitesse de l'escargot. Or, quand la divergence des désirs ouvre une situation de crise dans le couple, cette polarisation apparaît inversée. Les hommes s'accrochent au rituel de confirmation conjugale, déclarant à qui veut les entendre qu'il ne s'agit pas – ou pas seulement – de leur plaisir personnel, mais d'une volonté de redynamiser le couple, de revivifier le sentiment amoureux. Les femmes, au contraire, tentent de se dégager de cette emprise collective pour exprimer une souffrance, un refus, un rêve d'ailleurs, un besoin d'épanouissement individuel. » (p. 127)
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Videos de Jean-Claude Kaufmann (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Kaufmann
https://www.laprocure.com/product/1073037/kaufmann-jean-claude-petite-philosophie-de-la-chaussette
Petite philosophie de la chaussette Jean-Claude Kaufmann Éditions Buchet-Chastel
« La chaussette, c'est sans doute l'accessoire de notre vestiaire le plus discret, le plus anodin, parfois même le plus invisible, et c'est un défi que relève dans ce livre Jean-Claude Kaufmann : nous présenter une Petite philosophie de la Chaussette pendant deux cents pages. C'est vraiment un livre passionnant, parce qu'on découvre que la chaussette cristallise en fait bien des aspects de notre époque contemporaine, notre rapport à la mode, notre rapport à l'argent, notre rapport aussi au couple... » Guillaume, libraire à La Procure de Paris
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