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EAN : 9782021463095
352 pages
Seuil (05/05/2023)
3.82/5   139 notes
Résumé :
Le Cid : l’homme derrière la légende.
Loin du mythe manichéen du Cid patriote prêt à défendre corps et âme son roi contre l’invasion des Maures, Sidi est l’histoire d’un chef de guerre hors pair qui, après avoir été exilé par le roi Alphonse VI, vend les services de sa troupe de soldats profondément dévoués au mieux offrant. Dans cette lutte pour la survie en territoire hostile, Ruy Díaz, dit Sidi, est une force de caractère que ses faits d’armes transformero... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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Chacun cherche son Cid, et Pérez-Reverte a créé le sien, un Campeador meneur d'hommes qui bataille le long de la frontière du Duero.
Rodrigo Díaz de Vivar a dû quitter la Castille après une brouille avec le roi Alphonse VI, et c'est suivi d'une troupe d'une cinquantaine de fidèles qu'il offre ses services aux souverains chrétiens ou musulmans.
Le récit débute sur l'incursion du Cid et de sa troupe en territoire hostile. Des notables de la ville d'Agorbe les ont payés pour pourchasser et tuer des pilleurs maures. Pour gagner sa vie, il entre ensuite au service de la Taïfa de Sarragosse, sous les ordres d'al-Mutamán qui mène campagne contre son frère Mundir, gouverneur de Lérida, allié au comte Berenguer Ramón II de Barcelona ainsi qu'au roi d'Aragon Sancho Ramírez.
Commence alors la geste épique du Cid, qui après avoir pourchassé des petites troupes le long du Duero livre de grandes batailles dans la vallée de l'Ebre: Monzón, Tamarite et surtout Almenar, où il capture le très arrogant comte Ramón Berenguer II.

Sidi n'est qu'un épisode dans la longue et captivante existence de Rodrigo Díaz de Vivar. Mais quel épisode! On retrouve dans ce roman le Pérez-Reverte que l'on aime, celui des batailles, de la soldatesque, de la complexité des jeux politiques.
L'auteur déboulonne le mythe franquiste du Cid croisé boutant le maure hors d'Espagne.
« Sólo soy un hombre de la frontera », déclare El Campeador, et cette phrase symbolise bien le roman. Car frontière il y a, en ce XIème siècle, des territoires chrétiens, des taïfas musulmans, des pauvres gens qui tels des pionniers de la conquête de l'ouest s'installent dans des no man's land entre des frontières mouvantes et fluctuantes pour travailler la terre, et se retrouvent à la merci de mercenaires, de pillards, de maures arrivés d'Afrique..Mais cette frontera qui a fait l'Espagne est infiniment plus complexe puisque les maures ont des alliés chrétiens, et les chrétiens des protecteurs maures, et que le Cid combat tantôt les uns, tantôt les autres…

Sidi est donc est une geste guerrière, un western médiéval avec sang et poussière, qui montre la fulgurante évolution d'un petit nobliau de province qui devient peu à peu un fin stratège, un meneur d'homme respecté des maures (qui le surnomment Sidi Qambitur) et des chrétiens, un homme d'honneur en ces temps agités. Le récit est riche de scènes d'actions, et de dialogues, pétri de vocables latins, castillans, arabes. Sidi est la naissance d'une légende. Le lecteur savoure le dialogue final entre le prisonnier Ramón Berenguer II et Díaz de Vivar et apprécie l'anecdote liée à Tizona , selon la légende, l’une des épées lui ayant appartenu (avec Colada). Ce n'est pas le portrait triomphant et manichéen du héros de la Reconquista, c'est le parcours d'un homme intelligent à l'aura grandissante quelques mois après son expulsion de Castille sur ce que fut la Frontera au XIème siècle.
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"Les légendes ne subsistent que vues de loin" (p 38).... Arturo Perez Reverte nous démontre le contraire, tant il nous plonge dans la légende

On a tous en souvenir cette tirade, tirée du Cid de Corneille, que certains ont dû à une époque apprendre par coeur :
"ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras qu'avec respect toute l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Oeuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur ;
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur ;
Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne
Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument
Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
Fer jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M'as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger en de meilleures mains."

Et bien vous pouvez oubliez ce que d'aucuns considèrent comme un mauvais souvenir, et plongez vous dans ce roman historique de très bonne facture.
J'avais quitté l'auteur il y a quelques années, 1990/2000 suite à la lecture des aventures du Capitaine Alatriste, ou le tableau du maître flamand.
Peut-être est-ce moi qui avais trouvé un manque de souffle dans ces ouvrages ? , ou peut-être est-ce l'auteur qui avait eu du mal à se renouveler ?.

Quand Babelio et les Éditions du seuil m'ont proposé à la lecture ce nouveau roman d'Arturo Perez Reverte, j'avoue que je ne m'attendais pas à me laisser happer de cette manière.
Il y a pour moi deux types de romans historiques :
Ceux dans lesquels l'aspect historique est un prétexte à venir y apposer un imaginaire, que l'on peut considérer comme collectif, voire une intrigue capillotractée. Et au final vous vous retrouvez avec avec un roman poussif dans lequel tout se mélange pour finir par composer un roman historique ;
Et ceux dans lesquels, vous êtes immédiatement happé par une histoire qui tient la route, une écriture soutenue et rythmée, des personnages charismatiques, un souffle épique, un subtil mélange entre histoire et romanesque. Bref un savant dosage qui une fois bien respecté donne ce genre de passage :

"Il prit de nouveau une inspiration profonde pour juguler le vague frémissement qui montait de son aine jusqu'à son estomac et son coeur. C'était une sensation familière, qu'il avait découverte dix-sept ans plus tôt pendant la bataille de Graus, quand la cavalerie castillane avait chargé celle de l'Aragon.
Ce jour-là, pendant qu'avec trois cents autres cavaliers il baissait sa lance, serrait les dents et piquait sa monture en priant Dieu de le sortir de là vivant, il avait éprouvé pour la première fois, dans les innervations de ses cuisses et de son ventre, la sensation pareille à celle que produit le son d'une lame d'épée dont on avive le tranchant sur une pierre à aiguiser : le profond et subtil effroi, que les mots ne peuvent rendre, de la chair consciente de sa vulnérabilité quand se présente l'acier qui peut la percer, la trancher et la donner en pâture aux vers.
À cet instant-là, il s'aperçut que les Maures avaient découvert que la chênaie leur cachait quelque chose. On les entendait crier dans leur langue, quelques-uns d'entre eux pointaient le doigt dans leur direction, et le gros de la troupe s'arrêtait, en tumulte. Leurs éclaireurs faisaient demi-tour et revenaient au galop.
Le moment était venu.
Il se tendit tout entier et regarda enfin Félez Gormaz. Sans geste ni ordre, celui-ci cracha de côté, porta le cor à ses lèvres et fit retentir un long bramement. Ruy Díaz avait déjà piqué son destrier, qu'il fit sortir du bois.
Allons-y, se dit-il, résigné à l'imminence du choc. Qui s'ajoutait à la trouble sensation d'aller à la rencontre d'un ennemi sans que rien s'interposât entre eux.
De nouveau, il était temps de vivre ou de mourir. D'approcher de la rive obscure.Il éperonna un peu plus, gagnant de la vitesse. Pendant que Persevante passait du pas au trot, il songea un instant à Jimena et à ses filles, avant de les oublier. Là où il allait, elles ne pouvaient l'accompagner. Il était même dangereux de les avoir à l'esprit, elles distrayaient son attention. L'affaiblissaient. le faisaient penser à la vie, au désir de la préserver à tout prix, et cette pensée avait raison de n'importe quel guerrier : c'était le principal empêchement, si l'on voulait rester en vie. "

Vous l'aurez compris les pages défilent à la vitesse d'un destrier lancé à pleine vitesse avant l'assaut.
On ressent la poussière soulevée par les lanciers et le galop des chevaux ;
On sent la chaleur du métal des épées qui s'entrechoquent, des heaumes cabossés par les coups ;
On respire le souffle des hommes qui se battent, de la respiration des chevaux ;
On scrute l'horizon à la recherche des ennemis.
Une immersion dans la légende
Beaucoup se sont emparés du personnage du Cid, mais bien peu en connaisse l'histoire. Celle de Rodrigo ou Ruy Díaz de Vivar, dit El Cid Campeador (littéralement vainqueur de batailles), né peu après l'An Mil, et qui est un chevalier ou plutôt un mercenaire de la Reconquista. Il servira le premier roi de Castille, puis passera au service du roi de Léon, ensuite il se mettra au service de l'émir de Saragosse et deviendra Sid, Sidi : "Sidi Qambitur, dans ma langue… Maître triomphateur, dans la tienne"
Alors en résumé, enfilez votre haubert et votre camail, votre armure, votre heaume attrapez votre écu, et ¡Santiago!. ¡Castilla y Santiago! Foncez vers ce roman

Et Je partis seul à l'assaut de ce livre ; mais sans prompt renfort,
Je me vis repu de ces aventures en arrivant à bon port,
Tant, à le suivre marcher avec un tel visage,
Je lus que les plus épouvantés reprenaient de courage !
Le reste, dont le nombre augmentait à toute page,
Brûlant d'impatience, autour de lui demeure bien sages,
Se couche contre terre, et sans faire aucun bruit
Passe une bonne part d'une si belle nuit.
Par son commandement la garde en fait de même,
Et se tenant cachée, aide à son stratagème ;
Et je lus hardiment d'avoir reçu de ce livre
Une histoire que la légende continuait à faire vivre.

"Le plus souvent, les légendes se construisent sur des défunts. Mais toi, tu es une légende vivante, Sidi Qambitur."
Il est certain qu'avec ce genre de texte la légende est loin de s'éteindre et est bien toujours vivante
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Il a bourlingué un peu partout sur la planète en tant que journaliste correspondant de guerre. Il est aussi l'auteur de nombreuses fictions historiques et policières, dont plusieurs ont été primées et portées à l'écran. Pour Sidi, son dernier roman, le troisième que j'aurai critiqué, Arturo Pérez-Reverte a réécrit l'épopée de Ruy Diaz de Vivar, surnommé Sidi (Seigneur en arabe), un personnage de la légende médiévale hispanique, qui avait inspiré le Cid à Corneille.

Les événements servant de cadre au récit datent de la fin du XIe siècle. Après la dissolution du califat de Cordoue, qui avait unifié une Andalousie mauresque (Al-Andalus), l'Espagne se retrouve morcelée en petits états indépendants ; dans la partie musulmane, une dizaine de royaumes (ou taïfas) ; dans la partie chrétienne, les royaumes de Castille, Navarre, Leon, Aragon et le comté de Barcelone. Les haines personnelles et les ambitions territoriales amènent les souverains à se faire la guerre, nouant à cet effet d'éphémères alliances, sans forcément d'exclusive religieuse.

Le roman relate un épisode de la vie du capitaine Ruy Diaz, ou Sidi, un chef de guerre indépendant, à la tête d'une compagnie de cavaliers lanciers, des mercenaires qu'il a réunis sous son étendard. Banni par le roi de Castille, Ruy Diaz cherche un souverain acceptant de l'engager pour un bon prix avec ses hommes. Rejeté avec mépris par le comte de Barcelone, Sidi signe un contrat avec le roi de la taïfa de Saragosse, un Maure pour lequel il va combattre.

Très documenté selon son habitude, l'auteur a incorporé au récit nombre de détails sur les moeurs de l'époque, qu'on est bien obligé de trouver barbares. Adeptes d'une solidarité virile et soumise à leur chef, les hommes s'en vont en guerre encombrés de harnachements lourds et d'armes à la technologie fruste. Les combats sont sans merci ; on tue pour ne pas être tué ; pas de prisonniers sur les champs de bataille ! Lors des razzias sur les villages et les fermes isolées, les hommes sont exécutés, les femmes et les enfants emmenés en captivité pour être vendus aux marchands d'esclaves.

L'emploi de dialogues bien tournés, un peu répétitifs toutefois, est une façon habile de présenter les stratégies et la psychologie du chef de guerre, ainsi que sa technique de motivation des hommes. le récit s'enlise un peu — à mon goût — dans les longues pages guerrières décrivant les positions à attaquer, les préparatifs des hommes et de leurs chevaux, puis les charges, les corps-à-corps. Pérez-Reverte connaît d'expérience le sujet et il sait trouver les mots qui frappent. Mais je n'ai pas pris grand plaisir à lire des évocations du bruit des métaux s'entrechoquant, puis transperçant ou tranchant les chairs des hommes et des chevaux ; pas davantage à conceptualiser le sang qui gicle, les viscères qui se répandent, la poussière qui recouvre les visages des vivants et des morts.

L'auteur s'est attaché à ciseler avec minutie la personnalité de Ruy Diaz, son autorité, sa valeur martiale, son comportement héroïque. L'homme combat avec ses troupes et partage leur ordinaire. C'est un stratège astucieux, dur au mal, qui s'interdit toute faiblesse sentimentale, négocie comme un joueur de poker et sait régler ses comptes avec élégance — à cet égard, la scène finale avec le comte de Barcelone est savoureuse —. Mais il ne transige pas avec ses valeurs et l'honneur chevaleresque.

On retrouve les grands traits de ce personnage dans d'autres romans de l'auteur. Serait-ce parce qu'il lui ressemble ? Dans ses chroniques d'opinion, Arturo Pérez-Reverte témoigne d'un esprit clair, ferme sur les valeurs et indépendant de toute faction. Il est « bien chaussé » dans ses bottes, pourrait-on dire, en référence aux railleries subies par Sidi, au début du récit, à la cour du comte de Barcelone.

Et les femmes ? Unique personnage féminin, Rachida est une belle princesse brune au regard émeraude et au tempérament flamboyant. Elle apparaît très peu et l'on ne saura rien du face-à-face auquel Ruy Diaz s'expose. Pudeur de l'auteur ou volonté délibérée de laisser libre cours à l'imagination des lecteurs et des lectrices ?


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Ruy Diaz, est banni du royaume de Castille par le roi Alphonse VI, pour l'avoir défié. Suivi dans son exil par des hommes qui lui sont dévoués, il va proposer ses services au Comte Berenguer-Ramon II de Barcelone, qui l'humilie, il rejoint alors Al-Mutaman, roi musulman de Saragosse qui le prend à son service.

Arturo PEREZ-REVERTE nous offre un roman captivant. Tout d'abord, nous entrons dans l'Histoire de l'Espagne, avec les guerres de pouvoir. Mais c'est surtout un conte extraordinaire sur un homme hors du commun.

Luis Diaz, est certes un combattant exceptionnel, mais il est humain. Il a ses doutes et ses faiblesses. Homme intègre, il restera fidèle à son roi malgré son bannissement. Sa loyauté et son sens de l'honneur lui vaudront une grande reconnaissance. Il se fait respecter et aimer parce qu'il vit comme ses hommes, il dort sous la même tente, mange la même chose et se retrouve toujours en tête de combat. Il est également respectueux des autres et des coutumes.

L'auteur nous dépeint les paysages, les équipements ; rien n'échappe à son oeil inquisiteur et nous avons l'impression de rentrer dans un tableau, ou en pleine scène de tournage d'un film. Lors des combats, vivons l'intensité des affrontements, nous sentons l'odeur de la terre, du sang, nous sommes aveuglés par la poussière, nous ressentons presque la douleur des blessures.

Et puis, il y a aussi les relations humaines. La vie des troupes, l'amitié, le respect, le sens de l'honneur… Sidi est attentionné envers ses hommes, il est dur mais juste et bon, et tous le suivront jusqu'à la mort s'il le faut… Nous suivons ces hommes vaillants qui vont avec ardeur au combat : vaincre ou mourir…

Bref, un Cid réussi. Pas un surhomme, mais un chevalier qui se bat pour sa vie et pour la survie de ses hommes… Un homme qui connaît le prix de la vie.

Une bonne histoire ne suffit pas, il faut aussi une belle narration, et là nous sommes comblés. C'est un sans faute. Félicitations, Monsieur PÉREZ-REVERTE vous avez réussi votre pari, votre Cid, ou Sidi est une merveille… Merci...

Remerciements à Babelio de m'avoir proposé la lecture de ce roman.

mon compte Instagram @la_cath_a_strophes
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Tout d'abord un très grand merci à Babelio et à l'opération Masse critique qui m'a permis de recevoir ce beau livre !
Je ressors plutôt emballé par la lecture de ce Cid version Pérez-Reverte. On est ici loin du classicisme de Corneille mais bien davantage dans le bruit et la fureur. Et d'ailleurs le livre m'a souvent fait penser, par la dimension cinématographique de ses description, et l'enchainement de son scénario à un film de Ridley Scott comme Kingdom of Heaven. Même période, même volonté afficher de montrer ce qui rapproche musulmans et chrétiens plutôt que ce qui divise. le livre comprend de très belles scènes et surtout nous permet d'approcher de manière très forte un personnage extraordinaire de combattant (Sidi ou le Cid) particulièrement droit et courageux ayant travaillé successivement pour des rois chrétiens et musulmans dans l'Espagne de la Reconquista (équivalent local si l'on peut dire des Croisades au Proche-Orient).
Les scènes de batailles sont tout à fait puissantes et ce n'est quand même pas si fréquent. On a parfois l'impression de lire un livre en CinémaScope.
Une réserve cependant : l'auteur abuse vraiment à mon sens d'un vocabulaire fort compliqué et disons-le un peu précieux. Ainsi lorsqu'il nomme les musulmans des "agarènes" ! On peut ainsi lire des passages comme "Il se signa, rabattit le ventail du camail". Pour ma part après avoir cherché quelques mots j'ai abandonné et je me suis dit que cela ne devait pas être trop grave. Mais une ou deux fois j'ai trouvé que c'était vraiment exagéré. Par exemple l'emploi fréquent du mot "Moabite" dans ce contexte pose problème car on n'en trouve même pas la signification de manière aisée dans un dictionnaire. (L'auteur veut sans doute désigner ainsi les Almoravides mais c'est dommage de perdre peut-être des lecteurs en route pour cela...).
Cette réserve faite, un très bon livre surprenant et prenant !
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critiques presse (3)
LesEchos
22 juin 2023
Dans « Sidi », l'auteur du « Capitaine Alatriste » et de « Falco » donne sa version personnelle du Cid, loin de l'icône chrétienne vantée par la propagande franquiste. Le portrait d'un honnête homme, doublé d'un formidable roman d'aventures.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeSoir
15 mai 2023
Arturo Pérez-Reverte l’appelle « Sidi », le Cid qui construisait son mythe au XIe siècle dans l’Espagne en partie musulmane.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeMonde
15 mai 2023
Habitué à ­croquer les héros risque-tout (du capitaine Alatriste à Falco), Arturo Pérez-­Reverte brosse avec une belle force de conviction le portrait de celui que les Maures nommeront « Sidi Qambitur » (le « triomphateur ») pour son habileté exemplaire.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Du haut de la colline, main en visière sur le bord du heaume, le cavalier fatigué regarda au loin. Le soleil, d'aplomb à cette heure, semblait faire onduler l'air à grande distance, en l'épaississant jusqu'à lui donner une consistance quasi physique.La petite tache sombre de San Hernân ressortait au milieu de la plaine calcinée couleur de paille, et de là montait vers le ciel une colonne de fumée. Elle ne provenait pas de l'enceinte fortifiée, mais de quelque chose situé tout près, sans doute le grenier à grain ou l'étable du monastère.

Peut-être les frères étaient-ils encore en train de se battre, pensa le cavalier.

Il tira sur la bride pour faire tourner son cheval et descendit le flanc du coteau. Les frères de San Hernân, songeait-il en surveillant où l'animal posait les sabots, étaient des hommes vigoureux, habitués à défendre leur peau. Ils n'auraient pas survécu autrement, près de l'unique puits d'eau saine de la région, sur le chemin habituel des incursions de Maures venus du Sud, qui traversaient la rivière en quête de butin, de bétail, d'esclaves et de femmes.

Qu'ils gagnent ou qu'ils perdent, conclut le cavalier, quand nous arriverons, tout sera fini.

(INCIPIT)
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La voie, construite en grandes dalles,de pierre encore en bon état, avait été foulée au cours des huit ou dix derniers siècles par les légions romaines, les hordes barbares, les armées gothes et les envahisseurs islamiques. Avec son tracé rationnel et droit, ses quelques bornes milliaires encore visibles, c'était là, se dit Ruy Diaz, l'une des artères par lesquelles passait l'histoire des peuples ; même si cela laissait indifférents les hommes poussiéreux et fatigués qui chevauchaient derrière lui, et lui-même. On y progressait plus commodément qu'en pleine campagne, et ils ne cherchaient pas plus loin. C'était tout et, par le Ciel, ce n'était pas rien.
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Costumbres de aquella era
caballeresca y feroz,
en que degollando moros
se glorificaba a Dios.
Mas tal es la historia nuestra:
no es culpa mía si es bárbara;
yo cumplo con advertírselo
a mi pueblo al relatársela.”

José Zorrila, La leyenda del Cid.
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C'est ce qu'avait dit Mutaman avant de sourire et, en fait tout se résumait à cela: vaincre en toute circonstance, parce que pour le chevalier, être défait signifiait être anéanti. Pour lui et ses hommes, compagnie dont l'enseigne était à gages, sans terre et sans souverain prêts à les accueillir, il n'y avait plus d'autre issie que de continuer à aller de l'avant, sans défaillance ni retraite possibles, comme il en avait été de ces Grecs au service d'un roi perse, dont on lui avait raconté l'histoire quand il était enfant. Pour survivre en attendant qu'arrive un jour de Castille le pardon du roi Alphonse, une unique voie s'offrait à lui: passer par les champs de bataille à venir. Prendre des butins sur l'ennemi, tuer pour ne pas mourir. S'il ne mourait pas en tuant.
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- Tu devrais faire une prière, je crois.
- J’en ai… fait une.
- Bonne idée.
Ruy Díaz posa une main devant le visage du jeune homme pour protéger ses yeux des gouttes de pluie.
- Je le raconterai chez nous, mon garçon. Que tu es mort dignement.
Le regard de Téllez se troublait, s’éteignait doucement.
- J’ai fait ce que j’ai pu, Sidi, murmura-t-il.
Il dit encore autre chose, mais on ne put l’entendre parce que la pluie redoubla alors et que sa rumeur éteignit ses dernières paroles.
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Vidéo de Arturo Pérez-Reverte
Il n'avait ni patrie ni roi, mais une poignée d'hommes fidèles. Ils ne cherchaient pas la gloire, seulement à apaiser leur faim. Ainsi naquit le mythe. Ainsi se raconte une légende.
Après avoir été banni du royaume de Castille par le roi Alphonse VI, Ruy Díaz vend, au mieux offrant, les services de sa troupe de soldats dévoués. Dans cette lutte pour la survie en territoire hostile, sa force de caractère et ses faits d'armes lui vaudront rapidement le surnom de Sidi Qambitur, maître triomphateur.
Avec son talent habituel, Arturo Pérez-Reverte nous plonge dans l'Espagne du XIe siècle, celle des rois rivaux, des batailles sanglantes et des jeux d'alliances entre chrétiens et Maures. Loin du mythe manichéen du Cid patriote, Sidi est le portrait d'un chef de guerre hors pair, d'un formidable meneur d'hommes et d'un stratège au sens de l'honneur inébranlable. Un roman haletant, épique et magistral, une immersion au coeur de l'Histoire.
Traduit de l'espagnol par Gabriel Iaculli
« Un récit magnifique, du pur Pérez-Reverte. » El Mundo
Arturo Pérez-Reverte, né à Carthagène, Espagne, en 1951, a été grand reporter et correspondant de guerre pendant vingt et un ans. Avec plus de vingt millions de lecteurs, il est l'auteur espagnol le plus lu au monde, et plusieurs de ses romans ont été portés à l'écran. Il partage aujourd'hui sa vie entre l'écriture et sa passion pour la navigation. Il est membre de l'Académie royale d'Espagne.
En savoir plus : https://bit.ly/3ViUsSE
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