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EAN : 9782260032229
198 pages
Julliard (04/01/2018)
2.87/5   15 notes
Résumé :
Comment apprend-on à se construire dans les années soixante-dix, à la campagne, quand on est une jeune femme attirée par d'autres femmes ? À l'époque, Danièle est mariée, élève ses trois enfants. Une vie conforme aux attentes de sa famille. Seule la littérature lui ouvre d'autres horizons. Sa rencontre avec Mia la foudroie. Mais comment s'assurer que ses sentiments sont réciproques ? Du souvenir de cette passion resurgissent, comme de poupées russes, d'autres visage... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Si jamais les amours ne sont pas compliquées, on a tendance à douter de leur authenticité, il y a quelque chose d'artificiel, de pas vraiment abouti, l'amour ça doit faire souffrir sinon ç'en est pas !
A partir de cet axiome, on peut affirmer sans se tromper que Danièle Saint-Bois a aimé, ô combien ! Ses trois amours de jeunesse ne furent que déchirement, incertitude, désolation et tristesse. Bien sûr, il y a eu de bons moments mais avec les souvenirs qu'elle nous livre, ce n'est pas ce qui ressort en priorité.
Et on le comprend sans peine. A l'aube des années 70, dans un village reculé du Sud-Ouest de la France, si une jeune femme adulte commence à se la jouer affranchie, célibataire et (horreur suprême) garçon manqué, elle ne sera pas clouée au pilori, non (mai 68 est passé par là) mais pour sûr qu'on n'hésitera pas une seconde à lui faire sentir (en mal) sa différence et à baver sur son compte au café de la poste, sur la place du village et en tout autre lieu culminant de la culture. Mieux vaut donc rentrer dans le moule prévu à cet effet. Ainsi Danièle Saint-Bois, la petite vingtaine, est mariée, mère au foyer de trois enfants et tout le monde trouve ça formidable, ne se demandant pas une minute si par hasard elle est heureuse de son sort, ben tiens, manquerait plus qu'elle se plaigne !
Et elle ne se plaint pas, en effet, elle n'est pas malheureuse et puis, si elle n'a jamais oublié Frankie, sa copine d'école insoumise à toute autorité que tout le monde admirait mais dont elle seule pouvait se targuer d'être amoureuse, elle a su passer à autre chose, enfouir ses sentiments et mener la vie qu'on attendait d'elle... jusqu'à l'arrivée de Mia, une lycéenne rebelle et extravertie et revoilà la narratrice amoureuse comme jamais mais qui, une fois de plus, devra se plier aux exigences de l'époque et sera tenue d'étouffer les passions irrépressibles qu'elle ressentira pour trois femmes durant son premier quart de siècle.

Malgré une écriture nerveuse et révoltée, à l'image de son sujet, Danièle Saint-Bois nous égare trop souvent dans des digressions qui semblent lui faire perdre de vue (et à nous donc) son sujet initial, je dis "semblent" parce qu'il est possible que je me trompe : dès le départ, l'auteure nous explique que "tourner autour du pot, c'est un procédé, sinon un livre ferait juste deux pages. Pourquoi aller droit, alors qu'il est si surprenant de zigzaguer ?". Surprenant d'accord, malheureusement là, ces sorties de route incessantes (surtout au début, j'avoue que par la suite, on en subit moins), à défaut de surprendre se révèlent surtout assommantes et si j'en comprends l'intérêt du côté écrivain, ça devient vite lourd pour le lecteur.
Hormis cet agaçant petit défaut, Trois amours de ma jeunesse est un témoignage qui, s'il raconte en substance le deuil douloureux d'amours homosexuelles contrariées, parle en fait et surtout de la difficulté d'aimer, d'aimer vraiment, au delà des genres et des préférences, de l'impossibilité de céder aux passions dévastatrices pour en arriver finalement à la désespérante conclusion Aragonienne qu'il n'y a pas d'amour heureux.
Le carcan des responsabilités et de la raison pèse sur chacun d'entre nous, la vraie Liberté serait peut-être de s'en débarrasser une bonne fois pour toute.
Un jour peut-être...
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Le principal atout de ce livre est la qualité de la plume de l'auteure.
Pour parler d'amour, ou plutôt de ses souvenirs d'amour, les mots sont choisis avec élégances, les phrases se font caresses à l'évocation de Mia que la mort vient d'emporter.
Après vingt heures, le téléphone ne pouvait apporter que de mauvaises nouvelles aussi fût-elle à peine étonnée lorsque Vincent a dit « Mia est morte ».
Et elle se souvient de cette jeune fille tant aimée avec une bouche si belle qu'elle se demande « ai-je occulté le reste de son corps ? ».
Bien sûr la vie les a séparées « Elle a vieilli sans moi et j'ai vieilli sans elle ».

Au fil des souvenirs nous rencontrons Frankie son premier amour, sur les bancs de l'école, « Frankie la magnifique ».
Comment parler de ce malaise qui l'étouffe et qu'elle ne comprend pas, qu'elle ne connaît pas ?
« Et moi, je ne pensais qu'à Frankie, tout en continuant à m'interroger sur ma santé mentale, sur ce sentiment extrême, inconnu, inavouable qui m'étouffait ».

De souvenirs en souvenirs, l'auteur évoque la nostalgie du temps qui passe et l'amertume que laissent les amours mortes.

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Trois amours de ma jeunesse de Danièle Saint-Bois est un récit autobiographique que m'ont gentiment envoyés les éditions Julliard et le site net galley.
Les récits autobiographiques ne sont pas forcément mon genre préféré mais j'aime en lire de temps en temps et j'ai trouvé celui ci très intéressant.
Danièle apprend le décès de Mia, qui a été pour elle une amie, un coup de coeur... Danièle s'est mariée, a eu des enfants, mais elle a découvert assez jeune qu'elle était attirée par le sexe féminin.
Mais à cette époque là, une fille se mariait avec un garçon, pas avec une autre fille ! Il aurait été plus simple pour elle de vivre à notre époque, mais cela n'a pas été le cas et nous avons là un très joli récit.
L'auteure se livre à nous, c'est intime, à aucun moment nian-nian. Je découvre Danièle Saint-Bois avec ce récit et j'apprécie son écriture.
Ce n'est pas un coup de coeur mais c'est un bon livre, très court, lu d'une traite cette après-midi, et à qui je mets quatre étoiles.
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Ce livre est avant tout une introspection. Danièle, la narratrice, qui se confond avec l'auteur, apprend, le décès de Mia, une jeune femme qui a beaucoup compté dans sa vie. Comme elle, je rallonge un peu les choses : "Tourner autour du pot, c'est un procédé, sinon, un livre ferait juste deux pages. Pourquoi aller droit, alors qu'il est si surprenant de zigzaguer ?" Cela est valable pour l'écriture de critique.
Ce livre tranche parce qu'il nous parle du sentiment amoureux et non de la sexualité. La narratrice se souvient qu'elle ne savait pas, qu'elle ne mettait pas de mots sur ce qu'elle était, elle qui, n'ayant pu faire d'études (comme beaucoup de jeunes femmes de sa génération) s'est mariée très jeune, a eu trois enfants coup sur coup. Même si nous sommes dans les années 70 et qu'il existait une certaine tolérance pour certaines "extravagance", elles étaient tolérées tant que madame restait à la maison et assurait son rôle de mère et d'épouse. Mais qu'elle ressente de l'amour pour une jeune lycéenne excentrique, non.
Le récit n'est pas linéaire, dans le sens où l'auteur écrit au présent, et cherche à se souvenir de ce qu'elle a vécu, à ce moment. Quarante ans qu'elle n'a pas vu Mia, plus encore qu'elle a perdu de vue Frankie et Linda, ses deux autres amours. le hasard de la vie se mêle à la volonté de couper les ponts après une rupture qui s'apparentait presque à des trahisons, comme si une relation amoureuse ne pouvait jamais être paisible. En fait, la seule relation paisible, ou presque, est celle qu'elle vit avec son mari, Aurel - si tant est qu'il s'agisse véritablement une relation amoureuse.
Danièle revient aussi sur sa jeunesse, sur l'extrême pauvreté dans laquelle elle a grandi et qui a orienté sa vie, sa difficulté à nommer ce qu'elle ressent - parce qu'elle n'a pas reçu l'affection et l'attention qu'elle aurait dû avoir. Peut-être. L'amour n'est jamais léger, pas même l'amour filial.
L'intérêt de ce livre est aussi son style, riche, soigné, sans être pesant ou précieux.
Un livre à lire pour redécouvrir une autre facette de cette époque.
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La narratrice reçoit un coup de téléphone lui annonçant la mort d'une femme qu'elle connût à vingt-six et qui menaça l'équilibre précaire dans laquelle se maintenait sa vie de mère de famille de trois enfants. Elle nous livre alors ses souvenirs de jeunesse, ceux liés à trois jeunes femmes qui l'ont pour le moins troublée, trois histoires avec des points communs souvent dus à la personnalité de la narratrice mais avec des différences liées aux profils des trois jeunes filles : Frankie qui va s'affirmer comme une femme uniquement attirée par des femmes, Linda avec qui elle vivra une correspondance passionnée et Mia, l'ado rebelle.
Ainsi donc les filles étaient des pièges, les yeux des filles, le sourire des filles, l'amour des filles, le corps des filles. Comment s'en sortir? Pouvait-on guérir? Etait-ce dangereux, contagieux, héroïque?
On le comprend vite même sans connaître Danièle Saint-Bois, ce n'est pas un roman mais un récit autobiographique et dans ce livre plus que dans d'autres autofictions, le mot roman écrit en rouge sur la couverture m'a gênée parce que, si j'ai eu l'impression d'assister à l'éveil sentimental d'une jeune fille qui ne savait même pas que l'homosexualité existait, si j'ai été touchée par le récit de la pauvreté dans laquelle elle vivait, j'ai aussi été gênée par ce qui me semblait être un règlement de comptes, notamment à l'égard de Frankie. Danièle Saint-Bois se targue dans un passage d'avoir déjà écrit son histoire en utilisant les vrais prénoms des protagonistes de ses amours de jeunesse, sauf celui de Mia. Je pense que ces trois histoires auraient mérité d'être romancées, pour m'éviter de me sentir prise au piège de sentiments presque haineux. J'ai tendance à penser qu'à quelques exceptions près, nous sommes responsables de nos vies et de nos choix, qu'on ne rencontre pas les gens au mauvais moment si on en envie que ce soit le bon. Ce qui m'a sans doute le plus intéressée dans ce "roman", ce sont les mystères de la mémoire, qui ne cessent de me fasciner. Il semble que la narratrice se souvienne davantage de ce qui ne fut pas que de ce qui fut concernant ses amours, jusqu'à ce qu'une lettre retrouvée lui rappelle que l'émotion fut partagée.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
"Mais, ce n'est pas possible !" J'ai dit ça ? Oui. On dit que ce n'est pas possible comme si la mort nous prenait en traître, comme si on ne la connaissait pas depuis le temps. Comme si elle n'avait jamais emporté l'un de nos proches, parent ou ami, comme si on n'avait pas été averti de ses manières brutales, de ses verdicts sans appel. Pif paf, elle distribue ses baffes fatales et on trouve toujours le moyen de s'étonner, de faire semblant de ne pas y croire, de se révolter, d'inonder les réseaux sociaux de nos afflictions sincères mais franchement disproportionnées lors de décès haut de gamme qui ne nous concernent en rien, sinon en ce qu'ils réveillent en nous le souvenir de nos engouements et attachements joyeux ou douloureux. De nos enthousiasmes flétris. Mais on ne l'avouera pas. Qu'ils sont flétris.
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J'ai porté l'appareil jusqu'à ma bonne oreille. La gauche. Bonne, c'est vite dit, elle défaille aussi désormais, moins cependant que la droite qui ne veut plus s'en laisser conter depuis plusieurs années. Je lui ai infligé un temps l'introduction d'une oreillette récalcitrante reliée à un mignon petit appareil qui m'a coûté un bras et que j'ai abandonné dans sa jolie boîte à l'instant où j'ai compris que ce genre de surdité n'est pas vraiment un handicap, lorsqu'il se fait tard dans notre espoir innocent de repos, et qu'il devient épuisant de continuer à entendre les cris et les chuchotements du monde.
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Quel est ce phénomène étrange qui vous fait tomber raide fou, folle, d'un, d'une tout à fait inconnu(e) juste à l'instant d'avant le premier regard et qui vous transforme en douleur ambulante ?
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Qui j'ose aimer me ramène vers Suzie et son amour inconditionnel pour l'oeuvre d'Hervé Bazin. Ah ! Hervé Bazin ! Qui pense à lui aujourd'hui ? Pourtant, Vipère au Poing, Folcoche... valent bien une génuflexion.
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Ainsi don, dix ans après notre histoire, je suis devenue officiellement écrivain, puisque officiellement publié par un éditeur parisien tout ce qu'il y a de plus officiel. Ce n'était pas un rêve, c'était mon dû. J'y avais droit autant que n'importe quel scribe officiel. Ce droit, j'étais prête à passer ma vie à l'arracher aux forces du silence, et à tous ces chers cons de l'édition que Mia fustigea durant une grande partie de la sienne.
Etant devenue libraire elle en connaissait.
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Videos de Danièle Saint-Bois (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Danièle Saint-Bois
Un polar féminin jubilatoire qui fait la part belle aux personnages de lesbiennes frondeuses, cabossées et super-flics !
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Une lieutenante de police doit toujours garder la tête froide et les idées claires ! Avant de résoudre les meurtres de vieilles dames qui mobilisent son équipe, Swany pourrait commencer par mettre un peu d'ordre dans sa vie : avouer à ses deux mères qu'elle est elle-même homosexuelle ; se pencher sur sa relation clandestine avec sa supérieure hiérarchique ; se tirer du bourbier dans lequel elle s'est fourrée en tombant amoureuse de « la fille du troisième » ; se méfier des séances de vaudou de sa voisine haïtienne, Bella. Alors, peut-être, enfin, percevrait-elle certains indices essentiels à l'élucidation de cette sombre affaire de tueurs en série… Lesbiennes frondeuses, machos au grand coeur, spirites, Tontons macoutes et flics tout-terrain composent la galerie de personnages de ce polar jubilatoire qui fait la part belle aux femmes et dont l'intrigue tourne avec humour autour d'une cage d'escalier. • • •
Danièle Saint-Bois a publié, entre autres, chez Julliard, Dies Irae, Marguerite, Françoise et moi, Ma voisine a disparu et Trois amours de ma jeunesse
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