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EAN : 9782864324287
108 pages
Verdier (06/01/2005)
4.14/5   7 notes
Résumé :

" Ceci n'est pas un essai. Ce n'est pas non plus un roman. Sauf à dire que la vie est roman. Alors, que ce qui se trouve ici en soit un, puisqu'il y est question de ce qu'il fut, lui, William Cuthbert Faulkner et du comté d'Yoknapatawpha où il vécut, et à ce propos, à propos de lui et de ce comté où je me souviens avoir grandi moi aussi, de deux ou trois choses que je peux me rappeler, que je vois bouger doucement d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un été de glycine n'est ni un essai, ni un roman, il ne s'agit pas non plus d'une biographie, au sens littéral du terme, mais plutôt d'une étude très compète de la personnalité tourmentée du romancier et nouvelliste de renommée internationale, William-Faulkner, mêlant intimement et judicieusement la psychologie trouble du grand écrivain et ses oeuvres novatrices du début du 20ème siècle. Ses ouvrages portent déjà un regard visionnaire sur l'évolution de nos sociétés...

Né dans le Mississippi en 1897, William Cuthbert Faulkner mènera une vie hors-norme, loin des convenances sociales et familiales qui lui pèsent et dans une époque fortement marquée par la ségrégation raciale entre les Blancs et les Noirs. Ce n'est pas un hasard d'ailleurs si l'auteur, Michèle Desbordes reprend dans cette étude explicitée, le style erratique de l'écrivain dont les écrits sont le reflet d'une existence tourmentée, en raison de nombreuses frustrations et d'une suite d'échecs personnels, notamment sentimentaux, qui le feront sombrer dans l'alcoolisme. Il se jettera à corps perdu dans l'écriture afin d'oublier son mal être. Doué d'une grande imagination, affabulateur et raconteur hors pair, il se fabriquera un monde fictif, bien à lui, dans lequel la vraie vie, souvent tragique, entrera en communion avec des rêves dans lesquels les fantômes de son passé ressurgiront.

A la faveur d'une belle écriture, ce livre représente un grand intérêt biographique sur la vie et l'oeuvre de l'écrivain américain. Cependant, les effets de style, assez surprenants, employés par la romancière, peuvent éventuellement déboussoler et laisser perplexe les lecteurs non-initiés ou peu coutumiers de ce genre littéraire particulier.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
 
 
 UNE maison.
 Un jour je me suis bâti une maison dans l'Yokna-
patawpha, et bien avant que je sache ce nom-là, si
compliqué, ni même tout à fait ce qu'était une mai-
son, je me suis bâti une maison parmi les grands
champs de coton et de maïs et les collines vertes
plantées de pins, avec le fleuve et les vieux nègres fati-
gués et les femmes qui marchaient, n'en finissaient
pas de marcher dans les grandes chaleurs de là-bas,
une maison dans les printemps, dans les étés de gly-
cine, et les tonnelles où pour quelques temps, avant
que tout ne fût que décombres, on buvait le vin sous
les treilles muscates.

p.7
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  Et il avait fallu qu'une voix, unique et comme venant d'outre-tombe, lasse elle aussi et pleine d'une sourde et violente tristesse, racontant tout cela me parlât du temps comme personne jamais ne m'en avait parlé, le temps qui ne pouvait s'arrêter, qui ne s'arrêtait jamais, comme les grands fleuves fous qui emportaient tout sur leur passage, si bien qu'un jour tout était perdu, oui tout était perdu, alors on revenait dans la maison, on revenait dans le livre pour voir où et de quelle manière tout s'était défait, et la voix vous emportait à nouveau, la grande phrase qui allait vers la mer, vers la grande, sévère fin des choses. Ainsi que lui parfois qui avait cette voix et me parlait comme jamais personne encore, et qui bien après que le livre fut publié, reprenant l'histoire y revenait comme à ce que, dans une sorte d'ivresse et d’inépuisable quête, il n'aurait su quitter, rôdant autour de lieux et de créatures dont il ne pouvait se déprendre, mais aussi et surtout peut-être de la voix même qu'il avait fallu pour dire ces choses-là, car dans tout cela n'était-ce pas elle qui comptait, et non pas tant la voix qui racontait l'histoire que celle qui, nourrissant le récit, d'un même et profond ballant s'en nourrissait à son tour, sourde et profonde, et si lointaine. À ce qu'il paraît, emporté par le grand fleuve fou, il n'en finissait pas d'écrire, et rien sans doute ne pouvait faire qu'il en fût autrement, ce comté-là était trop profond, et trop déchirantes et anciennes les blessures qu'on s'y infligeait.

p17-18
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…La maison dont je parle, la maison dans Yoknapa-
tawpha, est plus qu'une maison, elle est grande et tra-
gique lumière d'août mais aussi été de glycine où l'on
tue, où l'on ne peut que tuer ceux que l'on aime,
radieuse aube de Noël sur les routes et les chemins
brillants de gel, quand sur ses chevaux lancés au
galop l'on fuit le malheur qui arrive, elle est interdic-
tion et saisons où l'on naît pour mourir, elle est mort
aimée plus qu'aimée, et solitude si profonde qu'on
n'en connaît guère de semblable. Cette maison là je
la sens autour de moi. Avec peu de chose, peu de
pages – à peine si je dépasse la centième – je la
fabrique, portes, toit et fenêtres, allées profondes
bordées de chênes et de roses blanches, parmi les
anciens domaines et les vieux champs rongés de
bruyères et de sassafras. J'y reviens et rôde tout
autour. Je reviens au livre inachevé, à la maison
grande ouverte comme à ce qui tourmente, et puis
un jour, je n'ai guère plus de vingt ans, je demande
qu'on relie de sombre ce livre-là que je n'achève pas
et qui parle, n'en finit pas de parler de grande
éblouissante lumière d'août, et de ce que sont des
lumières pareilles quand autour de vous plus rien ne
va. …

p.71-72
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Qu'on lui donne une couverture noire avec au
dos, en lettres d'or sur carré de cuir rouge, son titre
et le nom de celui qui l'a écrit dont je n'ai toujours
rien lu d'autre, ce livre au mauvais papier jauni et
couvert de taches des années quarante qui ne m'ap-
partient même pas, ne m'a jamais appartenu, sur la
page de garde c'est un autre nom que le mien qui
figure, et le lieu, la date, Bordeaux 1952, de la lecture
qu'en a faite celui qui porte ce nom-là, si bien que
sur les étagères de la bibliothèque, et de très loin, on
ne voit que le livre et le noir de sa toile, de maison
obscure et invisitée, on ne voit que cela, comme un
signe, un rappel de ce qui ne peut s'oublier et encore
moins se savoir. Et je me dis bien que ce noir-là ne
signifie rien de bon, qu'il a à voir avec le triste et
l'obscur, et ces choses dont on ne veut pas ou ne veut
plus entendre parler….

p.72-73
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      Oublier les livres, écrits, non écrits, qui par-
lent de la grande sournoise fin des choses, et jusqu’au
noir dont il faut les couvrir. Oublier même ce que
c’est qu’oublier.

p.79
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Video de Michèle Desbordes (2) Voir plusAjouter une vidéo

Ecrits intimes : Michèle Desbordes : La Robe bleue
Olivier BARROT présente "La Robe bleue", de Michèle DESBORDES. Elle y relate l'ascension et la chute de Camille Claudel.Lecture d'un passage du livre par Jacques BONNAFFE.Musique classique en fonds sonore (non identifiée)Lieu de tournage : Cabourg, Calvados
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