D'Ivry à Saint -Denis, Éric Hazan parcourt la ville, arpente les rues, replongeant dans sa propre histoire et dans celle de France. Il observe des évolutions, des changements, parfois des régressions. Son trajet est une romance entre son présent et son passé, une confrontation entre ses idéaux et une ville aujourd'hui.
Ce livre est étonnant. Cela pourrait être une biographie, une marche urbaine, un recueil d'anecdotes historiques (comme le Métronome) ou des observations géographiques. Il est tout cela et autre chose à la fois. Éric Hazan brasse tellement de sujets, d'époques et de personnes (historiques et fictifs) qu'il fournit un sujet riche d'informations – ce qui ne facilite pas une lecture en continu – mais les observations urbanistiques révèlent le vrai sujet du livre: notre environnement politique. Pour cela, il y a deux niveaux: la cité (polis en latin), là où nous évoluons et la République (res publica), la « chose publique », ce qui concerne tout le monde, à savoir le peuple. Éric Hazan montre l'évolution des places du peuple (là où il habite, là où il travaille, là où il ne peut pas aller) et les manières dont le pouvoir (mairie ou État) manipule cette géographie. Par la marche et l'observation, Éric Hazan montre une manière de récupérer une forme de pouvoir, celui de remarquer, de noter et de réfléchir. Ce récit péripatéticien se rapproche de la philosophie. Il démontre la manière dont un homme (dont il faut reconnaître le pouvoir et la place de privilégié) redevient citoyen, en constatant l'état de cette ville, reflet d'un état de l'État, de son pays. Les passages concernant la révolution de 1848 sont très intéressants. Il montre l'importance de ces quelques jours de soulèvement et comment ils se sont effacés dans la mémoire collective, officielle et peut-être individuelle. Éric Hazan offre un récit dans lequel il porte sa propre histoire et celle d'une ville, d'un pays.
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