AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782344020630
472 pages
Glénat (04/03/2020)
4.63/5   648 notes
Résumé :
L'incroyable histoire vraie de l'arme la plus effroyable jamais créée.
Le 6 août 1945, une bombe atomique ravage Hiroshima. Des dizaines de milliers de personnes sont instantanément pulvérisées. Et le monde entier découvre, horrifié, l'existence de la bombe atomique, première arme de destruction massive. Mais dans quel contexte, comment et par qui cet instrument de mort a-t-il pu être développé ?

Véritable saga de 450 pages, ce roman graphiqu... >Voir plus
Que lire après La bombeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (107) Voir plus Ajouter une critique
4,63

sur 648 notes
5
84 avis
4
20 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Quelle ne fut pas ma surprise en récupérant cet ouvrage réservé à la bibliothèque, en constatant l'épaisseur du volume et en se soupesant ! J'ai commencé par désespérer en me disant que je ne parviendrai jamais à lire ce pavé !

Finalement je n'ai eu aucun mal à le lire, bien qu'il m'ait fallu trois jours pour en arriver à bout, mais le sujet me passionne, je n'ai donc pas eu de difficulté à progresser dans cette histoire, une histoire particulière, celle de l'uranium personnifié dès le début, faisant sentir qu'il était présent dès le début, avant même la naissance de la Terre, bien avant l'humanité.

On découvre alors toute les facettes de cet élément : il sauve des vies, on le sait, il tue aussi les personnes qui le manipulèrent par ignorance, sans précaution pour donner de la fluorescence au verre, par exemple.

Et puis arrive la guerre, quelques prix Nobel de physique juifs quittent l'Allemagne, pressentant les graves événements qui se profilent. L'un d'eux, Léo Szilard, est détenteur d'une théorie : la fission de l'atome est possible… ce sont les prémices … Puis l'on apprend que l'Allemagne a des projets et fait appel à des spécialistes de la physique nucléaire… La course commence, il ne faut posséder cette bombe avant l'Allemagne comme arme de dissuasion.

C'est ainsi que se construit aux Etats-Unis, une énorme unité de recherche qui aboutira… à Hiroshima et Nagasaki. Entre le début et la fin, on assiste aux travaux des physiciens, aux manoeuvres des politiques, aux hésitations, aux coups de gueule, aux pétitions de ces pères de la bombe qui voudraient faire machine arrière, et on comprend que les terribles Little Boy et Fat Man sont devenues le jouet des politique, peut-être parce qu'on avait investi dans ces joujoux, peut-être par curiosité, les effet d'une telle arme étant relativement méconnus, on notera au passage, les expériences sur des humains dignes des médecins nazis bien que l'on soit aux Etats-Unis.

On ne peut que remercier Alcante, L.F. Bollée et Denis Rodier pour ce travail de titan grâce auquel on apprend beaucoup. Un ouvrage très bien documenté. Merci à l'illustrateur pour ces belles planches et ces visages ressemblants et expressifs.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
Commenter  J’apprécie          681
Vrai gros coup de ❤
Bon, je sais que je vais en agacer encore quelques-un(e), mais celui-là vous ne pouvez pas passer à côté.
La bombe, de Alcante, Bollée et Rodier est une bande dessinée de 460 pages, pour tout savoir sur la bombe atomique et comment l'humanité, le 6 août 1945, en plein chaos de fin de Seconde Guerre mondiale, a perdu le peu qui lui restait....d'humanité.
L'une des pires journées de l'histoire de notre monde nous est racontée ici.
Et qui en est le narrateur ?
Le principal responsable : l'URANIUM.
De sa découverte jusqu'à son utilisation vous saurez tout.
Des savants qui l'ont étudié, de ceux qui l'ont exploité, modifié, mélangé au plutonium par exemple.
Des militaires qui s'en sont emparé.
Des politiques qui l'ont adoubé.
Des scientifiques qui ont compris le danger.
Des soldats qui se sont extasié de ses capacités.
Des gouvernements qui se sont lancé dans la course contre la montre pour mettre au point avant les autres une arme de guerre sans précédent.
Des cobayes qu'on a utilisés à leur insu.
Des tentatives de justification des uns aux tentatives de mise en garde des autres.
Mais dans la bombe, on explique aussi comment on a empêché l'Allemagne de réussir son projet.
Comment l'Amérique a justifié les bombardements d'Hiroshima puis de Nagasaki, détruisant tout, y compris des centaines de milliers de vies.
Le Président Truman, le général Groves (qui supervisa toute l'opération depuis le début, allant jusqu'à espionner certains scientifiques), où les pilotes du tristement célèbre Énola Gay,
l'avion qui largua "little boy" (quel horrible nom pour un engin de mort de 4 tonnes) au-dessus de la ville japonaise, se féliciteront de la parfaite exécution du plan et aucun d'eux n'exprimera jamais de regrets. Tibbets, le pilote, allant même jusqu'à avouer, bien des années plus tard, qu'il dormait bien toutes les nuits...
Tout est argumenté, tout est vrai (hormis quelques civils japonais insérés dans le récit pour aider à s'imprégner de toute l'horreur des événements).
Une BD, où le noir et blanc s'imposent, qui devrait être lue dans tous les pays du monde, pour montrer, s'il en est qui doutent encore, l'âme noire de l'être humain.
RIEN ne justifie qu'on en arrive là...
Mieux qu'un roman, moins barbant que la conférence d'un chimiste (quand on est ignorant en la matière, s'entend) et plus digeste que certains livres d'histoire, une lecture indispensable.
Bravo aux auteurs de ce pavé, bravo à l'éditeur (Glénat).
Commenter  J’apprécie          572
Ce récit graphique raconte avec un grand souci de détail et d'exactitude les différentes étapes de la création de la première bombe atomique, conçue avant même le début de la guerre, et qui sera larguée le 6 août 1945 sur Hiroshima. Les points de vue militaire, scientifique, politique sont tous examinés conjointement. ● le récit est passionnant et haletant. ● Les auteurs font preuve d'une grande rigueur dans la documentation et on voit bien le travail énorme que cet ouvrage a dû exiger d'eux. ● le résultat est à la mesure de leur investissement. On apprend énormément de choses, sans que le récit ne soit jamais pesamment didactique. Je ne connais rien à la physique nucléaire, et j'ai pourtant eu l'impression de tout comprendre ! ● L'alternance des différents points de vue, qui n'oublie pas celui des victimes japonaises et des cobayes humains, rend la lecture particulièrement intéressante. ● Dans cette aventure humaine, quelques individualités se distinguent encore plus des autres, bien que tous soient hors du commun : le général Leslie Groves, chef du projet Manhattan, Leo Szilard, un des scientifiques, Oppenheimer, le scientifique le plus connu associé à ce projet, par exemple. ● Les dessins sont superbes, très expressifs, les personnalités connues superbement représentées. ● Je me suis quand même posé une question, c'est celle de la bombe française, qui n'est absolument pas évoquée. ● C'est un travail magnifique et très impressionnant, que je recommande chaudement !
Commenter  J’apprécie          580
Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc, dont la première édition date de 2020. Elle a été réalisée par Alcante (Didier Swysen) & Laurent-Frédéric Bollée pour le scénario et par Denis Rodier pour les dessins. Il comprend 450 pages de bande dessinée. Il se termine avec une postface de 5 pages de Didier Alcante, une d'une page de Denis Rodier, et une de deux pages de LF Bollée.

Au début, il n'y avait rien, mais dans ce rien il y avait déjà tout ! Une voix désincarnée évoque la formation de l'univers, celle de la Terre. Puis elle explique qu'elle incarne l'uranium auquel Henri Becquerel a donné son nom. À Berlin, dans l'université de Friedrich Wilhelms, Leó Szilárd (1898-1964) est en train de donner un cours à ses étudiants : il leur donne l'exercice dit du Démon de Maxwell. À la fin du cours, il voit les jeunesses fascistes défiler en bas. Puis, il discute avec Otto, un collègue, et lui explique qu'il émigre dans les plus brefs délais. En octobre 1938, Enrico Fermi (1901-1954) se trouve à l'ambassade des États-Unis pour passer les tests d'émigration. le 10 décembre 1938, il reçoit le prix Nobel de physique, à la Maison des Concerts de Stockholm. Il explique à Pearl Buck (prix Nobel de littérature) le sens de l'épinglette sur les revers de veston des officiels italiens : un Fasces, une hache pour trancher les têtes, entourée de verges pour fouetter les corps. le 30 décembre 1938 à Hiroshima, le patron d'une usine de motos permet à son employé Naoki Morimoto de rentrer plus tôt chez lui, pour accueillir son fils qui revient en permission. Chemin faisant, il achète deux stylos pour offrir à chacun de ses fils, puis un tricycle pour offrir à une jeune demoiselle avec l'accord de sa mère. Naoki Morimoto dîne enfin avec ses deux fils Kazuki (écolier) et Satoshi (pilote dans l'armée).

En février 1939, Leó Szilárd déjeune avec Enrico Fermi : il lui parle de Herbert George Wells, de ses romans de science-fiction, de ses recherches sur l'émission de neutrons, sur la possibilité d'une réaction en chaîne, sur la création d'une bombe surpuissante. le 03 mars 1939, Leó Szilárd et son assistant ne comprennent pas pourquoi leur expérience avec de l'uranium et du béryllium ne permet pas d'observer les résultats espérés. La voix désincarnée de l'uranium revient pour évoquer l'invasion de la Bohême et de la Moravie, le 16 mars 1939. À Sankt Joachimsthal, un Oberleutnant inspecte la plus grande mine d'uranium d'Europe. le 16 juillet 1939, Leó Szilárd et Eugene Wigner rendent visite à leur ancien professeur : Albert Einstein (1879-1955). Ils le convainquent d'écrire à la reine de Belgique pour attirer son attention sur la nécessité de sécuriser l'uranium belge. Une fois de retour à New York, Szilárd réfléchit à la nécessité de convaincre les États-Unis de créer leur propre bombe atomique, afin de ne pas se faire prendre de vitesse par les allemands. le premier septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne et l'armée allemande prend le contrôle des recherches sur le nucléaire en Allemagne. le 18 septembre 1939, Edgar Sengier (1879-1963) effectue une visite des mines d'uranium dans la région de Katanga, au Congo Belge.

Dans sa postface, Didier Alcante explique ses motivations et le défi que représente un tel récit : rendre compte de l'ampleur du projet qui a conduit à l'explosion de 3 bombes atomiques Gadget, Little Boy, Fat Man. Parmi ses influences, il cite Gen d'Hiroshima (1973-1985) de Keiji Nakazawa, et il indique qu'il ne souhaitait pas traiter des victimes des bombes, n'ayant rien à apporter au témoignage de cet auteur. Il explique qu'au vu de l'ampleur il a souhaité travailler avec un coscénariste. LF Bollée indique que pour sa part il a été fortement marqué par le film Hiroshima Mon Amour (1959) d'Alain Resnais. Il s'agissait pour eux pour d'aborder aussi bien le contexte historique, que les enjeux politiques et militaires, ainsi que la dimension scientifique, en se montrant le plus rigoureux possible. Cette période de l'Histoire étant fortement documentée, les coscénaristes ont dû faire des choix, et n'ont pas pu parler de tout. Enfin dans la conception même du récit, il est apparu dès sa mise en chantier qu'il s'agirait d'une bande dessinée d'une forte pagination. Ils ont recruté Denis Rodier, un artiste canadien ayant travaillé pour DC Comics sur la série Superman, habitué à réaliser une narration visuelle efficace, allant à l'essentiel.

Les auteurs mettent à profit la pagination conséquente pour passer en revue la genèse de l'idée d'une telle bombe, son développement jusqu'à la création du Projet Manhattan, le contexte historique (en particulier la seconde guerre mondiale), les projets similaires menés par d'autres états dont l'Allemagne, les doutes de certains sur la nécessité de disposer d'une telle arme de destruction massive, les moyens mobilisés pour faire aboutir un tel projet, la nécessité du secret militaire, et les tentatives d'espionnages. le lecteur retrouve les éléments attendus : Projet Manhattan, participation d'éminents physiciens (Enrico Fermi - 1901-1954, Robert Oppenheimer - 1904-1967, Werner Heisenberg - 1901-1976), décision d'Harry Truman, implication d'Albert Einstein. Il retrouve également les éléments de contexte de la seconde guerre mondiale : nazisme, commandos Grouse & Gunnerside (adapté au cinéma dans Les Héros de Telemark -1965- d'Anthony Mann), relations politiques avec Winston Churchill et avec Staline. En fonction de la familiarité du lecteur avec le projet Manhattan, il peut noter des détails qu'il connaissait déjà et d'autres qu'il découvre. Comme Alcante l'indique dans la postface, il a fallu faire des choix. Ils explicitent l'origine de l'appellation Trinity pour la première explosion à partir d'un poème de John Donne (1572-1631), mais ils ne parlent pas de l'aveugle Georgia Green qui a perçu la lumière dégagée par l'explosion. Ils développent le rôle important de Leó Szilárd, mais ils n'avaient pas la place d'évoquer l'importance de Niels Bohr (1885-1962) sur les différents scientifiques qui ont travaillé au projet Manhattan.

En entamant ce récit, le lecteur a conscience que la tâche du dessinateur n'est pas facile. le récit est long et il contient beaucoup d'informations, par la force des choses. L'artiste va donc se trouver confronté à illustrer de copieuses discussions, voire de copieux monologues. Effectivement de temps à autre, une page va être composée de cases avec uniquement des têtes en train de parler, des phylactères pouvant s'avérer copieux en texte. Néanmoins ces occurrences sont très peu nombreuses au regard de la pagination. En outre, Denis Rodier se contente rarement de gros plans ou de très gros plans. Il privilégie les pans taille ou des plans italiens. Il représente très régulièrement les arrière-plans, souvent dans le détail, et il varie les plans de prise de vue, ne se limitant pas à des champs et des contrechamps. En outre, les scénaristes ont conscience d'écrire une bande dessinée et ils développent régulièrement des scènes d'action où les images racontent plus que les textes, avec parfois des pages dépourvues de tout texte. L'enjeu pour l'artiste est alors de se montrer efficace, de bien doser son effort pour la narration visuelle.

Les dessins s'inscrivent dans un registre réaliste et descriptif. L'artiste doit faire revivre de nombreux personnages passés à la postérité, et leur ressemblance est satisfaisante, que ce soit pour les scientifiques, les hommes politiques et le général Groves. Il met en oeuvre une direction d'acteurs de type naturaliste, et les visages présentent une bonne expressivité, permettant de bien ressentir l'état d'esprit des protagonistes. le récit se déroule dans de nombreux endroits, et le dessinateur les rend tous uniques : façades d'immeubles, aménagement des pièces en intérieur, lieux géographiques variés. Outre assister à des discussions, le lecteur voyage beaucoup : Stockholm, New York, Hiroshima, Boulogne sur Mer (en 1803), Harvard, le chantier du Pentagone, le plateau de Hardangervidda en Norvège, Chicago, la Thaïlande, le Nouveau Mexique, etc. Il représente également des scènes d'action : l'attaque de l'usine de Vemork en Norvège, des attaques de navires américains par des pilotes kamikazes, l'entraînement de plongeurs kamikazes, et bien sûr l'explosion des deux premières bombes Gadget et Little Boy. Très rapidement, le lecteur apprécie l'efficacité des dessins : ils marient une approche descriptive européenne, avec une touche d'efficacité comics, pour une narration riche, sans être pesante ou fade. Il peut juste se contenter d'absorber la scène représentée sans s'y attarder, tout comme il peut prendre du temps pour regarder les tenues vestimentaires, les véhicules, les meubles, les appareils technologiques ou militaires, en appréciant la véracité historique discrète, mais bien réelle.

Au fil de séquences, le lecteur absorbe de nombreuses informations et observations, il côtoie de nombreux individus tous incarnés, à la fois visuellement, et à la fois par leurs convictions ou leurs compétences professionnelles. Il prend conscience de l'ampleur industrielle du projet (20.000 hommes pour le site X à Oak Ridge), de sa durée, des incertitudes, le plus souvent techniques et scientifiques, mais aussi politiques, et parfois morales. Il retrouve des éléments qu'il connaît, il en découvre aussi qu'il ne connaît pas. Il voit que les auteurs peuvent porter un jugement de valeur moral (par exemple sur les expériences d'injection de plutonium sur des êtres humains), mais c'est très rare car ils utilisent un ton factuel. Parfois, il se dit que d'autres points auraient pu être développés (d'autres sites, ou le nombre total de personnes ayant travaillé sur le projet), mais la démarche reste de nature holistique englobant énormément de paramètres. Puis il se demande quel est le point de vue des auteurs qui semblent être en position de simples journalistes d'investigation. Ce questionnement devient plus important vers la fin du récit où les événements sont plus connus par le public. Ce point de vue apparaît avec la chute de Little Boy sur Hiroshima : tous les efforts financiers, humains et technologiques ont mené à l'anéantissement de 200.000 vies humaines rien qu'à Hiroshima. Rétrospectivement, le lecteur mesure toutes les conséquences du choix des villes cibles, lors de plusieurs réunions dans des bureaux, en voyant l'ampleur de l'anéantissement de vies humaines. Toute cette énergie humaine investie dans un projet pharaonique pour anéantir autant de vies. Les auteurs ne s'étendent pas sur les victimes de la bombe, mais ils ont construit leur récit pour rendre compte de l'horreur indescriptible, inimaginable de cet engin de destruction massive, de mort.

L'ouvrage est présenté comme un reportage historique ambitieux sur la bombe atomique, en particulier celle d'Hiroshima. le lecteur sait qu'il se lance dans une bande dessinée copieuse en termes de pagination et forcément copieuse en termes d'informations. Il s'agit d'une lecture rendue agréable par des dessins efficaces sans être fades, par une construction vivante, tout en comportant des moments d'explication copieux. Même en 450 pages, les auteurs ne peuvent pas tout caser, mais ils réalisent une présentation très riche, pédagogique et vivante, incarnée et pleine d'émotions, plus parlante qu'un article encyclopédique. Finalement, le lecteur en ressort avec une vision assez complète du projet, chronologique, technique et politique, contextualisée, et une horreur d'un tel investissement pour une destruction plus efficace. Il prend pleinement conscience du poids considérable que fait peser cette menace de destruction massive et planétaire sur l'inconscient collectif.
Commenter  J’apprécie          240
On peut chipoter. Je ne suis pas sûre que ce récit sur la naissance de l'arme atomique gagne quoi que ce soit à être narré par l'uranium itself, monstre tapi dans les entrailles de la Terre pressé de montrer sa puissance. Je suppose bien que l'auteur, féru de culture japonaise, a pensé à Godzilla, mais, justement, le monstre, trop souvent évoqué par ailleurs, fait ici pschit. On peut aussi être gêné par un dessin qui s'obstine à montrer l'impact de la bombe, comme s'il était possible, même (surtout) à grands renforts de visages hurlants et de flammes tourmentées, de se hausser au niveau de l'horreur (ou alors il faut être Goya - et encore).
Mais aucune objection ne tient face à l'extraordinaire enquête narrée ici, à la fois parfaitement didactique et absolument complexe, qui parvient, dans une construction maîtrisée de bout en bout, à expliquer le défi technique posé par la bombe, les enjeux militaires présidant à sa conception, la réflexion politico-éthique aboutissant au largage de Little Boy au-dessus d'Hiroshima...
Si la bombe atomique est bien une horreur, les chemins qui ont mené jusqu'à elle sont d'autant plus terrifiants qu'il n'est pas sûr, sachant désormais ce que nous savons, que nous ne les emprunterions pas à nouveau. Non pas parce que l'homme souffrirait d'un délire de puissance: plus prosaïquement parce que chaque décision, en soi rationnelle et pesée, a abouti à de nouveaux dilemmes de plus en plus complexes, et que seule l'explosion atomique semblait pouvoir apporter une solution définitive à l'enchevêtrement des possibles.
Vu comme ça, on peut donc penser qu'un Poutine dingue n'est pas la pire option. Positivons.
Commenter  J’apprécie          382


critiques presse (4)
BDGest
08 avril 2021
Comme d'habitude chez Nanni, cette évocation est d'une subtilité et d'une poésie rares.
Lire la critique sur le site : BDGest
LeJournaldeQuebec
28 septembre 2020
[Quesnel] insuffle à cette somme de recherches une humanité, une sensibilité et une inventivité graphique et narrative qui subjuguent et émeuvent.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaPresse
21 septembre 2020
L’horreur des évènements est racontée sans que ça devienne sanglant ou trop théâtral.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Telerama
03 juillet 2020
Aussi bien racontée qu’ultra documentée, “La Bombe”, passionnante BD scénarisée par Didier Alcante et Laurent-Frédéric Bollée, et dessinée par Denis Rodier, nous plonge dans l’histoire de la bombe atomique en compagnie d’un étonnant narrateur : l’uranium !
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
L'Allemagne a déjà l'uranium tchécoslovaque. Même si on parvient à mettre l'uranium congolais en sécurité, ça n'empêchera pas les allemands d'aller de l'avant. Pouvez-vous seulement imaginer ce qu'Hitler ferait avec la bombe ? Nous ne pouvons pas prendre ce risque. Il nous faut partir de l'hypothèse que l'Allemagne aura cette arme. Et si c'est e cas, le seul moyen de l'empêcher de l'utiliser, c'est que les États-Unis aient également leur propre bombe. Si deux pays ont la bombe, aucun des d'eux n'osera l'utiliser de peur des représailles. Ils se neutraliseront. L'idéal, bien sûr, aurait été qu'aucun pays ne l'ait, mais on n'en est plus là, c'est déjà trop tard. C'est un énorme paradoxe, mais c'est la réalité. Vu la situation internationale, le meilleur moyen d'éviter qu'on se serve de cette bombe, c'est que plusieurs pays en disposent. Et une fois que ce sera le cas, chacun de ces pays aura intérêt à ce qu'une instance supranationale contrôle l'armement des autres. Et cela pourrait aboutir in fine à un gouvernement mondial qui veillerait à maintenir la paix universelle. Il faut donc que l'Amérique développe la bombe, et cette responsabilité nous incombe.
Commenter  J’apprécie          30
Joseph Rotblat devient ainsi le seul scientifique de haut niveau à démissionner du projet Manhattan pour des raisons de conscience. Quelques jours plus tard, alors qu'il se rend à New-York en train, sa valise contenant ses documents disparaît mystérieusement... Les autorités militaires montent un dossier d'espionnage à son encontre, bien vite abandonné tant les charges sont ridicules...

Chapitre 4, p. 227
Commenter  J’apprécie          80
Princeton 25 mars 1945
- Ce cher Léo ! Quyel bon vent vous amène,
- Celui du drame, des insomnies et des inquiétudes, Albert ! Il est bien loin le temps où nous déposions ensemble des brevets sur les réfrigérateurs à Berlin…
- A voir votre visage, je me doute que vous avez u problème
- Effectivement ! je regrette d’être venu vous voir en 1939 pour cette satanée lettre que vous avez signée.
- Pourquoi ? parce qu’on a ouvert la boîte de Pandore ?
(Albert Eistein et Léo Szilard p. 245)
Commenter  J’apprécie          60
Commençons par notre cité du plutonium à Hanford dans l'état de Washington. Les travaux ont démarré il y a deux mois sous la supervision de Dupont. Plus de 5.000 ouvriers s'y affairent, autant vous dire que ça progresse bien. Il y a intérêt vu que le site W, comme on l'appelle, fait plus de 1.500km² et qu'on y prévoit plus de 500 bâtiments au total. Il y a aura au minimum trois réacteurs pour produire le plutonium. Voici à quoi ressemblera le premier d'entre eux. Il sera opérationnel dans environ neuf mois. D'ici là, vous devrez vous contenter d'échantillons microscopiques pour vos essais. [...] Passons au site X, à Oak Ridge dans le Tennessee. Là, on a carrément 20.000 ouvriers. Il faut bien ça. On développe simultanément plusieurs infrastructures pour séparer les isotopes afin de produire l'uranium enrichi. Tout d'abord, l'usine de diffusion gazeuse, alias K-25. En moins de deux mois, les travaux ont déjà bien avancé. Voici une vue de ce que ça donnera. K-25 consommera tellement d'énergie, plus qu'une petite ville, qu'on va lui construire sa propre centrale électrique sur la Clinch River, comme vous pouvez le constater ici.
Commenter  J’apprécie          20
-La guerre ne durera probablement pas suffisamment longtemps pour développer cette bombe. Mais ce conflit nous permet de travailler dans des domaines passionnants! Nos travaux alimenteront peut-être l'Allemagne de demain en énergie!
Plutôt que de mettre la science au service de la guerre, je vois la possibilité de mettre la guerre au service de la science!
Commenter  J’apprécie          80

Lire un extrait
Videos de Alcante (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Alcante
Extrêmement documenté mais avant tout passionnant, la bande dessinée La Bombe s'est imposé comme le livre de référence sur l'histoire de la bombe atomique.
Une bande dessinée de Didier Alcante, LF Bollée et Denis Rodier
autres livres classés : bombe atomiqueVoir plus
Notre sélection Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (1340) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
2939 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..