Dieu n'a pas besoin de 'preuves'

D'aucun pensent que plus la science avance, plus il est inutile de rechercher des "preuves" de l'existence de Dieu. Pie XII lui-même s'est félicité en 1951 d'une "concordance" entre le discours biblique sur l'origine du monde et les avancées de la science, rejoignant en cela toute une cohorte de penseurs ayant une forte tendance à faire converger leur interprétation d'écrits datant de plus de vingt-cinq siècles avec des découvertes récentes.

Jacques Arnould démonte plus loin dans son essai le péril vers lequel nous entraînent les théories de la transcendance. Il craint que le "transhumanisme ne soit qu'une manière, une tentative ou une menace d'enfermer l'être humain dans l'image, d'apparence parfaite, qu'il se fait de lui-même".

S'appuyant sur des récits d'astronautes ayant eu une expérience exceptionnelle de la "finitude" de notre monde il se demande s'il est "possible de concevoir, de comprendre l'infini".

Finalement, ce sont les dernières phrases de Jacques Monod dans "Le Hasard et la Nécessité" qui répondent à ce questionnement de manière ouverte en renvoyant l'homme à sa propre liberté : "L'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'Univers d'où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n'est écrit nulle part. À lui de choisir entre le Royaume et les ténèbres".

Chargé de mission au Centre national d'études spatiales (CNES), ex-dominicain et théologien chrétien, l'auteur remet à l'honneur la pensée de Theilard de Chardin et de son Christ cosmique ; il avance dans une formule à tout le moins belle que "l'Incarnation est la folle manière choisie par Dieu pour répondre à l'absurdité de la condition humaine".

Cette lecture me conforte dans l'idée d'une révélation progressive, asymptotique. Parallèlement à l'évolution de la connaissance de l'univers et de la matière entre l'époque d'Abraham (où le ciel se résumait à ce que l'on en voyait), à celui de l'univers en expansion (résultant de nos observations et calculs), l'idée que l'homme s'est faite de Dieu a été elle-même "en expansion". le voyage au bout de la nuit n'est pas fini.

PS- J'ai bien aimé la boutade du préambule de cette essai malgré tout assez austère : « Dieu est mort » a dit Nietzsche en 1883, « Nietzsche est mort » a répondu Dieu en 1900.