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EAN : 9780062088857
656 pages
Harperluxe (27/09/2011)
3.95/5   606 notes
Résumé :
A l'instar de ses pareils, hommes de tous âges et de toutes conditions que leur addiction au sexe a conduits devant les tribunaux puis relégués loin des "zones sensibles", le Kid, vingt et un ans, bracelet électronique à la cheville, a pour quartier général le viaduc Claybourne qui relie le centre-ville de Calusa, Floride, à son luxueux front de mer. Depuis toujours livré à lui-même, n'ayant pour ami qu'un iguane offert
par une mère passablement nymphomane, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (84) Voir plus Ajouter une critique
3,95

sur 606 notes
Attention, Russel Banks est de retour et confirme avec ce roman sa place de grand penseur et écrivain américain. Renouant avec ses sujets de prédilection, l' adolescence, les laissés-pour-compte, une Amérique en perte de repères et avec son regard plus aiguisé que jamais, il écrit un brûlot sur les dérives de la société américaine contemporaine.

Bienvenue à Calusa, ville que l'auteur situe à l'extrême pointe de la Floride, ville imaginaire qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Miami. Hormis son parc national aux allures de forêt vierge d'un autre temps et ses complexes hôteliers ultra-modernes en front de mer, vous pourrez, si vous prenez le temps de vous arrêter au Viaduc, visiter sa Colonie, un endroit unique en son genre : un terrain vague, en contrebas du pont, où se sont regroupés des délinquants sexuels qui, bien qu'ayant tous purgé leur peine, sont condamnés à porter et à recharger un bracelet électronique permettant aux autorités de les localiser à toute heure du jour et de la nuit ; délinquants qui sont aussi condamnés à rester hors d'un périmètre dit de sécurité de 750 mètres, ayant en son centre tout endroit susceptible d'abriter des enfants - en faisant tous les calculs nécessaires, cette seconde contrainte ne laisse à ces hommes comme possibilité pour vivre, que ce bourbier, un infréquentable hall d'aéroport et des marécages. Curieux, vous descendez voir en faisant extrêmement attention, l'endroit étant pour le moins escarpé ; et voici que vous apercevez des silhouettes répondant aux noms étranges de Paco, le Grec, P.C, Rabbit qui résident tous là, masquant derrière ces pauvres abréviations et autres pseudonymes ce qu'il reste d'eux, c'est-à-dire des êtres humains sans avenir, en situation de survie quotidienne, privés de rédemption. Un homme détonne au milieu de ces fantômes plus ou moins coupables : il se fait appeler le Kid, bien qu'il ne soit plus un enfant. Mais si personne ne sait vraiment pourquoi il se fait appeler comme ça, tout le monde peut convenir que ce surnom lui va plutôt bien du fait de sa petite taille et de son allure chétive. Il vit dans une tente en compagnie d'Iggy, son fidèle iguane qui l'accompagne depuis ses jeunes années et lui sert tout à tour de gardien, attaché à un parpaing, ou de camarade muet. Outre cette tente et quelques affaires, le Kid possède un vélo et il a un petit boulot dans un restaurant qui lui permet de subvenir à ses modestes besoins.

Cet homme, nous allons le suivre, découvrir qui il est, apprendre pourquoi il est là au travers de ses souvenirs et au travers d'une rencontre qui bouleversera sa vie, celle d'un homme monstrueux (il est plus qu'obèse, énorme) qui se fait appeler Le Professeur. Ce dernier travaille à la faculté et traîne derrière lui une réputation de génie. Il est descendu jusqu'à ce cloaque dans le but d'étudier le cas de délinquants sexuels. Les échanges vont emmener les deux hommes bien plus loin qu'ils ne le pensaient…

Russell Banks revient donc quatre ans après La Réserve, roman qui m'avait déçue, du moins en comparaison de ses magnifiques American Darling ou de beaux lendemains. Ce nouveau livre, inspiré d'un fait divers réel (l'affaire dite du "Julia Tuttle Causeway", histoire d'un campement sauvage fondé par un groupe de délinquants sexuels à Miami), est une fulgurante réflexion sur les dérives de notre société prisonnière de ses schémas et de ses peurs. Ce roman propose un voyage inédit au coeur de ces ténèbres d'une nouvelle ère et, grâce à sa structure qui multiplie les angles et les surprises narratives, évite les mirages du manichéisme et du racolage (sans jamais nier la crudité, voire la violence de son thème) et les réponses péremptoires. Lentement, il creuse son sujet, accumule les strates, emmène son lecteur dans d'étranges directions sans jamais sacrifier son ambition au confort de celui-ci, jusqu'aux confins d'un hypothétique après.

Avec une désarmante acuité, Russell Banks nous livre une histoire animée de cette formidable humanité qui traverse ses meilleurs livres et qui en a fait depuis plusieurs années un sérieux candidat au prix Nobel de Littérature - son oeuvre associant style, profondeur et défense de valeurs humanistes, avec une constante justesse.
Ce livre ambitieux et dérangeant, nous interroge, nous interpelle et ne nous laisse pas indifférent !
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Russel Banks est -à mes yeux- l'un des meilleurs romanciers contemporains américains. de sa belle plume souvent sombre, il dépeint les exclus, les minorités et les marginaux avec tant de réalisme qu'il semble les avoir étudiés et côtoyés longuement.
« Lointain souvenir de la peau » me faisait de l'oeil depuis des mois mais, j'avais quelques hésitations du fait du thème même des délinquants sexuels. Et je finissais toujours par commencer un autre roman moins « dérangeant ».
Finalement, je m'y suis risquée et je n'ai pas regretté. Je crois d'ailleurs que cette lecture me restera en mémoire pendant un certain bout de temps.
Banks nous raconte la réalité de ces déviants sexuels aux Etats-Unis par l'histoire du Kid, un jeune délinquant sexuel, et de sa rencontre avec un professeur de sociologie (aussi intelligent qu'obèse) souhaitant étudier les sans-abri et les délinquants en tout genre.
Tous deux ont un rapport au corps (et aux autres) (le premier qui ne s'est plus touché depuis sa condamnation et le deuxième boulimique à l'extrême) qui ressemble à un lointain souvenir de la peau. (Mais on pourrait aussi parler de leur addiction respective : le sexe virtuel et la nourriture).
Le Kid est un jeune homme de 21 ans, naïf, vierge et qui a pour seul ami son iguane Iggy. Son seul lien avec le monde se fait par le biais d'Internet ; le virtuel faussant alors sa vision du réel et de la relation aux autres (sites pornographiques, etc.).
Condamné à porter pendant 10 ans un bracelet électronique à la cheville, à rendre des comptes à la société, obligé à résider dans le Comté mais à qui il est interdit de s'approcher à moins de 800 mètres de tout lieu fréquenté par les enfants, soit par équation, de toute école, lieu public, etc., il n'a donc d'autre choix que de vivre sous un viaduc (en Floride) avec les autres condamnés et déviants sexuels de toute sorte.
Si j'ai été quelque peu déçue par une partie du livre -le mystère qui entoure le professeur que j'ai trouvé un peu rocambolesque-, l'histoire du Kid n'en reste pas moins touchante et captivante. Et, en nous faisant aussi sourire, notamment par la naïveté et les réflexions du Kid, R. Banks nous évite une lecture trop pesante.
Ainsi, j'aurais tendance à considérer qu'au-delà du Kid, ce qui me restera en mémoire, c'est surtout la capacité qu'a eu Banks, presque insidieusement, de m'ouvrir un peu plus l'esprit, de me rappeler que tout n'est pas radicalement ou blanc ou noir et que trop souvent et trop rapidement, nous posons des étiquettes et portons des jugements sur les autres. Par facilité et sentiment de sécurité, nous mettons des personnes en marge de la société et préférons les éviter du regard, les oublier, les éloigner de notre vie.
Et ce, avec ce « paradoxe » que la société a elle-même rendu possible (pour ne pas dire créée) certaines de ces déviances et donc déviants (sexuels dans le cas présent).

Lorsque certains auteurs (ou romans) me permettent de réveiller ma conscience, m'aident à avoir un regard différent et plus « juste » sur ce qui m'entoure, pour les remercier, je me dis qu'ils méritent au moins un « quatre étoiles »…
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Le roman s'ouvre avec Kid, vingt et un ans, récemment condamné pour crime sexuel. Il ne doit plus s'approcher à moins de 800 mètres de tout lieu où se trouvent des enfants, et est entravé par un bracelet électronique de localisation. Héros peu attirant ? Et pourtant, quand on apprend le réel motif de sa peine, et que l'on découvre ce que fut son enfance , le jeune homme gagne des galons en sympathie.
Cependant sa solitude et sa liberté surveillée limitent ses possibilités au quotidien. Il n'a d'autre choix que de squatter un terrain vague au dessous d'un pont, où se sont réfugiés d'autres parias, pour les mêmes raisons, parfois beaucoup plus graves.
L'irruption du Professeur, un personnage énigmatique va bouleverser sa vie.

Outre le fait de pointer du doigt les aberrations du système de justice et de répression aux États-Unis, Russel Banks magnifie deux personnages uniques, solaires, qui maintiennent une tension de lecture constante, sans temps morts. Son appétence pour mettre en lumière les plus déshérités, les oubliés du système est encore un fois au premier plan.

La langue est belle, le lien avec les personnages met peu de temps à se mettre en place, et l'auteur sait parfaitement faire avancer l'intrigue pour maintenir l'attention jusqu'au bout. Les descriptions de paysages sont dignes des plus belles pages de nature-writing.

Doit-on voir dans le dernier personnage qui entre en piste, un
double de l'auteur ?

Merci à la Caverne des lecteurs et à Jérôme pour nous avoir proposé
une fois de plus une très belle lecture

443 pages Actes Sud 14 mars 2012
Traduction (Anglais): Pierre furlan

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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J'adore ce titre. Il me fascinait au point d'ouvrir le livre avant même d'en connaître le sujet. "Lointain souvenir de la peau" m'évoque d'emblée la rupture sociale, la solitude radicale et la souffrance de ne plus pouvoir étreindre ni être étreint. Et c'est bien de cela dont Russel Banks nous parle à travers son personnage du Kid.

Depuis que le kid a été condamné et enregistré sur la liste des délinquants sexuels de Floride, une simple recherche sur internet permet à chacun de connaître son adresse et ses condamnations. Un bracelet électronique fixé à sa cheville permet à son assistant de probation de le localiser en permanence. Des mesures sécuritaires qui équivalent pour beaucoup de délinquants à la mort civile. Exclusion du marché locatif par des propriétaires soucieux de minimiser les risques, interdiction de se trouver à moins de huit cents mètres d'un lieu fréquenté par des enfants (alors qu'il y en a tous les cinq cents mètres !), c'est en dessous d'un viaduc et dans des abris de fortune que sont contraints d'essayer de survivre le Kid et ses semblables.

Le Kid a 21 ans, il sait qu'il a commis une erreur et aussi qu'il n'est pas pédophile, ce qui dans sa situation finalement n'a plus beaucoup d'importance. L'arrivîée au campement d'un mystérieux chercheur universitaire désireux de connaître ses conditions de vie et de comprendre son parcours va l'amener à regarder dans le rétroviseur et à se livrer.

Russel Banks distille au compte-goutte les infos sur son enfance, son parcours, et les faits pour lesquels il a été condamné, pour finalement nous amener à réfléchir sur les dérives sécuritaires du "surveiller et punir". La sanction garantit-elle un changement de comportement ? Contribue-t'elle au final  à plus de sécurité pour la société ? Faut-il abandonner tout espoir de réinsertion pour certaines catégories de délinquant ? Est-il justifié et acceptable de les bannir et de les parquer dans des zones d'exclusion et de non-droit ?

Russel Banks est à mes yeux un des plus grands auteurs nord-américains. "Affliction" et "De beaux lendemains" sont deux pépites. Si "Lointain souvenir de la peau" n'est pas aussi abouti, il n'en demeure pas moins un bouquin bien construit dont l'épaisseur et la richesse du personnage principal servent une réflexion plus que jamais d'actualité sur l'enfance maltraitée (des victimes mais aussi souvent des abuseurs) et sur la réaction sociale à des faits qualifiés d'infractions.

On regrettera juste des phrases parfois très longues dont la (difficile) traduction en Français alourdit le texte et plombe parfois le rythme.
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Lointain souvenir de la peau, lointain souvenir de la civilisation américaine quand on est retranché sous le Viaduc, avec pour compagnons d'exil les recensés du délit sexuel. C'est le seul lieu éloigné de plus de 800 mètres des écoles, parcs ou autres lieux urbains possiblement fréquentés par des enfants, auquel les autorise le bracelet électronique chevillé à leur corps. Des reclus que la société ne veut plus voir, et pour cause. le lecteur aussi risque d'avoir du mal à entrer dans leur univers, sans parler d'empathie, avec cette part de l'humanité qui fait honte à l'autre. Russel Banks n'a pas hésité quant à lui à pénétrer cet univers par le biais de deux personnages magnifiques, le Kid d'un côté, le Professeur de l'autre, pour un roman dense parfois un peu long et tortueux, sous couvert d'analyse sociologique et de décrépitude humaine. Rien à dire c'est magistral par moments, malgré le sujet comme un caillou dans la chaussure du lecteur, et on retrouve ici la puissance accrocheuse de cet auteur. Même si j'ai préféré nettement « De beaux lendemains ».
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critiques presse (11)
Culturebox
10 janvier 2023
Lointain souvenir de la peau raconte l'histoire du Kid, jeune homme de 20 ans condamné pour délinquance sexuelle, en liberté conditionnelle.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeFigaro
10 janvier 2023
Banks nous parle de culpabilité et de honte. D'exclusion et de solitude. De chair triste. Lointain souvenir de la peau n'est pas un roman aimable mais admirable dans sa rugosité même et sa puissance.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Culturebox
26 avril 2012
Le livre, magistralement construit, donne un sentiment d'étouffement. Chaque fois qu'une porte s'ouvre, elle se referme violemment.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Bibliobs
11 avril 2012
«Lointain souvenir de la peau» est, autant qu'un roman haletant, une saisissante parabole sur le revers de ce qui brille - la civilisation du luxe et de la luxure, et l'adoration universelle du Dieu numérique.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
23 mars 2012
Lointain souvenir de la peau n'est pas un roman aimable mais admirable dans sa rugosité même et sa puissance. Peu d'écrivains ont aujourd'hui le courage de prendre à bras-le-corps de tels sujets. S'il n'en reste qu'un, Banks sera celui-là.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
23 mars 2012
Russell Banks en convient sans peine. Son livre est culotté.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Lexpress
22 mars 2012
Lointain souvenir de la peau, ultime portrait de Russel Banks d'une Amérique à la dérive, ne parvient pas à renouer avec la force de ses précédents romans.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LesEchos
20 mars 2012
Cette fable puissante, qui met face à face un jeune délinquant sexuel victime du système et un professeur d'université au passé trouble, nous transporte dans un monde à la Orwell.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Lexpress
15 mars 2012
Avec le portrait en clair-obscur d'un marginal à la dérive, Russell Banks interroge le statut du corps à l'ère d'Internet et du numérique.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
14 mars 2012
[Un] grand roman qui, creusant la cons­cien­ce collective américaine con­temporaine, ne craint pas de soulever d'amples et complexes questions politiques, mo­rales et symboliques.
Lire la critique sur le site : Telerama
LePoint
12 mars 2012
Un roman d'une puissance incroyable, dont on sort broyé et résigné au pessimisme radical.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
Depuis quelques heures, depuis que Gloria lui a révélé qu'elle avait parlé avec son père, que des policiers avaient rendu visite au vieillard dans sa maison de l'Alabama et qu'ils étaient également venus jusqu'à sa porte à lui, à Calusa, en demandant à lui parler, depuis ce moment, donc, le Professeur n'a plus été lui-même. Il a perdu l'esprit ; or son esprit, croit-il, est son véritable moi. Il lui faut le réinvestir, et la musique l'y aidera.
Il fait jaillir un CD parmi une centaine d'autres sur lesquels il a gravé des standards de jazz et qu'il garde dans une boite en plastique noir à l'intérieur de l'accoudoir du siège. Ses esprits lui reviennent sans tarder avec II Fall in Love Too Easily par Tommy Flanagan, The Touch of Your Lips par Art Farmer et Bill Evans, The Nearness of You par Roy Hargrove. Au moment où se font entendre les accords d'ouverture de My Heart Stood Still par Bud Powell, il a déjà retrouvé son moi véritable et s'y est réinstallé : il est calme, logique, détaché. Maître de la situation. Et son corps est là où il veut qu'il soit - de nouveau à part.
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Le monde est rempli de gens qui ne sont pas ce qu'ils disent ni qui ils disent. Ceux qui les croient ne sont pas non plus ce qu'ils disent ou qui ils disent. Voilà la chose essentielle que le Kid a apprise le soir où il a été arrêté et où il est devenu délinquant sexuel. Nul n'est celui qu'il dit être.
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Au loin, là où la ville tentaculaire se rétrécit et se termine enfin, au-delà de la zone où les galeries marchandes, les pavillons et les enclaves protégées des banlieues se transforment en parcs à caravanes et où ceux-ci finissent par se fondre dans des fourrés de palmettos, des champs de canne à sucre et des mangroves, au-delà du Grand Marais de Panzacola, un soleil rouge et aplati miroite près de l'horizon bas que rien ne brise. Zébré de bandes nuageuses couleur mandarine, le ciel à l'ouest devient turquoise puis se couvre d'orange et finit écarlate. Ce ciel de fin de journée, le Kid peut le voir depuis l'endroit où il se trouve sous le Viaduc, mais seulement s'il s'avance jusqu'à l'extrémité de la péninsule de béton, se dresse au bord de l'eau qui clapote et lève les yeux. Deux 747 s'envolent simultanément de l'aéroport international à l'ouest du centre-ville. Des traînées parallèles de vapeur condensée blanche rayent le ciel qui s'assombrit.
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Répondre à la question du véritable nom du Kid ne devrait pas être difficile. Pas besoin de rester là à attendre que le Kid veuille bien le donner. Il n'a qu'à aller, via Google, sur le site du Registre national des délinquants sexuels. Là, cliquer sur trouver les délinquants, puis chercher par lieu et entrer le nom Calusa. Une carte apparaîtra, parsemée de petites cases colorées : chaque case représente le lieu où demeure un délinquant sexuel condamné et sa couleur, rouge, jaune, bleue ou verte, indique la nature du délit. Le rouge désigne les actes perpétrés contre des enfants ; le jaune marque le viol ; le bleu, l'agression sexuelle ; et le vert dénote les "autres délits" qui peuvent être n'importe quoi depuis la "sodomie au deuxième degré" et "l'abus sexuel au deuxième degré" jusqu'au "comportement obscène et lubrique". C'est sans doute la couleur du Kid, étant donné la durée relativement brève de sa peine.
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Le professeur a l'intention de guérir le Kid de sa pédophilie. Pas par une psychothérapie ou par des médicaments, ni par des moyens plus radicaux tels que le bourrer d'hormones femelles ou lui imposer une castration chimique. Il compte guérir le Kid en transformant sa situation sociale. En lui donnant du pouvoir dans le monde. De l'autonomie. En mettant son destin, et donc son caractère, entre ses propres mains. Il pense que l'identité sexuelle d'un individu est façonnée par son identité sociale telle qu'il la perçoit, et que la pédophilie, si on la comprend bien, ne concerne pas la sexualité mais le pouvoir. Plus précisément, elle porte sur la perception personnelle qu'on a de son pouvoir.
[...] S'il reçoit assez de soutien et d'encouragement, le Kid sera éventuellement en mesure d'élargir lui-même cette ouverture [sur le monde] et d'acquérir une maîtrise suffisante sur le monde pour arriver, pour la première fois de sa vie, à se sentir puissant. Assez puissant pour ne pas être obligé de se prouver qu'il peut dominer des enfants. Et des animaux. Des iguanes, des chiens et des perroquets.
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Videos de Russell Banks (44) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Russell Banks
Paul Schrader adapte pour la deuxième fois un roman de Russell Banks, décédé l'an dernier. Où Richard Gere campe un réalisateur en phase terminale hanté par son passé.
#cinéma #richardgere #cannes2024
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