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EAN : 9782213712017
288 pages
Fayard (02/01/2019)
3.9/5   21 notes
Résumé :
Ils sont trois. Elle enseigne l’allemand dans un lycée mais tente aussi d’inculquer des notions de français à des migrants accueillis par une association humanitaire. Lui a accepté le travail le plus étrange de sa vie : gardien d’une station de pompage même plus en service et si isolée au milieu d’interminables champs de maïs que son employeur a dû l’y faire déposer en hélicoptère. La troisième, encore aux études, gagne sous le manteau un peu d’argent en rendant vis... >Voir plus
Que lire après Il se pourrait qu'un jour je disparaisse sans traceVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Quand Thierry Beinstingel s'empare des solitudes humaines cela donne le sublimissime Ils désertent qui reste gravé dans ma mémoire avec sa peinture des ravages du management sur les salariés ordinaires. On est bien dans la même veine ici avec ce titre emprunté à Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier. Cette fois encore, l'auteur trouve les mots justes pour éclairer ces vies ordinaires qui tentent de se trouver un sens, malgré la perte de repères, malgré le délitement de leur environnement, malgré leur difficulté à exister parmi la foule. Malgré le manque flagrant de communication et d'attention à l'autre.

Nous suivons trois personnages, tour à tour, au fil de courts chapitres qui nous attachent progressivement et irrésistiblement à eux. Il y a d'abord une femme, professeur de lycée, en proie au doute face au désintérêt de ses élèves. Un homme, chômeur de longue durée qui accepte un contrat de travail assez déconcertant, gardien d'une station de pompage au milieu de nulle part. Et puis une jeune fille, adolescente un peu paumée, qui se cherche et accepte de s'occuper d'un jeune garçon différent que sa mère cache dans un immeuble désaffecté voué à une prochaine démolition. Chacun d'entre eux va faire sa propre expérience dans des conditions plus ou moins inconfortables, et découvrir la possibilité d'un "autrement".

Ce qui est intrigant chez l'auteur c'est sa façon d'intégrer les objets du quotidien à sa réflexion, rendant ainsi sa démarche étonnamment proche et les sensations des protagonistes douloureusement perceptibles. Dans Ils désertent, son héros était représentant en papier peint, ici, l'expérience de l'enseignante passe par un entrepôt qui abrite les activités d'une association oeuvrant pour l'insertion et l'intégration grâce à la récupération et à la revente de meubles et ustensiles en tous genres. L'homme et la jeune fille, de leur côté vont expérimenter la nécessité de faire sans le relatif confort de leur quotidien. Ce qu'ils vont tous découvrir, par-delà les objets et le poids des habitudes, ce sont les autres et surtout eux-mêmes. L'importance du regard porté sur les autres. Un aperçu de là où se trouvent les vraies richesses...

L'écriture de Thierry Beinstingel est limpide, légère, empreinte d'une forme de poésie qui se niche là où on ne l'attend pas. de roman en roman, il construit une grande fresque sociale et sociétale, dont les héros sont des gens comme les autres. Son regard est précieux et, le dénouement parfaitement inattendu permet d'admirer toute sa maitrise narrative.

Franchement, il faut lire Thierry Beinstingel.
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Les acteurs du nouveau roman de Thierry Beinstingel sont appelés la prof, la jeune fille et l'homme. Ces trois personnages sans nom font partie de la société et joue parfaitement le rôle qui leur est attribué. Ils sont fondus dans la masse jusqu'au jour où leur chemin de vie déroute.

Suite à un geste malheureux, la professeur d'allemand modèle se retrouve à donner des cours à des migrants pour le compte d'une association. Après l'abandon de ses études, la jeune fille devient la baby-sitter d'un garçon autiste, vivant dans la clandestinité. L'homme, au chômage, va accepter pour de l'argent un job surréaliste d'agent d'entretien dans une contrée isolée.

Tous, à leur manière, font l'expérience de la disparition. Ils cessent d'exister aux yeux du monde. Dans leurs destins à priori indépendants, ils vont rencontrer les différentes formes que peut prendre la solitude. Cette solitude met l'être humain en marge de la société, du système. Ils perdent alors leur identité qui reposait finalement sur leur rapport aux autres. En voulant sortir de cet état, les protagonistes se redécouvrent eux-mêmes et ouvrent les yeux sur une catégorie de gens dont ils ignoraient l'existence.

En général, je n'aime pas trop les romans avec trois histoires distinctes. En trop grand nombre, elles sont souvent incomplètes et superficielles. Il n'en est rien ici. Les trois parties s'enlacent et se complètent à la fois, afin de créer une représentation de la solitude moderne. Les émotions sont bien retranscrites et l'évolution des évènements m'a captivé jusqu' au final surprenant.

« Il se pourrait qu'un jour je disparaisse sans trace » est un roman social sans concession. Thierry Beinstingel livre un texte lucide sur des situations dramatiques. Avec une certaine poésie et beaucoup de bienveillance, il entrebâille une porte d'accès lumineuse sur les gens auxquels personne ne pense, les oubliés…


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Ce roman ambitieux, qui entremêle trois narrations qui a priori n'ont rien à voir entre elles, se confronte au réel le plus actuel, à savoir le sort des errants, migrants ou réfugiés, dans une société aussi anxiogène et crispée que la nôtre.
De ces trois narrations, celle qui m'a d'abord le plus intrigué est celle d'un homme employé pour occuper un site d'une station de pompage abandonnée dans un pays étranger pendant cinq mois, dans une solitude complète. La première nous fait faire connaissance d'une professeure d'allemand dans un collège de la région parisienne qui va connaître des difficultés professionnelles mais trouvera une bouée de sauvetage dans une association qui emploie des étrangers dans le domaine de la récupération et de la revente. La troisième est celle d'une jeune fille qui accepte, contre rémunération, de s'occuper quotidiennement pendant quelques heures d'un jeune homme handicapé mental.
Thierry Beinstingel, dont je découvre l'écriture, est assez doué pour embarquer le lecteur dans ces trois histoires, qui, je n'en dirai pas plus, auront finalement des points communs. Même un coeur sec comme le mien, qui a peu de goût pour l'angélisme bon teint, a été touché par cette histoire, suffisamment en tout cas pour la lire d'une traite.
#IlSePourraitQuunJourJeDisparaisseSansTrace #NetGalleyFrance
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Quand un auteur s'intéresse à des gens ordinaires et les place dans un univers réellement romanesque, sans fermer les yeux sur notre monde et son inhumanité, cela donne un récit passionnant qu'il est plus urgent de découvrir que celui mièvre et mercantile de certain(e)s auteur(e)s actuel(le)s porté(e)s aux nues dans le seul but d'enrichir quelques uns ( si vous ne voyez pas de quoi il s'agit, traînez dans une librairie, une pile de coquelicots devrait vous remettre à jour). "Il se pourrait qu'un jour je disparaisse sans trace" ne bénéficie pas de l'écho médiatique que pourtant il mériterait, tant le regard réellement empathique et l'écriture fluide et imagée s'unissent pour nous offrir un vrai roman que l'on ne lâche pas, qui a vraiment des choses à nous dire et à nous faire ressentir.
Trois personnages vont voir leur vie prendre une direction inattendue, trois personnes presque invisibles, tant leur vie ou leur statut social les conduit peu à peu à se fondre dans le paysage. Il y a d'abord une prof d'allemand, à l'image que l'on en a souvent( un cliché ?) : rigide, sèche, sans grâce. Séparée d'un mari volage, vivant à côté d'une ado mutique, déconsidérée par sa hiérarchie pour qui l'apprentissage de la langue de Goethe ( ou des Tokyo Hôtel) relève du passé, son quotidien va se trouver intrigué par la rencontre de l'équipe d'une association humanitaire venue vider la maison de son père récemment décédé. Ce sera la partie "roman psychologique et social" qui, dignement et élégamment, ne tombera jamais dans la facilité tout en maintenant un intérêt grandissant.
Nous avons ensuite une jeune fille un peu désoeuvrée après son bac, vivant dans une cité en réaménagement dont la démolition de certaines barres d'immeubles laissera la place à une bretelle d'autoroute. Elle répond à une annonce punaisée dans le hall de son immeuble et va s'occuper, une heure par jour, d'un enfant attardé, abandonné dans un appartement. La situation, en plus d'être étrange et ignoble, donnera au roman son aspect apprentissage, la jeune fille découvrira petit à petit l'injustice du monde dans lequel elle vit.
Le troisième personnage est un homme, sans plus beaucoup d'attaches et pointant à Pôle Emploi. Il se verra proposer un drôle de job bien rémunéré : garder une station de pompage totalement perdue au milieu d'un champ infini de maïs ( peut être en Ukraine ou dans quelques pays similaires de l'Est de l'Europe). Tel un Robin Crusoé sans vendredi, sa vie prendra un tournant qu'il n'avait sans doute jamais imaginé et donnera au roman sa partie grande aventure, réelle passionnante.
Les trois récits alterneront avec bonheur, enrichis par des thèmes actuels ( la pauvreté, les migrants, les laisser-pour-compte) qui s'intègrent parfaitement et avec subtilité. Et si le lecteur se doute bien que ce procédé amènera ces trois personnes à se croiser, il ne voit pas bien comment avec ces trois intrigues si différentes. Mais, il faut faire confiance à Thierry Beinstingel et son talent de romancier, qui réussit ce tour de force avec finesse et arrive à donner un nouvel éclairage à son récit avec un final bien ficelé.
Vous l'aurez compris, si vous voulez du roman, avec aussi un vrai regard qui vous passionne mais qui vous ouvre également l'esprit, "Il se pourrait que je disparaisse sans trace" est l'ouvrage idéal, sincère et bien écrit, très très loin des fausses valeurs que l'on veut nous vendre par ailleurs.
Lien : https://sansconnivence.blogs..
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Ils sont trois : une professeure d'Allemand au lycée, une jeune fille ayant mis en pause ses études et un homme au chômage. La professeure subit ses cours, n'a plus d'entrain à enseigner. Elle et sa fille sont deux étrangères vivant sous le même toit, chacune enfermée dans ses préoccupations. Et puis un jour un élève l'insulte, elle franchit la ligne rouge. Mise en arrêt de travail, elle commence à donner des cours de français à des adultes étrangers dans un centre qui accueille des migrants, collecte et revend des meubles, des vêtements. Malgré les difficultés rencontrées dans son activité de bénévole, elle ne baisse pas les bras bien au contraire.
La jeune fille, elle, a trouvé un petit boulot : s'occuper d'un garçon autiste. Un job rémunéré en cash par la mère du garçon qu'elle ne voit jamais dans le petit appartement insalubre de le tour qui va bientôt être démolie. Elle pourrait alerter les services sociaux de la situation ou s'en tenir strictement aux consignes : préparer un repas au garçon, rester un peu avec lui et s'en aller. Mais elle s'attache à lui et essaie malgré son mutisme de créer un lien, si fragile, soit-il avec lui.
L'homme lui se voit proposer un travail pour cinq mois payés 20 000 Euros sans aucun frais. Pas de loyer, pas de nourriture pour être agent d'entretien sur une station de pompage à l'étranger. Il accepte, se voit déjà revenir triomphant avec l'argent. Sauf que la situation sur place est bien loin de ce qu'on lui a vendu. Il est seul, ne dispose pas d'électricité ou d'eau courante sans aucun repère du temps qui passe, "il doit affronter la nature, développer sa réflexion et la créativité qui sont la marque spécifique des humains".

Avec ces personnages sans lien apparent, isolés, bousculés et déstabilisés dans leurs repères, Thierry Beinstingel nous confronte à la réalité de ceux qui n'ont plus rien mais aussi de ceux qui semblent s'effacer de leur vie. Sans se faire donneur de leçons ou d'user de bons sentiments, il modifie le regard du lecteur et l'amène à reconsidérer ou à percevoir différemment une situation et surtout à se démettre de jugements hâtifs.

Non seulement, il y a l'histoire qui happe le lecteur et la construction intrigante de ce roman renforce ce sentiment d'immersion (un livre lu, vous l'aurez compris, en apnée totale). J'aime l'humanité de cet auteur, j'aime comment il s'empare de sujets de société pour nous interpeller, j'aime son écriture fine et sa précision des mots.
Une lecture forte, riche en émotions et en réflexions.
Lien : https://claraetlesmots.blogs..
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critiques presse (1)
Liberation
07 janvier 2019
On peut aimer ce roman pour son sens des réalités, ses qualités de cœur. Il y a une autre raison, qui tient à l’intrigue, à la construction du livre.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
la vie n'est qu'une succession d'actes anodins, disjoints en apparence, qui finissent par tisser des liens secrets, empêtrer ceux qui les subissent ou en son les bénéficiaires, les surprendre parfois au point qu'on se rend compte soudainement que ce qui a été jusqu'alors n'est plus possible.
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Chacun court après sa vie élabore son petit confort comme Robinson sur la gravure : une table pour asseoir sa posture, un buffet pour le peu qu'on possède sur terre, un perroquet en miroir pour être toujours d'accord avec soi-même. Et comme Robinson, on craint depuis toujours que débarque un Vendredi pour bousculer nos habitudes. Le migrant d'aujourd'hui joue ce rôle. L'humanité entière reste à rassembler.
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La perspective d'une intégration par l'alphabétisation est une flatterie démagogique, ici, personne n'est dupe.
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Videos de Thierry Beinstingel (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thierry Beinstingel
Thierry Beinstingel vous présente son ouvrage "Dernier travail" aux éditions Fayard. Rentrée littéraire automne 2022.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2639258/thierry-beinstingel-dernier-travail
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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