Nous avons tous, enfouie au plus profond de notre être, une petite gloire secrète. Celle que l'on tait volontiers mais qu'on se remémore avec plaisir et ravissement.
Benacquista fait partie de ma liste d'auteurs dont j'achète les ouvrages dès leur sortie en librairie, sans même prendre le temps de lire le résumé. J'ai tellement aimé
Malavita ou sagas que je ne me pose pas de questions. C'est donc tout naturellement que je me suis ruée sur
Nos gloires secrètes, puis que je l'ai posé dans ma PAL, attendant comme à mon habitude ce fameux bon moment.
Le croyant arrivé j'ai sorti l'ouvrage de ma bibliothèque pour enfin l'observer (-j'ai une relation particulière avec mes livres et ma bibliothèque, régulièrement, je sors un livre, lis le résumé, le repose ou le change d'endroit, c'est toujours très tendre, et en fonction de l'édition, presque charnel. J'aime passer mon doigt sur la couverture des Gallimard ou des Editions de Minuit, sentir ce papier un peu rugueux. Mes livres et moi, c'est une véritable histoire d'amour).
Et là, ce fut le choc : juste sous le titre, le paratexte m'indiquait « Nouvelles ». Moment de panique, je le repose… Ce n'est pas le bon moment, je dois me faire à l'idée.
J'ai longtemps eu une sorte de dédain pour les nouvelles, estimant à tort que ce n'était que des ébauches de romans pour lesquels l'auteur n'avait pas eu matière à développer davantage. Vilain a priori n'est-ce pas ? Et surtout complètement idiot.
L'idée fait son chemin, c'est quand même du Benacquista. J'ouvre l'ouvrage, non sans une certaine crainte…
Je me plonge dans la première nouvelle, très perplexe, mais la plume de Benacquista, comme à son habitude, m'emprisonne dans sa toile, et ne me laisse pas repartir. Les pages défilent, j'arrive au bout de ce « Meurtre de la rue des Cascade », et la logique du recueil m'apparaît.
Ce que j'aime dans les Editions Gallimard, c'est que la sobriété de la couverture n'influence pas votre choix et ne révèle rien du contenu. le titre doit être efficace, l'auteur aussi. En ouvrant l'ouvrage, je n'avais pas saisi tout le sens du titre de
Nos gloires Secrètes. J'aurais pourtant dû me rappeler que chez Benacquista, il n'est pas le fait du hasard, il fait partie intégrante de l'ouvrage.
Et me voilà prise au jeu de suivre ce fil conducteur et de chercher dans chacune des six nouvelles, LA gloire secrète du protagoniste, de tenter d'imaginer la chute, souvent déstabilisante, ce n'est pas du Benacquista pour rien. Je suivais maintenant ce fil d'Ariane, et inconsciemment, dans cette plongée de la psyché des personnages, je commençai à me livrer à une introspection de mon propre moi. Quelle est donc ma gloire secrète ?
Le talent de Benacquista va au-delà de cette simple question, il réside indéniablement dans le fait que, malgré ce genre –la nouvelle- qui laisse peu d'espace pour dire les choses, ses mots sont toujours justes, et font toujours mouche pour s'immerger dans le Qui sommes-nous ? Quelle image renvoyons-nous aux autres ? Que savent-ils de nous, et comment nous comprennent-ils ? Qu'en est-il de ces indices que nous disséminons inconsciemment pour révéler ce que nous voulions garder caché ?
C'est une véritable réflexion sur le genre humain qu'il nous livre, et je m'en suis délectée.
Et vous, y avez-vous réfléchi ? Quelle est votre gloire secrète ?
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