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EAN : 9782897126483
568 pages
Mémoire d'Encrier (02/01/2020)
3.91/5   16 notes
Résumé :
Une histoire de l’humanité qui rassemble et permet des rencontres improbables.
Juillet 2004. L’inauguration du musée national de Préhistoire réunit en Dordogne Nelson Ndlovu, archéologue sud-africain invité aux cérémonies, Peter Lloyd, traducteur anglais installé là depuis quinze ans, et Magda Kowalska, jeune femme polonaise qui tient une maison d’hôtes dans le village. L’été voit naître entre eux un grand rêve d’amour et d’amitié.
La gaité de Magda,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un ambitieux premier roman, une étonnante fresque du 20e siècle...

Et parlant de fresques, ça commence avec les peintures dans des grottes du Périgord et sur des rochers africains. le début du roman est un peu laborieux, avec des extraits de conférences, mais ça vaut la peine de poursuivre, ce ne sera pas du tout le ton par la suite.

Le roman, c'est surtout des personnages forts et une variété de destins, en lien avec des grands événements du 20e siècle. On aura Peter, l'Anglais, qui vit son homosexualité et a vu mourir ses amis du sida. On aura l'Afrique du Sud, l'apartheid et les réconciliations. On aura la Pologne avec les espoirs d'une société nouvelle après la guerre, espoirs déçus pendant des années de communistes et espoirs de nouveau avec le démantèlement du bloc soviétique. On aura aussi une femme libre, qui veut mordre dans la vie et qui en paiera le lourd prix.

Et pour ajouter encore à ce roman touffu, on parlera aussi archéologie, musique, gastronomie et beautés du paysage.

Un gros bouquin réussi, un beau voyage à travers le temps et l'espace.
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Trois personnages : Nelson, le Sud-Africain, Magda, la Polonaise et Peter, l'Anglais.
Trois prismes : l'Histoire de l'humanité, L Histoire contemporaine et l'histoire familiale.
C'est là toute l'originalité de cette oeuvre littéraire où ces fils se tressent en même temps que s'entrecroisent les personnages dont un petit village de Dordogne est le trait d'union.

Mais ce n'est pas là sa seule singularité, puisque ce livre est un métissage des genres : roman historique, roman policier, roman d'amour, roman où le poids des secrets de famille interroge le silence comme source de protection ou de malédiction.
En ce sens, la structure narrative peut paraitre un peu déconcertante et nous vivons donc presque plusieurs romans en un.

Mais j'ai trouvé le récit bien documenté, émaillé de quelques réflexions très intéressantes, et j'ai pris plaisir à lire ce livre dont l'écriture est à la fois soignée, fluide et agréable. Les personnages s'ils ne sont pas tous attachants, nous captivent cependant par leur relief et leurs blessures.

En bref, un roman atypique et plaisant.

Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Mémoire D encrier pour l'envoi de ce livre, offert dans le cadre de l'opération Masse critique, et pour ce bon moment passé grâce à eux.

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Un roman bien mal nommé, car pour une débutante l'autrice fait montre d'une puissance et d'un savoir-faire impressionnants. J'ai adoré ! (A part peut-être le tout début - l'arrivée de Nelson, archéologue sud-africain, à la grotte périgourdine des Combarelles - et la toute fin, un peu trop rapide à mon avis : « L'histoire commence bien avant ta naissance, Magda », dit sa mère – cela sonne un peu tarte… p.543). Mais pour le reste, le roman navigue superbement entre les continents, entre les époques, de l'Afrique du Sud à la Pologne, du paléolithique à la Shoah. Toute l'histoire du monde fouette les personnages, et tous les personnages reflètent l'histoire du monde… Il y avait place pour 3 ou 4 romans dans ce livre, et pourtant tout tient debout. C'est très fort. La nouvelle Nancy Huston, celle de "Lignes de faille", est née !
Il y a les horreurs tout d'abord. La main coupée du disparu, déposée sur le seuil de sa maison familiale, à Soweto (p.50). Les soins apportés à Marcus le rebelle, victime des émeutes urbaines de Brixton (164). Toute la dernière partie raconte la jeunesse de Magda l'indépendante polonaise, qui contre de l'argent n'hésite pas à se balader nue chez un vieil original. Fan du groupe de hard rock Defekt Muzgo, son enfance a été bouleversée par les grands branle-bas des territoires et des migrations : sa famille, des ouvriers polonais installés en France, étaient repartis en Pologne en 1947 pour peupler les zones prises à l'Allemagne, et découvriront que l'appartement qui leur est accordé, à Walbrzych, conserve encore « des restes de pommes de terre dans les assiettes » tant ses occupants précédents en ont été chassés brutalement (385). Il y a le désenchantement de l'Afrique du Sud post-apartheid quand les auditions de la Commission Vérité et Réconciliation révèlent les complexités de l'histoire : « Chaque témoin, chaque récit, chaque douleur finissait par égratigner une histoire qu'on aurait rêvé plus belle, par fragiliser la grande fresque épique de la libération qu'on aurait voulu pouvoir se raconter sans arrière-pensée » (356). le père de Nelson lui-même ne va-t-il se révéler avoir été un traître ? Surtout, il y a cette déflagration, cette troisième partie, au milieu du roman, qui ravage le lecteur. on l'apprend comme en passant, au fil des paragraphes, et c'est encore plus horrible (279). Catherine Blondeau est cruelle avec ses lecteurs comme avec ses personnages. Parfois même elle lâche la bonde, et les histoires saignent alors en des flots rouges de poèmes en prose (399).
Il y a l'amour ensuite. L'amour gay, qui lie Peter, le traducteur intello (de Marguerite Duras, p.134 !) mélomane (154), et Marcus le DJ que le sida . Leur dernière nuit avant leur séparation : « Il n'y eut ni colère ni amertume. Il y eut deux âmes qui se regardèrent et se reconnurent une dernière fois avant de se séparer pour toujours » (173). L'autre amour à peine plus classique, entre Nelson l'archéologue sud-africain et : destins ravagés de personnes et de pays, qui cherchent d'imparfaits pansements dans la passion.
Il y a l'humour aussi. Quand le jeune Nelson retrouve l'université de Wits, il est séduit par les belles et jeunes Afrikaners. « Et pendant que partout dans le pays se mettaient en place les instances de la Truth and Reconciliation Commission, Nelson, dans sa petite chambre de Yeoville, découvrait les plaisirs de l'amnistie par rapprochement des épidermes et confusion des sens » (217). Et ce policier chargé de l'enquête en Dordogne, qui « disait souvent qu'il était un homme modeste et que le jardinage convenait à son tempérament. On ne gagne pas toujours contre les limaces, ça vous remet un homme à sa place, aimait-il à répéter en prenant un air sérieux de philosophe » (321).
Mine de rien, il y aussi l'histoire, la science. Catherine arrive à faire passer avec légèreté « des idées », comme on dit, sur les Néanderthaliens, sur l'Afrique du sud raciste, sur la Pologne communiste. Ainsi de cette réinterprétation postcoloniale d'une fameuse scène rupestre de vol de bétail d'Afrique du Sud (p.250) – dans la réalité, c'est F.X. Fauvelle, professeur au Collège de France, qui a publié sur ce sujet.
Et, pour finir, même si le mot peut être tourné en dérision, il y a aussi un grand humanisme. Lisez l'installation de Peter, dans une maisonnette de Dordogne sans chauffage, où l'hiver il « laissait son haleine dialoguer avec les fleurs de givre » (232). Traverse dans le livre un désespoir de l'être humain, ballotté par les à-coups de l'Histoire ou simplement dévoré par le molosse d'un connard raciste.


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Quand je pense que j'ai bien failli ne jamais recevoir ce roman !!

"Gagné" dans le cadre de masse critique, j'ai d'abord reçu un petit livre de poèmes (que je ne manquerai pas de critiquer quand même).

Ensuite, j'ai fini par recevoir "débutants".

Quel livre déroutant !

Pendant les 100 premières pages, je me suis demandée quelle était l'histoire et comment le livre allait évoluer.
J'avais l'impression de lire " une année en Provence " de P.Mayle et je me demandais vers quoi le livre allait m'emmener.

Et puis, il y a un événement terrible qui bouleverse tout l'agencement du livre et là je n'ai plus pu lâcher le bouquin en me disant que l'auteure était quand même d'une subtilité incroyable.

Cet événement se "résoud" et on comprend alors le parcours de vie de Peter, Olivier, Nelson et c'est juste dingue !

J'ai adoré la variation des styles, c'est pas policier, pas historique, pas romanesque et tout à la fois.
J'ai aimé la description des personnages, ni trop ni trop peu.
J'ai aimé les références à l'histoire, sans pour autant que celles-ci soient totalement historiques.

J'ai aussi aimé être bousculée dans mon confort en ne comprenant pas vers quoi ce livre m'entrainait.

Si je devais le résumer en un seul mot : perturbant !

Merci à babelio ainsi qu'a la maison d'édition pour ce beau moment.
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Ce roman, je l'ai reçu par erreur à la suite d'une masse critique et j'en suis fort heureuse! Donc un grand merci à babélio, aux masses critiques et aux mémoires d'encrier ;-)

Il va m'être difficile cependant de faire une critique tant je suis déroutée. Car je suis passée par toutes les phases dans cette lecture, de l'intérêt à la lassitude, de la curiosité à l'ennui, de l'ébahissement devant la beauté et la maîtrise du style à l'envie de sauter des pages devant la longueur des discours scientifiques ou politiques.
Car voici mon problème : je ne sais plus où est l'histoire et où est L Histoire. Est-ce que le roman est un prétexte ? J'ai perdu le fil à un moment donné, car je me suis fortement attaché aux personnages de Magda, Nelson, Peter, etc, mais les premières longueurs (la vie de Peter à Londres, avant Meyrals) m'ont "décrochée" du personnage. Pire encore après, la vie de Nelson, car même si je comprends bien sa quête des origines, ce désir de savoir qui était son père, a-t-on besoin de tout savoir l'ANC etc ; et pour finir, la vie de Magda, la Pologne et l'arrivée des russes, du communisme, etc... Autant l'histoire actuelle des personnages m'a charmée et vraiment emballée, autant j'ai trouvé ce retour dans leurs origines non pas inintéressant mais vraiment trop long.
En tout cas le style est vraiment beau, très poétique, très chouette!
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
On peut admettre que les peintres européens de la Renaissance aient représenté le Christ comme l'un des leurs. Ils ne savaient pas à quoi ressemblait le Moyen Orient à l'époque et auraient eu du mal à imaginer le fils de leur dieu comme un homme aux traits sémitiques, à la peau mate, aux cheveux noirs et bouclés. Mais au 21è siècle, alors que tout le monde sait très bien que Sapiens est venu d'Afrique, est-ce que quelqu'un peut m'expliquer pourquoi on n'a jamais représenté un seul Magdalénien avec la peau brune ? Je ne demande pas qu'ils soient tous noirs. Mais qu'au moins un, parmi ceux qu'on nous montre en train de chasser le mammouth ou de peindre la fresque, soit un peu basané.
Est-ce trop demander ?
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... Ce grand échalas de Zoulou était une bête, ils n'allaient pas lui donner leur fille...
...Comment aurait-on célébré la noce ? Quel genre d'autorité spirituelle aurait-on convoquée ? Qu'est-ce qu'on aurait mangé ? Chez les Zoulous , on est éleveur, pas de mariage sans viande de bœuf. Chez les Hindous, la vache est un animal sacré. C'était trop compliqué, on n'y arriverait pas. Nadia commença par leur expliquer que Nelson n'était pas vraiment Zoulou, c'était sa mère la Zouloue, lui était plutôt Sotho voire même un peu bushman par son père - ils écarquillèrent les yeux. Selon eux, les Bushmen étaient des sauvages arriérés, des nomades en peau de bête, c'était encore pire.Nadia essaya de leur démontrer tout ce que cette assertion avait de ridicule. Nelson avait grandi en ville, à l'étranger, et certainement jamais porté de peaux de bêtes, mais ils secouèrent la tête : ils ne faisaient pas confiance aux étrangers.
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Une bagarre, on ne la voit pas toujours venir. On croit que tout va bien. Brusquement, tout s'accélère et s'électrise. les muscles se bandent, les voix se tendent, les corps se lancent. Il n'y a plus que frapper qui compte. Cogner, s'enivrer de l'odeur de la peur, voir l'adversaire trébucher de panique, le rattraper, le retenir, frapper encore, cogner encore et jouir du bruit des coups sur son corps. C'est là qu'est le sens, c'est là qu'est le plaisir, c'est là qu'est la vie. Rien d'autre n'existe. Pas même la douleur.
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Et pendant que cette petite élite internationale cooptée s'extasiait devant les restes qui feraient progressivement reconnaître l'Afrique du Sud comme le berceau de l'humanité, les Noirs du pays, eux, subissaient un lent mais certain processus d'acculturation par enrôlement massif dans l'industrie minière. On leur demandait d'oublier d'où ils venaient et de se fondre dans le capitalisme global. Les Blancs faisaient l'expérience du vertige des origines et on privait les Noirs des leurs en leur démontrant par A + B qu'ils n'étaient personne. L'Afrique n'a pas d'histoire, leur rabachaît-on. Première nouvelle.
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_ J'ai eu une enfance militante, je suivais ma mère partout. Tous ceux qui se battaient pour faire respecter le boycott la voulaient. Une jeune femme d'à peine vingt-cinq ans qui avait participé à la marche de 76 à Soweto, et qui élevait le fils de Tlali Makoena, une figure majeure de la résistance, un disparu, sans doute parti en fumée sur les bûchers de Vlakplaas. Et belle avec ça !
_ Les bûchers de Vlakplaas ?
_ Une ferme au nord de Pretoria, transformée en centre de détention arbitraire et clandestin. Après les interrogatoires, les corps des prisonniers y étaient brûlés sur des bûchers dans la cour.
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Vidéo de Catherine Blondeau
Hemley Boum et Catherine Blondeau sont deux écrivaines invitées au festival Au fil des ailes, programmé du 12 au 27 novembre 2021 en région Grand Est. Découvrez leurs oeuvres respectives à travers les mots de Manon Saint-Marc, conservatrice à la bibliothèque universitaire de Reims.
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