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EAN : 9791022606998
144 pages
Editions Métailié (07/09/2017)
4.23/5   30 notes
Résumé :
Dans ce court récit, Piedad Bonnett raconte à la première personne le suicide de son fils Daniel, vingt-huit ans, qui s'est jeté du toit de son immeuble à New York. Il était schizophrène. Dans un milieu bourgeois, corseté par des conventions en tout genre, il n'est pas de bon ton de parler crûment de la mort et de la folie ; c'est pourtant ce que fait l'auteur, dans une langue sobre et sans effets de manche, avec une sincérité bouleversante. Elle raconte la stupéfac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Ce qui n'a pas de nom...
Que peut recouvrir le titre de ce beau récit ?...
Qu'y a-t-il d'innommable ?
La maladie de son enfant ?
La maladie psychiatrique ?
Le fait de ne pas reconnaître certaines facettes de son enfant ? D'en avoir peur ?
De ne plus jamais plus vivre serein ? de ne jamais plus se coucher sans craindre le réveil par le cri qui déchire la nuit ?
D'avoir conscience que son enfant vit dans une insupportable douleur ?
La mort d'un jeune ?
Le décès de son enfant ? le décès "volontaire" / "choisi" de son enfant.. ?
Le chagrin des soeurs ? le statut même de la fratrie amputée d'un de ses membres constitutifs ?
Etre un parent qui a "perdu" son enfant ?... (cela n'a pas de nom en français, certains défendent "parange" mais jusqu'ici l'Académie ne l'entend pas ainsi)
La poétesse Piedad Bonnett nous livre l'amour, la stupeur, la douleur, les espoirs, la bascule, l'amour éternel…
Merci pour ce texte sensible, pudique, magnifique.
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Ce qui n'a pas de nom en a pourtant un. le suicide. Un mot qu'on n'aime pas dire, un mot qui fait baisser la voix quand on le prononce, un mot qu'on n'aime pas entendre non plus, qu'on a envie d'ignorer, de maquiller en accident ou en événement, mais pourtant ça existe et ça a un nom malgré tout - et ce nom c'est suicide. Sauf qu'ici Piedad Bonnett parle du suicide de son fils, et là, oui, là effectivement ça devient innommable. C'est vrai que ça n'a pas de nom, que ça ne peut tout simplement pas en avoir. La mort de son enfant, c'est dans le désordre des choses. Alors le suicide, vous pensez bien, évidemment qu'on en perd ses mots…
"Les faits, comme toujours, poussent les mots dans leurs retranchements", c'est bien dit et c'est tellement vrai.

Piedad Bonnett, face à l'innommable, décide d'écrire et nous livre ce témoignage, ce questionnement plutôt. Pourquoi mais pourquoi mais pourquoi répété en boucle jusqu'à l'infini. Oui, pourquoi est la seule question qui vaille dans une telle circonstance et on peut se la poser tout le temps qui nous reste à vivre sauf qu'on n'aura jamais de réponse. Il faut le savoir. Aucune réponse ou alors mille réponses, tout est tellement imbriqué dans la vie, toutes ces petites causes qui produisent ces petits effets, ou ces grands effets, comme le battement d'ailes du papillon qui provoque une tempête quelque part de l'autre côté du monde, comment remonter réellement à une cause ? Impossible. N'empêche, il faut se la poser cette question, il y a un temps pour les questions, et au bout d'un moment il y a un temps non pas pour les réponses mais pour l'acceptation du fait qu'il n'y aura jamais de réponse. La messe est dite, c'est comme ça la vie, ça donne pas de réponse.

Dans ce livre donc, la mère de Daniel tente de comprendre le geste de son fils, tente de savoir qui était son fils, quels ont été ses derniers moments, quelles ont été ses dernières pensées et puis surtout pourquoi mais pourquoi mais pourquoi ? Une question que je me suis posée aussi. La même question et la même absence de réponse. Ou alors une réponse qui ne résout rien mais qu'on peut se donner, une réponse que Piedad Bonnett nomme le quatrième mur. J'ai bien aimé (si on peut parler d'aimer sur un tel sujet) ce concept que j'ai trouvé très visuel et aussi explicite que possible. Ça évoque ce parcours dans la folie qui est propre à chacun et qui peut conduire au suicide parfois, ce sentiment que peu à peu des murs se dressent autour de soi. D'abord un, c'est gérable, on peut le longer, voire le contourner, puis deux, là déjà ça ressemble à un couloir et il faut se méfier de la trajectoire (mais il est encore possible de faire demi tour), ensuite vient le troisième mur avec lequel on se retrouve carrément dans une impasse et si le quatrième mur se referme lui aussi, c'est fini il n'y a plus d'issue et chacun réagit comme il peut, le suicide étant une manière de s'échapper.
C'est marrant j'avais noté ce concept de quatrième mur dans un coin de ma tête au moment de ma lecture et maintenant je suis incapable de retrouver le passage en question… mais bon je n'ai pas fabulé, croyez-moi sur parole, et quand bien même je l'aurais fait, cette réponse en vaut bien une autre, non ?

Pour conclure, je dirai que ceci est un livre surtout essentiel pour celui qui l'écrit et sans jugement j'ajoute que c'est très bien comme ça. On fait ce qu'on peut. Ah oui, et sinon j'ai beaucoup aimé plusieurs des phrases que l'auteur a placé en épigraphes de ses chapitres dont celle-ci qui colle bien pour le mot de la fin :
" S'il te plaît, reviens. S'il te plaît, existe. Mais il ne se passe rien… "(Mary Jo Bang)
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Piedad Bonnett est une romancière et surtout une poétesse colombienne que je ne connaissais pas avant que l'on me conseille ce journal de deuil, sorti pour la rentrée littéraire.

« Ce qui n'a pas de nom », c'est la maladie ! L'auteure aborde ce thème sans jamais vraiment le citer. En ne le nommant pas, elle espère que cette maladie n'existe pas. Et pourtant, son fils a été victime de ce syndrome qui l'a conduit jusqu'au suicide. Grâce à ce texte, Piedad Bonnett veut partager son vécu, veut prévenir les futures victimes et veut surtout exorciser son drame.

Pour ce faire, elle nous raconte le quotidien au contact de son fils. Elle nous fait participer à toutes les péripéties que sa famille a rencontrées. le lecteur se retrouve au plus près de la situation, dans la tête de la mère. On ressent alors toute la tristesse et toute l'impuissance face à la tragédie annoncée. Elle a subi la descente aux enfers de son enfant, sans jamais pouvoir intervenir. Les remords et les regrets se succèdent, avec l'amertume de n'avoir pas su contrecarrer les plans du destin.

Dans ce livre d'une centaine de pages, Piedad Bonnett libère sur le papier toutes ses émotions. Elle condense en peu de mots, tous les maux qui lui tiraillent l'esprit. Pour en même temps ne pas oublier et aussi passer à autre chose, elle a dû écrire avec son coeur tout l'amour qu'elle n'a pas eu le temps de donner. Avec sobriété et pudeur, elle décortique le processus de la maladie, afin d'apporter un témoignage indispensable aux personnes touchées par ce malheur. C'est un récit particulièrement douloureux et émouvant dont on ne sort pas indemne. On est à la fois attendri par l'amour maternel et terrifié par les dégâts de la folie. Comme souvent à la sortie de ce genre de roman, après avoir versé une larme, on relativise nos petits tracas et on reprend goût à notre vie.
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Dans Ce qui n'a pas de nom, Piedad Bonnett raconte le suicide de son fils Daniel, vingt-huit ans, qui s'est jeté du toit de son immeuble à New York. Huit ans plus tôt, on l'avait diagnostiqué schizophrène. Avec son roman, l'auteure tente de comprendre et d'accepter le geste de son fils.

Piedad Bonnett choisit de raconter son chagrin en faisant preuve de beaucoup de courage. Son écriture est belle et va droit à l'essentiel. Écrit à la première personne, le roman se divise en quatre chapitres que sont « l'irréparable, un équilibre précaire, le quatrième mur et la fin ».

Bien que souvent abordés en littérature, le suicide et la maladie mentale sont des sujets tabous. Ainsi, lorsque des proches de l'écrivaine apprennent que son fils se soit enlevé la vie « baissent la voix comme s'ils venaient d'entendre parler d'un délit ou d'un péché ».

Afin de surmonter sa tristesse, Piedad Bonnett cherche du réconfort avec des textes d'écrivains qui ont abordés la maladie mentale et le suicide dont entre autres Imre Kertész, Julian Barnes, Sylvia Plath, Vladimir Nabokov, Joan Didion, Yukio Mishima et Esther Seligson. le fils de cette dernière, écrivaine mexicaine, s'est suicidé.

Bref, une très belle lecture malgré la tristesse de la thématique abordée mais remplie d'amour d'une mère pour son enfant. Ce qui n'a pas de nom me donne envie de poursuivre mon exploration de l'oeuvre de cette femme de lettres colombienne.
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Piedab Bonnet a perdu tragiquement son fils suite à un suicide.
Celui-ci s'est jeté du toit de l'immeuble où il habitait à New York. Il faisait ses études dans cette ville où se trouvait déjà une de ses soeurs.
La maman revit les années durant lesquelles la santé de son fils a décliné et nous décrit avec une grande pudeur les souffrances du malade, des parents impuissants et de l'entourage.
A l'âge de dix-neuf ans Daniel a le visage qui se couvre de boutons blancs, purulents, infects et répugnants. Il consulte un docteur qui lui donne un traitement , traitement qui s'avérera quelques mois plus tard être le déclencheur de sa maladie psychologique.
C'est ainsi que sa vie va devenir un enfer. Des séjours en clinique psychiatrique, des périodes de repli sur lui- même, d'accès de violence ....... cela va durer des années pendant lesquelles, lui qui a un esprit créatif, fait de la peinture, va parler de tout abandonner, d'être devenu incapable ........
Jusqu'au jour où la voix qui lui parle va lui dire " Tue toi " et il va sauter dans le vide.
Un magnifique témoignage plein de pudeur, de sagesse et osons le dire de vie car Daniel vit toujours aux yeux de sa famille il y a toujours quelque chose qui fait que ses proches sentent toujours sa présence.
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critiques presse (1)
LeMonde
21 septembre 2017
Daniel, 28 ans, s’est suicidé. Dans le salvateur « Ce qui n’a pas de nom », sa mère, poète et dramaturge colombienne, cherche à comprendre.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Le psychiatre qu'on nous a décrit comme une éminence nous a délivré un diagnostic alarmant : l'arrêt du traitement a mis Daniel en danger, il aurait pu "rester de l'autre côté", une formule on ne peut plus terrifiante. Il existerait donc "un autre côté" qui ne serait pas la mort, mais une aliénation permanente. Je songe à ces êtres au pas lourd, aux regards perdus et aux sourires idiots que je voyais déambuler, petite, dans la clinique pour malades mentaux où travaillait ma tante. Daniel pourrait-il un jour franchir ce seuil, s'aventurer dans l'épais sous-bois de la folie, s'y perdre pour toujours ?
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Ton fils est mort et tu dois faire ta valise pour te rendre là où son corps t'attend. Et tu t'exécutes. (...) Trois heures viennent de s'écouler, trois heures d'un temps qui a déjà commencé à courir vers sa dissolution, et tu ne t'es pas évanouie, tu ne t'es pas mise à genoux, tu ne chancelles pas au bord du vertige ou de la folie. Non. Tu te trouves comme le décrivent les livres qui traitent du deuil, en état de choc émotionnel ou d'émoussement affectif.
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Le monde a toujours ri des fous. Il s'est moqué de Don Quichotte avec une tendresse secrète. Il s'est moqué d'Hamlet, non sans une pointe d'admiration. Mais, à présent, comment pourrais-je rire de la folie ?
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Pouvons-nous, nous les mères, devenues si accessoires quand nos enfants grandissent, les obliger à suivre les chemins que nous avions rêvés pour eux ?
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Mais la force des faits est incontestable : "Daniel s'est tué" ne signifie rien d'autre, indique un évènement irréversible dans le temps et l'espace qu'aucune métaphore ni récit de quelque nature ne pourront changer.
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