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EAN : 9782866425067
93 pages
Cahiers du cinéma (28/02/2008)
3.86/5   11 notes
Résumé :
Sergueï Michaïlovitch Eisenstein est "le" cinéaste de la révolution soviétique, et les images de ses films se superposent aux photos d'archive dans l'imaginaire collectif. Les deux expériences essentielles pour sa formation sont la lecture de Freud et sa rencontre avec Meyerhold. Passionné d'art, il participe aux mouvements d'avant-garde, dessine des décors et fait ses premières mises en scène de théâtre dans les années vingt. Passé au cinéma, son ambition est d'édu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Des photos expressives et vivantes, un noir et blanc où l'effet dramatique et le soin pour le cadrage est omniprésent. La créativité, la vision, l'intérêt marqué pour le montage, le choix imposé de privilégier la foule au détriment de destins individuels, le goût pour l'écriture, c'est-à-dire la théorie du cinéma. Tout cela et encore d'autres aspects sont très bien détaillés. Cependant, il y a quelque chose qui me chiffonne : l'essayiste mentionne de manière répétée des symboles sexuels en suggérant qu'un certain nombre d'images sont des allusions plus ou moins explicites.

Pour revenir aux choses sérieuses : la vie et l'oeuvre d'Eisenstein me semblent passionnantes. Il s'agit de la conjonction entre un génie créateur et les lourdes contraintes du régime stalinien – surtout sur la deuxième partie de sa filmographie.

Extrait d'un compte rendu qu'Eisenstein fait de de sa rencontre avec Staline et ses deux acolytes, Molotov et Jdanov, suite au tournage de la deuxième partie d'Ivan le Terrible, en 1946.
« Staline : Avez-vous étudié l'histoire ?
Eisenstein : Plus ou moins.
Staline : Plus ou moins? J'ai moi aussi quelques connaissances historiques. Votre peinture de I'opritchnina est fausse. L'opritchnina était une armée royale. [ ] Vous la faites ressembler au Ku-Klux-Klan.
Eisenstein : Ils portent des capuches blanches, les nôtres sont noires.
Molotov : Ca ne fait pas une différence fondamentale.
Staline : Votre tsar s'avère indécis, comme Hamlet. Chacun lui dit ce qu'il doit faire, il ne prend pas de décision seul. le tsar Ivan était un grand dirigeant avisé [ ]. La sagesse d'Ivan le Terrible repose sur sa perspective nationale et sur son refus de permettre la présence d'étrangers sur son sol. En montrant Ivan le Terrible de la façon dont vous l'avez fait, nombre d'aberrations et d'erreurs se sont glissées. [ ]
Jdanov : Ivan le Terrible selon Eisenstein ressemble à un neurasthénique.
Molotov : le film a une façon de s'appuyer sur le psychologisme ; une emphase extraordinaire sur les contradictions psychologiques intimes et les expériences personnelles.
Staline : Ivan le Terrible était très cruel. Vous pouvez le décrire comme un homme cruel mais vous devez montrer pourquoi il devait être cruel. Une des erreurs d'Ivan le Terrible fut de s'arrêter juste avant de décapiter les cinq clans féodaux essentiels. L'aurait-il fait, il n'y aurait pas eu de temps des Troubles. [ ]
Staline laisse à Eisenstein une seconde chance, il pourra retourner les séquences déviantes selon les justes directives du chef. Bien content d'échapper au goulag, ou au pire, Eisenstein se met immédiatement à la tâche mais mourra au travail. »
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Excellent ouvrage de synthèse qui présente chronologiquement la biographie et les films réalisés par Eisenstein.
Les années de formation présentent, après le couple parental, le dandy polyglotte, puis les deux chocs fondateurs (la lecture de Freud et la rencontre du metteur en scène Meyerhold). L'implication du futur réalisateur dans le mouvement créatif du Proletkult, d'abord en tant que décorateur de théâtre puis de metteur en scène. L'intérêt porté au cinéma de Dziga Vertov, même si le goût pour l'énergie vitale d'Eisenstein ne se satisfait pas entièrement du goût de Vertov pour la machine et la géométrie dynamique.
Les trois films (La Grève, le Cuirassé Potemkine et Octobre) au milieu des années 20 pour dire la Révolution, éduquer le peuple communiste par sa propre représentation, exaltée par une science du montage totalement neuve. Et les collaborateurs de toute une vie (Édouard Tissé à la caméra par exemple). Les films sont présentés dans leur genèse, leurs conditions de tournage et leur rapport au pouvoir.
L'évolution filmique et politique avec les deux films, La Ligne générale, oeuvre de commande comme Octobre mais décalée le temps par rapport à la ligne politique du pouvoir, et le projet inabouti Que viva Mexico ! Les voyages à l'étranger et l'accueil de l'équipe de tournage dans les différents européens puis aux États-Unis. Les personnalités des arts, de la littérature accueillant ou recevant Eisenstein.
Les trois derniers opus (Le Pré de Bejine, non seulement inabouti mais détruit pour des raisons politiques, Alexandre Nevski et Ivan le Terrible) montrent l'évolution du sens esthétique et une dimension presque picturale des images, tout en conservant et en amplifiant parfois les effets des choix de montage (oppositions, chocs des formes des couleurs, tensions...) Apparition de la musique de Prokofiev.
Le filmage d'Ivan le Terrible en deux parties entrecoupées des critiques de Staline et des autocritiques du réalisateur, refaisant les plans critiqués jusqu'à s'épuiser au travail et décéder d'une crise cardiaque une nuit de février 1948.

Suivent une biographie par dates et une filmographie détaillée ainsi qu'une bibliographie sélective.
Un ouvrage à la fois synthétique et très riche, bien illustré, très agréable à lire.
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"Le cuirassé Potemkine" aux premières heures du cinéma (1925) puis "Alexandre Nevski" sont les oeuvres emblématiques de ce cinéaste qui aura tourné après la révolution de 1917 en plein communisme. Cet ouvrage nous replonge dans cette époque là.
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Aux alentours de mes 18 ans les films d'Eisenstein vinrent plaquer des images sur mes rêveries révolutionnaires et même si j'ai pris du recul avec les unes et les autres , je reste marqué par ces images inoubliables et ces montages savants. La monographie que lui consacre Stéphane Bouquet permet de mesurer les ambiguités du créateur mais aussi son génie. Elle porte sur toute son oeuvre dans l'ordre chronologique et propose de très belles illustrations . Seule remarque négative un abus du jargon psychanalytique .
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le montage d' "Octobre" est donc moins pathétique qu'intellectuel. Il fonctionne moins sur les émotions visant à tenailler-exciter le spectateur que sur les idées visant à l'éveiller.
p. 38
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Un gros plan montre même un soldat essuyant sa baïonnette comme un sexe qui a servi. La révolution est donc clairement masculine ,tandis que la contre-révolution est contre-nature: les femmes y détiennent e phallus-parapluie , elles pénètrent au lieu d'être pénétrées.
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Videos de Stéphane Bouquet (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stéphane Bouquet
Avec Liliane Giraudon & Stéphane Bouquet Rencontre animée par Pierre Eugène Dans le cadre de « Zigzaguer / poésie & cinéma »
Liliane Giraudon et Stéphane Bouquet racontent, observent et interrogent leur rapport au cinéma dans leur vie et leur pratique poétique. Moins une affaire d'inspiration, de récits inoubliables ou de souvenirs émus que l'énigme d'un dispositif : celui de la salle et de sa projection dans le dos, avec l'étrange durée partagée qu'il impose.
Faut-il plonger dans le fleuve d'un plan-séquence interminable ou se confier à l'ubiquité cisaillante du montage, sautillant d'image en image, de lieu en lieu, de temps en temps ? le cinéma est-il la mort au travail ou permet-il à ses vivants spectateurs de trouver leur place dans la communauté humaine ? Que peut nous dire un corps à l'écran, et en quoi – vivant symbole, fantôme ou fantasme – nous regarde-t-il ?
Ces questions, et bien d'autres, disent aussi quelque chose, en regard, de la poésie.
Rencontre dans le cadre de « Zigzaguer / poésie & cinéma »
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« Zigzaguer / poésie & cinéma », à travers des rencontres, conférences, projections, lectures et performances, réunit chercheurs en cinéma et en poésie, poètes, cinéastes et artistes. Cette manifestation est organisée par Sally Bonn, Vincent Broqua, Pierre Eugène et Philippe Fauvel.
Ces rencontres se déploient sur trois villes, Amiens, Paris et Marseille en deux volets (novembre 2023 et mars 2024), au sein de nombreuses institutions partenaires, dont la Maison de la Poésie avec ce soir une rencontre et le mercredi 15 novembre toute la journée des conférences, projections et lectures (voir le programme détaillé de la journée )
En savoir plus – zigzaguer.com
À lire – Liliane Giraudon, Une femme morte n'écrit pas, Al Dante/Les Presses du Réel, 2023 ; La Jument de Troie, P.O.L, 2023. – Stéphane Bouquet, Neige Écran, Imec, 2023. « Poésie & cinéma » ensemble des Cahiers du cinéma, n°803, novembre 2023.
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