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Armand Pierhal (Traducteur)
EAN : 9782221107454
420 pages
Robert Laffont (06/10/2006)
3.55/5   38 notes
Résumé :
Dans l'Italie des années 1930, le fascisme explose mais le bel Antonio ne s'en soucie guère. Il souhaite simplement se laisser transporter par ce que la vie a de plus agréable à offrir. Sensible et mélancolique, il est le plus joli garçon de Catane. Aussi, lorsqu'il annonce son mariage avec Barbara Puglisi, jeune femme éclatante de fraîcheur et de beauté - qui est aussi la plus riche de la ville -, nombreuses sont les prétendantes à brûler de rage leurs journaux int... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
"Un malheur ! ... mon Dieu, rien que d'y penser, tu sens ton cerveau éclater ! Mon propre fils, mon fils unique, ma joie, mon orgueil, ma vie même, le voir réduit à un état pire qu'un chiffon pour les pieds, parce que ce dernier au moins sert à épousseter les chaussures, mais un homme dans cet état, à quoi est-il bon ?"

Je profite de la belle politique éditoriale de Pavillons poche - qui a l'habitude de ressortir les bonnes vieilleries (comme Yates, Atwood ou Maugham) du placard, pour découvrir enfin Vitaliano Brancati, le fasciste devenu anti-fasciste sur lequel on a tant écrit, au travers de son sulfureux roman-phare : le Bel Antonio. Avec le beau Marcello Mastroianni en couverture avec son air ténébreux.

L'intrigue est cocasse. L'irrésistible Antonio, en goguette à Rome, est rappelé par ses parents à Catane pour y épouser Barbara Puglisi, la plus belle fille de la ville. Tout le monde, hommes et femmes, jeunes et vieux, se pâme, charmé, au passage du couple qui rayonne de bonheur et de sensualité. Sauf que voilà, comme le notaire Puglisi le confie au père d'Antonio, "ma fille, après trois ans de mariage, est telle qu'elle est sortie de ma maison".

Mais derrière les frasques d'Antonio, Brancati ne ménage ni le mâle sicilien, ni le fascisme italien. L'amour propre des personnages pasculins est inextricablement lié à leur virilité - ou du moins à l'image qu'ils en donnnent, jusqu'au grotesque. Quand Antonio voit son mariage risquer d'être annulé, c'est une affaire d'honneur qui se déclenche ; son père d'ailleurs, refuse d'en croire ses oreilles : "Quel état ? Quel état, notaire ? L'état de mon fils, c'est qu'il a fait jouir à hurler les femmes de Catane, de Rome et du monde entier. Voilà l'état de mon fils !" L'impuissance n'étant jamais dite, mais toujours suggérée par des métaphores succulentes.

Le fonctionnement du système fasciste est largement tourné en dérision, et les critiques sont moins que voilées. "Une semaine après, Calderara était nommé sous-secrétaire général du parti et se rendait à Rome, laissant à son poste de Catane un certain Pietro Capano, un grave jeune homme de vingt-cinq ans, aux yeux proéminents comme deux billes et à la tête rasée, dont le seul rêve était de pénétrer, entouré de respect et de crainte, dans le hall de ce lycée où avaient étudié son père, son oncle et son frère, et où tant de fois on lui avait dit : mais alors, vous êtes tous des crétins dans ta famille ?"

Drolatique d'abord, plus grave et grinçant ensuite, le bel Antonio, en dépit de son âge, n'a pas pris une ride. Les dialogues sont enlevés, le style, moderne, les portraits fins et savoureux. Bref, on ne s'ennuie pas, c'est rudement bien écrit, et c'est italien : on fonce !
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Antonio Magnano, originaire de Catane en Sicile, a 26 ans lorsque l'histoire commence en 1932, et est déjà célèbre pour être le plus bel homme que l'on ait jamais vu. Les observatrices "brûlaient doucement" en sa présence, "et devenaient folles d'un plaisir si intense qu'elles se croyaient possédées par une grave aberration qui mêlait plaisir et douleur". Même ses amis masculins sont amoureux de lui. Cela a quelque chose à voir avec son «visage à la peau d'olive… ses membres athlétiques» et ses «yeux [qui] semblaient briller de larmes qui reposaient sur la courbe supérieure des joues».
En outre: des photographies de lui… arrêteraient même les femmes d'âge moyen dans leur élan, bien qu'elles soient chargées de shopping et traînent des tout-petits dans des flots de larmes avec la main qui vient juste de se boucher les oreilles.
Personne ne s'étonne donc qu'Antonio épouse Barbara Puglisi, la fille d'un notable de la ville, presque aussi belle que lui. Mais tout le monde est surpris – et choqué – lorsque trois ans plus tard, il s'avère que le mariage n'est pas encore consommé.
Tout cela donne à Brancati un ton qui chevauche entre la satire et la farce, et beaucoup de dialogues sont salés. Il explore la culture machiste de la Sicile et la position particulière de l'Église pour laquelle le mariage sans sexe est aussi répréhensible que le sexe sans mariage.
"Rien qu'un flop pendant trois ans ?"
"Rien qu'un flop."
"Tous les soirs un flop?"
"Chaque nuit un flop."
"Comment est-ce possible?"
"Allez demander à Notre Père qui est aux cieux, c'est lui qui prépare ces choses."
« Je pourrais le comprendre une ou deux fois, ou trois fois… Je serai généreux – cinq fois. Lequel d'entre nous n'a pas fait un flop ?"
« Je ne te dis pas de mensonge, mon ami. Je n'ai jamais..."
"Jamais?"
"Jamais!"
En même temps, le contexte de la montée des fascistes en Italie dans les années 1930,
et en même temps la haine du peuple à leur égard
mais aussi la peur de l'opposition (communiste),
semblent correspondre aux sentiments mitigés d'Antonio sur la sexualité.
L'oncle d'Antonio s'exprime en conséquence lorsque des rumeurs lui parviennent selon lesquelles Mussolini n'a pas de cancer, mais juste un ulcère syphilitique :

« Merde et merde, nous sommes foutus. Deux piqûres et ton ulcère syphilitique va kaput… Par contre que se passe-t-il s'il meurt ? Qui prend le pouvoir ? Sa bande de sbires ? Ils s'égorgeaient mutuellement en découvrant le butin. Alors, ce sont les geôliers communistes ? Pire que les fascistes ! Au moins, les fascistes sont des scélérats incompétents, tandis que les autres sont sévères et honnêtes, et en font un travail propre.”

Ce roman a fait l'objet d'une belle adaptation par le metteur en scène Mauro Boligni,
avec une magnifique distribution: Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale, Pierre Brasseur.



On lira le roman à une terrasse de Caltanissetta, en se régalant d'une caponata – à ce propos, plutôt qu'une branche de fenouil, mettez plutôt de la Livèche, goûtez...
On verra le film, un soir d'été, en plein air à Raguse, en buvant du Marsala.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Tout ou presque a déjà ete dit sur ce roman. Je n'ai toujours pas vu le film, donc je n'etais pas parasité par Mastroianni. Ce qui m'interesse dans ce livre est la peinture de la société dans le contexte du fascisme. Notre pauvre héros ne devient pas impuissant sans raison. C'est, d'une part le poids du machisme et d'autre part le poids supplementaire du fascisme qui auront raison de sa virilité. C'est cette métaphore que nous offre Brancati.
La vie de la petite bourgeoisie sicilienne est décrite magnifiquement, avec tout ce carcan de conformisme social de l'entre-deux guerre. Cette intrigue est très datée puisqu'elle s'inscrit dans ce contexte mais la lecture reste plaisante. L'homme n'est plus ce qu'il etait !
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Le bel Antonio, magnifiquement interprété à l'écran par le regretté Marcelo Mastroianni, c'est une jeune homme de l'Italie des années 30. le fascisme explose mais le bel Antonio ne s'en préoccupe pas. Il est joli garçon et vit en Sicile. Son avenir semble tout tracé: il va épouser la belle Barbara Puglisi qui a le mérite d'être encore plus riche qu'elle n'est jolie. Au bout de trois ans de mariage, le mariage n'est toujours pas consommé. La jeune femme, malgré son éducation religieuse, comprend que quelque chose ne tourne pas rond.. C'est alors le début d'une procédure humiliante d'annulation du mariage.
Au travers de cette tragédie, c'est le procès du machisme italien qui est fait ici, machisme dont finalement les hommes souffrent autant si ce n'est plus que les femmes..
Un grand roman, certainement le chef d'oeuvre de cet écrivain italien Vitaliano Brancati grand adversaire de Mussolini, auteur trop peu connu en France.
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Vitaliano Brancati est un auteur qui glorifia Mussolini à travers une pièce de théâtre. Fasciste convaincu, c'est avec la montée de la guerre, dans les années 1934, qui retourna sa veste - c'est le cas de la dire - et se détacha du mouvement fasciste, horrifié par ce qu'il avait pu écrire précédemment. "Le bel Antonio" - écrit en 1949 et qui reçu le prix Bagutta - est un roman engagé qui permet de découvrir l'âme italienne sous un aspect plutôt humoristique voire sarcastique, autour d'une situation qui pourrait être presque cocasse si elle n'en était pas triste et humiliante.

Le bel Antonio a tout pour lui. En goguette à Rome, il est rappelé dans son village natal par ses parents qui veulent le marié à la belle et riche Barbara. Les deux jeunes gens forment un très beau couple qui en fait rêver plus d'un, jusqu'au jour où, après trois ans de mariage, le notaire du village fait appelé le père d'Antonio pour lui apprendre que le mariage n'a toujours pas été consommé. Incrédulité totale et honneur bafoué, comment le bel Antonio va-t-il vivre ce revirement?

Le roman est paru au cinéma en 1961 sous le même titre, mettant en scène les deux géants du cinéma que sont Claudia Cardinal et Marcello Mastroiani. Tout le monde connaît l'image de macho qui auréole, soit disant, le mâle italien. La virilité est un sujet sensible dans ce pays-là. Vitaliano Brancati s'en donne à coeur joie pour taper là où ça fait mal avec le thème principal de ce récit, qui n'est autre que la non consommation du mariage. Intéressant, mais quelle en est la raison? Rien que ce sous-entendu va bafouer l'amour propre d'Antonio Magnano et de sa famille. Et les commérages vont bon train.

L'auteur s'attaque également dans cette histoire d'insatisfaction, à son fer de lance qui est la lutte contre le fascisme. Il tourne ce mouvement totalitarisme en dérision, sans s'en cacher. Ces deux sujets, qui devaient être extrêmement sensibles à l'époque où Vitaliano Brancati a écrit son roman, n'a pas dû plaire à tout le monde. Pour contrebalancer un peu l'ensemble de sa critique, il insuffle humour et un brin de dérision pour permettre au lecteur de mieux digérer ses attaques, tout en passant un bon moment de lecture. Certaines images sont succulentes, et les situations en deviennent presque grotesques. Mais ces moqueries laissent place à une certaine amertume lorsque le lecteur observe Antonio du coin de l'oeil. (...)
Lien : http://lillyterrature.canalb..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Un malheur ! ... mon Dieu, rien que d'y penser, tu sens ton cerveau éclater ! Mon propre fils, mon fils unique, ma joie, mon orgueil, ma vie même, le voir réduit à un état pire qu'un chiffon pour les pieds, parce que ce dernier au moins sert à épousseter les chaussures, mais un homme dans cet état, à quoi est-il bon ?
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Le choc de ce scandale fut ressenti par tout Catane comme une éruption de l'Etna.
Antonio Magnano, le fils d'Alfio, le neveu d'Ermenegildo, le très beau jeune homme qui faisait lever de son missel le regard de la plus sainte des jeunes filles, Antonio, lui-même, celui-là exactement, eh bien Antonio et sa femme.. rien! rien vous dis-je! absolument rien! Barbara Puglisi, après trois ans de mariage, n'a pas connu la grâce de Dieu!
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Une semaine après, Calderara était nommé sous-secrétaire général du parti et se rendait à Rome, laissant à son poste de Catane un certain Pietro Capano, un grave jeune homme de vingt-cinq ans, aux yeux proéminents comme deux billes et à la tête rasée, dont le seul rêve était de pénétrer, entouré de respect et de crainte, dans le hall de ce lycée où avaient étudié son père, son oncle et son frère, et où tant de fois on lui avait dit : mais alors, vous êtes tous des crétins dans ta famille ?
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Impoverati d'argento, a intervalli regolari, gli ulivi avevano l'aria di personne che si fossero fermate al richiamo di qualcuno rimasto indietro, per aspettarlo; il viale saliva verso un poggio su cui sorgevo une casina gialla dalle persiane verdi con accanto una fattoria dal muro biancastro crivellato di porte e finestre nere; a destra del viale, verdissimi, lucidi, rinfrescanti l'aria col loro alito di fontane, si stendevano i giardini di limone su su fino al poggio e, dietro, fino a un secondo poggio sul quale era stato costruito, con lastroni di lava a secco, un pozzo monumentale.
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Dans sa susceptibilité, qui croissait de jour en jour, il soupçonna qu'il provoquait chez les femmes une volupté anormale, contre nature, légèrement monstrueuse: ce prétendu amour exclusivement spirituel cachait selon lui, sous la piété et l'innocence, une féroce agressivité mâle.
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