LA MÈRE : Je ne l'ai pas mis au monde pour que derrière une mitrailleuse il guette ses semblables. S'il y a de l'injustice dans le monde, je ne lui ai pas appris à s'y associer.
LES FUSILS DE LA MÈRE CARRAR.
L'OUVRIER : Ne vois-tu pas que tu ne peux rien lui faire de pire que l'empêcher maintenant de combattre ? Il ne t'en saura pas gré.
LA MÈRE : Ce n'est pas pour moi que je lui ai dit qu'il ne doit pas combattre.
L'OUVRIER : Ne pas combattre pour nous, Teresa, ce n'est pas ne pas combattre, mais c'est combattre pour le généraux.
LA MÈRE : S'il m'a fait ça, et s'il a rejoint la milice, qu'il soit maudit ! Qu'il le frappent avec les bombes de leurs avions ! Qu'ils l'écrasent avec leurs tanks ! Qu'il se rende compte que Dieu ne se laisse pas braver. Et qu'un pauvre ne peut se dresser contre les généraux. Je ne l'ai pas mis au monde pour que derrière une mitrailleuse il guette ses semblables. S'il y a de l'injustice dans le monde, je ne lui ai pas appris à s'y associer. S'il revient, ce n'est pas parce qu'il dirait qu'il a battu les généraux que je lui ouvrirai davantage ma porte ! Je lui dirai, et ça à travers la porte, que je ne veux personne dans ma maison qui se soit couvert de sang. Je le retrancherai de moi-même comme un pied malade. Je le ferai. On m'en a déjà ramené un. Lui aussi croyait qu'il aurait de la chance. Mais nous n'avons pas de chance. Peut-être que vous le comprendrez avant que les généraux en aient fini avec nous. Qui se sert de l'épée, périra par l'épée.
LES FUSILS DE LA MÈRE CARRAR.
GALILÉE : Irais-tu jusqu'à accepter le vin ou la fille d'un homme sans exiger qu'il mette son métier au clou ? Qu'est-ce que mon astronomie a donc à voir avec ma fille ? Les phases de Vénus ne changent en rien le derrière de ma fille.
LA VIE DE GALILÉE, Scène 9.
Qui ne connaît la vérité n'est qu'un imbécile. Mais qui, la connaissant, la nomme mensonge, celui-là est un criminel!
Engagé à gauche, mais critique du régime d'Allemagne de l'Est, le dramaturge allemand Bertolt Brecht, traverse un demi-siècle d'histoire allemande et propose un théâtre marxiste qui fait réfléchir le spectateur sur sa condition.
Pour comprendre l'influence qu'a eue la Première Guerre Mondiale sur Bertold Brecht, Tiphaine de Rocquigny reçoit Irène Bonnaud, metteuse en scène et traductrice, et Hélène Camarade, professeure en études germaniques à l'Université Bordeaux-Montaigne, spécialiste de la résistance allemande et de la mémoire du national-socialisme.
#economie #histoire #bertoltbrecht
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