Un sujet rarement abordé dans les ouvrages qui touchent au "Grand Siècle" et au Roi-Soleil : le sort des bâtards de Louis XIV,ceux qu'il eut avec La Vallière et la Montespan,et qu'il légitima peu après leur naissance.
Ce volumineux ouvrage d'Eve de Castro englobe leur existence et les fait revivre avec un rare talent : une documentation rigoureuse et le don de s'incarner dans la Cour de Versailles,d'en épouser la pensée, la parole,
le style recréent un moment d' Histoire et lui restituent un degré de vie inégalé.Entrer dans ce roman historique,c'est plonger dans le XVIIème siècle.Bon voyage à tous ses lecteurs...
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L'histoire des enfants légitimés de Louis XIV offre un angle de vue très intéressant de cette période de l'histoire. Politique, guerres, successions, quêtes de pouvoir et de reconnaissance, intrigues de cour. On y apprend la banalisation de l'inceste et de cruautés folles autorisées aux puissants. Un texte probablement exact au plan historique, fondé sur de nombreuses références documentaires. La lecture est rendue laborieuse par le grand nombre de protagonistes qui se marient tous entre eux. Les arbres généalogiques fournis après les références m'ont été indispensables pour suivre. le style, imitant celui de l'époque, est plaisant. Ajoutée à la complexité de l'histoire elle-même, l'utilisation fréquente d'une figure de style consistant à commencer une scène par un dialogue entre des personnages non nommés et sans indication de contexte, laissant le soin au lecteur de comprendre qui parle et dans quelles circonstances, ne facilite pas la lecture.
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Louis aime Louise. Or Louise aime Versailles, ce pavillon de chasse qui dans les premiers temps de leur hymen abritait leurs émois. Tant de doux, de troublants souvenirs...Pour complaire à sa mie, Sa Majesté a arrêté d'agrandir, d'embellir le petit château cher au Roi son père. On ne touchera point à ce qui existe, mais on construira tout autour, on enjolivera, on enchâssera.
Les travaux commencent seulement que, déjà, Colbert déchire sa perruque. (...)
- N'insistez pas, Colbert. Sur ce point, j'entends suivre mon idée. (...) Je ne vous puis blâmer de ne pas sentir comme. Il est des visions que les rois seuls enfantent. Peu m'importent les défauts du lieu. Je contraindrai la nature, dans ce sol ingrat je ferai germer parterres et fontaines, de mes jardins on parlera jusqu'au bout du monde. (...) Je veux pour le château les marbres les plus rares, les pierres les plus blanches, l'or, l'argent à foison, et aussi les meilleurs artistes. (...) Le Vau, Le Nôtre, Lebrun, je les veux tous. (...) J'entends donner bientôt à Versailles une féérie qui eclipsera cette nuit de Vaux-le-Vicomte dont on cause encore jusque sous mon toit.
Première partie
Le royaume de Pharamond
Chapitre premier. Les trois reines
Terrifié par l'image de l'enfer,qui ne le quitte plus, le pêcheur se réforme avec application, prie, jeûne,réduit son jeu, fait grand effort pour rentrer en lui-même, ce qui est la chose du monde qui lui coûte le plus. Bientôt le voilà comme autre, triste, abattu, parlant à peine, c'est dire comme trois ou quatre femmes ordinaires. On l'épie, on s'interroge, on s'inquiète.
Le sentiment absolu, désintéressé, modeste, fidèle, si pur de La Vallière n'est pas de son temps. Lors qu'il n'éveille plus l'écho de la tendresse royale, il paraît ridicule, indécent. Le drame de douce Louise est là; son siècle n'a que faire d'une demoiselle indifférente à sa propre gloire, rêvant seulement à passer au coin du feu de doux moments avec son Prince. Ce sont là appétits de fleuriste, de lingère, indignes de la cour et du coeur d'un grand souverain.
Chapitre II. Elle sait si bien aimer
Mlle d'Artigny bercé Louise pour la consoler : " Doux, Madame, doux...vos beaux yeux ont la mine de pauvres fraises pressées. Si vous ne cessez, votre jolie figure en restera toute plissée, comme le derrière d'un singe. Ne pleurez plus ce petit : vous verrez, le Rou demain vous en refera un, et bientôt vous en aurez tant de cette sorte que vous pleurerez de rage, non de chagrin, et les voudrez tous jeter aux orties !"
Première partie
Le royaume de Pharamond
Chapitre premier. Les trois reines
La Reine mère tempête : un sultan, mon fils! Un impie qui ne va plus à confesse, qui n'a point fait ses dévotions à Pentecôte ! Louis baisse le nez. Il avoue connaître son mal, en ressentir quelquefois de la peine et de la honte; il a fait ce qu'il a pu pour se retenir d'offenser Dieu, mais ses passions éclipsant sa raison, il ne peut résister à leur violence.
Première partie
Le royaume de Pharamond
Chapitre premier. Les trois reines
Eve de Castro | "L'autre Molière"