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EAN : 9782260004028
261 pages
Julliard (09/09/1998)
3.88/5   24 notes
Résumé :
De Mitterrand et Pompidou à Cocteau et Sartre en passant par Malraux, Gaston Gallimard, Orson Welles, Genet, Camus, Lacan, Mauriac et Montherlant, de Coco Chanel à Ava Gardner, de Hemingway à Luis-Miguel Dominguin, et à bien d'autres "personnalités" -sans oublier le trajet de l'auteur de sa province à Paris et à Saint-Germain-des Prés-, Jean Cau croque au hasard de sa plume des visages, des lieux et des situations surgis de sa mémoire. Il note "des impressions qui n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
On a un peu (beaucoup, même) oublié Jean Cau. Un auteur "de caractère", lauré du Goncourt, que le statut de secrétaire de Jean-Paul Sartre a tenu lieu de réputation. Et pourtant. Quel styliste ! Les peintures de ses contemporains sont faites au scalpel. A lire et à relire.
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Dans ses croquis de mémoire -et quelle mémoire ! Jean Cau croque à belles dents les personnages de son époque, ranimant les souvenirs par lui choisis de ses nombreuses rencontres avec le grand petit monde de la littérature, de la politique, du cinéma...

L'auteur de « Mon Lieutenant » fait découvrir au lecteur l'étonnant survol d'une certaine intimité de figures dites "éternelles", d'Orson Wells à Mauriac, de Giono à Cocteau, d'une rive à l'autre. Si Cau souligne un trait, une ombre, il le fait en conservant la pureté de son intention, avec la clarté de son regard, de sa pensée qui s'avère profonds.

Le crayon à la pointe dure et la langue vive de Cau mettent en abyme les petits travers et les grandes flamboyances de tous ces disparus qui vivent éternellement non par leurs « oeuvres » -Jean Cau se méfiant du caractère lénifiant du terme, mais par leur leg à l'humanité.

On découvre en quelques pages une part de la vérité de ces êtres devenus universels, sans fioriture, sans flagornerie. Jean Cau est un homme sincère, qui livre sa pensée sur les individus qu'il a côtoyé en toute franchise, sans s'embarrasser de pudibonderies ni de jugements à l'emporte-pièces.

Ces croquis de mémoire sont une galerie à page ouverte, un kaléidoscope qui permet de mieux apprécier les splendeurs et les misères du contingent impressionnant des grands fauves humains du siècle passé.
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Mais qui diable est Jean Cau ? Quel style, quelle verve ! Journalise, polémiste et romancier oublié, décédé en 1993. Ce recueil de portraits m'a réjouie.
Sur certains portraits, l'auteur assassine sa proie, sans états d'âme, par exemple Ponge ou Lacan. La victime devient un pantin risible. Avec d'autres portraits, l'auteur se gausse de son personnage tout en laissant transparaitre son admiration et son empathie.
Malraux, Mitterrand… Les idoles ne l'émeuvent pas. Vive la caricature, la vanne, l'anecdote saugrenue. Méchant et virtuose, sans glisser dans le vulgaire – ou alors bien rarement.

Il faut m'attarder un instant sur le cas Sartre. Jean Cau a été le secrétaire de Sartre pendant dix ans. le portrait de Sartre ne pouvait pas manquer de ces pages : un portrait loyal et plutôt engageant ; pas de fausse note. C'était sans doute un exercice délicat, car dans les années soixante, après avoir quitté son boulot de secrétaire chez Jean-Sol Partre, Jean Cau s'était détourné de la gauche ! Pas du jour au lendemain.

Ce changement de cap semble l'affaire de sa vie. Il condamne sans appel l'intelligentsia qui est resté fidèle au crédo marxiste malgré la dénonciation opérée par les dissidents. Il justifie son choix idéologique et raconte son grand moment de solitude - c'est un pamphlet.

En s'attaquant à quelques - prétendues - légendes urbaines il montre son goût pour la provocation : il soutient que la Résistance était une invention ; il déclare que le Saint-Germain-des-Prés de l'après-guerre était une fiction des médias.

Son dieu est Giono – un dieu païen qui a illuminé son adolescence. Cependant tout n'est pas brillant dans ce recueil. Il y a quelques portraits-remplissage (Ava Gardner, Hemingway, Koestler …) et un article soporifique sur Venise. Soporifique car adorateur. Pour l'adoration il vaut mieux se tourner vers Jean d'Ormesson.
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Ouvrage conseillé par Fabrice Luchini, ce qui coule de source dès que l'on en a lu quelques pages, tant Jean Cau et lui partagent la même passion pour la langue, la littérature, la philosophie, la philosophie et leurs héraut(o)s. Les hommes et les aspects politiques ne sont pas ce qu'il y a de plus réussi dans le recueil. L'auteur est beaucoup plus à l'aise, en affinité, positive ou négative, avec les écrivains. Ses traits peuvent être à la fois incisifs, bienveillants, tendres avec souvent une grande justesse car malgré la timidité que ressent le jeune homme qu'il fut tout un temps, il conserve cette distance qui l'empêche d'adhérer (« comme une huître », aurait dit Breton). Cela nous donne de superbes « croquis » de Cocteau, de Genet, de Gallimard, de Queneau, une hilarante exécution dans les règles du professeur Lacan à la salle de sport (de gymnastique, plutôt), d'étranges heures en compagnie d'Orson Welles – que James Ellroy qui le déteste aurait dû lire, au lieu de se contenter de lui démolir le portrait dans son 2e quatuor.
Les textes consacrés à Venise et à la corrida me ramènent tout droit au Paris Match de mes parents (évoqué par un autre babeliaute) – définitivement une autre époque, qu'on la regrette ou non.
Ce carnet de croquis se clôt en apothéose par un portrait de Sartre, dont Jean Cau fut un temps secrétaire et pour lequel « on l'attend au tournant », « mais je n'y serai pas ». En effet, mais le regard et les souvenirs d'un homme ayant partagé l'espace vital avec un monstre de cette époque et qui en rend compte avec pudeur, fidélité, humour (la partie consacrée au dr Schweitzer, auquel Sartre était apparenté, ai-je appris) et grand talent.
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Jean Cau avait publié en 1985, chez Julliard, "Croquis de mémoire". Pocket a eu l'excellente idée de le rééditer.
Dans son exergue, Jean Cau explique son état d'esprit, ses motivation et la manière de ce travail de mémoire.
Le résultat est un régal. Avec pudeur et saveur, il fait revivre le souvenir des illustres que son travail de secrétaire de Sartre, de journaliste, le hasard lui ont fait rencontrer. Il en donne une image qui n'est pas caricaturale, mais acérée, une eau-forte. Mitterrand, Lacan, Cocteau, Montherlant, Sartre, dée de le rééditer.
Dans son exergue, Jean Cau explique son état d'esprit, ses motivation et la manière de ce travail de mémoire.
Le résultat est un régal. Avec pudeur et saveur, il fait revivre le souvenir des illustres que son travail de secrétaire de Sartre, de journaliste, le hasard lui ont fait rencontrer. Il en donne une image qui n'est pas caricaturale, mais acérée, une eau-forte. Mitterrand, Lacan, Cocteau, Montherlant, Sartre, Mauriac et beaucoup d'autres s'y montrent comme on ne les connaissait pas.
Jean Cau a une humanité qui éclaire le sujet, une malice qui le met à jour, une intelligence qui le dissèque, dans un style qui éblouit. Il nous fait partager ses admirations, ses aversions.
Au chapitre 21, il va nous parler de Ernst Junger, mais lui , de culture aussi espagnole, il le commence par une envolée lyrique à la gloire de la langue française, éblouissante.
Ce livre n'a pas vieilli. Il témoigne sur l'auteur et sur une époque. Il mérite d'être lu et relu.
Le blog à Dancharr
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Il [Lacan] déboule dans le petit bureau, au quatrième étage du 42, rue Bonaparte. Quand il ressortira, je dis à Sartre :
— Il avait l'air agité.
— Vous savez ce qui l'a amené? Il me dit : «Sartre, ce qui m'arrive est horrible. Vous n'imaginez pas ce qui m'arrive. C'est horrible. Vous connaissez ma fille, hein? Vous savez comment je l'élève, vous savez avec quel soin, quelle attention, je l'observe, hein? Oui, hein? Eh bien, vous n'imaginerez jamais ce que, ce matin, j'ai surpris cette enfant en train de faire. C'est horrible. Elle avait glissé ses petits pieds dans mes grands souliers et marchait dans sa chambre! Effrayant! Elle me tuait, hein? Elle marchait avec ses pieds minuscules dans mes chaussures et riait. Elle me hait, c'est un meurtre, Sartre...»
— Vous l'avez calmé?
— Difficile. Si je lui avais dit que sa gosse s'amusait, il m'aurait pris pour son complice. Ensuite, il m'a débité dans son emportement toute une théorie, sur les sabots de Noël dans les cheminées, assez marrantes. Je lui ai conseillé d'en écrire.
— Ah oui?
— Quand on veut se débarrasser d'un maboul, il faut toujours lui conseiller d'écrire. C'est radical. Il saute sur son stylo et, avec un peu de chance, vous n'entendrez plus parler de lui pendant trois mois.
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[Cocteau] pointe l’index paratonnerre lorsqu’il dit ‘du mal’ d’un ‘monde’ qu’il adore et il a un rire qui fuse, [ ] un rire de tête, sec, cassé, cruel, élégant. Oui, car tout est élégant dans ce mince marquis osseux qui croise et décroise sans cesse des mains célèbres. La bouche mince, au passage, pince les mots. Et le nez, tranchant, piqué sur le visage comme un nez de gisant. Et la voix qui susurre, zézaie, boule et roule et catapulte les phrases, les mots, les idées, passe du coq à l’âne, de l’âne au coq et de l’ange à l’arlequin. [ ]

C’était Cocteau. Coque tôt. Coquette tôt. Coc, Coc, Cocteau. Caquette tôt. Bel oiseau sec au long bec. Cabot, touche-à-tout, touche-à-rien, dessinateur, pastelliste, imitateur, copieur, spécialiste en farces et attrapes avec pile électrique dissimulée dans l’objet et qui expédiait, oh ! c’est très drôle, tu vois, mon chéri, la décharge imprévue, mondain, snob, dandy, homo, roi de royaumes de carton et de celluloïd, empereur-ludion entouré de gardes musculairement doux, inquiet, nerveusement, à fleur de peau, inquiet de sa gloire dansante et évitant de faire, sur la corde, le faux pas [ ] p69
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Vers la fin de sa longue vie, Emmanuel Berl s'était mis à ressembler à Voltaire, qu'il aimait et dont il avait l'esprit vif et sceptique. Il vivait dans un appartement du Palais-Royal, à Paris, avec la Mireille du Petit Conservatoire de la chanson. Il aimait la paix, pour lire, méditer ou rêver, il avait installé des feux de signalisation au-dessus de la porte de sa chambre. Si le feu rouge était allumé, personne n'avait le droit de le déranger; le vert indiquait qu'il était disposé à vous recevoir pour discuter avec vous, en pyjama dans son lit, entouré des volumes de la Pléiade.
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[Sartre est] le plus gentil, le plus simple, le plus dépouillé d’attitudes, le moins putain des hommes. En revers, celui qui ne supportait pas, sur le ring intellectuel, la présence d’un autre champion (d’un Aron, par exemple) [ ] mais, uniquement, des sparring-partners pratiquant sa boxe à partir de règles édictées par lui. Quand le sparring-partner, autorisé tout de même à boxer, se permettait d’accélérer le rythme, alors Sartre fonçait dans le tas et y allait à la conviction par écrasement. Et voici l’une de ses supériorités : il maîtrisait tous les discours et possédait tous les styles, philosophique, familier, polémique, rase-mottes, en piqué, en mitraillage, en bombardement, etc. Impossible, pour le challenger, de s’opposer à lui en combat académiquement serein. Il refusait la règle du jeu. Il imposait la sienne et, de son arsenal, utilisait toutes ses armes. P308

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Jünger, de réputation, de trajet et de légende, me plaisait. Quant à sa littérature, quant à la littérature allemande, autre affaire. Elle m'est une jungle - une forêt ! - où je me suis toujours avancé non sans quelques frayeurs égarées dans ses profondeurs et vers l'horizon toujours reculé de ses sentiers, toujours dérobé de ses clairières. (p. 179)
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Radioscopie : Jacques Chancel reçoit Jean Cau
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