Quel gâchis ce mélo! ai-je pensé en refermant ce tragique roman d'amour où l'orgueil de la belle Fanny de Lussanges, femme des années folles jadis abandonnée par un amant flambeur, séducteur,manipulateur et fin stratège; femme déchue traitée de "cocotte" et mise au ban de la bonne société aristocratique friande de scandales, va semer le malheur autour d'elle.
Dans la vie de son mari qui l'aime toujours.
Dans la vie de Louis de Nueil, "fils parfait" au "regard franc" d'une comtesse, jeune homme titillé par un complexe d'Oedipe encombrant, ébloui dés la première rencontre qui deviendra son amant après une cour assidue et qu'elle repoussera de crainte d'être abandonnée.
Dans la vie de Caroline, la petite cousine, amoureuse de Louis prête à tout pour le posséder.
Dans sa propre vie où la trahison passée l'empêche de s'épanouir dans un amour véritable, où la peur de la différence d'âge l'empêche de vivre l'instant présent pleinement.
On pense au romantisme de
Goethe (dont le héros incapable d'oublier se suicide) dans
Les souffrances du jeune Werther.
On pense aux amours subversives de Colette dans Chéri, bien que Louis admiratif de sa maman, ait choisi une maîtresse moins âgée que Léa et que la fin de Chéri soit plus raisonnable.
Qu'il est donc dur d'aimer, d'être aimé,de lâcher prise,de communiquer...se dit-on après lecture. C'est bien écrit, le registre émotionnel est riche (le drame se tisse d'une souffrance qui monte crescendo), la passion est bien rendue (il suffit de peu de mots à l'auteur, restant pudique, pour d'une simple chaine à la cheville lancer le lecteur sur une sensualité sous-jacente et des fantasmes exacerbés) mais la vision de l'amour de
Madeleine Chapsal est ici trop pessimiste!
La femme abandonnée, d'après une nouvelle
De Balzac (qui fait partie des Scènes de la vie de Province) a été adapté en film par
Edouard Molinaro.
Madeleine Chapsal, journaliste et écrivain (à l'oeuvre abondante), a beaucoup écrit sur l'amour ( :
Le retour du bonheur;
Adieu l'amour;
Si aimée, si seule...). de
la maison de Jade on a également tiré un film.