De facture plus classique que « L'Épithalame », ce court roman est un chef d'oeuvre, remarquablement agencé et écrit. Les phrases courtes, les paragraphes courts multiplient les scènes, les événements, les retournements de situation, sans effort, sans drame ni complication psychologique. Tout glisse, comme toujours. Chardonne épouse la vie, va dans le sens du mouvement, ne contrariant pas le rythme. Légèreté, limpidité, simplicité. On ne s'ennuie pas dans ce texte parce qu'on est plongé ― spectateur ― au sein de la vie courante. Chardonne n'est point un écrivain « classique » (comme on le prétend si souvent : détaché de toute ambition, de tout projet, de toute posture, il se contente de regarder ce qui se déroule devant lui. Et nous, nous observons ce qu'il voit. Lorsque l'émotion arrive, elle apparaît, elle disparaît, on passe à autre chose. Cela pourrait durer comme cela durant des pages et des pages, on ne se lasse pas. C'est magique.
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Imaginez que cet homme est bourgeois de mon village...et je n'ai jamais lu un de ces écrits... Il va falloir que je m'y mette ! Suite au prochain épisode !
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L'amour nous perd toujours.
Malheureux, il dévaste ; satisfait, il nous dépossède davantage.
C'est beaucoup d'être pleinement un homme, dans ses limites.
Accomplis ton œuvre sans te soucier des fruits.
Jacques Chardonne - Les Varais (Roman de l'enracinement).