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Les Guerres de la Compagnie tome 5 sur 7

Jean-Pierre Pugi (Traducteur)
EAN : 9782277231448
377 pages
J'ai lu (04/01/1999)
3.52/5   23 notes
Résumé :
Il y a si longtemps qu'elle est seule… Pas d'amis, pas de foyer, à peine assez d'argent pour ne pas mourir de faim. Bet Yeager n'est plus qu'une ombre lorsque le Loki fait escale sur Thulé, station spatiale mourante. Cet étrange vaisseau, surgi de nulle part, c'est sa dernière chance de renouer avec la société des hommes.
Mais à bord, le cauchemar continue. L'équipage est muré dans le silence, les officiers paranoïaques, et l'ambiance lourde d'un secret qui ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Aujourd'hui, attention, je mouille ma chemise et m'engage sur un terrain très glissant pour moi, un domaine sur lequel on peut considérer sans fausse modestie que je suis une parfaite ignorante.

C'est vrai, je l'avoue, le genre Science-Fiction ne m'attire pas, mais ce qui s'appelle pas du tout. Étonnant car j'ai pourtant adoré, toute jeune, toute moins jeune et désormais toute plus vieille les épisodes de Star Wars, qui sont, à proprement parler, de la pure SF.

Pardonnez-moi si je vous ennuie (ce n'est probablement pas la première fois et assurément pas la dernière) mais avant d'aborder l'oeuvre en elle-même, je vais vous infliger un petit préambule qui me semble important à l'expression de l'avis qui va suivre.

Qu'est-ce selon moi que la SF ? Que peut-on attendre de la SF ? Quel est l'intérêt de la SF ? Trois questions apparemment anodines et évidentes mais que tout lecteur et/ou auteur de SF devrait se poser au moins une fois dans sa vie.

De la manière où je l'entends, la SF est par essence l'extraction de la réalité, le domaine de l'imaginaire et de la fantaisie. En soi l'imaginaire et la fantaisie doivent être présents à un certain degré dans n'importe quel type de roman et ne caractérisent en rien la SF. À l'extrême rigueur, cela définirait mieux la Fantasy que la SF.

Non, la SF, dans mon esprit, c'est de l'imaginaire et de la fantaisie prenant pour base une réalité humaine au temps t (différant ainsi de la Fantasy) et conjecturant un savoir technique humain au temps t ± ∂. (Souvent c'est + ∂ mais dans Star Wars, par exemple c'est - ∂, chaque épisode commençant par la célèbre formule : " Il y a longtemps, très longtemps... " Au passage, c'est très astucieux car cela évite toute péremption du savoir technique anticipé par rapport aux avancées technologiques de la vie réelle qui apparaissent journellement.)

Le contraste existant entre le savoir technique et l'état du monde entre les temps t et t ± ∂ étant la base de comportements humains inédits qui doivent être narrés grâce au recours à l'imaginaire. Mais l'unité de mesure reste et restera toujours, pour moi, le comportement humain dans telle ou telle situation. On peut aussi imaginer que la perturbation ou la modification ne soit pas seulement technique mais qu'interviennent d'autres acteurs, comme des robots créés par les humains ou des êtres extra-terrestres.

Dans tous les cas, la SF est finalement une sorte d'expérimentation, un laboratoire, où l'on fait réagir l'élément humain avec des conditions de milieu ou de société radicalement différentes de celles que tout un chacun peut expérimenter dans sa vie réelle.

L'intérêt de la SF est là, selon moi : conjecturer un comportement humain soumis à telle ou telle condition d'existence différente. C'est une expérience que nul scientifique ne peut faire et que seuls l'imaginaire et la fantaisie de l'auteur de SF peut faire prendre forme. Ce sont bien à de telles expérimentations auxquelles nous convient, entre autre Aldous Huxley et George Orwell respectivement dans le meilleur Des Mondes et 1984. le fait de créer un univers propre, " à la Star Wars " par exemple, est un corollaire mais n'est absolument pas indispensable à la SF.

(Dans Star Wars, si je poursuis avec cet exemple connu d'une grande majorité, les seuls éléments ayant trait à la SF sont la Force et son côté obscur, les sabres laser, les droïds, les vaisseaux spatiaux permettant de grands déplacements rapides sur des portions importantes d'espace et l'afflux de nombreuses créatures extra-terrestres aux propriétés diverses. Tous les autres éléments ne nécessitent pas le recours à la SF, je pense notamment aux côtés aventure, guerre ou thriller.)

Sorti de ces quelques règles fondamentales, les règles classiques de l'écriture et l'exigence de qualité de composition doivent être les mêmes que pour n'importe quel roman. Or, à quoi assistons-nous ici dans Volte-Face ?

Un univers propre, de type space opera, un contexte de guerre entre deux grosses factions rivales et une héroïne freelance, un peu genre super woman, évoluant dans ce système. Vous me direz, pourquoi pas ? La question que je me pose instantanément est : quelle est l'expérience particulière et intéressante que cette héroïne peut me faire faire ?

La réponse je l'ai cherchée attentivement pendant tout l'ouvrage et l'ai finalement trouvée à la dernière page : aucune. Je suis sévère me direz-vous si vous êtes polis, conne et bornée si vous êtes sincères, obtuse et hermétique comme un bocal le Parfait Super si vous êtes compréhensifs.

Je suis probablement tout ça, mais j'essaie surtout, vis-à-vis de moi-même, d'être parfaitement honnête dans mon ressenti. L'auteur, C. J. Cherryh fait très probablement une grosse erreur tactique en faisant de Volte-Face un huis-clos. Nous sommes pendant une très grande partie du livre à l'étroit dans les couloirs du Loki, vaisseau fantôme de je ne sais quelle engeance, et d'ailleurs ça n'a aucune importance.

Erreur C. J. Cherryh, car qui dit huis-clos dit que le principal élément de votre recette est l'humain. Or l'humain reste l'humain, avec ou sans combinaison spatiale, et les comportements que vous décrivez sont complètement artificiels et peu vraisemblables : une femme (Bet Yeager), une meurtrière, une fugitive, qui baise pour un oui pour un non, qui tout de suite, en un claquement de doigt éprouve de la sympathie et de l'amour pour un inadapté social rejeté de tous (BR), qui de suite se fait " d'indéfectibles amis " sur lesquels elle pourra compter et qui pourront compter sur elle, etc., etc.

Je suis bien en peine de vous citer un seul personnage qui puisse avoir un comportement humain crédible, non monolithique et non archétypal. BR n'en parlons pas, le commandant Fitch est une épaisse caricature, le capitaine Wolfe est une réplique du capitaine Némo de Jules Verne. Bref, les deux seuls personnages éventuellement un tout petit peu plausibles et légèrement intéressants sont Bernstein et Musa. Pour le reste, je trouve cela très mal observé socialement, sociologiquement et psychologiquement.

Quelle est la recette ? Dialogue, action, dialogue, action, dialogue, action, dialogue, action, dialogue, action, dialogue, action, dialogue, action, dialogue, action, dialogue, action, dialogue, action. Vous voyez c'est très varié. Mais là encore, ma chère Cherryh, un dialogue creux et une action molle et sans fondement n'ont jamais élevé, ailleurs comme ici, mes paupières de lectrice au-delà des frontières de l'ennui. L'univers créé est lui aussi d'une rare pauvreté aussi bien culturellement que sur un simple aspect de créativité : les boissons phares sont la bière, la vodka, le coca et le thé. le plastique et la vidéo sont légions, l'essentiel des " anticipations " datant de 1989 sont presque rejointes voire dépassées par les avancées techniques de 2014...

Nous suivons donc tout au long de ce livre une certaine Bet Yeager, dont on essaie artificiellement de nous faire accroire qu'elle a un passé et une épaisseur incroyables. Elle se retrouve fugitive et indigente sur une désespérante plate-forme spatiale, Thulé, qui périclite chaque jour un peu plus. Elle n'espère qu'une chose, c'est qu'un vaisseau vienne rapidement ravitailler sur cette plate-forme et qu'elle puisse embarquer à bord.

Évidemment, la chose se produit lorsqu'un vaisseau inconnu pointe le bout de son fuselage. Notre brave Bet est chargée à bord comme un animal de trait au moment précis où elle allait avoir de très gros ennuis avec les autorités de la station de Thulé pour la bagatelle d'un double meurtre perpétré par elle dans des toilettes publiques crasseuses à l'encontre de deux sombres hères qui désiraient la violer. Wouah ! un univers qui nous fait rêver et qui nous prend aux tripes ma chère Cherryh !

La voilà donc embrigadée à bord du Loki, dont on comprend vite qu'il ne sera pas une promenade de santé pour l'héroïne, qui fraîchement violée sur sa plate-forme, va s'accoupler aussitôt au premier venu, comme vous le voyez mesdames, c'est très crédible, et puis, et puis, et puis... suite de dialogues creux et d'actions molles où l'on essaie de nous faire croire à un mystère et à quelque chose d'incroyable qui va se passer et qui ne se passe finalement pas car la coquille est creuse et le roman tourne à vide.

Le premier tiers du roman est d'un mortel ennui, vers le milieu c'est un peu mieux mais sans plus et on constate un léger, oh ! très léger, surcroît d'intérêt sur le final où le roman exploite alors la recette du thriller et plus du tout l'intérêt propre de la SF.

Oui, constat assez accablant, écriture pauvre, univers glauque pas du tout captivant, expérimentation d'écriture SF ratée et qui est bien moins fine et enrichissante qu'une expérimentation sociale véritable comme peut nous en offrir Marivaux dans L'Île Des Esclaves ou La Dispute par exemples.

Bref, même pas un bon divertissement (j'ai mis une éternité à lire ce livre, totalement engluée dedans), aucune prouesse d'écriture, aucun intérêt particulier à mes yeux, mais ce ne sont que mes yeux, c'est-à-dire pas grand-chose, libre à vous de faire volte-face. (Désolée Michel, j'ai sincèrement essayé, mais ce genre de littérature n'est vraiment pas pour moi.)
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Si vous connaissez forteresse des Etoiles ( Downbelow Station ) , vous savez que la flotte de guerre de Mazian a dû évacuer la station Pell en catastrophe .

Le personnage principal de ce roman ( une femme militaire) a échoué à la station Thulé . C'est une station en fin de course qui sera évacuée brutalement elle aussi , car abandonnée , mise hors service et fermée du fait des agendas militaires , des développements technologiques et du chamboulement des routes commerciales .

Elle cherche à se réembarquer sur un vaisseau quel qu'il soit , mais sans que son ancien statut ne soit mis à jour et qu'il ne lui cause des difficultés . Elle cherche par ailleurs avant tout et plus simplement à survivre au jour le jour , cette station n'est pas pour elle le lieu d'un appontage fructueux et facile car la station étouffe et l'activité se réduit et elle n'y connaît strictement personne ..

C'est un vrai drame très âpre , une aventure dans les bas-fonds d'une station .
Car chaque jour réclame l'énergie du désespoir , alors que l'environnement stationnaire lui est étranger , et qu'il deviendra par ailleurs de plus en plus mouvant alors que la station se délitera .

Elle sera confronté au meurtre , au risque de viol , aux coups de chance , à la générosité , à la faim durable , au hasard et aux conflits au manque désespéré de crédits ( d'argent ) ....
C'est un roman très dense , copieusement intimiste que j'ai relu plusieurs fois . ce texte est sculpté et ciselé , et il est dédié à tous les parias qui se sont confrontés à l'âpreté du vide et à l'étoffe de l'indifférence meurtrière qui habille souvent les désastres les plus visibles et paradoxalement les plus solitaires et les plus désespérés .

Par ailleurs :
La seconde partie du roman se passe à bords d'un vaisseau qui mène une politique compliqué . C'est un vaisseau où elle a finalement réussi à trouver un poste ...
Ce statut du vaisseau et sa politique apporte de la dimension à l'intrigue et complexifie l'intégration de cette femme à l'équipage d'hommes . ...
Le personnage principal devra trouver sa place dans cet équipage .. ce n'est pas une mince affaire .
A ce stade le texte est vraiment un huis clos intimiste , assez poignant et intense .

Dans ce roman l'auteur confère au space opéra une portée réellement universelle . Il y a un réalisme intensément pragmatique qui transcende la fiction et la science-fiction ..
C'est donc un texte très dense, très humain et très fouillé qui enseigne que l'on peut s'échouer et se perde dans les étoiles ..

PS : un billet pour l'espace profond , en compagnie de gens pas commodes , dans une station au bord de l'effondrement et dans un vaisseaux de durs à cuire qui sont des plus crédibles .
Alors que la chose militaire côtoie intiment la piraterie et le crime organisé dans des zones troubles , pas claires et aussi grises que risquée .

Un roman qui existe en anglais sous le titre Rimrunners ( usa ) et c'est un « stand alone « .
Un parcours initiatique de derrière les fagots et sans pathos inutile .
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Livre dans lequel on suit les aventures d'Elizabeth (surnommée Bet) dans ses aventures spatiales et sentimentales.
Le livre fait partie d'une série d'un univers propre à l'auteure (à priori regroupés dans "la guerre des compagnies" d'après wikipédia). Il faut un peu de temps (et surement avoir lu les oeuvres écrites avant celle-ci) pour bien comprendre le cadre géopolitique dans lequel s'inscrit Volte Face. Mais on peut lire le livre sans s'y intéresser du tout et ça passe quand même.

L'histoire:

Elizabeth est coincée au début du livre sur une station spatiale (Thulé) à l'abandon (suite à la découverte de routes spatiales plus intéressantes), en gros elle est sur une station essence cosmique d'une ptite route alors que l'autoroute vient d'être construite à côté.
Elle dépérit de jour en jour parce qu'elle ne peut pas accepter de petits boulots, sinon elle risque de perdre le privilège d'être prioritaire pour être embauchée dans un gros vaisseau spatial (type cargo ou militaire).
Assez costaud, elle tue son agresseur dans les sanitaires de la station et ensuite la personne qui l'aide à se cacher en contrepartie de faveurs sexuelles (c'est un peu glauquie parfois...)
Malgré tout elle arrive à se faire embaucher dans le Loki (malgré un passage dans la prison de la station). le Loki est vaisseau pseudo militaire, l'objectif du Loki, apparemment est principalement de recueillir des infos sur les ennemis et si possible de les déstabiliser.
Bet se fait une place dans le Loki, d'abord en faisant des tâches ingrates (récurer le pont par exemple) puis en passant dans le service ingénierie étant donné qu'elle a des compétences dans le domaine.
Elle rencontre une sorte de mec mi-autiste mi-connard appelé Ramey que tout le monde surnomme BR (Bon à Rien...) et tombe amoureuse de lui... Elle l'appellera tout le temps comme ça pendant tout le livre… L'amour…
Elisabeth cache à tout le personnel du Loki son passé dans le vaisseau Africa, gros vaisseau de guerre, faisant parti de l'alliance ennemi. C'est dans ce vaisseau qu'elle a acquit des compétences en mécanique militaire et en combat assisté par armure cybernétique.
Une course poursuite dans l'espace commence entre un navire ennemi et le Loki, le personnel de ce dernier doit faire aux contraintes difficiles de l'accélération fulgurante du vaisseau ainsi qu'au passage dans l'hyper espace. On comprend que BR, lors d'un voyage en hyperespace n'aurait pas pris les cachetons nécessaires, ce qui serait la cause de son déphasage psychique (mais on se dit que même avant il ne devait pas être très différent…).
Bref le Loki se retrouve sur Thulé (comme au début de l'histoire) pour se ravitailler et pour vider la station en carburant qui serait utile à l'ennemi qui le poursuit. Un combat entre Bet et l'armada militaire du vaisseau ennemi à lieu (à base de combat via armure cybernétique) et le Loki s'en sort de justesse…
Bet a réussi entre temps à réintégrer socialement le petit BR qu'elle chapote entre temps et dont elle toujours amoureuse.

Avis perso :
L'histoire ne manque pas de bonnes idées, il y a des descriptions assez pointues du fonctionnement du vaisseau, lors par exemple des phases d'accélérations où des procédures strictes doivent être respectées. L'auteure à l'air d'avoir une idée assez précise de l'architecture du vaisseau, il y a des compartiments qui peuvent tourner sur eux même pour gérer les changements de gravité, on pourrait aussi faire un schéma complet du vaisseau en suivant les allers-retours de Bet. On sent qu'il y a un univers bien structuré dans la narration, c'est appréciable pour bien rentrer dans l'histoire. Les phases de course poursuite spatiale sont pas mal, j'ai bien aimé. Un peu moins les combats en armure…
L'histoire sentimentale entre Bet et BR (après ce n'est pas mon dada) est un peu nul, on ne comprend pas ce que Bet trouve à BR qui est un mec asocial, egocentrique et froussard… Sa seule qualité c'est qu'il est beau-gosse, un peu futile quand même. Il a des bonnes connaissances en ingénierie aussi...
L'histoire donne un aspect décousu parfois, je n'ai pas compris l'intérêt de l'agence pole emploi de la station spatiale, tout le début du livre est un peu étrange et glauque avec l'héroïne qui globalement se prostitue pour survivre… Elle vit pendant plusieurs jours dans l'appartement d'un homme qu'elle a tué, son corps est d'ailleurs toujours dans l'appart… ça contraste pas mal avec son côté très aide social avec BR plus tard. Ensuite dans le Loki quand elle couche avec tout monde (et même en présence de plusieurs personnes à un moment donné) me parait assez étrange. Je ne peux pas croire qu'il n'y ai pas de tensions à cause de ça surtout qu'on est sur une population très masculine dans le vaisseau.

En conclusion, c'est un livre sympa. Une auteure qui a de bonnes idées. Je vais essayer de trouver d'autres de ses romans.
Autre point à vérifier, j'ai un gros doute sur la compétence du traducteur, il y a plusieurs passages qui m'ont paru très étrangement traduit...
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
- Je vais te dire quelque chose, mon gars. Si tu veux me baiser, offre-moi un verre et un bon lit et tu m'auras toute la nuit. Sinon, je ne suis pas preneuse.
Un sourire dénuda les dents de l'homme.
- D'accord, d'accord, je vais te donner du bon temps. Viens me rejoindre. [...]
Il saisit sa cheville. Elle tenta de se dégager mais ses genoux cédaient sous son poids. Elle tituba. Il fit un nouvel essai sous la porte. [...] Il la tirait vers lui. Elle s'appuya à la paroi. Les doigts de l'ivrogne se plantèrent dans sa chair. Elle tenta de recouvrer son équilibre mais bascula contre la cuvette hygiénique. Un élancement déchira son flanc et elle grimaça de souffrance quand sa joue heurta le mur. Elle tomba sur le carrelage, contre le siège. Les mains de son assaillant glissaient sur elle, il rampait sous la porte et sur son corps. Il l'étreignit et elle ne vit plus que son visage et des lumières, une image indistincte. Il la frappa, et sa nuque heurta le sol à deux reprises. Pendant un instant il n'y eut plus qu'une explosion de couleurs, une haleine éthylique, un poids écrasant, des mains qui ouvraient ses vêtement.
" Je suis dans de beaux draps ", pensa-t-elle. Elle s'ordonna de rester inerte, flasque, pendant qu'il la dépouillait de sa combinaison et la caressait. Elle ne pouvait rien faire, ainsi coincée dans l'espace exigu qui séparait la cuvette hygiénique de la paroi du box.
Elle se contentait de prendre des inspirations, d'attendre la fin du feu d'artifice.
Il l'étranglait. Elle se débattit et glissa la main droite dans sa poche alors qu'il écrasait sa bouche sous la sienne et l'étouffait. Elle perdait conscience.
Ses doigts se refermèrent sur le manche du rasoir. Elle ne le lâcha pas malgré l'onde de souffrance et la nappe de brouillard qui envahissait son cerveau. Elle ouvrit cette arme et lacéra la cuisse de son agresseur. Il recula en hurlant et s'adossa à la porte. Elle détendit sa jambe et lui donna un coup de talon. Il hoqueta et tomba sur Bet, qui put à nouveau utiliser son rasoir.
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Enfiler son armure avant de donner sa première leçon à un novice était une nécessité première. [...] Il fallait le lui accorder, Fitch comprit très vite de quoi elle voulait parler. Il lui obéit lorsqu'elle lui dit de se détendre, et il attendit patiemment. [...]
- Le potentiomètre numéro trois règle la sensibilité des capteurs. Si on a la tremblote, il suffit de tourner jusqu'à ce que ça s'arrête. Trop de bruit peut attirer le feu de l'ennemi.
Il ne parut pas trouver ce commentaire amusant.
- Des gyros assurent votre équilibre, s'empressa-t-elle d'ajouter.
Fitch était une silhouette sans visage, prise entre les parenthèses luminescentes des écrans verdâtres qui offraient en haut et en bas du casque de Bet l'image comprimée de ce qu'eût révélé une vision sur 360 degrés. Une grille jaune se superposait aux mains ou au torse du second sitôt qu'il les déplaçait et les cliquetis de son armure étaient matérialisés par le voyant clignotant d'un détecteur de sons situé dans la partie inférieure gauche de la visière. Elle prit sa main et la guida vers une commande placée sous son col.
- Vous pouvez voir votre avant-bras sur l'écran panoramique du bas. On s'habitue aux distorsions de l'image. C'est un inter à trois positions : verrouillage, gyros, déplacements libres. Regardez dans l'angle droit de l'écran. Vous pouvez y lire que vous êtes en mode B, la stabilisation. A, c'est le blocage, C, la liberté de mouvements. Compris ?
- A verrou, B gyro et C rien.
- Vous aurez l'impression que l'armure est déséquilibrée car son centre de gravité est différent du vôtre, mais n'oubliez pas que vous avez de grosses bottes. Sur B les gyros rétablissent l'équilibre et il devient presque impossible de tomber, mais aussi de s'agenouiller. Je vous conseille de ne pas changer de position pour l'instant. La commande numéro trois ajuste la sensibilité. Je l'ai préréglée à 85 %. C'est un peu fatigant, mais moins ennuyeux que de faire une chute. La mienne est sur 150, avec une puissance maxi de 300. Mais j'ai vingt ans d'expérience.Vous n'aurez pas à vous servir du quatre. Comme nous ne sommes pas reliés à une base, il ne sert à rien. Vous vous sentez comment, à 85 ?
- Empoté. Raide.
- Il est possible de régler différemment chaque élément, mais ce n'est pas très pratique. Montez le trois à 90 puis augmentez progressivement d'une ou deux graduations à la fois, pour choisir ce qui vous va le mieux. Mais soyez très prudent si vous dépassez 100. Cette commande contrôle la façon dont l'armure réagit aux contractions de vos muscles. À 100 elle se déplace plus vite, frappe plus durement, saisit avec plus de force. C'est proportionnel. À 150, on peut briser le fût d'un fusil entre deux doigts, et il est rare de monter à plus de 250. Vous veillez à marcher sans à-coups, vous manipulez chaque objet comme s'il était en verre, vous ne faites aucun geste brusque. Tous vos mouvements sont amplifiés et l'inertie augmente plus que tout le reste. Quand vous avancez, prévoyez une distance d'arrêt importante. Pour courir, vous essayez d'être léger, et pour marcher rapidement c'est la même chose. Beaucoup de souplesse est indispensable. En cas de chute, ne résistez pas, laissez-vous aller. Vous ne courez aucun risque de vous blesser, alors suivez le mouvement puis relevez-vous. On va stopper les gyros, à présent. Détendez-vous. Restez debout. Levez le bras. Doucement.
- Merde ! laissa échapper Fitch quand son armure bourdonna et s'inclina.
Un soubresaut. Leurs bras se heurtèrent et il brisa la poignée d'un placard en se balançant sur ses talons. Elle le retint, le stabilisa. Elle l'entendait respirer par le com, des halètements sonores.

Chapitre 26.
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Il était dangereux d'attribuer à ses adversaires un statut de martyrs. On se contentait de leur donner une bonne leçon puis de les renvoyer dans les ponts où ils servaient d'exemple, avant de passer au stade suivant...
... les accidents qui survenaient à vos biens, puis à votre personne, pour vous permettre de comprendre que toute velléité d'indépendance vous vaudrait une convocation au bureau de Fitch, pour ne pas dire un séjour dans un cachot lors du prochain saut...
... et les accidents qui survenaient à vos proches.
Des " amis " qui prenaient ensuite bien soin de rester loin de vous, la source de leurs ennuis, s'ils avaient un minimum d'intelligence... ou d'instinct de survie.
Il fallait laisser à l'adversaire une voie de repli, dans la direction qu'on voulait lui faire prendre.

Chapitre 19.
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Elle avait embarqué sur l'Africa à l'âge de seize ans et ne gardait que peu de souvenirs de sa vie antérieure. Elle ne se rappelait même pas les traits de sa mère, seulement leur petit logement où il fallait abaisser les lits chaque soir et les remonter au matin pour pouvoir se déplacer, tant la place était comptée à bord du vaisseau-raffineur numéro deux de Pan-paris. Elle revoyait les vêtements de maman suspendus à la paroi et entassés sur le pont, les coursives sordides et les cachettes où elle allait se dissimuler — parce que sa mère avait affaire à une gosse qui n'assimilait pas les règles civ, qui s'attirait sans cesse des ennuis dans un milieu où les gens changeaient constamment d'avis, où les lois n'étaient affichées nulle part et les interdits jamais précisés...

Chapitre 11.
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- Il n'y a ici qu'une pompe qui permet d'assurer le plein d'un FTL. Nous y sommes branchés. Plus important — nous pouvons mettre à sec les cuves de la station et il faudra des semaines aux écumeurs pour reconstituer les réserves. Si c'est bien ce qui se passe là dehors, s'il y a un autre vaisseau, s'il est sur le point de tomber en panne sèche et qu'il nous fasse sauter — la pompe sera détruite en même temps que le contenu de nos réservoirs et nos adversaires se retrouveront coincés dans ce secteur perdu. Ils ne peuvent pas détruire notre appareil, ils doivent s'en emparer.
" Ce salopard de Wolfe le savait, quand il nous a conduits ici. À court de carburant. Avec un grave pépin mécanique dans les propulseurs. Nulle part où nous réfugier. Alors il a décidé d'apponter, de vider les cuves de Thulé et de défier les salopards qui nous filaient le train de venir se servir. Et ils comptent sur nous pour empêcher l'abordage d'une station avec deux armures et les bordées que peuvent tirer les petits canons du Loki ? Putain de bordel, c'est vraiment la meilleure ! "

Chapitre 27.
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