Si vous fréquentez assidûment l'Autofictif, le blog d'
Eric Chevillard, vous savez déjà qu'Agathe est la fille, bien réelle, de l'auteur. Sinon, on vous en recommande la lecture quotidienne, dès potron-minet avec un café, ça peut sauver votre journée. Votre vie même. Un homme qui déteste le gratin de chou-fleur mérite d'être lu. Et pas seulement son blog, mais ses livres, qui ne sont pas des romans. Des tas de travaux critiques essaient de cerner son travail, c'est peine perdue. Allez-y voir vous-même, commencez par
le Vaillant Petit Tailleur par exemple.
Mais revenons à l'album.
Eric Chevillard a écrit dans l'Autofictif cette sentence définitive, sévère mais juste : « Deux écoles dominent la littérature du premier âge : le naturalisme le plus édifiant (Je fais dans mon pot ; Monsieur l'abbé m'a mis un doigt) et un surréalisme animalier de pacotille (c'est l'heure où la panthère/ épouse le coléoptère/ c'est l'heure où le hérisson/ rapièce ses pantalons). Puis, curieusement, les enfants perdent le goût de la lecture. »
La Ménagerie d'Agathe ne relève d'aucune de ces écoles. Même si on y trouve aussi un hérisson, et beaucoup d'autres jouets en peluche ou en plastique, qu'il ne faut pas confondre avec de vrais animaux. Mais parfois justement tout se mélange et on ne sait plus à qui se fier : « Et d'ailleurs, même les vraies méduses sont fausses. Ça se voit. La vie n'est jamais si flasque. » C'est un peu comme si La Ménagerie de Tristan, de
Robert Desnos, avait rencontré le
Bestiaire de
Vialatte, en croisant Alice et son dodo (l'oiseau), et peut-être Hobbes aussi (le tigre de Calvin, pas le philosophe).
C'est drôle, absurde, subtil et magnifiquement illustré.