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Trilogie de Jésus tome 1 sur 3
EAN : 9782021099850
384 pages
Seuil (22/08/2013)
3.37/5   98 notes
Résumé :
La trilogie de Jésus, tome 1 (2013).

Le jeune David et Simón, son protecteur, sont arrivés – on ne sait d’où – par bateau au camp de Belstar, où ils ont été reconditionnés afin de s’intégrer dans leur nouveau pays : nouveaux noms, nouvelles dates de naissance (âge de 5 ans attribué à David, 45 à Simón), mémoire lavée de tous souvenirs, apprentissage rapide de l’espagnol, langue du pays. Puis ils ont traversé le désert et ont atterri au Centre d’accuei... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Malgré son titre, rien de religieux dans ce délicieux roman du lauréat du prix Nobel 2003. Il s'agit plutôt d'une étrange fable, un conte philosophique dans un pays imaginaire.

Dans la ville où l'homme et l'enfant arrivent, la mémoire des immigrants est effacée pour leur permettre de prendre un nouveau départ. On leur donne aussi une nouvelle identité, un travail et un logement. On suivra leur intégration et leur vie dans ce milieu d'accueil.

Un monde tiède. On y trouve bienveillance, plutôt que passion. le plaisir n'y est pas un objectif : les vêtements stricts, la nourriture fade, le sexe fonctionnel. Pas de passé, mais pas non plus de projets d'avenir, pas de regrets, ni de rêves.

Sans lourdeur, dans un ton quasi ludique, ce contexte permet toutes sortes de réflexions. Sur l'immigration par exemple, ce qu'on peut ressentir lorsqu'on dépend de la bureaucratie, qu'on doit maîtriser une nouvelle langue, s'adapter sans regarder en arrière et prendre une nouvelle identité.

Sur l'éducation des enfants, rigidité ou liberté, conformisme ou imagination.
Sur le rôle des parents, des géniteurs à l'amour maternel.

Sur le travail, qui libère, mais qui asservit. Sur la machine qui peut remplacer l'effort physique, mais éliminer le gagne-pain des travailleurs.

Et même sur la philosophie, sur l'essence des objets, la vie et la mort, ou sur l'infini mathématique.

Un coup de coeur et une titillation de l'esprit…
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J'aime la métaphore lorsqu'elle atteint la dimension allégorique et ce livre prend une telle hauteur qu'il arrive sans effort à convaincre le vieil athée que je suis depuis l'âge de raison.

L'âge de raison c'est celui du « garçon » qu'accompagne L' « homme » débarquant en terre inconnue qui ont tous deux le choix d'un prénom et d'un âge et qu'on appelle respectivement David et Simón.

Simón sait qu'il découvrira la mère de David au premier regard. S'il se considère comme le parrain du garçon de cinq ou six ans égaré sans identité sur le bateau le conduisant à Belstar, port d'attache de la terre inconnue, il sait aussi que le garçon a besoin d'une mère. Simón souffre de la mémoire de sa mémoire enfuie. Il lutte pour s'intégrer aux groupes particulièrement vertueux et fraternels qui les accueillent.

Sur cette terre inconnue on parle español. L'homme et le garçon apprennent cette langue. Simón est docker et transporte des sacs de grains, Simón et David habitent un petit appartement dans la barre est de Novilla près du port. Simón rencontre Inés et décide que Inés est la mère de David.

David a donc un père et une mère qui ne sont pas ses parents biologiques. Inés, vierge, aime David comme une mère, « plus que tout » et Simón travailleur et exilé aime David comme un père mais préfère rester en retrait pour le bonheur de David.

Lorsque David doit aller à l'école, lorsqu'il a peut-être six ans, les problèmes d'insertions se posent parce que les professeurs n'ont que des références conformes à un savoir transmis par les aînés. Or il se trouve que pour David une pomme plus une pomme ne font pas deux pommes. David considère que dans cette formule simple il y a une fracture entre un et deux. David a donc une avance vertigineuse en termes de mathématiques.

(Chacun sait d'ailleurs que une pomme plus une poire ne font pas deux pommes-poires ou bien alors font deux « fruits », ce qui est très différent de la formulation « pomme » initiale, et que l'arithmétique ne sait pas résoudre cette équation sauf par des pirouettes amusantes).

David ne peut donc rester à l'école puisqu'il est plus savant que ses maîtres. Et ces derniers veulent l'envoyer dans un centre spécialisé. Les « savants conformistes » apparaissent comme les seules personnes non fraternelles de la communauté, capables de lancer la machine judiciaire et policière, tant leur crainte d'être découverts est grande.

Ne restent alors que la fuite de tous et l'émancipation inéluctable de David qui commence à désigner des frères un peu partout.
Dans cet élan prosélyte commence à naître chez le lecteur extasié, une petite envie de « fessée » pour ce martien qui n'est pourtant pas coupable de l'être !

De dimension universelle cette fable où chaque rôle est parfaitement distribué est merveilleusement écrite et fourmille de belles choses, de raisonnements simples qui emportent l'adhésion.

Merci au traducteur d'avoir traduit "The" en "une" dans le titre...

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Le roman débute par l'arrivée d'un homme et d'un enfant, des immigrés venus par la mer dans un pays inconnu. Sur le bateau David a perdu la lettre qui devait le conduire à sa mère dont il a été séparé dans des circonstances mystérieuses. Simon qui se trouvait sur le même bateau a pris le petit garçon de cinq ans sous son aile et a décidé de l'aider à retrouver sa mère.
Arrivés à destination, les voici accueillis au centre de Novilla où les services publics les aident à s'intégrer. Travail, logement, amitié : tout se passe pour le mieux grâce à la bonne volonté de tous. le vieil homme n'a cependant qu'une idée en tête, trouver une mère pour l'enfant, n'importe laquelle, pourvu qu'elle lui plaise, à lui.
Il confiera finalement son petit compagnon à Ines rencontrée par hasard et poursuivra son chemin dans un monde irréel, parfait, trop parfait pour être crédible.
J'ai un avis mitigé après la lecture de ce roman, je n'ai pas été séduite par cette histoire même si l'écriture reste fluide et agréable, les personnages m'ont parus sans consistance. Mais je crois surtout que je suis passé complètement à côté du message qu'a voulu délivrer l'auteur.
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Dois-je toujours être capable, d'aimer ou pas, un livre ? Fable sombre, intrigante, irritante, rarement lecture m'a laissée si perplexe.

Après un passage par un camp de refugiés, un homme et un enfant, Simón et David, arrivent à Novilla, ville de langue espagnole, à l'issue d'une traversée de la mer et du désert, pour y recommencer leur vie. Tous ont fui quelque chose, qu'on ne connaîtra pas. Pendant la traversée, l'enfant a perdu la lettre qui donnait l'identité de sa mère. Simon, voulant l'aider à retrouver sa mère, a maintenant l'enfant à sa charge.

Novilla est terrible et absurde. Tout le monde arrive ici, lavé de son passé, de sa mémoire, de son identité, et de ses connaissances. L'administration de la ville fournit aux arrivants un logement et un travail, mais la bureaucratie est défaillante, et sans humanité, la bonne volonté devient une arme cruelle. Simon démarre un travail sur les docks, un vrai labeur de bêtes, charriant des sacs de grain à longueur de journée sur son dos, sans utiliser les grues, pourtant disponibles, pour entreposer des stocks de grain qui seront ensuite dévorés par les rats.

Ce monde très policé, sans conflit ni ironie, et très bureaucratique, semble être un monde sans sel, vide de sens, un monde dans lequel plus personne ne pose de questions. Plus personne sauf Simon qui n'arrive pas à vivre cette vie sans saveur, à se débarrasser de ses passions. Il questionne sans cesse ce monde, où tous acceptent tout.

«"Du bifteck couvert de jus de viande, poursuit-il. Vous savez ce qui me surprend le plus dans votre pays ?" le ton de sa voix se fait agressif ; il serait plus sage d'en rester là, mais il n'en fait rien. "Tout ça manque tellement de sang ! Tous ceux que je rencontre sont si corrects, si aimables, si pleins de bonnes intentions… Personne ne jure ou ne se met en colère. Personne ne se soûle. Personne même n'élève la voix. Vous vivez de pain, d'eau et de pâte de haricots et vous prétendez être rassasiés. Comment cela se peut-il, d'un point de vue humain ? Est-ce que vous mentez ? Est-ce que vous vous mentez à vous-mêmes ?"»

L'homme, obsédé de son désir de retrouver la mère de l'enfant – dont il ne sait rien – le confie par intuition à la garde d'une femme, Inès, qui va le protéger, l'étouffer, l'aduler, le retirer de l'école où il n'apprend rien et se rebelle contre l'autorité du maître. Elle va se dresser contre l'administration qui veut envoyer l'enfant dans un établissement scolaire spécialisé. L'enfant est différent. Est-il exceptionnel, ou bien inadapté ? Inès croît en lui, Simon est partagé.

"Une enfance de Jésus" pourrait rappeler "La route", mais n'est-ce pas plutôt une métaphore de la foi ?
Alors, comme pour la foi, JM Coetzee laisse de nombreuses questions, sans aucune réponse : À nous de décider, à quoi nous voulons croire. Et débrouillez-vous tout seul, l'écrivain n'est pas Dieu…
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(Il ne s'agit pas ici d'une critique au sens habituel, mais d'une digression autour du livre)
Ils se précipitent vers le garde-frontière. "Nous sommes arrivés à Novilla hier", dit l'homme d'âge moyen. "Nous avons besoin d'un endroit où vivre."

« Pour vous et votre fils ?

"Ce n'est pas mon fils. C'est un garçon de six ans qui a fait naufrage avec moi. Il a perdu ses parents et n'a pas de nom. Mais je l'ai appelé David."

"As-tu un nom?"

"Non. Bien que tu puisses m'appeler Simon."

La gardienne a l'impression d'en avoir déjà assez de ces bêtises, alors elle leur fait signe de passer et les affecte à une résidence dans le bâtiment C. "Profitez de votre séjour ici avec votre père", dit-elle à David.

« Pourquoi insistes-tu pour l'appeler mon père ? dit David. "N'est-il pas aveuglément évident d'après le titre qu'il s'agit d'une allégorie de troisième ordre?"

Le lendemain, Simon va commencer à travailler comme débardeur au quai à grains. "Le pain est le bâton de la vie", dit Eugenio, le contremaître, alors que plusieurs lecteurs se jettent à l'eau pour se noyer. "Avant de commencer à travailler, nous devons débattre de questions philosophiques importantes, telles que la valeur du travail et la signification de Kumbaya."

« N'êtes-vous pas en train de vous égarer sur mon territoire ? dit Paulo Coelho.

David joue avec El Rey le cheval de trait, tandis que Simon a des relations sexuelles insatisfaisantes avec une femme nommée Ana. "Je t'avais dit que ce n'était pas une très bonne idée", dit Ana en essuyant les sécrétions indésirables.

"Je vais retrouver la mère du garçon", dit un Simon déçu. Il se dirige vers La Residencia où il voit une femme célibataire.

"Vous êtes la mère de David", dit-il.

"Je ne le suis pas, mais encore une fois, je pourrais aussi bien l'être", dit la femme, qui s'appelle Ines.

Simon n'est pas du tout inquiet d'avoir choisi quelqu'un manifestement souffrant de troubles mentaux, alors quand elle insiste pour élever le garçon toute seule, Simon n'hésite pas à accepter. "Il est si clairement l'élu que nous devons faire tout notre possible pour lui."

Deux semaines plus tard, David commence à manquer à Simon et demande à Ines un droit de visite. "Seulement si cela ne vous dérange pas d'être supervisé par mon frère psychopathe", dit-elle.

"Bonjour David."

"Bonjour pas papa. As-tu déjà pensé aux muguet ?"

« Est-ce la fin du sermon ?

"Aucune chance", dit JM Coetzee, même s'il doit se demander comment diable il s'en tire avec de telles ordures.

"Pensez-vous que la raison pour laquelle nous sommes dans un pays vaguement socialiste, où rien n'est bon et rien n'est mauvais, c'est parce que nous sommes censés penser que nous sommes dans un Cuba imaginaire?" demande David.

"Voyons si vous avez un ami qui s'appelle Fidel et un chien qui s'appelle Bolivar", dit Simon.

"Bonjour", dit Fidel. "Ouaf", dit Bolivar.

Simon décide qu'il est temps pour David D être éduqué. "Lisons Don Quichotte", dit-il.

"Super livre", dit David. "Tout ce qui s'y passe doit être vrai."

"Non, ce n'est pas le cas."

"C'est pour moi."

Pour une raison quelconque, Simon trouve que cette réponse est un signe de génie.

"J'ai faim", dit David.

"Je ne suis pas sûr que cinq pains et deux poissons suffiront", déclare Simon.

"Je pense que vous le trouverez."

L'école appelle Simon et Ines pour leur dire que les enseignants pensent que David est un imbécile ennuyeux qui ne sait pas compter. "C'est un savant idiot", insiste Simon, avant d'être renversé par une grue de chantier naval qui peut ou non être platonique.

"Oubliez le savant. Il doit aller dans une école spéciale", dit l'école.

« Whoo, effrayant », dit Ines. "Cette école ne remarquera pas sa beauté et sa pureté."

"Ça va maman-pas-maman. Je me suis échappé de l'école par les barbelés. Observe mes stigmates."

"Il n'y a pas de fil de fer barbelé", dit l'école.

Pourtant, Simon et Inès persistent dans l'illusion que David est le Messie et le chassent vers le nord du pays.

"Ma cape d'invisibilité fonctionne", déclare David. "Tu ne peux pas me voir."

"Oui, nous le pouvons, Harry, tu viens de te brûler les yeux avec une poussée de magnésium."

"Vraiment, ses yeux sont intacts", dit un médecin. « Il est capable de visions transcendantales. Allons-nous terminer ce livre maintenant ?

"Si vous insistez", dit Coetzee.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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critiques presse (4)
Lhumanite
25 novembre 2013
Ce beau roman énigmatique s’inscrit dans la durée d’une œuvre déjà considérable.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
LaPresse
30 septembre 2013
Le roman de l'auteur sud-africain est à la fois étrange et envoûtant, d'une fluidité étonnante et d'une poésie pleine de fraîcheur.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Culturebox
23 août 2013
Un roman politique et poétique, qui laisse sans son sillage une impression étrange et envoûtante.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaLibreBelgique
20 août 2013
Un récit d’une simplicité biblique, comme un conte, mais d’une grande beauté et d’une richesse insondable car cette simplicité est le fruit d’un long travail de décantation et d’une longue expérience de vie. Un livre qui évoque le désir, la maternité, la paternité, l’utopie, l’amour, la séparation, en laissant chaque fois la part d’ombre et de mystère que ces thèmes charrient.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Les enfants vivent dans le présent, pas dans le passé. Pourquoi ne pas prendre exemple sur eux? Au lieu d’attendre d’être transfiguré, pourquoi ne pas essayer d’être de nouveau un enfant? (p. 197)
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[…] Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. »

Alvaro fronce les sourcils.

« Ce n’est pas un monde possible, dit-il, c’est le seul monde. Que cela en fasse le meilleur, ce n’est ni à toi ni à moi d’en décider.
(p. 64)
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Les choses ne sont pas faites pour durer éternellement, dit-il. Chaque chose a une fin naturelle. Cette tasse a eu une bonne vie; il est temps pour elle de se retirer et de faire place à une tasse neuve.
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Tout le monde arrive dans ce pays comme un étranger. Je suis arrivé comme un étranger.Tu es arrivé comme un étranger. Inès et ses frères ont été aussi des étrangers. Nous sommes venus de divers endroits, de passés divers, en quête d'une nouvelle vie. Maintenant nous sommes tous ensemble dans le même bateau. Alors il faut que nous nous entendions. Une des façons de s'entendre les uns avec les autres est de parler la même langue. C'est la règle. C'est une bonne règle que nous devrions respecter. Pas seulement respecter, mais respecter de bon coeur, pas comme une mule qui refuse d'avancer. De bon coeur et avec bonne volonté.
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« Il y a deux écoles de pensée sur la façon d’élever les enfants, Eugenio. L’une prescrit de les modeler comme de l’argile pour en faire des citoyens vertueux; l’autre dit que nous ne sommes enfants qu’une seule fois, et qu’une enfance heureuse est la base d’une vie ultérieure heureuse. […] »
(p.341)
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Quel écrivain sud-africain a reçu le prix Nobel de littérature en 2003 mais fait partie du club très fermé de ceux qui ne donnent jamais d'interview ? Dommage car c'est un génie !
« Disgrâce » de J. M. Coetzee, c'est à lire en poche chez Points.
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