Fabrice Colin introduit le volume consacré à l'auteure anglaise
Jane Austen par un extrait de sa correspondance dédié à un bibliothécaire, réponse qui en dit déja long sur son esprit, son style, ses thèmes prisés:
" Vous êtes fort aimable de me suggérer le genre d'ouvrage vers lequel je serais bien inspirée de me tourner maintenant, et je suis tout à fait consciente qu'un roman historique...pourrait me valoir un succès tant financier que populaire beaucoup plus important que les images de la vie domestique au sein d'un village de campagne, qui est le sujet que je traite d'ordinaire.
Mais pas plus qu'un poème épique, je ne serais capable d'écrire un livre de ce genre.
M'asseoir pour de bon, écrire un véritable roman [historique], je ne pourrais m'y résoudre qu'à seule fin de sauver ma vie; et, s'il m'était indispensable de devoir y concéder malgré tout sans jamais pouvoir rire de moi-même ou des autres, il faudrait probablement me pendre avant que j'ai achevé le 1er chapitre.
Non, je dois m'en tenir à mon propre style, continuer à ma façon.."
Que dire de plus, A comme Austen, A comme Appétence*. ( Appétence:
Désir, envie, penchant qui pousse à satisfaire ses désirs.).
Oui, on peut le dire, Jane avait cette appétence viscérale pour croquer ses contemporains et ses pairs. Et elle témoigne à travers la finesse e ses portraits très divers d'une véritable affection aussi pour ses personnages .
S'eut été dommage pour nous, lecteurs, de s'en priver.
Fabrice Colin et Natalie Novi viennent ici rendre hommage à cette grande dame de la littérature, ce beau livre illustré est un sorte de prix d'honneur qui amorcera peut-être une curiosité inédite chez les lecteurs ados.
Non, l'oeuvre de
Jane Austen ne semblera pas désuet et poussiéreuse dans ce musée imaginaire, pas avec les couleurs de Natalie Novi.
Tout y est lumineux et frais.
Nous reconnaissons bien les personnages sans visages de l'illustratrice qui dégagent autant d'émotion qu'une expression ou une posture, ils sont souvent en habits de couleurs et presque de Commedia del Arte signés Novi.
L'expérience est un peu irréelle, les visiteurs sont en habit d'époque cette fois.
Ils nous tournent souvent le dos pour faire face, comme nous, aux chefs d'oeuvre dans l'oeuvre.
Nous profiterons tout autant de la bonne mise des belles vestes que de la finesse des nuques féminines aux chignons relevés dans notre champs de vision.
Bienvenue à la fin du XVIIIème siècle.
C'est un voyage dans le temps qui vous est offert, chers lecteurs et qui sait, peut-être aussi vers le futur: une future lecture le moment venu.
L'illustratrice a le sens de l'humour et se met en scène parmi les futurs visiteurs du musée, saurez-vous la retrouver?
Les auteurs l'ont fait, imaginer un musée dédié à l'auteure: peintures et paysages anglais, portraits de ses personnages sur des feuilles blanches de cahier ou des portraits peints, il y a aussi et surtout des résumés de ses romans en vis-à-vis d'illustrations... une vraie clé pour s'initier un peu et se mettre en appétit aussi.
L'idée est extraordinaire et comme dirait une jeune fille blonde bien connue de la littérature anglaise, "si ce monde n'existe pas, pourquoi ne pas l'inventer?...".
Fabrice Colin se montre ici poète, délicat, concis et pédagogue dans sa démarche.
La cible de cet ouvrage ne sera pas forcément celui des romans de
Jane Austen, il plante la graine pour les 2 ou 3 ans à venir.
Et c'est une bonne idée, y compris pour ceux et celles qui ne s'y entendent pas avec le genre "
Jane Austen" (du coup, nous recommandons aux parents d'emprunter l'ouvrage à leurs enfants lecteurs).
Les amateurs pourront choisir par lequel commencer.
Nous retiendrons cette phrase en quittant le musée imaginaire:
" Qu'importent, dès lors, les douleurs, les trahisons, le désordre ou l'incompréhension.
Le monde, à la fin, retrouvera un sens...".
C'est ouvert à tous, tout l'avantage des musées en somme.
Musée imaginaire
Jane Austen, attention: entrée "livre".