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Elisabeth Monteiro Rodrigues (Traducteur)
EAN : 9782915540178
77 pages
Editions Chandeigne (01/06/2005)
3.88/5   21 notes
Résumé :

Au Mozambique, au bord de l'océan Indien : Zeca Perpétuo, un ancien pêcheur, n'a d'yeux que pour sa voisine, la mulâtre Dona Luarmina qui passe le plus clair de son temps à effeuiller des fleurs invisibles. Leurs conversations quotidiennes, tour à tour cocasses, désabusées ou poignantes empruntent souvent des voies étranges. Peu à peu, ils en viennent à délivrer de lourds secrets. Iront-ils jusqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Car personne ne devrait passer à côté d'une si belle lecture, je me plonge à nouveau dans l'écriture autour d'un roman de Mia Couto. Seulement, comment trouver les mots justes pour rendre hommage à ce texte somptueux qu'est Tombe, tombe au fond de l'eau ?

Comme dans les deux autres romans que j'ai déjà lus de l'auteur, La pluie ébahie et L'accordeur de silences, l'histoire n'est qu'un prétexte pour développer tout autour d'autres petites histoires, fables, contes – appelez-les comme vous le voulez. Un très bon prétexte pour découvrir à nouveau des personnages hors du communs, puissants par leur banalité, étincelants dans leur regard sur l'ordinaire. Ici, deux voisins, qui racontent des souvenirs, et s'éteignent doucement, dotés d'une sagesse exemplaire.

“Le temps avance par vagues. le tout est de rester léger et une de ces ondulations nous emportera bien quelque part.” – p.8.
“Lorsque je danse, seulement là, je me libère du temps – mes souvenirs s'ébrouent et s'envolent. Ce que je devrais, c'est danser tout le temps (…).” – p.14.

Avec Mia Couto, tout paraît extraordinaire – et je pèse ce mot, je le pose sans scrupule, je l'ai cherché longtemps – extraordinaire, oui, extraordinaire : aller au delà des apparences que nous avons ordinairement sur ce qui nous entoure ; Mia Couto nous offre encore dans Tombe, tombe au fond de l'eau, un regard neuf sur le monde d'une simplicité déconcertante. Où diable trouve-t-il les mots justes ? Il va jusqu'à en télescoper pour trouver pilepoil ce petit rien qui définit un tout incroyablement précis (il faut saluer le travail de la traductrice, Elisabeth Monteiro Rodrigues) : Mia Couto fait hulurler le monde. Dans le récit se parsèment élégamment néologismes et inventions, images puissantes enflammées, douceurs de l'instant.

“Si ce n'est pas nous qui inventons le rêve, c'est lui qui nous invente.” – p. 17.
“Il est dommage que vous alliez et veniez à fatiguer vos yeux de par le monde. Vous devriez plutôt vous passer un rêve sur le visage dès le matin. C'est ce qui retient le temps et retarde la ride. Vous savez ce que vous allez faire ? Étendez-vous sur le sable, allongez-vous bien couchée, étirez votre âme en diagonale. Ensuite, restez ainsi, bien silencieuse, bien au ras du sol jusqu'à sentir la terre s'éprendre de vous. Je vous le dis, Dona : lorsque nous nous taisons pareils à une pierre, nous finissons par entendre les accents de la terre.” – p. 21

La vie est une poésie avec Mia Couto. C'est doux, ça se lit, ça se dévore une deuxième fois, et encore une troisième, inlassablement, jusqu'à la prochaine… On plonge, on ne veut plus revoir la surface. le récit est court, mais il reste éternellement noyé tout au fond de notre être.

“La vie est si simple que personne ne la comprend.” – p.8.
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Un petit condensé poétique en moins d'une centaine de pages : j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre la curieuse parade du vieux pêcheur et de sa lumineuse voisine, entre désirs inassouvis et douloureux souvenirs d'enfance mêlés dans fantastique.

Cette introduction à l'univers empreint de délicatesse et d'humanité de Mia Couto m'a donné envie de découvrir ses autres ouvrages, pour retrouver ces rivages du Mozambique où les pères disparaissent dans les remous de l'Océan à la recherche de leur bien aimée, tandis que demeurent sur terre les enfants et les femmes éplorées.
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Chaque phrase est si belle qu'on pourrait la reprendre comme citation, chaque mot semble ciselé, choisi avec soin, parfaitement à sa place. Il y a des profondeurs étonnantes et des réflexions faussement candides. Certains parlent de fable, mais je n'y ai pas trouvé de morale, je ne les suivrai donc pas sur ce terrain. Il s'agit plutôt d'un très long poème en prose, à mes yeux.

On aurait donc pu craindre que cette poésie le rende indigeste au bout de quelques pages, mais pas du tout! Il se dévore page après page. Et se recommence dans la foulée, ce qui est quelque chose que je ne fais pourtant que rarement.

Ces échanges entre Zeca et sa corpulente voisine, tous deux "sur le versant duquel la vie ne bouge que pour descendre" se teintent de toutes les émotions: séduction, maladresse, tendresse, saudade... et leurs échanges ne perdent jamais de ce piquant unique qui fait tout leur charme. Dona Luarmina sait se défendre face aux avances de l'ancien pêcheur, et parvient à lui faire dévider les souvenirs vrais qu'elle a envie d'entendre. Ils s'enchaînent donc, et la relation des voisins s'étoffe à mesure que le récit progresse.

Si je l'ai tellement aimé, pourquoi ne pas lui offrir la note maximale, dans ce cas? Simplement parce que je considère que ce n'est pas un livre qui pourra être recommandé à tout le monde. Je l'ai vécu comme un moment suspendu, une parenthèse poétique à savourer, et je pense qu'il faut être capable de s'accorder cet instant de grâce pour pouvoir vivre ce récit et le comprendre. Si vous ne lisez qu'une dizaine de pages avant de dormir, vous passerez peut-être à côté.

Mais si vous vous servez un thé, que vous débranchez le téléphone, que vous vous déconnectez du monde avant de vous installer confortablement et de tourner la première page... Là, je vous garantis de la magie.
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J'ai donc reçu Tombe, tombe au fond de l'eau grâce à Masse Critique. C'est un petit livre d'à peine 78 pages, très rapide à lire donc, mais aussi très facile, il n'y a pas vraiment de passages compliqué. On passe donc un bon moment à lire l'histoire de Zeca Perpétuo, un ancien pêcheur. C'est d'ailleurs lui le narrateur de cette histoire dans laquelle il nous raconte sa jeunesse, l'histoire de son père, mais aussi la passion qu'il voue à sa voisine: la mulâtre Dona Luarmina. Zeca est amoureux de Dona, c'est à elle qu'il raconte ses souvenirs qui le chagrinent. Vont-ils finir ensemble? le mystère reste entier.

J'ai bien aimé cette histoire, le livre se lit très vite, on se retrouve plongé au bord de l'océan Indien en compagnie de la mer, l'océan. A chaque chapitre nous avons le droit à une petite citation qui nous fait reflechir. J'ai été contente de recevoir Tombe, tombe au fond de l'eau , ça m'a permis de changer un peu mes lectures et de découvrir Mia Couto que je ne connaissais pas. le seul truc que j'ai trouvé dommage dans le livre c'est la fin, trop brutal à mon goût, on a pas eu l'occasion de s'attacher aux personnages, malgrès les souvenirs auxquels on assiste.
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Je vous ai parlé de ces moments de bonheur de lecture qu'ont été Terre somnambule et Les baleines du Quissico de l'écrivain Mia Couto, originaire du Mozambique.

C'est donc le coeur battant que j'ai ouvert Tombe, tombe au fond de l'eau, à l'idée de retrouver cette écriture imagée aux mots inventés savoureux. Et j'ai une fois de plus été séduite par ce conteur qui mélange réalité et allégorie pour nous parler de la vie tout en rendant quasi impossible l'idée de faire un résumé de ce livre à qui voudrait en faire un. Car cela nous forcerait à le réduire, à installer un cadre bien fixe autour de lui, à le rendre statique et sans poésie, alors que justement c'est la fantaisie qui prend ici toute la place.

Récit comme c'est annoncé en couverture? Conte? Je ne veux pas non plus me plier à donner un genre à Tombe, tombe au fond de l'eau qui m'a émue, profondément émue. Pour son humanité, sa sensibilité, son regard sur la vie, sur les regards et sur ce que nous sommes tous.

Et pour toutes ces raisons, je savourerai encore les mots de Mia Couto, dont quelques livres sont traduits en français.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Je ne suis heureux que par paresse. Le malheur, c'est trop de boulot ! Plus crevant qu'une maladie! Il faut y entrer et en sortir, écarter ceux qui veulent vous consoler, et accepter des condoléances pour une parcelle de notre âme qui n'est même pas morte.
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--- Mar me quer, bem me quer ...
C'était la cantilène de Luarmina, sa sempiternelle ritournelle. Toutes les fins d'après-midi, la mulâtre reste assise sur une marche de la terrasse à effeuiller des fleurs infinies. Après quelques temps, toute la cour est jonchée de pétales, le sol étonné de mille couleurs.
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Oui, je vous le dis, ma Dame. Il est dommage que vous alliez et veniez à fatiguer vos yeux de par le monde. Vous devriez plutôt vous passer un rêve sur le visage dès le matin. C'est ce qui retient le temps et retarde la ride. Vous savez ce que vous allez faire ? Étendez-vous là sur le sable, allongez-vous bien couchée, étirez votre âme en diagonale. Ensuite, restez ainsi, bien silencieuse, bien au ras du sol jusqu'à sentir la terre s'éprendre de vous. Je vous le dis, Dona : lorsque nous nous taisons pareils à une pierre, nous finissons par entendre les accents de la terre. À un certain moment, madame entendra un sol marin telle une mer sous la peau du sol. Profitez de cette berceuse, Dona Luarmina. Je tire de bons avantages de ces silences sous-marins. Encore aujourd'hui ce sont eux qui m'endormant. Je suis son enfant à elle, à la mer. (Page 21)
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Il est dommage que vous alliez et veniez à fatiguer vos yeux de par le monde.Vous devriez plutôt vous passer un rêve sur le visage dès le matin. C'est ce qui retient le temps et retarde la ride.
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Dommage que la voisine et moi ne nous mélancombinions pas. Car nous sommes tous deux semi-veufs : nous n'avons jamais eu de compagnon, mais ce partenaire a tout de même disparu. Je suis plus jeune qu'elle, mais nous sommes déjà tous deux sur le versant duquel la vie ne bouge que pour descendre.

Je sais aujourd'hui comment on mesure l'âge véritable: nous devenons vieux lorsque nous n'avons plus de nouveaux amis. Nous mourons dès lors que nous ne tombons plus amoureux.
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Vidéo de Mia Couto
Dimanche 2 octobre 2022 Clôture du FIG 2022 et annonces du FIG 2023 avec François-Xavier FAUVELLE, président 2022, Merieme CHADID, grand témoin 2022, Mia COUTO, président du Salon du Livre 2022, Bruno TOUSSAINT, maire de Saint-Dié-des-Vosges et Thibaut SARDIER, président de l'ADFIG
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