François Darnaudet signe un génial polar littéraire !
Tout ce que j'aime : le personnage principal Julien Gras se trouve être un bouquiniste parisien « trouveur d'introuvables », fan de Boris
Vian qui plus est! Il part mener l'enquête à Bordeaux sur les traces de
Jean Forton puis jusqu'à Eus « Aiwousse » – leçon de prononciation prodiguée par Darnaudet pour les non initiés – à la fondation
Vian-Kübler, pour découvrir un possible inédit de notre "Sullivian" Les casseurs des Colombes.
La plume est marquée par l'univers polar, elle est drôle. C'est un véritable bonbon pour les fans car Darnaudet s'amuse aussi et reprend le « langage-univers » du Docteur
Vian et de Mister Sullivan. La connivence est souvent de mise au détour d'une citation déguisée, de la présence du major, les références Aux vies parallèles de Boris
Vian de
Noël Arnaud, ou la reprise d'une scène de théâtre écrite par
Boris Vian.
Boris Vian et
Jean Forton, des auteurs black-listés ?
L'intrigue du roman s'appuie sur un fait, le désaveu public que
Vian a subi après le scandale du procès de
J'irai cracher sur vos tombes publié aux éditions du Scorpion chez son ami Jean Halluin et ses déboires avec le « gars Limard » .
Derrière le comique de ce polar littéraire un peu loufoque, Darnaudet pose une question :
« Pourquoi certains auteurs de talent connaissent une ère de Purgatoire...
Vian, Guérin, Forton, Hyvernaud ont perdu du temps dans un long purgatoire. Il a fallu que
Vian meure pour qu'il devienne
Vian ».
L'occasion de rappeler l'amitié entre
Queneau et
Vian et cette formule tirée de la préface de
l'Arrache-coeur qui deviendra tristement célèbre :
« Car tout ceci n'est rien encore :
Boris Vian va devenir
Boris Vian » signée par Quenau non chez Gallimard mais chez Vrille puis Pauvert.
A déguster sur la plage, à l'ombre des arbres, allongé dans
l'herbe rouge ou accoudé à un pianocktail, comme vous voulez, effet sullivianesque garanti !