Régis Debray s'attaque, en pleine verve, aux diseurs de catastrophes. Après avoir décrit succinctement les biens-fondés de la catastrophe en tant qu'évènement structurant, et en contre point de l'apocalypse, il déploie tout son talent dans une analyse féroce de ces penseurs contemporains faisant choux gras du catastrophisme, prophètes d'un genre nouveau ayant construit leur édifice de respectabilité sur les chimères invérifiable d'un avenir aussi incertain que leurs arguments sont invérifiables.
Le style est vif et enlevé, gorgé de références érudites et d'un vocabulaire savant (mystologues, decemvirs, admonitions, dicastères, haruspices, almagestes, etc....). Par ailleurs,
R. Debray, s'est laissé allé à des envolées franchement drôles comme " Et l'on ne voit que deux branches d'activité que ne menace pas à l'avenir le chômage technique: la prostitution en charge des zizis, et la prophétie en charge des zozos (vous et moi)." ou encore "Le salut par l'amour et l'alerte par l'abîme".
Le livre s'achève par un "guide" du comment devenir prophète de malheur et de la méthode. Au passage l'auteur règle ses comptes avec
René Girard, surtout,
Alain Minc, BHL et
Glucksmann bien plus rapidement.
En résumé un essai très stimulant et éclairant.