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Guillaume Marlière (Traducteur)
EAN : 9782226217394
326 pages
Albin Michel (10/11/2010)
4.42/5   89 notes
Résumé :
Rien à envier au reste du monde, c’est la devise de la Corée du Nord. Depuis des mois, des années, ce pays fait tristement l’actualité : articles, reportages, documentaires éclairent la difficile réalité d’un pays coupé du reste du monde. Mais, pour la première fois, un livre trace le portrait hallucinant de ce pays qui a sombré dans le chaos, de par la folie de ses dirigeants : Kim Il-Sung, disparu en 1994, et son fils, Kim Jong-Il, l’actuel président. En s’appuyan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Que la Corée du Nord soit l'une des pires dictatures de la planète, où chacun est susceptible à tout moment d'être arrêté et interné, nous ne pouvons pas l'ignorer. Certains témoignages édifiants de réfugiés nous ont fait découvrir toute l'horreur des camps nord-coréens. (On peut lire à ce sujets les livres, durs mais nécessaires, "Rescapé du camp 14" et "Les aquariums de Pyongyang")
Mais comment vivent les gens "ordinaires" en Corée du Nord ? De quoi est fait le quotidien des simples citoyens habitant les villes ou la campagne ?
C'est à ces questions que répond Barbara Demick dans son livre.
À travers les témoignages de six réfugiés qu'elle a rencontrés alors qu'elle était correspondante du Los Angeles Times à Séoul, elle dresse un portrait saisissant de la vie en Corée du Nord.
Dans ce pays, tout est surveillé, tout est contrôlé. Les libertés sont quasiment inexistantes : on ne choisit pas son lieu d'habitation, on ne choisit pas son travail, on ne choisit pas qui l'on épouse. Et naturellement, on ne choisit pas ce que l'on pense, ou du moins, si l'on pense mal, il vaut mieux le garder pour soi. Le pouvoir a mis en place un extraordinaire maillage : chaque quartier a son responsable, chargé de dénoncer le moindre petit faux pas, le moindre manquement à toutes les règles édictées par cette dynastie de fous qui se succèdent à la tête du pays depuis la partition de la Corée (Kim Il-sung, Kim Jong-Il et Kim Jong-un). Pour n'en citer qu'une : chaque foyer est obligé d'avoir les portraits des "chers dirigeants" accrochés en évidence au mur en bonne place et époussetés chaque jour ; certains ont été envoyés en camp rien que nous ne pas avoir respecté cette obligation.

Le système scolaire fonctionne d'une façon effarante. La scolarité obligatoires est réduite à très peu d'années : en fait, juste le temps nécessaire au lavage de cerveau des petits écoliers à qui l'on fait réciter sans cesse des slogans à la gloire du dirigeant du moment et des "poésies" qui n'ont rien de poétique tel le texte "Où allons-nous ?" :

"Où sommes-nous allés ?
Nous sommes allés dans la forêt.
Où allons-nous ?
Nous allons sur les collines.
Qu'allons-nous faire ?
Nous allons tuer des soldats japonais."

Les mathématiques ne sont pas en reste, comme le montre cet énoncé de problème :

"Trois soldats de l'Armée populaire de Corée tuent trente soldats américains. Combien de soldats américains ont-ils été tués par chacun d'eux, s'ils en ont tués un nombre égal ?"

Les études secondaires puis supérieures sont réservées à l'élite sociale du pays. Barbara Demick nous explique très clairement le système, qui est un système de castes totalement imperméables, du moins dans un sens : si l'on n'est pas né dans une bonne famille, on n'a aucune chance de s'élever. Mais attention, être bien né ne vous protège pas à vie : un pas de travers, et c'est fini. Comme le dit l'auteur "l'ascenseur social ne connaît qu'un sens : la descente."

Je pourrais continuer encore longtemps et vous donner toute une ribambelle d'exemples de ce qui se fait (ou ne se fait pas) dans la société nord-coréenne, car malheureusement la liste est longue. Mais je terminerai par ce qui m'a le plus bouleversée dans cette lecture : les Nord-Coréens ont faim. Constamment. De façon aigüe. Le régime qui érige des statues gigantesques des Kim et des bâtiments somptueux à leur gloire partout dans le pays, qui entretient, par paranoïa, une armée surnuméraire, qui s'est doté de la bombe atomique, ce régime donc, laisse son peuple littéralement mourir de faim.
L'état catastrophique de l'économie, des industries et des installations agricoles, fait que la Corée du Nord est incapable de subvenir au besoin le plus élémentaire de son peuple : se nourrir. La quête de nourriture est une activité quotidienne éreintante, les gens sont prêts à tout pour récupérer le moindre gramme d'aliment, si l'on peut appeler aliment des choses aussi appétissantes que l'écorce des arbres, des crapauds, des lézards, des mauvaises herbes, pour ne citer que cela.
L'aide alimentaire envoyée, quand elle n'est pas refusée par idéologie (des sacs de riz portant le drapeau des États-Unis sont parfois détruits) ou détournée ne suffit pas, et la sous-alimentation est quasi-permanente. On estime qu'entre 1995 et 1999, deux millions de personnes seraient mortes de faim. Une réfugiée que Barbara Demick a rencontrée, institutrice, raconte qu'elle voyait régulièrement des élèves sous-alimentés s'endormir en classe, maigrir de jour en jour, puis pour certains ne plus venir à l'école : ils étaient morts.
Comment rester insensible à tous ces récits, plus terribles les uns que les autres ? Comment accepter l'histoire de cette femme qui, devant choisir entre acheter des médicaments pour son fils malade ou de la nourriture, a choisi la seconde option, tout simplement parce qu'elle avait trop faim ?

Oui, ce livre est dérangeant. Il nous bouscule dans notre petit confort occidental. Il nous amène à réfléchir, à ouvrir les yeux sur un monde où certains ont eu la malchance de naître au mauvais endroit. Si cela pouvait pousser ceux qui en ont le pouvoir à réagir... mais là, j'en demande peut-être trop.
En tout cas, je vous recommande vivement ce livre extrêmement bien documenté.
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Je ne remercierai jamais assez Nastie 92 de m'avoir fait découvrir ce documentaire acheté en octobre ( lu déjà par un de mes fils ) ....dont j'ai retardé la lecture .

J'en ai lu la moitié dans un couloir d'hôpital.

C'est un ouvrage ô combien effarant , effrayant , déstabilisant, de misère, de folie , de dureté, d'inhumanité, de parades ridicules , de mensonges éhontés, de mutisme obligatoire , de silence, d'hypocrisie , de cruauté , de pudibonderie ( liée à cette culture ) de complots , de privations , de combines forcées ....de restrictions extrêmes jusqu'a La Mort qui font dresser les cheveux sur la tête , incroyablement bien écrit , détaillé.
..Une incroyable tragédie humaine , une enquête formidable où une journaliste humaniste , correspondante du Los Angeles Times à Séoul entre 2001 et 2008 essaie de percer à jour les effroyables conditions de vie de gens ordinaires : un jeune couple , un médecin , jadis idéaliste, Madame Song , une ouvrière remarquable ...
L'auteur: Barbara Demick a effectué un travail de recherches minutieux au plus près du destin de gens ordinaires , « extraordinaires de lucidité et d'intelligence » malgré leurs souffrances et leurs conditions de vie ....

Elle dresse un état des lieux précis des interdits :
Comment vit- on dans le régime le plus répressif et régressif du monde ?
Que font les jeunes pour s'amuser en Corée du Nord et pourquoi l'électricité coupée souvent permettait la conversation «  tout bas » .?
Pourquoi les amoureux attendent trois ans pour se tenir la main?
Cet ouvrage est un document rare et précieux qui humanise un pauvre peuple à l'agonie , en souffrance extrême : censure, famines à répétition , arbitraire , économie en faillite , manque cruel de denrées alimentaires , un combat de tous les jours pour sa survie auquel sont toujours confrontés ces Coréens sous le regard glacé et indifférent des opinions publiques ....occidentales ...

Je ne donnerai pas de détails déchirants , ce n'est pas en ma capacité , il faut LIRE ce livre pour tenter de comprendre la difficile réalité d'un des derniers régimes totalitaires de la planète ..

J'avais lu et critiqué en 2014 «  Nouilles froides à Pyongyang » de Jean - Luc Coatalem mais cet ouvrage a une meilleure qualité littéraire, son humanité indéniable et unique le rendent plus précieux à mes yeux ..
Merci à mes amis de Babelio de me l'avoir fait connaître ...même si cette lecture est difficile ....
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Après avoir lu le témoignage de Yeonmi Park avec "Je voulais juste vivre", et sur les conseils de Nastie92 (que je remercie), j'ai approfondi la découverte de la Corée du nord avec ce livre-ci.
Le premier m'a fait froid dans le dos, le second confirme l'horrifique vie des nord-coréens. En suivant plusieurs individus "ordinaires", on constate que personne ne peut être heureux dans ce pays de soumission, de terreur, de misère, de famine. Il n'y a pas un domaine de la vie qui ne soit contraint par des dirigeants dictateurs oppresseurs bien tordus qui surenchérissent dans l'horreur pour garder le pouvoir. Comme avec ma première lecture, je ne peux comparer cela qu'à un monde de science fiction le pire qui soit.

Effrayant, mais à découvrir parce que toujours d'actualité... c'est encore le pays où le niveau des droits de l'homme est le plus bas au monde.
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Aujourd'hui en poste à Pékin, Barbara Demick a été pendant sept ans la correspondante du Los Angeles Times à Séoul. Elle en a rapporté un reportage d'une facture très américaine où elle livre un état des lieux effarant d'une des dernières dictatures au monde.
La journaliste a choisi de suivre le destin de six Nord-Coréens « ordinaires » originaires d'une ville de province, Chongjin, au nord-est du pays, plus représentative de la Corée du Nord que Pyongyang souvent comparée à un « village Potemkine ». Ces six Nord-Coréens ont en commun d'avoir fui la dictature de Kim Jong-il en traversant la frontière chinoise et d'avoir trouvé refuge en Corée du sud.
Entrelaçant la petite et la grande histoire, le reportage de Barbara Demick souligne deux choses. La première, dont on n'imaginait pas l'ampleur, est le délire totalitaire du régime nord-coréen. Vingt ans après la chute du Mur, l'implosion du bloc soviétique et l'ouverture de la Chine, la Corée du Nord reste un « anachronisme vivant », un délire orwellien. La seconde est l'ampleur de la famine qui s'est abattue sur elle dans les années quatre vingt dix, lorsque la solidarité du bloc communiste a cessé de jouer. La Corée du Nord s'est retrouvée prisonnière d'un cercle vicieux : privée de pétrole et de matières premières, elle n'était plus capable de produire les biens destinés à l'exportation lui permettant de se procurer les devises nécessaires à l'importation de biens alimentaires. Comme la Chine durant le Grand Bond en avant, un pays tout entier a connu la famine : les plus fragiles, les plus honnêtes en sont morts, les plus débrouillards, les plus roués ont vécu d'expédients, préférant pour certains l'exil à la mort.
En suivant le parcours de six survivants, Barbara Demick donne de la chair à la description désincarnée des délires induits par le Juche, l'idéologie de Kim Il-sung et de son fils. Elle montre que rien ne prédisposait ces citoyens « ordinaires », élevés dans l'adoration du Grand Leader, à la défection. L'un d'entre eux était même la chef de l'imminban, l'association des voisins, chargée de moucharder les faits et geste de chacun. Mais la situation s'est tellement détériorée dans les années quatre vingt dix que l'exil s'est imposé à chacun comme la seule issue viable.
Les derniers chapitres du livre sont les plus attachants où l'auteur suit ses héros en Corée du sud. La journaliste y évoque d'abord l'accueil mitigé des Sud Coréens qui, tout en aspirant à la réunification, redoutent son coût excessif. Elle y décrit surtout les difficultés rencontrés par les réfugiés qui ne parviennent pas toujours à s'adapter à une vie si différente de celle qu'ils connaissaient jusque là : ainsi de Mme Song qui ne parvient pas à se faire aux possibilités infinies qui s'offrent à elle. Ces réfugiés, dont les qualifications ne sont pas reconnues, peinent à trouver un emploi : le Dr Kim doit reprendre des études à quarante ans passées. Ils ressentent la culpabilité et la honte de ce qu'ils ont dû faire pour survivre : c'est le cas de Oak-hee qui a dû laisser ses enfants en Corée du Nord. le plus émouvant est le couple formé par Mi-ran et Jun-sang. Un amour impossible et platonique les avait unis au nord pendant de nombreuses années ; une fois au sud, leurs chemins se séparent, comme si leur attirance l'un pour l'autre n'avait trouvé sa source que dans les difficultés à surmonter.
Tous vivent dans l'attente d'un retour fantasmé dans un Nord réunifié. Or, les années passent et rien ne dit que le départ de Kim Jong-il – dont le fils cadet Kim Jong-un est sur le point de prendre la place – n'entraînera une inflexion du régime.
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Dans ce formidable ouvrage très récent (2010) sur la Corée du Nord, non seulement, l'auteur Barbara Demick, à travers de multiples témoignages d'exilés Nord-Coréens qu'elle a recueillis, nous décrit dans le détail le mode de fonctionnement du régime Totalitaire Communiste, ainsi que l'impitoyable persécution dont est victime le Peuple Nord-Coréen ; mais de surcroît, elle donne un nombre incalculable d'exemples, relevant du lavage de cerveau et montrant à quels points : le « Culte de la Personnalité », la volonté de domination de la dynastie des « Kim » au Pouvoir, l'obligation de vénération, d'idolâtrie, sont poussés jusqu'aux confins de l'horreur, de l'humiliation et de la déshumanisation. Il a suffi seulement de deux hommes : Kim Il-sung (mort en 1994) et de son fils, Kim Jong-il, pour parvenir depuis la création du régime Totalitaire Communiste de Corée du Nord en 1948, à faire culminer le « Culte de la Personnalité » encore plus loin dans l'ignominie, que ne l'avait déjà fait auparavant leur grand modèle du monde Totalitaire Communiste : Staline !

Le livre commence par la saisissante photo satellitaire nocturne, des deux Corées. La Corée du Sud brille de milliers de petits points lumineux.
En revanche, la Corée du Nord est intégralement noire, avec juste un minuscule point blanc, qui doit correspondre à la Capitale : Pyongyang.
Malheureusement, ce n'est pas parce que la Corée du Nord serait en avance dans le domaine de l'écologie, mais c'est dramatiquement le révélateur général d'une économie exsangue, dont le régime tyrannique Totalitaire Communiste des « Kim » (première dynastie familiale de l' »univers » Communiste) a conduit dans les années 90, le pays, dans les tréfonds d'une gigantesque famine, engendrant la mort d'environ 2 000 000 de Nord-Coréens.

Le régime Totalitaire Communiste de Corée du Nord de Kim Il-sung fut donc mis en place en 1948, après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, avec le soutien de Moscou, donc de Staline. La frontière est truffée de barbelés, de mines antichars et antipersonnel, de fossés et de pièces d'artillerie. Elle s'étend sur 250 kms de long et 4 kms de large, entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, séparant les deux Corées le long du 38ème parallèle, nommé DMZ (zone démilitarisée).
Dans l' »univers » Totalitaire Communiste, il s'est produit le même type de scission lors de l'érection du Mur de Berlin en 1961, entre l'Allemagne de l'Ouest (R.F.A.) de l'Allemagne de l'Est (R.D.A.).

Très rapidement, Kim Il-sung rentrant parfaitement dans son nouvel habit de Dictateur, déclara la guerre à la Corée du Sud, en 1950. Durant la guerre de Corée les Américains combattaient aux côtés de la Corée du Sud (dirigée par Syngman Rhee), alors que Staline et Mao soutenaient de leurs côtés, la Corée du Nord.
Mais en envahissant la Corée du Sud, les Armées de Kim Il-sung furent repoussées par celles des Etats-Unis aux côtés desquels figuraient 15 autres nations, dont : la Grande-Bretagne, l'Australie, le Canada, la France, les Pays-bas, etc., dans le cadre d'une coalition des Nations Unies.
Cette alliance remonta en Corée du Nord jusqu'à la Capitale : Pyongyang. L'Armée Chinoise de Mao Zedong vint alors renforcer les Armées : Nord-Coréenne et Soviétique. La guerre s'enlisa pendant deux ans et fut particulièrement meurtrière, puisque l'on dénombra plus de 1 000 000 de morts.
Finalement, l'armistice fut signée le 27 juillet 1953. Chacune des deux Corées restant de son côté de la frontière du 38ème parallèle.

Mi-ran, une évadée de Corée du Nord était institutrice dans les années 90. Sa fonction était intenable car elle devait inculquer à des enfants de 5 et 6 ans, le mensonge selon lequel ils devaient se sentir heureux d'être nés en Corée du Nord, alors qu'ils mouraient littéralement de faim.
La cantine ferma par manque de nourriture, puis en trois ans dans l'école maternelle de Mi-ran, le nombre d'écoliers se réduisit de cinquante à quinze !
Elle n'osait imaginer ce qu'étaient devenus ces enfants…
L'école est obligatoire jusqu'à l'âge de 15 ans. Ensuite, ils peuvent postuler pour le lycée, et ceux qui ne sont pas admis sont assignés dans des unités de travail, dans des mines de charbon, des usines, etc..
La propagande s'insinue jusque dans les programmes scolaires, comme en mathématique, dans l'exemple pages 133 et 134 :

« Dans les manuels de mathématiques de classe primaire, on trouve par exemple ce genre de questions :
« Huit garçons et neuf filles chantent des hymnes à la louange de Kim Il-sung. Combien d'enfants chantent-ils au total ? »
« Une fillette oeuvre comme messagère pour nos troupes patriotiques durant la guerre contre l'occupant japonais. Elle porte les messages dans un panier contenant cinq pommes. Un soldat japonais l'arrête devant un barrage. Il lui vole deux pommes. Combien lui en reste-t-il ? »
« Trois soldats de l'Armée populaire de Corée tuent trente soldats américains. Combien de soldats américains ont-ils été tués par chacun d'eux, s'ils en ont tués un nombre égal ? »
Un livre pour jeune lecteur de classe primaire, publié en 2003, propose le poème suivant intitulé « Où allons-nous ? » :

Où sommes-nous allés ?
Nous sommes allés dans la forêt.
Où allons-nous ?
Nous allons sur les collines.
Qu'allons-nous faire ?
Nous allons tuer des soldats japonais.

L'une des chansons enseignées en classe s'appelle « Tue l'ordure yankee » :

Nos ennemis sont ces ordures d'Américains
Qui tentent d'envahir notre belle patrie.
Avec des fusils que je construis de mes propres mains,
Je les tuerai. BANG, BANG, BANG.

Les manuels de classe élémentaire racontent des histoires d'enfants battus, brûlés, éventrés par des baïonnettes, défigurés par l'acide, jetés au fond d'un puits par divers scélérats : missionnaires, chrétiens, ordures japonaises ou fumiers d'impérialistes états-uniens. Dans ce récit populaire, des GI battent à mort un jeune garçon à coups de pieds parce qu'il refuse de cirer leurs chaussures. Les soldats américains sont représentés avec des nez crochus, comme ceux des Juifs dans les caricatures antisémites de l'Allemagne nazie. »

Tous les enfants doivent vénérer les deux grandes « divinités » du pays : Kim Il-sung le père et son successeur officiel depuis 1994, Kim Jong-il le fils. Classiquement, le propre d'un système Totalitaire, ici Communiste, est de détruire, entre autres, les religions du pays, pour capter la foi religieuse et la transformer ainsi, à travers un véritable lavage de cerveau, en « Culte de la Personnalité ». D'ailleurs, Kim Il-sung fit fermer les églises, interdit la Bible, et fit déporter dans l'arrière pays, l'ensemble des fidèles.
Les immenses affiches de propagande à l'effigie de Kim Il-sung, sont omniprésentes en Corée du Nord, éclatantes de couleurs et ressortent de la grisaille ambiante des villes et villages. Comme le précise Barbara Demick, George Orwell décrivait déjà dans son formidable et visionnaire ouvrage 1984, ce mode de propagande par la manipulation : un subtil mélange entre les textes et les photos en couleurs du « Grand dirigeant » débonnaire. Voici quelques exemples de slogans, page 21 :

« LONGUE VIE A KIM IL-SUNG. »
« KIM JONG-IL, SOLEIL DU XXI SIECLE. »
« VIVONS COMME NOUS LE SOUHAITONS. »
« NOUS FERONS CE QUE LE PARTI NOUS DIT DE FAIRE. »
« DANS CE MONDE, NOUS N'AVONS RIEN A ENVIER AU RESTE DU MONDE. »

Les studios de cinéma de Pyongyang dirigés par Kim Jong-il viennent renforcer cette propagande du régime, à grands coups de films décriant le Capitalisme et vantant les mérites du sacrifice individuel au profit de celui de la collectivité. Evidemment, aucun film étranger ne rentre dans les salles de cinéma Nord-Coréennes.
Il existe en Corée du Nord un nombre incroyable de statues de Kim Il-sung : environ 34 000, dans tout le pays !
Chaque maison doit comporter plusieurs portraits des « Chers Dirigeants » accrochés aux murs, en excluant tout autre type de décoration.
Les enfants ne fêtent pas leur propre anniversaire, mais uniquement ceux de Kim Il-sung le 15 avril et de Kim Jong-il, le 16 février.
A la mort de Kim Il-sung le 9 juillet 1994, le Peuple a eu l'obligation d'aller se prosterner aux pieds des statues de leur « Grand Dirigeant », gourou et bourreau, afin de démontrer sa « tristesse », et chaque Nord-Coréen devait pleurer de gré ou de force.
Le corps de Kim Il-sung a été embaumé et présenté au public, dans la grande tradition Totalitaire Communiste, comme l'ont été avant lui, Lénine en 1924, puis Staline en 1953.
Tout cet endoctrinement, depuis si longtemps, fait qu'il est impossible de résister à ce lavage de cerveau perpétuel.

Une fois par semaine, après une longue et éreintante journée de travail, il faut assister à des séances d'autocritiques, techniques comparables à celles utilisées lors d'interrogatoires. L'objectif des régimes Totalitaires Communistes étant d'essayer de transformer, de modeler la nature humaine pour créer un « Peuple nouveau » idéologiquement pur.
D'ailleurs, Kim Il-sung a inventé sa propre « philosophie » Idéologique : le « Juche » (signifiant autonomie), inspiré, bien évidemment, du dogme Marxiste-Léniniste de la « lutte des classes ».
Barbara Demick, nous résume la vision que Kim Il-sung a du Pouvoir, page 55 :

« Il enseigna aux Nord-Coréens que leur pouvoir en tant qu'êtres humains viendrait de la soumission de la volonté individuelle au collectif. le pouvoir ne doit pas être remis aux mains d'un peuple versatile à travers quelque processus démocratique que ce soit. La masse doit suivre sans question un dirigeant suprême, absolu. Et à l'époque, ce leader, bien entendu, s'appelait Kim Il-sung. »

Au début des années 90, l'U.R.S.S. et la Chine Communistes ne supportèrent plus la dette de la Corée du Nord, s'élevant à 10 milliards de dollars. Ces deux alliés Communistes décidèrent donc de ne plus pratiquer envers Pyongyang, de « prix d'amis », mais de faire payer la Corée du Nord au prix du marché. Ce fut alors l'engrenage de l'effondrement économique déjà excessivement précaire et totalement dépendant de l'U.R.S.S. : plus de pétrole donc plus d'électricité, etc..

Qui plus est, alors qu'il n'y a pas eu de guerre depuis celle de Corée en 1953 (déclenchée par Kim Il-sung), la paranoïa du Pouvoir de la dynastie des « Kim », les poussa à consacrer une part phénoménale du budget du pays à la Défense : 25 % du P.N.B. (produit national brut) !
Par comparaison la moyenne des pays industrialisés y consacrent environ 5 %.

La Corée du Nord est l'un des derniers pays de la planète, où l'agriculture est presque totalement collectivisée : L'Etat confisque les récoltes et en redistribue une portion aux paysans.
Dans la décennie 90, comme la Corée du Nord n'était plus en capacité de fournir suffisamment d'énergie, notamment d'électricité à son Peuple, Bill Clinton proposa son assistance énergétique au régime Totalitaire Nord-Coréen, en échange de l'arrêt de son Programme Nucléaire Militaire. Mais l'Etat Nord-Coréen refusa.

Depuis le début des années 90, la nourriture se faisait de plus en plus rare, mais à partir de 1994, une famine profonde s'installa dans le pays. Les premiers symptômes apparurent : des enfants aux ventres gonflés, la maladie de la pellagre, les diarrhées finissant en dysenteries, etc..
Lorsque le système de distribution public de nourriture s'arrêta complètement, les Nords-Coréens durent se débrouiller seuls pour trouver de quoi manger. Ils y consacraient tout leur temps et devaient faire preuve d'ingéniosité pour y parvenir, comme : arracher l'écorce des pins pour en faire de la farine, récupérer les grains de maïs non digérés dans les excréments du bétail, concevoir des pièges pour capturer les animaux des champs, tendre des filets pour capturer les moineaux, etc..
De surcroît, les Nord-Coréens devaient jongler avec les quelques heures de disponibilité d'électricité par semaine, et encore ne pouvant brancher qu'un seul appareil ou une seule ampoule de 60 watts à la fois.
En 1997, en pleine Famine, Kim Jong-il créa le 27 septembre les Centres 927, des refuges pour les sans-abri, qui n'étaient en réalité que des prisons.
D'autre part, le régime prévint la population que tous ceux qui seraient arrêtés pour : vol, stockage, ou ventes de céréales, seraient considérés comme des gens qui : « bafouaient notre forme de socialisme », et risquaient donc la peine de mort.
D'ailleurs, les fusillades publiques par les pelotons d'exécution sont courantes en Corée du Nord, et la population est obligée par centaines de citoyens, d'assister à ces monstrueuses exécutions arbitraires et sommaires.
Barbara Demick nous dresse le sinistre bilan de cette Famine de masse, page 159 :

« En 1998, entre six cent mille et deux millions de personnes étaient mortes de faim en Corée du Nord soit, pour l'estimation haute, près de dix pour cent de la population. A Chongjin, qui connut une famine précoce par rapport au reste du pays, le bilan atteignit peut-être vingt pour cent. Les chiffres exacts ne seront jamais connus, car les hôpitaux nord-coréens n'enregistrent pas l'inanition comme une cause de mort.
Entre 1996 et 2005, Pyongyang reçut l'équivalent de 2,4 milliards de dollars d'aide alimentaire, fournie en majeure partie par les Etats-Unis. »

L'auteur précise qu'en plus de la Famine engendrée par l'Etat Totalitaire de Pyongyang, celui-ci organisait ignominieusement le détournement d'une grande partie de cette aide alimentaire, pages 159 et 160 :

« Des cargos remplis de céréales du Programme alimentaire mondial de l'ONU arrivèrent sur les quais de Chongjin à partir de 1998. le militaires nord-coréens débarquaient la cargaison dont ils remplissaient ensuite des camions dont nul ne connaissait la destination. Une petite partie de la nourriture arrivait dans les écoles et les orphelinats, mais la majorité terminait sa course dans des entrepôts militaires ou au marché noir. Il fallut près de dix ans à l'agence des Nations unies pour élaborer un système de contrôle fiable. Fin 1998, le pire de la famine était passé. Non parce que la situation s'était améliorée, conjectura plus tard Mme Song, mais parce qu'il y avait moins de bouches à nourrir.
Ceux qui devaient mourir étaient déjà morts. »

Les gens s' »habituaient » à voir des cadavres dans les rues, dans les trains… Dans les gares, voyant des êtres humains inanimés depuis la veille, les employés finissaient par charger des piles de cadavres sur des charrettes à bras.
Les rumeurs de cas de cannibalisme se propageaient également…

Certains veulent faire porter la responsabilité uniquement sur le fils Kim Jong-il, pour tenter de préserver les décennies de Totalitarisme du père. Hors, c'est bien le père qui a instauré l'ensemble de ce système de Terreur de masse, et le fils a pris progressivement la relève au fil des années, ce que décrit Barbara Demick, page 127 :

« La mort de Kim Il-sung ne changea pas grand-chose dans le pays. Kim Jong-il avait graduellement pris les rênes du pouvoir dans la décennie qui avait précédé le décès de son père. L'effondrement inévitable de l'économie couvait depuis des années et résultait du poids de sa propre inefficacité. Mais le Grand Dirigeant de Corée du Nord choisit bien son moment pour mourir ; un moment qui éviterait à son héritage d'être terni par les évènements catastrophiques qui se profilaient. S'il avait vécu ne serait-ce que quelques mois de plus, les Nord-Coréens aujourd'hui ne pourraient plus parler avec nostalgie de la relative abondance qui existait durant son règne. Son trépas coïncida avec les derniers soubresauts de son utopie communiste. »

Le régime Totalitaire de Kim Il-sung a mis en place 51 catégories sociales, regroupées en trois couches : le « noyau-dur » (les sympathisants), les « ébranlés » (les indécis), et les « hostiles ».
Ceux qui sont considérés par le Parti comme en bas de l'échelle sociale, environ deux cent mille personnes (1 % de la population) sont détenus de façon permanente en camps de travail, véritables camps de concentration, copies conformes du Goulag Soviétique.
Cette classification se transmet héréditairement sur trois générations. Celui qui est considéré comme « hostile » transmettra, malgré-lui, son statut à ses enfants.
On retrouve les mêmes types de camps qu'en Union Soviétique ou en Chine : les camps de travail ou « centres de rééducation », les « kyohwaso », destinés aux prisonniers de Droit Commun. Mais ceux qui sont encore plus effroyables sont ceux destinés aux prisonniers politiques. Ces camps se nomment « kwanliso » ou « centres de contrôle et de gestion », sortes de colonies pénitentiaires ou camps de concentration étendus sur des kilomètres, contenant au total plus de 200 000 détenus.
Kim Il-sung créa ces camps rapidement après son arrivée au Pouvoir, afin d'éliminer d'emblée tout risque d'opposition. Les prisonniers, souvent déportés avec leurs familles (enfants, parents, toute la fratrie) puisque « contaminées » par le « sang impure », y sont condamnés à perpétuité et y meurent la plupart du temps très rapidement à cause des infâmes conditions de survie ; sur l'horreur de ces camps, confer l'indispensable témoignage de Kang Chol-Hwan Les Aquariums de Pyongyang.
Les épouses quant à elles, sont obligées de divorcer.

P.S. : Vous pouvez consulter ce commentaire, dans son intégralité, sur mon blog :
Lien : https://communismetotalitari..
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Dans une certaine mesure, toutes les dictatures se ressemblent. De l'Union soviétique de Staline jusqu'à la Chine maoïste, de la Roumanie de Ceaucescu à l'Irak de Saddam Hussein, ces régimes affichent la même pompe : les statues à chaque carrefour, les portraits accrochés dans chaque bureau, les montres-bracelets à l'effigie du tyran. Kim Il-sung, néanmoins, hissa le culte de la personnalité à un stade nouveau. Ce qui le distingue dans la sinistre galerie des dictateurs du XXe siècle, c'est peut-être sa capacité à exploiter le pourvoir de la foi. Kim Il-sung comprenait indubitablement la puissance de la religion. ... Une fois au pouvoir, Kim Il-sung ferma les églises, bannit la Bible, déporta les fidèles dans l'arrière-pays et s'appropria l'imagerie et dogme chrétiens à des fins d'autopromotion.
[...]
La Corée du Nord invite à la parodie. On se moque des excès de la propagande et de la crédulité du peuple. Toutefois, quand on sait que l'endoctrinement commence dès l'enfance, pendant les quatorze heures passées dans les garderies des usines ; que pendant les cinquante années suivantes, chaque chanson, film, article et affiche sont uniquement conçus pour déifier Kim Il-sung ; et que le pays reste hermétiquement clos à tout ce qui pourrait jeter le doute sur la divinité de Kim Il-sung... Qui pourrait vraiment y résister ?
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Bientôt, le pays s'engagea dans un cercle vicieux. Sans pétrole ni matières premières à bas prix, impossible de faire tourner les usines et donc d'exporter. Sans exportation, pas de devises et sans devises, impossible d'importer du pétrole. Sans pétrole, pas de courant. Or les mines de charbon ne pouvaient fonctionner sans électricité parce qu'il fallait des pompes électriques pour siphonner l'eau. La pénurie de charbon aggrava la pénurie de courant qui, à son tour, eut un impact négatif sur la production agricole, car les fermes collectives avaient, elles aussi, besoin de courant. Comme il n'avait jamais été facile d'arracher aux terres misérables du Nord de quoi nourrir vingt-trois millions d'habitants, des techniques agricoles avaient été développées pour augmenter les rendements. Elles se fondaient sur des systèmes d'irrigation électrique et sur des engrais et des pesticides de synthèse, conçus dans les usines désormais fermées en raison de la pénurie de pétrole et de matière premières. La Corée du Nord se mit à manquer de nourriture. Les habitants mal nourris n'avaient plus la force de travailler. La production s'écroula d'autant. L'économie du pays était en chute libre.
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Dans la maison de Mme Song, comme dans toutes les maisons du pays, des portraits du "cher dirigeant" sont accrochés aux murs à l'exclusion de toute autre décoration, car il est strictement interdit d'y suspendre autre chose, y compris des photographies de famille. Kim Il-sung incarnait la seule famille dont les Nord- Coréens avaient besoin, jusque dans les années quatre-vingt, lorsque les portraits de Kim Jong-Il, nouveau secrétaire du parti, l'y rejoignirent. Ensuite arriva le troisième cliché officiel : le père et le fils réunis. Les quotidiens aiment à raconter des faits divers dans lesquels des citoyens héroïques perdent la vie en sauvant ces fameuses images des flots ou des flammes. Le Parti du Travail les distribue gratuitement. Derrière le cadre se cache une petit boîte dans laquelle se trouve le tissu blanc qui servira à épousseter et uniquement à l'épousseter. Ce qui devient crucial lors de la saison des pluies pour éviter que la moisissure s'infiltre sous le verre car, une fois par mois environ, des agents de la Police des normes publiques peuvent s'inviter à l'improviste afin de vérifier leur propreté.
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Les étudiants et intellectuels nord-coréens ne se risquent pas à s'organiser en opposition comme le firent leurs homologues des autres pays communistes. Pas de printemps de Prague ou de place Tian'anmen. Le niveau de répression est tel, en Corée du Nord, qu'aucune résistance n'a jamais germé. Toute activité dirigée contre le gouvernement entraîne des conséquences sinistres à l'encontre du protestataire, mais aussi de sa famille plus ou moins proche. Dans un régime qui cherche à purger le sang impur sur trois générations, la punition s'étend aux parents, grands-parents, frères, sœurs, nièces, neveux et cousins. "Beaucoup de gens pensent que, quitte à se sacrifier, autant donner sa vie pour chasser ce régime totalitaire. Mais vous n'êtes pas le seul puni. Et votre famille vivra un enfer", m'a confié un transfuge.
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(Dr Kim a fui la Corée du Nord en traversant le fleuve Tumen, qui sépare son pays de la Chine)
Elle repéra un chemin de terre qui menait aux premières fermes. La plupart étaient entourées de hauts murs, closes par un portail métallique. Elle en essaya un qui se révéla ouvert. Elle le poussa et glissa la tête pour jeter un œil à l'intérieur. Par terre, elle vit une gamelle en fer remplie de nourriture. Elle regarda de plus près. Du riz. Du riz blanc, avec des morceaux de viande. Elle ne se rappelait plus la dernière fois qu'elle en avait vu. Que faisait un bol de riz par terre ? Elle le compris à l'instant même où le chien se mit à aboyer.
Jusqu'à ce moment-là, une partie d'elle-même aurait souhaité que la Chine fût aussi pauvre que la Corée du Nord. Elle voulait toujours croire que sa patrie était le plus beau pays du monde. Les croyances qu'elle avait entretenues sa vie entière seraient justifiées. Mais elle ne pouvait plus nier ce qu'elle voyait de ses propres yeux : les chiens chinois étaient mieux traités que des médecins coréens.
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