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Pierre Rigoulot (Éditeur scientifique)
EAN : 9782221091012
240 pages
Robert Laffont (15/06/2000)
4.3/5   23 notes
Résumé :
Avec le récit de son adolescence en Corée du Nord, Kang Chol-Hwan apporte un témoignage édifiant. Il nous rappelle d'abord combien ce pays, au-delà de ses tentatives actuelles d'ouverture avec sa grande soeur du Sud, reste dominé par un régime stalinien grotesque et sanguinaire. Ensuite, par la forcedu récit, il contribue à enrichir nos bien maigres connaissances de la société nord-coréenne : sa violence sociale, les rapports hommes-femmes, l'endoctrinement quotidie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Kang Chol-hwan a 9 ans quand il est arrêté et interné dans le camp de Yodok. Cette arrestation dont il est victime, ainsi que sa famille, est totalement arbitraire : nous sommes en Corée du Nord, ne l'oublions pas.
Il va perdre ainsi dix années de sa vie, dix années passées à survivre plus qu'à vivre, à subir toutes les horreurs possibles : l'imagination humaine est sans limites dans ce domaine, l'histoire l'a hélas souvent prouvé.
Après moultes péripéties, Kang Chol-hwan réussit à fuir et à gagner la Corée du Sud, où il vit actuellement, et ne cesse de dénoncer les conditions de "vie" en Corée du Nord.
Son livre, témoignage terrifiant de ce qui se passe dans ce pays opaque au possible, est le premier écrit qui nous soit parvenu en Occident. Il a été depuis suivi par quelques autres, peu nombreux, les évasions de Corée du Nord étant malheureusement rares : la forteresse est bien gardée.

Une lecture forte, difficile, mais nécessaire : nous devons, chanceux citoyens de pays libres, prendre conscience de ce qui se passe ailleurs dans le monde.
Si le sujet vous intéresse, je vous recommande Rescapé du camp 14 de Blaine Harden, autre témoignage terrible d'un évadé d'un camp nord coréen.
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Kang Chol-Hwan, présente dans ce livre un émouvant témoignage recueillit grâce à l'écrivain et historien Pierre Rigoulot, sur l'extrême répression psychologique et physique qui règne encore, de nos jours, en Corée du Nord.
Il dénonce également à travers sa terrible expérience (âgé de seulement 9 ans lors de sa déportation), l'horreur des camps de concentration.
En effet, presque toute sa famille (son père, sa soeur, sa grand-mère, ses oncles, etc.) a été déportée de 1977 à 1987, dans le camp de concentration de Yodok. de plus, les autorités Nord-coréennes ont obligé sa mère à divorcer de son père !

Le camp de concentration de Yodok, qui mesure 50 kilomètres de long, contient entre autres installations : un bâtiment de rééducation idéologique (lavage de cerveau), des carrières, une mine d'or dans laquelle le taux de mortalité est très important : deuxième cause de décès (esclavagisme), après la sous-alimentation chronique, liée également à la maladie et à l'état d'épuisement.
Il existe aussi deux lieux d'exécutions publiques, avec l'obligation pour tous les prisonniers d'assister aux fusillades (pelotons d'exécutions), aux pendaisons, et sous la menace des armes, l'obligation de lapider les personnes innocentes ainsi pendues !

Bref, des conditions de détentions inhumaines, des familles séparées, parfois à vie, sans aucune raison, sur simple décision arbitraire du terrifiant « Grand Leader » Kim Jong-il (fils de Kim Il-sung), et de ses sbires. L'horrible dictature « familiale », qui dure depuis plus de 50 ans (tiens, cela me fait penser aux frères Castro à Cuba), relève des pires cauchemars.

Après s'être enfuit de Corée du Nord en 1992, Kang Chol-Hwan vit depuis, enfin libre, en Corée du Sud où il n'a de cesse de dénoncer ce régime tyrannique (système de délation « institutionnalisé », perquisitions jours et nuits, interrogatoires, tortures à mort, arrestations arbitraires et déportations en camps de concentration, exécutions sommaires, corruption généralisée, sous-alimentation de toute la population, propagandes et mensonges idéologiques, aucun droit d'expression, etc.), qui règne en Corée du Nord, et d'avertir l'opinion publique de la dramatique famine qui s'est développée depuis la fin des années 1980, faisant à aujourd'hui environ 3 millions de morts !

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le régime totalitaire communiste continue d'opprimer, en ce début de 21ème siècle, des CENTAINES de MILLIONS de personnes innocentes à travers le monde : en Corée du Nord, en Chine, à Cuba, au Vietnam, etc. !

Confer également les précieux témoignages sur le thème du Totalitarisme, de :
Rithy Panh (L'élimination) ;
Dimitri Vitkovski (Une vie au Goulag) ;
Navy Soth (Les larmes interdites) ;
– Shin Dong-hyuk (Rescapé du camp 14 : de l'enfer nord-coréen à la liberté) ;
Eunsun Kim (Corée du nord – 9 ans pour fuir l'enfer) ;
Vann Nath (Dans l'enfer de Tuol Sleng : L'inquisition khmère rouge en mots et en tableaux) ;
– Khun Ken (De la dictature des Khmers rouges à l'occupation vietnamienne) ;
Alexandre Soljénitsyne (Une journée d'Ivan Denissovitch) ;
Alexandre Soljénitsyne (L'Archipel du Goulag) ;
Jacques Rossi (Qu'elle était belle cette utopie !) ;
Jacques Rossi (Le manuel du Goulag) ;
Evguénia S. Guinzbourg (Le vertige Tome 1 et le ciel de la Kolyma Tome 2) ;
Margarete Buber-Neumann (Déportée en Sibérie Tome 1 et Déportée à Ravensbrück Tome 2) ;
Iouri Tchirkov (C'était ainsi… Un adolescent au Goulag) ;
Boris Chiriaev (La veilleuse des Solovki) ;
Malay Phcar (Une enfance en enfer : Cambodge, 17 avril 1975 – 8 mars 1980) ;
Sergueï Melgounov (La Terreur rouge en Russie : 1918 – 1924) ;
Zinaïda Hippius (Journal sous la Terreur) ;
Jean Pasqualini (Prisonnier de Mao) ;
Aron Gabor (Le cri de la Taïga) ;
Varlam Chalamov (Récits de la Kolyma) ;
Lev Razgon (La vie sans lendemains) ;
Pin Yathay (Tu vivras, mon fils) ;
Ante Ciliga (Dix ans au pays du mensonge déconcertant) ;
Gustaw Herling (Un monde à part) ;
David Rousset (L'Univers concentrationnaire) ;
Joseph Czapski (Souvenirs de Starobielsk) ;
Barbara Skarga (Une absurde cruauté) ;
Claire Ly (Revenue de l'enfer) ;
Primo Levi (Si c'est un homme) ;
Primo Levi (Les naufragés et les rescapés : quarante ans après Auschwitz) ;
Harry Wu (LAOGAI, le goulag chinois) ;
Shlomo Venezia (Sonderkommando : Dans l'enfer des chambres à gaz) ;
Anastassia Lyssyvets (Raconte la vie heureuse… : Souvenirs d'une survivante de la Grande Famine en Ukraine) ;
François Ponchaud (Cambodge année zéro) ;
Sozerko Malsagov et Nikolaï Kisselev-Gromov (Aux origines du Goulag, récits des îles solovki : L'île de l'enfer, suivi de : Les camps de la mort en URSS) ;
François Bizot (Le Portail) ;
François Bizot (Le silence du bourreau) ;
Nien Cheng (Vie et mort à Shanghai) ;
Marine Buissonnière et Sophie Delaunay (Je regrette d'être né là-bas : Corée du Nord : l'enfer et l'exil) ;
Juliette Morillot et Dorian Malovic (Evadés de Corée du Nord : Témoignages) ;
Barbara Demick (Vies ordinaires en Corée du Nord) ;
Vladimir Zazoubrine (Le Tchékiste. Récit sur Elle et toujours sur Elle).
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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Bien sûr, dès lors qu'il s'agit d'une autobiographie, je me méfie toujours un peu. Comment être sûr que ce qui est dit est vrai? Comment savoir si des choses n'ont pas été balayées discrètement sous le tapis?
Malgré ces réserves d'usage, je m'étais, il y a quelque vingt ans déjà ("ô temps, suspends ton vol!"), plongé dans ces aquariums malsains.
On dit que la Corée du Nord est un pays. Certes, mais son fonctionnement ressemble bien plus à celui d'une secte au sein de laquelle il est si facile de se retrouver en prison, voire pire, dans les camps. D'ailleurs, un moyen sûr de finir dans les camps est de les évoquer! C'est pourquoi quand une famille y est envoyée (car là-bas, au nom du concept de crime par association, les parents et les proches d'un coupable sont réputés tout autant coupables!), on dit pudiquement qu'ils sont partis "dans les montagnes".
Ce livre nous permet d'apprendre qu'il y a plusieurs types de détenus, dont les "irrécupérables" pour qui aucun espoir de pardon du Cher et Grand Leader est possible... On ne peut imaginer le désarroi dans lequel ils sont plongés. Mais même sans être irrécupérable, jour après jour, on est toujours à la merci du sadisme et des caprices des gardiens, des mauvais traitements, de la torture, du travail forcé et de la faim qui vous tenaille à un point tel qu'au bout d'un certain temps, vous percevez les choses qui vous entourent dans une espèce de halo jaunâtre... Quand vraiment on n'en peut plus, on peut toujours se jeter contre les clôtures électrifiées et mourir électrocuté.
Oui, ce témoignage est nécessaire et il marque durablement. Vingt ans après l'avoir lu, je n'ai rien oublié de ce que son auteur a enduré et je lui pardonne bien volontiers si par pudeur il aura omis certaines horreurs.


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Difficile d'écrire une critique sur les Aquariums de Pyongyang tant on est sous le choc de ce qu'on vient de lire, et tant nos mots peuvent paraitre dérisoires par rapport à l'horreur que vivent les Nord-Coréens au quotidien.
La famille de Kang vivait confortablement au Japon, et c'est sa grand-mère, militante communiste convaincue, qui les a poussés à retourner au pays pour construire le paradis socialiste qu'on lui promettait.
Ils ont découvert l'enfer lorsqu'après quelque temps, le grand-père a été déclaré contre-révolutionnaire et envoyé en camp de travail. Comme le veut la règle, c'est toute la famille qui a été internée, dont Kang 9 ans et sa soeur de 7 ans. Là-bas ils s'apercevront que tous ceux qui sont revenus du Japon ont subi le même sort, d'abord dépouillés de tout ce qu'ils avaient rapporté, puis condamnés aux travaux forcés.
Les camps ne sont pas très différents des camps de concentration nazis, antisémitisme en moins, propagande en plus. le travail forcé, les bastonnades, les exécutions, le froid et la faim qui provoque la mort lente, tout est identique. Kang en vient à considérer qu'enterrer les morts est un bon boulot puisqu'on peut récupérer leurs vêtements avant de les mettre en terre.
La famille de Kang sera libérée au bout de 10 ans. Revenu à la vie "normale", si tant est que ce mot ait un sens dans ce pays, il passera quelques années avant d'apprendre qu'il va être de nouveau arrêté pour avoir écouté une radio sud-coréenne ; c'est là qu'il décide de s'évader, pour fuir, mais aussi pour révéler au monde ce qui se passe dans cette prison à ciel ouvert qu'est la Corée du Nord.
Ce livre est un témoignage bouleversant sur la manière dont un despote règne sans partage en écrasant son peuple, tandis que la communauté internationale montre son impuissance à arrêter le massacre.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Kang Chol-hwan parle coréen. Il écrit le coréen, en se servant donc du han'gul, un alphabet de vingt-quatre lettres - dix voyelles et quatorze consonnes - inventé il y a cinq siècles par le roi Sejong.
En un mot : il est coréen. Et pourtant il n'est pas d'ici. Il vient d'un autre pays qui s'appelle également la Corée, mais où Daewoo n'existe pas. Les gens n'ont pas de chaînes stéréo dans leur voiture. À la campagne, des bœufs tirent des charrettes poussives. Pas Internet non plus. Pas de magazines sur papier glacé avec des photos de filles superbes. Pas de journaux aux opinions différentes. Pas de stations de radio à choisir parmi les dix ou vingt existantes - le bouton est bloqué sur la station officielle. Et la télévision n'a qu'une chaîne : celle du gouvernement.
Kang Chol-hwan vient du Nord.


(Introduction du livre)
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Les bakchichs étouffèrent l’affaire. Les choses se passent très souvent ainsi en Corée du Nord : la violence et le fric tiennent lieu de loi. « La loi est loin et le poing est proche », dit-on. Ce régime qui ne cesse de dénoncer le capitalisme a développé un type de société où l’argent est roi, plus encore que dans une société capitaliste. Et c’est ce qui a sauvé bien des Nord-Coréens qui avaient résidé au Japon. Contre la méfiance du reste de la population et la franche hostilité de la police, qui voyait en eux des perturbateurs de l’ordre public et les soupçonnait d’espionnage, leur seule parade fut l’argent japonais qu’ils avaient en poche
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Il y avait pire encore dans la mort de la compassion. Quand des criminels légers retrouvaient leur famille après un séjour en prison, ils étaient sans forces et irréversiblement affaiblis. Pourtant ce mari, ce père qui avait faim était rejeté : c’était une bouche de plus à nourrir, au rendement faible qui plus est. On lui en voulait aussi : c’est à cause de lui que toute la famille avait été internée. J’ai ainsi vu des pères de famille abandonnés à la faim sur un bord de chemin. Or une fois la mort du criminel reconnue, la famille était en général libérée. De quoi décourager le peu de générosité qui résistait à la misère
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En Corée du Nord, il est inimaginable qu’un homme entreprenne de séduire une femme. L’entreprise amoureuse elle-même est impensable. Et pas seulement au cinéma. L’homme prend l’initiative de façon très directe. Faire la cour à une femme est une survivance d’un passé révolu. Il n’est pas question de tomber amoureux ! Qu’un homme force une femme à répondre à ses avances, en revanche, est considéré comme un procédé normal.
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Quant aux relations entre hommes et femmes, le Nord est hypertraditionaliste. On n’imagine pas de relation amicale entre eux. À âge égal, l’homme tutoie la femme qui, elle, le vouvoie. Les relations obéissent à une stricte hiérarchie. Ici, nous étions à égalité ! Certaines étudiantes avaient un air si sûr d’elles-mêmes, elles m’écoutaient à peine quand je leur parlais
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