AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782268092331
311 pages
Les Editions du Rocher (26/04/2017)
3.75/5   6 notes
Résumé :
Un jour, lors de sa folle jeunesse à Bradford, entre sa mère indigne, son gang de motards et la drogue, Billie Morgan commet un acte terrible envers un membre du gang. Un acte qui lui coûte son mariage et une partie de sa raison. Un acte qui la pousse à suivre et aider Jas, la compagne du disparu plongée dans l’enfer de la drogue, et son fils Natty, devenu un adolescent obsédé par ce père disparu qu’il espère voir revenir un jour. Rongée par la culpabilité, Billie M... >Voir plus
Que lire après Billie MorganVoir plus
Code 93 par Norek

Capitaine Victor Coste

Olivier Norek

4.26★ (36275)

4 tomes

La griffe du chien par Winslow

La Griffe du chien

Don Winslow

4.53★ (7260)

3 tomes

L'Affaire Clara Miller par Bal

Paul Green

Olivier Bal

4.00★ (5512)

3 tomes

Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
C'est presque une histoire banale, une histoire d'adolescence au coeur de l'Angleterre. L'histoire commence comme une confession, le besoin de revenir sur son passé, de s'expliquer et de clore les souvenirs de cette époque. Je m'installe dans un pub de Bradford, une bière à la mousse bien blanche, des chômeurs jouent aux fléchettes, des supporters se préparent à la réception de Manchester, des punks jouent du couteau en braillant, je découvre la vie de Billie Morgan, Billie comme un hommage à Billie Holiday.

Billie, comme toute la jeunesse de l'époque, est perdue dans ce monde-là, enfermée dans la tristesse de son père et l'indifférence de sa mère. Ça sent la révolte à 16 ans et claque la porte de son foyer manquant tant de chaleur et d'humanité. Direction un squat, quelques hippies pas vraiment peace & love et fleurs des champs dans les cheveux. Des hippies à la mode sex & drugs, une bande de motards qui n'a rien à envier à l'esprit mythique des Hells Angels. Elle découvre, les premières pilules, la drogue, l'alcool. Elle devient intéressante, elle l'insignifiante, elle fait partie d'une bande, respectée même, du moins on la regarde… jusqu'au jour où ce qui devait arriver arriva… le viol. Et l'irréparable… puis la culpabilité...

C'est une histoire qui se passe de musique folk issue d'un pub avec une bière tiède, c'est plus une histoire violente et sociale qui demande la puissance du rock, du glam au punk, une bière brune plus forte pour percevoir le pouls de cette région, une histoire où l'esprit band et la culpabilité rongent petit à petit l'âme humaine. Un roman à la fois pudique et d'une grande violence, à l'image de la société des années soixante-dix. Joolz, poétesse et romancière tatouée et tatoueuse, très active sur la scène punk anglaise post 80, dévoile l'histoire sociétale de Bradford, sa ville, une descente violente dans les bas-fonds de l'adolescence.
Commenter  J’apprécie          531
Humanité autodestructrice, drogue et alcool, acte irréparable, meurtre et gang, recherche d'une rédemption perdue d'avance, soutien et amour maternelle, jeunesse ruinée et pervertie, délinquance, absence paternelle et rejet maternel, quête de soi, moeurs hippies idéalistes trompeurs et motards sauvages sévèrement hiérarchisés, femme de caractère au passé ravagé et au futur incertain.

« Billie Morgan », est un condensé de tout ça emporté par l'écriture sensible et posée de l'auteure, mais aussi par son expérience personnelle, étant elle-même issue de Bradford et de l'univers punk anglais. On est loin des idéaux hippies, des règlements de compte entre motards, on est en pleine déchéance humaine d'une partie de la population qui ne semble pas vouloir ou pouvoir être aidée, s'enfonçant toujours davantage dans la pauvreté, la solitude, la délinquance et les vices. Joolz Denby dresse un portrait humain, fataliste et réaliste d'une société perdue dans ses gangrènes pourraient – on dire déshumanisantes. C'est à la fois crue et poétique, il y a un fort réalisme qui se dégage de ce roman, une atmosphère glauque et pervertie, une ambiance froide et dénuée aussi d'espoir, il n'y a pas beaucoup de place à la lumière, mais plutôt à un constat consternant et profondément dérangeant. Joolz Denby parle d'alcoolisme, de toxicomanie mais aussi de viols, de rejet, d'abus, de violence, rien de bien joyeux à l'horizon et pourtant c'est empli de sensibilité, de douceur et d'humanité.

L'auteure a choisi une narration de type autobiographie où son personnage, Billie Morgan, en quête de rédemption, traînant depuis des années un lourd secret qui lentement la grignote de l'intérieur, raconte sa jeunesse traumatisante, sa déchéance adolescente, son mariage précipité mais heureux, jusqu'à ce jour fatidique où un geste de trop va ruiner sa vie.

Élevée à Bradford, ville d'Angleterre à l'époque plus pauvre, plus sale et certainement balayées de cancans et rumeurs, où les réputations sont érigées à la langue de bois et aux médisances concurrentielles et bien éloignée du standing londonien, dans les années 60-70, Billie a vécu le départ de son père du foyer. Cette expérience est mal vécue par sa mère qui lui fait payer sa ressemblance et son ancienne complicité avec son paternel au profit d'une soeur, Liz, qui s'accorde nettement plus à sa conception de la féminité. Billie est donc élevée en reclus, brisée et bridées par les reproches « Tu as vraiment le don de te faire détester ». Elle décide rapidement de fréquenter ses hippies « cools » et crasseux de l'époque, une façon de se rebeller contre un dogme matriarcale, qui se révèlent plus nocifs qu'ils n'y paraissent, avant de découvrir la liberté engendrée par un tour de moto et le gang de motard les « Devil's Own » aux règles intransigeantes. Dans les deux mondes, l'alcool, la drogue et la violence sont monnaie courante, Billie va se confronter et se construire face à tout ça avant que sa vie ne bascule irrémédiablement.

Billie Morgan est pourtant malgré ça un personnage fort, de caractère, qui va avoir du mal à trouver sa place en tant que femme dans ses milieux masculins qu'elle fréquente. Elle s'affirme et sait aussi se faire respecter même si elle a connu les abus et erreurs de jeunesse, elle gère les situations de manière impressionnante. On découvre son évolution de ses quatorze ans à la quarantaine passée. Il y a vraiment un avant le Drame et un après. L'avant est évoqué plus haut, l'après, Billie va tenter de réparer son erreur, de se débarrasser d'une culpabilité étouffante et de ce poids qui l'empêcher d'aller de l'avant dans sa vie. Elle va tout faire pour obtenir une forme de résilience en s'occupant notamment de Jas, une junkie, et de son fils, Natty, qui va suivre la délinquance de la cité mais que Billie va prendre d'affection. Tous ces personnages sont profondément travaillés et ne laissent pas la place à un portrait édulcoré, chacun traînant ses lourdes casseroles.

En bref, un roman intense loin d'être manichéen, c'est sombre, c'est étouffant et révoltant, inévitablement ouvert à l'empathie. L'auteure à travers son portrait de femme dresse un constat alarmant d'une société d'époque où la noirceur semble sans fin et toujours pouvoir descendre d'un cran. Effrayant. Une lecture intelligente qui amène à de profondes réflexions humaines. A conseiller !

Je remercie sincèrement Thomas Bauduret (le traducteur alias l'auteur Patrick Eris) et les éditions du Rocher pour cet envoi.
Lien : http://www.mort-sure.com/t11..
Commenter  J’apprécie          20
Billie se confie à son journal. Elle évoque longuement son enfance à la fois dorée sur le plan matériel et malheureuse, coincée entre une mère et une soeur qui ne l'aiment guère et le souvenir d'un père complice mais trop tôt disparu.
Et puis à quatorze ans (et demi) les premiers acides, et surtout les premières transcriptions de ses idées noires sur des cahiers intimes. Très vite, elle décrit sa fascination pour l'univers des motards et forcera son copain, le pourtant pacifique Micky à rejoindre le gang de 1% des Devil's Own...
Joolz Denby a l'art, pour le plus grand plaisir du lecteur, de faire traîner les choses, de digresser en ménageant de longues poses dans l'histoire. (En fait elle joue avec nos nerfs). L'écriture est d'ailleurs superbe avec un vocabulaire très riche et recherché. C'est non seulement passionnant mais extrêmement littéraire et procure un contraste entre le récit d'une aventure assez glauque et la sophistication de la narration.
Ce livre n'est ni un thriller ni un polar. Et si la révélation tant attendue arrive bien, elle est précédée d'un tel chapelet d'événements et de malheurs qu'elle en devient presque anecdotique.
C'est du grand art et ce livre est un grand coup de coeur. Un de ces bouquins beaux et terribles à la fois qui provoquent une confusion des pensées. Celui-ci restera à tout jamais dans mon esprit.
I.N.D.I.S.P.E.N.S.A.B.L.E !
Commenter  J’apprécie          10
4ème de couv':"Un jour, lors de sa folle jeunesse à Bradford, entre sa mère indigne, son gang de motards et la drogue, Billie Morgan commet un acte terrible envers un membre du gang. Un acte qui lui coûte son mariage et une partie de sa raison. Un acte qui la pousse à suivre et aider Jas, la compagne du disparu plongée dans l'enfer de la drogue, et son fils Natty, devenu un adolescent obsédé par ce père disparu qu'il espère voir revenir un jour. Rongée par la culpabilité, Billie Morgan va tout faire pour leur venir en aide. Mais comment aider qui ne veut pas l'être ? Billie trouvera-t-elle la rédemption ? Et d'abord, est-elle vraiment si coupable que ça ?"

MON AVIS: Billie nous parle à travers ses confessions et nous, lecteurs, sommes donc au plus prés de ce qu'elle vit et surtout de ce qu'elle a vécu. Et c'est à la fois triste et révoltant.
Il transpire une humanité brute, celle des laissés pour compte, des marginaux, des malchanceux, des maltraités.
Ce n'est pas facile de se retrouver au coeur de ces vies abimées, voire détruites. Et nous plongeons à des moments dans le sordide, la noirceur sur les ailes d'un ange. Un ange déchu.
Malgré tout il y a de la beauté, de la poésie grâce à l'écriture de Joolz Denby. Et il y a surtout de l'amour, même s'il est perdu, caché et malmené.
Une belle lecture où l'on ressent mille émotions.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
La violence a quelque chose de fascinant, non ? L'autre jour, j'ai lu dans le journal que maintenant, grâce aux médias, un enfant est exposé au compte-rendu détaillé d'un millier de meurtres avant d'atteindre ses dix-huit ans. Avec la téloche, la violence s'invite chez nous, jour et nuit. Tout ce faux sang en prime-time, ces gens qui se relèvent après avoir essuyé un coup de feu d'un canon scié pour lutter encore un quart d'heure avant le générique. Je me demande si souvent les producteurs sont assez naïfs pour croire que les gens savent, vraiment, qu'en réalité, après avoir reçu une balle, il est impossible de faire quoi que ce soit, sinon s'effondrer, perdre des litres de sang et des bouts de viande, souffrir le martyre, tomber en état de choc et peut-être mourir, réduit à un tas de chair pantelante, se pissant et se chiant dessus. Les réalisateurs s'imaginent-ils que les films de gangsters ironiques et violents sont regardés par des bouffeurs de pop-corn pleinement conscients que toute cette brutalité n'est que spectacle ? Du voyeurisme élégant, sarcastique et post-moderne ? Pensent-ils que les gens collent sur ce qu'ils regardent un post-it mental disant : n'oublie pas ke sette violense é pas réele et achète du pin et du lé au supermarché. Oui, ben désolée, les gars, mais ça ne marche pas comme ça. C'est pourquoi les gens ne savent pas comment réagir face à la violence lorsqu'elle les touche personnellement;
Commenter  J’apprécie          301
Mon histoire n’a rien de bien original ; comme ces interminables ballades folks geignardes, elle s’est répétée inlassablement au fil des siècles, il suffit de changer les frusques et les drogues correspondant à l’époque. Une fille baisse sa garde, une fille est bourrée ou défoncée, une fille se fait violer. Dans mon cas, comme de bien entendu, c’est l’acide qui m’a trahie. J’étais au Crown, et j’étais défoncée. J’avais seize ans, j’étais dans ma première année aux Beaux-Arts, je vivais gaiement ma vie d’étudiante bohème et j’étais dans les vapes, à écouter les sonorités chimiquement améliorées de Walk on the Wild Side (que je ne peux toujours pas entendre sans ressentir un pincement dans ma poitrine, comme un retour de trip). La musique ne cessait d’ondoyer et de perdre sa définition, brodant des virgules de lumière en trois dimensions dans l’air, et tout à coup, voilà Steveo, avec sa belle gueule et ses cheveux longs, sa chemise à fleurs ouverte jusqu’à la taille, un collier de perles rebondissant sur sa poitrine lisse, les revers de son pantalon patte d’eph à boutons descendant au ras du sol autour de ses bottes argentées. Il me décocha un sourire, je lui rendis et lorsqu’il s’assit à côté de mi, son relent de patchouli, d’encens et de sueur fraîche, dérivant en volutes pastel évoquant des écharpes de soie en lambeaux, me fit bicher.
Commenter  J’apprécie          220
Et il s'en alla, comme ça, lorsque j'avais 9 ans. Parti avec sa secrétaire. Un grand classique, le coup de la secrétaire ; une poupée comme disait ma grand-mère lors de ses rares visites, après quoi maman lui faisait les gros yeux et lui demandait de se taire plutôt que de "déterrer ces vieilles histoires." Grand-mère se mettrait à caqueter comme une pie et contre-attaquerait, bavant son thé bas de gamme, entre ses gencives dentées en répétant inlassablement : " Il est parti avec une de ces poupées, le cochon, je te le dis, les hommes sont tous des porcs."
Je ne l'ai jamais vue, cette fameuse poupée, mais je peux me l'imaginer : blonde, plantureuse, avec des jambes interminables serrées dans des bottes noires montant jusqu'au genou comme Emma Peel dans Chapeau melon et bottes de cuir - une Emma Peel du Yorkshire, bien sûr. Toute en mini-jupes et boucles d'oreille "fashion" en plastique ; des blousons courts de lapin blanc et un sac à main en PVC au bout d'une chaîne. Des faux cils et des ongles longs nacrés pour le soir. Bronzée comme un hareng fumé tout l'été. Assez voyante mais jouant les ladies. Un gin-tonic avec une tranche de citron, merci.
Commenter  J’apprécie          251
J'ai commencé à prendre de la drogue - enfin autre chose que des antibiotiques - à l'âge de quatorze ans et demi. Je tenais au "et demi", parce que ça voulait dire que j'aurais bientôt quinze ans. Enfin, presque. Bref, je commençai par l'acide, ces grosses tablettes de Sandoz bleu pâle qu'on devait couper en quatre. Je n'ai pas suivi l'itinéraire classique, parce que je n'ai jamais fumé quoi que ce soit. Liz m'avait dégoûtée à vie des clopes. Et d'abord, tout ceux qui comptaient, tous mes potes de l'époque, prenaient de l'acide le week-end et, s'ils étaient vraiment cool, également durant la semaine. On peut en déduire que je traînais avec des voyous, ou du moins c'est ce que tout le monde disait.
Parce que tout le monde aime ce genre de termes, n'est-ce pas ? Des voyous ; des loubards, des blousons noirs et pire que tout, du moins à l'époque : des motards. La horde sauvage. Les Hell's Angels. Des sous-hommes néandertaliens qui droguaient et enlevaient les jeunes filles de bonne famille pour les attacher à l'arrière de leurs machines infernales, les condamnant à une existence de pécheresses dans des bouges sordides faits de crasse et de plantes mortes... Eh bien, vous comprendrez aisément pourquoi ils me plaisaient.
Commenter  J’apprécie          185
Je me réveillai au son du premier coup de tonnerre ; dans un éclair de lumière blanche, aux côtés d'un homme qui embrassait et suçait mes tétons, une main fourrée entre mes cuisses. Écartant les replis de ma chair pour me pénétrer.
Alors que je gisais là, figée, incrédule, n'osant ni bouger ni respirer, l'homme cessa d'embrasser mes seins et descendit le long de mon ventre nu pour commencer à me lécher doucement, ses mains puissantes soulevant mes fesses pour me livrer à sa bouche. Un mélange féroce de souvenirs s'écoula en moi comme de l'acide : un grand bijou insectoïde dévorant une femme ; des rais de lumière se brisant sur du lichen jaunâtre, clip, clip, le vieux couteau laissant ses indentations dans le ciel de lit en bois. Sentir une langue en moi m'amena au bord de la frénésie ; je ne pouvais le supporter, non, pas cette nuit-là, il y avait si longtemps ; et pourtant, cela se reproduisit une fois de plus, je ne m'en étais pas sortie, non, et...
Ai-je hurlé lorsqu'un autre éclair déchira les ténèbres, me permettant de voir de qui il s'agissait?
Commenter  J’apprécie          181

autres livres classés : thrillerVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus

Autres livres de Joolz Denby (1) Voir plus

Lecteurs (10) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2873 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..