Ma première contribution à la Tribu Dhôtel ! En espérant aider à faire redécouvrir ce grand écrivain hélas un peu oublié. Je lui dois bien ça : il m'a rendu l'adolescence moins pénible.
Voici un livre qu'on pourrait résumer comme un énorme pied de nez au fusil de Tchekov ! Dans chacun des romans d'André Dhôtel, on sent qu'il n'apprécie pas trop ce principe selon lequel chaque détail décrit doit être au service de l'histoire, mais dans tous ceux que j'avais lu il finissait par s'y conformer – en rechignant. Là, toute l'histoire semble avoir été écrite pour le prendre à contre-pied.
Des détails infimes font l'objet de descriptions minutieuses. Des personnages qu'on pouvait croire important disparaissent soudain ; d'autres totalement secondaires reparaissent de manière totalement inattendue. Les évènements se suivent de manière à première vue dénuée de sens.
C'est que l'histoire correspond à son personnage principal – car Florent Dormel n'est ni un héros ni un antihéros. C'est un être parfaitement anonyme et banal. de faible constitution, l'esprit embrouillé, capable de traits de génies comme des pires imbécilités, il se juge trop insignifiant pour trouver son bonheur ailleurs que dans de minuscules évènements. Un nuage de forme curieuse. Une fleur à la couleur éclatante. Des herbes sauvages.
Il lui prend une incompréhensible allégresse quand on le rabroue ou qu'on l'agonie d'injures. Il semble monter chaque projet avec la ferme intention de le faire capoter. de temps en temps, il engendre une sympathie aussi inexplicable pour lui que pour son interlocuteur.
Et que lui arrive-t-il ? Des gens à l'esprit déterminé cherchent une mystérieuse collection de peintures chinoises, égarée avec un joyau qui aurait des propriétés magique. Georges, son seul ami, compte bien tirer partie de cette situation – ce dont Florent est bien incapable.
A lire si on aime se sentir un peu déboussolé dans un récit, ou si l'on fait partie de ses gens qui s'arrêtent tout d'un coup pour fixer leur attention sur un petit rien. Sinon, mieux vaut sans doute passer votre chemin.
Commenter  J’apprécie         302
« […] J'ai reçu de François Dhôtel (1900-1991), sous la forme d'un « tapuscrit » photocopié […], la merveilleuse suite de poèmes que voici. Je me suis dit qu'André Dhôtel, à la mort de qui je n'ai jamais cru, se dévoilait soudain plus vivant que jamais, avec la lumière pailletée de son regard et son sourire en coin.
[…]
Maintenant ces poèmes sont là, qui n'ont rien de testamentaire, même si l'on devine que leur auteur peu à peu s'absente - mais c'est pour mieux affirmer une présence imprescriptible.
Voici ces poèmes, dans l'ordre où je les ai reçus. […] Les poèmes naissent de la couleur du ciel, du temps qu'il faut, d'un écho des jours ordinaires et miraculeux, comme les impromptus qu'aimait tant Dhôtel, ou les petites pièces de Satie. […]
Au rythme séculaire des premières lectures éblouies,
« Voici donc le chant
de la jeunesse oubliée
et des souvenirs perdus »
[…] » (Jean-Claude Pirotte)
« […] Des paroles dans le vent
en espérant que le vent
est poète à ses heures
et nous prêtant sa voix
harmonise nos artifices.
Nos strophes seraient bien des branches
avec mille feuilles que l'air du large
fera parler peut-être un jour
où personne n'écoutera.
Car l'essentiel serait
qu'on n'écoute jamais
et qu'on ne sache pas
qui parle et qui se tait.
[…] » (Espoir, André Dhôtel)
0:00 - Abandon
2:00 - Attente
3:30 - En passant (II)
4:50 - La preuve
5:30 - L'inconnu
6:15 - Splendeur (II)
6:46 - Générique
Référence bibliographique :
André Dhôtel, Poèmes comme ça, éditions le temps qu'il fait, 2000.
Image d'illustration :
https://clesbibliofeel.blog/2020/04/08/andre-dhotel-idylles/
Bande sonore originale : Scott Buckley - Adrift Among Infinite Stars
Adrift Among Infinite Stars by Scott Buckley is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License.
Site :
https://www.scottbuckley.com.au/library/adrift-among-infinite-stars/
#AndréDHôtel #PoèmesCommeÇa #PoésieFrançaise
+ Lire la suite