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Barnabé Rudge tome 1 sur 2
EAN : 9783849135096
400 pages
tredition (20/11/2012)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Londres au XVIIIème siècle. Les protestants transcendés par Lord George Gordon se rebellent contre le parlement et les catholiques. De sanglantes émeutes éclatent un peu partout dans la région londonienne, qui vont conduire la foule galvanisée au meurtre et au saccage. Une histoire dramatique immortalisée par un grand auteur.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'oeuvre de Charles Dickens est largement sous-estimée et mal connue en France. Seuls deux ou trois de ses ouvrages bénéficient d'une large diffusion : l'inévitable Oliver Twist, de Grandes Espérances, David Copperfield et ses Chants de Noël. Quelques férus pourraient encore vous citer deux ou trois titres supplémentaires mais l'immense majorité des lecteurs francophones ignorent tout de ce qui est pourtant l'essentiel de l'oeuvre monumentale de Dickens, le second auteur britannique le plus lu et le plus connu après Shakespeare.

Et c'est bien dommage à la vérité car Charles Dickens est un p'tit gars qui gagne à être connu. On lui affuble à tort une étiquette d'auteur jeunesse, un peu comme pour Alexandre Dumas, qui lui grignote un peu la crédibilité de la part des adultes. Il souffre sans doute aussi de ce qui est pourtant un immense avantage : l'épaisseur de ses livres. C'est vrai, vous vous en tirez rarement pour moins de 500 pages et les 1000 pages sont monnaie courante.

Barnabé Rudge n'échappe évidemment pas à la malédiction ; certes, il ne peut se targuer que de 770 pages en pléiade, ce qui fait pâle figure par rapport à La Petite Dorrit ou Dombey & Fils, mais tout de même, c'est un beau morceau. Et quand on a eu la curiosité de mettre le nez dedans, on ne regrette plus du tout que l'ouvrage ait quelques propensions au gigantisme, bien au contraire.

Ici, avec Barnabé Rudge, Charles Dickens aborde un point de l'histoire d'Angleterre qui m'était totalement inconnu : les émeutes anti-catholiques de 1780. Replaçons-nous dans le contexte ; les années 1770 sont marquées pour la couronne anglaise par la fameuse bataille pour l'indépendance des États-Unis. Les très catholiques armées de notre brave Louis XVI sont dépêchées sur place pour prêter main forte aux Américains.

Et, dans le Royaume, uni depuis 1707, seuls l'Angleterre et le Pays de Galles sont franchement protestants. L'Irlande surtout et l'Écosse dans une moindre mesure sont plutôt catholiques. Ce qui pose quelques petits problèmes de recrutement militaire car la loi est fortement répressive vis-à-vis des catholiques et leur interdit notamment l'enrôlement dans les armées du bon roi George III.

Si bien que face au besoin de chair à canon, le parlement britannique vota en 1778 une loi qui assouplissait les contraintes vis-à-vis des catholiques dans tout le royaume. Cependant, cette " montée en puissance " des catholiques n'est pas vue par tous d'un très bon oeil, notamment de la part des intégristes religieux protestants. (Tiens, tiens, Dickens serait-il furieusement d'actualité, finalement ?)

Le très protestant et très puritain lord qui mena la contestation fut Sir George Gordon et c'est pour cette raison que les émeutes en question sont baptisées outre-Manche les Gordon Riots.

Pour inscrire son roman historique dans cette période troublée, Dickens prend le parti d'écrire une longue introduction qui se situe en 1775 et qui couvre environ le tiers de l'ouvrage, soit, une grande partie de ce tome 1. Ceci lui permet de peaufiner le côté fiction de son roman et d'y adjoindre une bonne intrigue.

Il développe la psychologie d'une dizaine de personnages ainsi qu'une histoire familiale trouble, elle aussi. Je vais essayer de faire simple et de vous débroussailler en trois phrases et demie ce qui couvre trois centaines de pages et demie.

Un aubergiste obtus, John Willet, musèle tellement son fils Joseph (Joe) que celui-ci souhaite à tout prix s'extraire de la gangue familiale. Joe en pince beaucoup pour la jolie fille d'un serrurier honnête et bonne pâte, Gabriel Varden. le brave serrurier Varden a fort à faire au foyer avec sa femme qui est un vrai dragon, sa domestique Miggs, pire encore et son apprenti Simon Tappertit un jeune abruti bouffi d'orgueil, qui lui aussi en pince pour la fille de son patron et qui, donc, voue une haine farouche à Joe Willet.

L'auberge de Willet appartient à un notable local, Haredale, catholique de son état, dont le frère a été assassiné une vingtaine d'années plus tôt avec son homme de main, Rudge. Ceci a laissé la nièce d'Haredale orpheline et c'est donc lui qui en est devenu le tuteur. de même, la femme de Rudge est demeurée veuve et a mis au monde peu après la mort de son mari un petit garçon : Barnabé Rudge. Malheureusement, Barnabé Rudge souffre d'un handicap mental ce qui désespère son infortunée de mère.

La fille du serrurier Varden et la nièce d'Haredale sont les meilleures amies du monde et la première sert de messagère à la seconde qui vit plus ou moins recluse avec son oncle. C'est utile, notamment pour transmettre les courriers d'amour du jeune Edward Chester, follement amoureux de l'orpheline.

Edward Chester est le fils d'un noble aux manières très mondaines, John Chester, vieille connaissance d'Haredale. Les deux hommes se détestent. Haredale est aussi droit et bourru que le vieux Chester est retors et caressant. Les deux sont néanmoins d'accord pour empêcher le jeune couple de poursuivre cet amour mais pour des motivations différentes.

Haredale ne veut à aucun prix que sa nièce se rapproche d'un fourbe comme le père Chester, et ce dernier, complètement ruiné, souhaite que son fils épouse une riche héritière plutôt que la nièce d'Haredale afin de lui fournir les moyens de continuer à vivre la vie de dépenses et d'apparat qu'il mène.

Le canevas serait presque complet si je n'avais omis de vous parler de l'homme de main de l'auberge, Hugues, un enfant trouvé abandonné, à demi sauvage, dont le vieux Willet a fait en quelque sorte son esclave et qu'il tient grâce à l'alcool. le seul problème, c'est que le brave Hugues jouit d'une force herculéenne, déteste son patron, connaît les environs mieux que personne, aimerait bien poser la main et même un peu plus sur l'une ou l'autre des petites demoiselles qui gravitent autour du domaine d'Haredale et s'est fait soudoyer par le vieux Chester qui s'en sert d'informateur particulier.

C'est donc dans ce terreau explosif que vont prendre lieu les manifestations anti-catholiques cinq ans plus tard, en 1780. Pour information encore, seule la famille Haredale est catholique parmi ces personnages. Tout le reste est la magie de Dickens, un fantastique conteur. J'espère vous avoir juste mis l'eau à la bouche pour vous encourager, pourquoi pas ?, à lire Barnabé Rudge.

Vous noterez au passage que le personnage qui donne son nom au roman a un rôle pour le moins discret jusqu'à présent, mais je m'en voudrais de vous en dévoiler plus. Lisez, prenez plaisir, notamment quand au ton, à l'humanisme et à l'humour qui transparaissent sous sa plume et souvenez-vous, ceci n'est qu'un tout petit avis face au grand, grand, grand Charles Dickens, c'est-à-dire pas grand-chose.
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Avec ce roman, Charles Dickens nous plonge dans une ambiance assez inquiétante avec une galerie de personnages très agités qui en font un livre sous tension.
1775, on commence autour de l'auberge L'arbre de May dans le village d'Epping à douze MIlles de Londres. Plusieurs intrigues et plusieurs familles qui rendent l'histoire très riche, histoire d'amour entre familles rivales, histoires de familles, histoire de domestique et une histoire avec une ampleur plus importante qui commence par l'arrivée de Lord Gordon à l'origine d'émeutes dans lesquelles Bernabé Rudge va être entraîné. Pourtant, Bernabé Rudge c'est le personnage un peu simplet que tout le monde néglige au village.
Si je n'ai pas eu le coup de coeur que j'ai eu pour David Copperfield, je me suis régalée avec les tournures de phrases magnifiques, l'ironie qui s'en dégage et l'ambiance dans laquelle on s'engouffre.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
— Est-ce pour… pour un beau régiment qu'il recrute? demanda Joe, en jetant un coup d'œil sur un petit miroir rond accroché au mur de la buvette.
— Oui, je crois, répondis l'hôte. Ça revient à peu près au même, quel que soit le régiment pour lequel il recrute. Je me suis laissé dire qu'il n'y aurait pas tellement de différence entre un beau soldat et un autre, quand ils sont criblés de balles.
— Ils ne se font pas tous cribler de balles, dit Joe.
— Non, répondit le Lion, pas tous. Mais ceux qui le sont… à supposer que cela se fasse sans douleur… c'est encore eux qui s'en tirent le mieux à mon avis.
— Oui ! rétorqua Joe, mais c'est que vous ne vous souciez pas de la gloire.
— De quoi ? dit le Lion.
— De la gloire.
— Non, répondit le Lion, d'un air suprêmement indifférent. Je ne m'en soucie pas. Là, vous avez raison, monsieur Willet. Quand la Gloire viendra ici, qu'elle commandera quelque chose à boire et qu'elle fera la monnaie d'une guinée pour régler, je la servirai gratis. Je suis convaincu, Monsieur, qu'à l'enseigne de la Gloire, on ne pas des affaires très florissantes.

Chapitre XXXI.
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— Le Parlement, il dit comme ça : « Tout homme, toute femme, ou tout enfant », qu'il dit comme ça, le Parlement, « qui agit à l'encontre d'un certain nombre de nos lois… » combien qu'il peut y avoir de lois qui entraînent la pendaison, au jour d'aujourd'hui, M'sieur Gashford ? Cinquante ? […] Bon, mettons cinquante. Le Parlement, il dit comme ça : « Tout homme, toute femme ou tout enfant qui agit à l'encontre d'une des cinquante lois en question, cet homme, cette femme ou cet enfant-là, il sera dépêché par Dennis. » George III, il s'en est mêlé quand c'est que le nombre était très élevé à la fin d'une session, et il a dit comme ça : « Ça en fait trop pour Dennis. Je vais en prendre la moitié pour moi, et Dennis, il en aura la moitié pour lui » ; et quelquefois il m'en refile un sur lequel que je comptais pas, comme c'est arrivé y a trois ans, quand c'est que j'ai eu Mary Jones, une jeune femme de dix-neuf ans qu'est montée à Tyburn en donnant le sein à un bébé, et qu'a été dépêchée pour avoir pris une pièce de tissu sur le comptoir d'une boutique dans Ludgate-Hill et l'avoir reposée quand c'est que le marchand, il l'a vue ; elle avait rien fait de mal avant et, si elle a essayé ce coup-là, c'est parce que son mari avait été enrôlé de force dans l'armée trois jours avant et qu'il y restait plus qu'à mendier avec deux jeunes enfants… tout ça a été prouvé au procès. Ha ! ha !… Bon ! Puisque c'est ça la loi et la pratique en Angleterre, c'est la gloire de l'Angleterre, pas vrai, M'sieur Gashford ?
— Certainement, dit le secrétaire.
[…]
— Bon, alors vous voyez, dit le bourreau, si ces affreux papistes arrivent au pouvoir, et s'ils se mettent à faire bouillir et rôtir au lieu de pendre, qu'est-ce qu'il deviendra, mon travail ? Et si on touche à mon travail qui fait partie d'un si grand nombre de lois, qu'est-ce qu'elles deviennent, les lois en général, et la religion, et la patrie ?… Est-ce que vous êtes allé des fois à l'église, M'sieur Gashford ? […] Je veux pas qu'on touche à mon travail de protestant, ni qu'on change quoi que ce soit à l'état des choses protestant qu'on a maintenant, si je peux m'y opposer ; je veux pas que les papistes se mêlent de mes affaires, sauf si c'est pour qu'ils soyent dépêchés sous le coup de la loi ; je veux pas de ces histoires de faire bouillir, ou rôtir, ou frire… rien d'autre que la pendaison.

Chapitre XXXVII.
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Et c'était pour cela que Joe avait tant attendu le vingt-cinq mars depuis des semaines et des semaines, qu'il avait cueilli ses fleurs avec tant de soin, qu'il avait mis son chapeau sur le côté et s'était si élégamment apprêté ! Tel était le résultat de toute son audacieuse résolution, prise pour la centième fois, de parler ouvertement à Dolly et de lui dire à quel point il l'aimait ! La voir une minute… une minute seulement… la trouver en partance pour une soirée où elle était heureuse d'aller ; être considéré avec dédain comme un vulgaire fumeur de pipe, buveur de bière, avaleur d'alcool et lève-coude ! Il dit adieu à son ami le serrurier et s'empressa d'aller remonter à cheval au Lion Noir, en songeant, tandis qu'il prenait le chemin du retour, comme bien d'autres Joe ont songé avant et après lui, que c'en était fini de tous ses espoirs… que c'était chose impossible et qui ne pourrait jamais se faire… qu'elle ne se souciait pas de lui… qu'il serait malheureux toute sa vie… et qu'il ne lui restait pas d'autre perspective adéquate que de se faire soldat ou marin et de trouver quelque ennemi assez obligeant pour lui faire sauter la cervelle le plus tôt possible.

Chapitre XIII.
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Un malheur, dit l'adage, n'arrive jamais seul. Il n'est guère douteux que les ennuis ont un instinct grégaire développé à l'extrême et que, se déplaçant par compagnies, ils sont enclins à se percher de façon capricieuse ; ils s'installent en masse sur la tête de certains malheureux, tant et si bien qu'il ne reste plus un pouce carré de surface libre sur leur crâne infortuné, mais à d'autres, qui offriraient à la plante des pieds un appui tout aussi solide, ils ne prêtent pas plus d'attention que si ces derniers n'existaient pas.

Chapitre XXXII.
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L'inconnu ôta son chapeau et révéla les traits durs d'un homme de soixante ans environ, très hâlé et très usé par l'âge, dont l'expression naturellement rébarbative n'était nullement adoucie par un foulard sombre qu'il portait serré autour de la tête et qui, tout en lui tenant lieu de perruque, lui couvrait le front et lui cachait presque les sourcils. Si le foulard était destiné à dissimuler une profonde entaille, ou à détourner l'attention de cette marque, devenue avec le temps une hideuse cicatrice, mais qui, quand elle avait été infligée, avait dû lui mettre la pommette à nu, le succès était médiocre, car on ne pouvait guère manquer de l'observer du premier coup d'œil. Il avait le teint cadavérique et une barbe grisonnante et hirsute de quelque trois semaines.

Chapitre I.
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"Une des plus grandes auteures américaine actuelle qui revient avec un chef d'oeuvre ! Une transposition de David Copperfield dans les Appalaches digne de Charles Dickens ! " - Jean-Edgar Casel.
Demon Copperhead réimagine le roman de Dickens dans une Amérique rurale moderne confrontée à la pauvreté et à la crise des opioïdes ... le roman de Kingsolver vous emporte avec autant de force que l'original.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/on-m-appelle-demon-copperhead.html
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