Le rythme d
es saisons est immuable. Avec la même constance, d'année en année, le printemps remplace l'hiver, l'été le printemps et l'automne l'été. Pour autant peut-on dire que tous les étés, tous les automnes, tous les hivers, tous les printemps se ressemblent ?
L
es saisons s'excluent-elles ou se nourrissent-elles l'une de l'autre ?
Et nous ? Sommes-nous les mêm
es, saison apr
ès saison, année après année ?
Autant de questions que nous nous posons et auxquelles le livre d'
Anne Ducrocq nous aide à trouver des réponses.
Un livre à garder à portée de lecture tant il est riche de multiples portes d'entrée, de tunnels et de sorties éclairées.
Il propose trois niveaux de lecture. Celui des citations qui introduisent les chapitres. Celui des illustrations qui accompagnent les textes. Celui du texte qui nous guide pas à pas.
L'écriture de l'auteure a ceci de magique qu'elle nous pousse au questionnement, qu'elle nous force à découvrir ce que nous portons en nous et que nous ignorons ou cachons, qu'elle nous interroge avec bienveillance, qu'elle nous entraîne.
« Nous n'avons au fond qu'à être là… » rappelle
Rilke en exergue de l'introduction, « simplement », « comme la terre est là »
Quelques lignes plus tard,
Ruskin nous rassure s'il en était besoin « « Il n'existe pas de mauvais temps, juste différentes sortes de beau temps »
« La vie est l'art de la métamorphose » lui répond
Christiane Singer.
Mais le livre de l'Écclésisate nous prévient : « Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel »
Quel bonheur de retrouver
Jean Giono et
Anna de Noailles...
Voyage en illustrations, de la Vallée des spirales de Hundertwasser, au Printemps de Boticelli, au Petit arbre à la fin de l'automne d'
Egon Schiele, aux Amandiers en fleurs de van Gogh, au Bouquet de Lilas d'Édouard Manet,à la Villa dernière à Saint Tropez de Henri Lebasque, au paysage d'hiver de Malevitch.
Des découvertes, Les arbres dans la neige de Andrew Macara, l'Automne de Kaninsky, le Soir d'automne d'Alphonse Osbert, le Pique nique doré de Ted Balckall.
Des illustrations dont le choix résonne avec le texte et les citations.
Le vocabulaire, la précision des mots, la justesse du ton, la construction des phrases, l'architecture de ce livre, nous invite à la réflexion, à dire : Et moi ?
« Si je ne suis pas moi, qui le sera ? »
Henry David Thoreau
« Rien ne dure car tout se transforme, croît. La nature se livre progressivement. le printemps ne se plaint pas de n'être pas l'hiver, et l'été ne regarde pas l'automne de sa superbe. Nous avons toutes l
es saisons à vivre »
Conclut l'auteure.
Un livre dont on doit se régaler chaque jour un peu plus et sur les pages duquel on revient chaque jour un peu plus longtemps.
Par association d'idées, j'ai pensé au film Un jour sans fin avec Bill Murray, l'histoire d'un présentateur météo qui est « coincé » dans la journée du 2 février, tout le monde semble avoir oublié que cette journée a déjà été vécue, sauf lui. Il met à profit ce cauchemar qu'il vit difficilement au début, pour ouvrir son coeur aux autres et à la belle Rita (Andie Mac Dowell).
J'ai découvert à l'occasion de cette lecture, que le livre de l'Écclésiaste « Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel : un temps pour donner la vie, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher. » avait inspiré la chanson de Pete Seeger Turn Turn Turn, reprise par Les Byrds et Judy Collins, mais aussi Mary Hopkin, dans les années 1970.
Deux souvenirs personnels qui montrent à quelle point cette lecture est inspirante.
Un beau cadeau que nous fait
Anne Ducrocq.
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