Oh! ce n'est pas l'identité en soi qui importe, entendons-nous! Ni que celle des Français, bien composite ma foi, soit irremplaçable. Foutre! on s'en passera!... Ce qui est triste, dans la perte d'une identité, c'est qu'on est obligé d'endosser celle des autres. Et forcément avec un-je-ne-sais-quoi de retard dramatique qui fait une énorme différence dans la pratique du tout-venant. Ce qui est dommage, c'est qu'on devient alors un ballot qu'on ballotte, une marchandise pour le commerce ; avec la pauvreté au bout du quai, tôt ou tard. Voyez l'Afrique : c'est en perdant son identité qu'on devient esclave, depuis l'origine du monde, on n'y coupe jamais !
L'illusion de Céline, comme l'illusion de tout le monde, était de croire en l'immobilité des choses. La permanence de la langue, de la société... Il se voyait au programme du bachot! Où est-il, dites-moi, le bachot à cette heure?
Au fond l'identité est comparable à la défense immunitaire du sang dans le corps humain : elle n'a pas de valeur en soi, mais elle empêche les maladies... Elle protège de la mort. En d'autres termes, la perte d'identité est l'équivalent d'un «Syndrome Immuno-Déficient acquis» – sorte de sida social qui entraîne la disparition des rites, des structures, des défenses, de l'autonomie, et par voie de conséquence, pour aller vite, prépare à la soupe populaire
Avec Jacques Bonnaffé, François Chattot, Pablo Cueco, Louis Duneton, Louis-Do de Lencquesaing, Catherine Merle, Gérard Mordillat, Lou Wenzel…
Voici déjà onze ans que Claude Duneton a tiré sa révérence. Figure originale et attachante, il a marqué tous ceux qui l'ont fréquenté. Duneton a enseigné l'anglais et le français, fait du théâtre, de la radio et de la télé, et même joué dans quelques films. Un pied dans l'édition parisienne et l'autre dans le terroir occitan, il est l'auteur d'une trentaine de livres, mais sa chronique du langage au Figaro, “Au plaisir des mots”, aurait suffi à le rendre populaire.
L'auteur du Bouquet méritait bien qu'on lui offrît une soirée d'hommage. Amis, collègues, partenaires, compagnons de route ou de rencontre, tous ont souhaité parler de lui, de lui avec eux. Chacun apporte ici sa pièce pour composer le portrait d'un personnage sans doute plus complexe que ce qu'il a pu paraître. Un puzzle, en somme, dans tous les sens du terme.
“Le langage est un fameux véhicule et, contrairement aux autres, il ne coûte rien.”
Claude Duneton
À lire – Claude Duneton façon puzzle, préface de Gérard Mordillat, éd. Unicité, 2023.
Son : Jean-François Domingues
Lumière : Marta Bellini, assistée de Hannah Droulin
Direction technique : Guillaume Parra
Captation : Claire Jarlan
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