AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Théâtre (Marguerite Duras) tome 2 sur 4
EAN : 9782070269648
296 pages
Gallimard (04/10/1968)
3.5/5   5 notes
Résumé :
Réunit : Suzanne Andler - Des journées entières dans les arbres - Yes, peut-être - Le Shaga - Un Homme est venu me voir.

Suzanna Andler. C'est l'histoire d'un amour.
Des journées entières dans les arbres. Une mère très vieille vient d'un pays très lointain - autrefois colonie française - traverse dans océans, pour rendre une dernière visite à son fils préféré - celui qui passait des journées entières dans les arbres - tel qu'elle l'a toujours c... >Voir plus
Que lire après Théâtre, tome 2 : Suzanne Andler - Des journées entières dans les arbres - Yes, peut-être - Le Shaga - Un Homme est venu me voir Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La Shaga

Créée en janvier 1968 dans une mise en scène de l'auteure, dans la même représentation que Yes, peut-être, c'est une pièce courte en un acte. Trois personnages, désignés comme dans Yes, peut-être, par des lettres, deux femmes A et B, et un homme dénommé H échangent dans un décor indéterminé. La plupart des commentateur pensent que la pièce se passe dans un hôpital psychiatrique.

Au départ, seules les deux femmes sont présentes. La femme A parle dans une langue qui n'existe pas, La Shaga, inventée pour les besoins de sa pièce par Marguerite Duras, qui est allée se documenter à l'Institut des langues orientales, pour donner un côté asiatique à sa langue imaginaire. La femme B semble comprendre la femme A, elle va servir d'interprète entre cette dernière et l'homme H qui arrive avec un bidon. Il dit être tombé en panne d'essence et en chercher pour pouvoir repartir. Très vite, il va apparaître qu'il nourrit une sorte d'obsession autour d'un oiseau qui parle, et qu'il cherche à raconter cette histoire. La folie des trois personnages semble émerger de plus en plus au fur et à mesure du déroulé de la pièce.

Nous sommes encore plus clairement que dans Yes, peut-être, dans un théâtre de l'absurde, symbolisé par cette langue inexistante, que parle B et que semble comprendre A, et d'ailleurs par moments H également. Nous sommes dans une forme d'incommunicabilité, de non-sens signifié par cette langue inventée, mais en même temps dans une forme de jeu, puisque les personnages arrivent à comprendre le sens littéral des messages des autres, même si au-delà du sens des mots, chacun paraît muré dans son discours propre, sans réel échange, sans que cela paraisse attrister les protagonistes. le langage qui se détraque de personnages emportés dans leur folie semble indiquer une sorte d'identité qui se délite, dans une société elle-même en déliquescence. Les codes du langage sont brocardés, ce dernier semble vidé de tout sens, par des personnages qui ne peuvent rien exprimer, sauf un vide intérieur, reflet d'une société aliénante.

J'avoue avoir du mal avec le théâtre de l'absurde en général, et je trouve que Nathalie Sarraute parvient à jouer de façon bien plus convaincante avec le langage que Marguerite Duras. C'est plutôt une sorte de tentative à mon sens à moitié convaincante, et l'auteur donne son meilleur dans un registre un peu différent.
Commenter  J’apprécie          120
Il s'agit d'une courte pièce en un acte, écrite en 1967 et créée en janvier 1968, dans une mise en scène de l'auteure. Il s'agissait de la première mise en scène d'une de ses pièces par Marguerite Duras.

Nous sommes aux Etats-Unis suite à une guerre nucléaire. Deux femmes A et B échangent autour d'un homme surtout couché, et qui ne participe pas vraiment à l'échange, autrement que par quelques cris. Mais les deux femmes parlent beaucoup de lui. Il vient du « désert de la guerre », dont la pièce est sans doute la dénonciation. Les deux femmes ont une vue critique sur la question et moquent l'homme, tout en s'interrogeant sur leur devenir dans un monde en ruines, après l'apocalypse.

Pièce politique, engagée, l'auteure y voyait aussi la préfiguration des événements de mai 1968, elle comporte également des aspects symboliques et allégoriques, une réécriture de la Genèse par exemple. le refus des idéologies politiques et religieuses qui ont eu cours jusqu'à maintenant devenant le moteur de la création d'un monde nouveau.

Les personnages sont totalement impersonnels, les deux femmes désignées par des lettres, et l'homme encore moins caractérisé, mettant en cause l'identité et le sujet. le langage est particulier, déformé, comprenant de nombreux mots d'origine anglaise, parfois une orthographe approximative, une syntaxe simplifiée et incorrecte. Un aspect théâtre de l'absurde est perceptible.

La pièce, pratiquement jamais jouée, est une curiosité plus qu'une oeuvre incontournable de Marguerite Duras.
Commenter  J’apprécie          122
Difficile de critiquer ce deuxième recueil de pièces de théâtre de Marguerite Duras parce qu'elles sont très différentes. J'ai déjà eu l'occasion de dire beaucoup de bien de "Susanna Andler" et "Des journées entières dans les arbres" alors j'en profite pour évoquer les pièces comiques.
Je ne m'attarderai pas sur "Yes, peut-être" qui est la seule pièce de Duras que je n'ai pas aimée parce que je la trouve plus anxiogène que comique avec des femmes qui ont perdu la mémoire et un guerrier irradié et décervelé. Duras dit qu'il faut comprendre le non-sens de la pièce ce que je n'ai pas compris.
Ma critique de ce volume concerne donc essentiellement "Le shaga" vraie pièce comique qui n'a pas été publiée seule mais uniquement dans ce recueil.
L'histoire est complètement barrée. C'est une pièce pour trois comédien.ne.s qui sont de magnifiques serviteurs de la langue si particulière de Duras. Je ne l'ai pas vu sur scène mais ils doivent bien s'amuser en la jouant car c'est une histoire de fous, une pièce absurde et hilarante comment on savait les faire au 20ème siècle.
Duras met en scène deux femmes et un homme qui trimbale un bidon d'essence vide parce qu'il est percé. On est donc certainement dans un asile d'aliénés mais ce qui est essentiel c'est que la femme nommée B se met à parler dans une langue étrangère (et inexistante) que la femme nommée A est seule à comprendre. Cette langue c'est le Shaga.
De là un enchevêtrement de gags avec des mots qui font des ricochets entre ces trois personnages. Ce sont des affabulateurs qui nous embarquent dans leur monde.
Il y a beaucoup de didascalies dans le texte qui aident à imaginer la mise en scène. Il semblerait aussi que Duras a inventé le Shaga en utilisant des consonances du langage Indo-mélanésien après avoir fait des recherches. J'adore cette expérience qui m'a évoquée le Kobaïen de Magma dans un autre registre (les fans du groupe de Christian Vander s'y retrouveront).
Décidément Marguerite Duras a plus d'un tour dans son sac et elle arrive toujours à surprendre.


Challenge Riquiqui 2021
Commenter  J’apprécie          90
Il y a quatre ou cinq lustres, j'ai lu quelques pièces de Marguerite Duras, j'ai vu aussi le film "Des Journées Entières dans les arbres", et je gardais de tout cela un souvenir agréable de je ne sais quoi exactement. La nostalgie de ce sentiment m'a poussé à lire le tome II de son théâtre qui renferme entre autres "Des journées entières...".
Je n'ai pas retrouvé le plaisir du passé. "Suzanna Andler", est une histoire d'amour sans intérêt (déjà oubliée) ; "Des journées entières dans les arbres", un amour maternel pour son fils, éternel enfant et éternel "loser", pas plus d'intérêt que cela ; suivent deux pièces censées me faire rire ("Yes, peut-être" et "Le Shaga"), en réalité du charabia creux qui se veux un jeu inventif avec la langue à la manière des enfants (mais je ne suis plus une enfant, je m'ennuie !). Et pour finir "Un homme est venu me voir", le texte le plus réussi selon moi, avec, dans un contexte politique, quelques dialogues intéressants sur les mots et les idées, les valeurs des choses et des paroles. Il y a de la matière pour les cellules grises. Oui, je pense que cette pièce, à la lumière d'une bonne mise en scène serait plus que fréquentable.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
B, regarde la direction que montre A :
Y a quelquefois des personnes ici. C'est moins désert. Là-bas c'était désert seulement : sables et craquements seulement. Yes. Ferrailles tordues et sifflements des vents. Puis y avait le soir, puis y avait le matin, puis ils nous ont dit qu'il fallait se dire bonjour bonsoir. (Phrase apprise, temps.) Personne avait la mémoire. Ici, oui, on a un peu de la mémoire. (Elle cherche pourquoi.) Peut-être le vent d'océanique, moins chaud ? Meilleur pour la mémoire ? Peut-être ?
Commenter  J’apprécie          20
STEINER : Les événements (*) de cette période ne s'étaient pas encore inscrits dans la conscience comme faisant partie de l'existence personnelle, mais plutôt comme des événements à la dérive en quête de personnages auxquels s'amarrer. Je n'arrivais pas à les faire coïncider avec mon passé.

*Il s'agit des procès de Moscou, organisés par Staline entre 1936 à 1938, pour éliminer les vétérans bolcheviks de la Révolution d'Octobre - note de ma pomme
Commenter  J’apprécie          20
A : Je comprends mais je ne vois pas pourquoi je comprends. Je comprends ce que vous dites, mais ce que vous voulez dire en disant ce que vous dites, ça je ne le comprends pas.

(Le Shaga)
Commenter  J’apprécie          50
STEINER : A travers l'armure rien ne passait, pas un souffle, pas un son, pas une lueur.
VISITEUR : Était-ce la folie ?
STEINER : Non, la folie aurait eu des fissures par où vous atteindre.
VISITEUR : Était-ce la mort ?
STEINER : Pourquoi cherchez-vous entre la folie ou la mort ?
VISITEUR : Parce que ce sont les deux termes familiers entre lesquels l'ignorance oscille d'habitude...
STEINER, violent : Vieilleries, vieilleries de la raison ! Nous voici sur le vide et sans conclusion!
Commenter  J’apprécie          10
A : Vous l’avez pris comment, mal ou bien ?
H : Je l’ai pris en considération.

(Le Shaga)
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Marguerite Duras (249) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marguerite Duras
Vidéo de Marguerite Duras
autres livres classés : théâtreVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (15) Voir plus



Quiz Voir plus

Marguerite DURAS

Quel est le bon titre de sa bibliographie ?

L'Homme assis dans le corridor
L'Homme assis dans le couloir
L'Homme assis dans le boudoir
L'Homme assis dans le fumoir

20 questions
190 lecteurs ont répondu
Thème : Marguerite DurasCréer un quiz sur ce livre

{* *}